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3,68

sur 680 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le livre s'ouvre sur un mirage fabuleux : drossé sur la canopée d'une forêt bordant la mer des Caraïbes, un trois-mâts sombre lentement sous les vagues vertes d'une vorace végétation tropicale, emportant dans une éternité de fantasmes sa cargaison d'or et de pirates, parmi lesquels le légendaire et cruel capitaine de flibuste Henry Morgan. Trois siècles plus tard, les pauvres paysans du coin, venus s'échiner à rendre cette terre cultivable pour la canne à sucre, observent avec curiosité le va-et-vient des chasseurs de trésors, attirés par les rumeurs parvenues jusqu'en ces années 1900.


C'est ainsi que, pour le plus grand bonheur de leur fille Serena, désespérée de sa solitude sur cette terre qui manque d'hommes à marier, les Otero se retrouvent à héberger sur leur petite plantation le jeune aventurier Severo Bracamonte, bien décidé à mettre la main sur le fameux trésor perdu. Faute d'or sonnant et trébuchant, le nouveau couple se verra comblé par l'adoption d'un bébé sauvé des flammes qu'ils baptiseront Eva Fuego, sans savoir à quel point ce prénom s'avérera prédestiné. Sous la férule de fer d'Eva devenue femme, la plantation, assortie d'une rhumerie réputée, entraînera dans son développement toute l'économie de la région, jusqu'à ce que, par un terrible retour de bâton, toute cette richesse née d'une monoculture implose littéralement, ramenant le village devenu ville à sa pauvreté initiale.


Multipliant les clins d'oeil au grand Gabriel Garcia Marquez, son réalisme magique et son célèbre Cent ans de solitude, la plume elliptique et poétique du franco-vénézuelien Miguel Bonnefoy nous emporte dans un récit flamboyant, richement métaphorique. Dans ce village, brutalement ramené à sa misère originelle après un enrichissement fulgurant venu d'une manne miraculeuse, se reflète l'histoire du Venezuela et de son, non pas sucre, mais or noir, tandis que la chasse à de multiples trésors, menée chacun à sa façon par les différents personnages, illustre ironiquement combien, souvent, l'on court vainement chercher au loin le bonheur qui s'offrait à portée de main.


Miguel Bonnefoy excelle à faire tenir dans ses formats courts des récits colorés, à la fois fables et sagas historiques, offrant plusieurs niveaux de lecture et l'accès à ce qui, au fil de son oeuvre, construit peu à peu un univers particulier.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'histoire commence au sommet de la mangrove caribéenne où échoua naguère un bateau de pirates. Une tempête probablement avait expédié le navire et son équipage dans ce lieu insolite. C'est encore le mauvais temps qui les fit disparaître quelque temps après, corps, âmes et biens.

Et des biens, il y en avait beaucoup, on parla même d'un trésor, celui du capitaine Henry Morgan qui attire encore, trois siècles plus tard, les aventuriers de tous poils. Severo Bracamonte est de ceux-là, qui arrive un beau jour sur ce même lieu où aujourd'hui se tient un village cultivant la canne à sucre. Longuement l'homme cherche, creuse, tire des plans avec acharnement et méthode. Mais de trésor, il n'en trouve point. Ou plutôt si, mais d'une toute autre nature celui-là, bien plus précieuse... Malgré tout, la quête du trésor de Morgan ne s'arrête pas là. D'autres prospecteurs vont suivre, et le trésor se transformer au gré des aspirations de chacun : fortune, puissance ou amour.

Chaleur, nature généreuse et luxuriante, personnages mythiques et croyances magiques, l'atmosphère fait penser à celle de certains romans de Gabriel Garcia Marquez ou d'Isabel Allende. Comme ces illustres prédécesseurs, Miguel Bonnefoy nous emporte dans un monde puissamment imaginatif et coloré. Conteur hors pair, il nous fait pénétrer son univers avec des phrases courtes et simples, mais oh combien belles et évocatrices, qui nous portent et nous font apprécier pleinement cette fable picaresque et sa morale intemporelle.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Rivages pour cette belle découverte.
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Fermez les yeux ... laissez-vous guider ... d'abord sentez ! Un doux parfum, mélange exquis de goyave, d'amande, de vanille et de mille autres épices ... sentez encore ... vos pieds dans le sable, la douce chaleur qui vous enveloppe ... écoutez et laissez vous bercer par cette tendre mélodie : le chant des oiseaux, l'oscillation des vagues, le sifflement de la brise . .. et enfin savourez ! une belle couleur ambrée, des notes discrètes de muscades, girofle, poivre et cannelle : un bon vieux rhum ...

Nous voilà embarqués dans un village des Caraïbes ... oh les Caraïbes ! Parfum d'enfance : À l'abordage !!! Piraterie, trésor & co ...

Prêts pour l'aventure ?!

Alors, laissez-vous tenter par cette fable !
La plume lyrique de Miguel Bonnefoy nous conte, en préambule, l'histoire d'un trésor disparu. Et pas n'importe quel vulgaire trésor ! Non ! C est celui du plus célèbre corsaire : Henry Morgan.

L'histoire débute trois siècles plus tard, non loin du fameux butin légendaire.
Le récit fabuleux de trois générations de la famille Otero. Leur destin, tour à tour, sera extrêmement lié à cette richesse enfouie et tant convoitée.

Miguel Bonnefoy, formidable conteur, explore délicieusement cette chasse au trésor. Mais quel trésor ?! La fortune ou bien la richesse du coeur ? eh oui si certains s'obstinent désespérément à chercher la richesse, d'autres trouvent, un trésor bien plus précieux : enfoui en eux, dans le regard de l'autre, ou, tout simplement, dans la beauté de l'instant ...

Pour ma part, j'ai trouvé un trésor dans cette sublime prose, si poétique, aux effluves épicées ...
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Sucre Noir


Sur des terres brûlées au sucre
Une légende fait des remous de passions…
Capitaine Henry Morgan, veuillez dévoiler vos trésors
Réfléchissant la lumière ambrée du rhum
Et faire tomber en poussière, la douleur du deuil!

Ne cherchez plus le livre qui vous fera vibrer!
Oubliez la fièvre vaine des chercheurs d'or!
Incarnez plutôt, la fortune des coeurs enflammés!
Revivez la folle ambition des boucaniers!

Bon voyage au sein de ses pages,
Où, trois générations se succèdent,
N‘en déplaise au Destin, qui
Non content, de leur imposer une peine immense,
Emmène aussi le feu conquérant sur les plantations,
Festoyant gaiement à la soif de l'avarice, et
Oblitérant, dans l'écume des vagues, les larmes perdues…
Yoho, Matelot, en avant pour une belle histoire embrasée de pirates!



Nota Bene: En passant sur le blog, vous verriez sans doute plus d'effet couleurs ;)
Lien : https://fairystelphique.word..
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Un bonbon, un rafraichissement, un temps suspendu. C'est ce que m'évoque cette lecture un peu hors du temps … ou plutôt du temps d'avant … avant que je ne sois un adulte qu'on espérait dans le moule.
Une histoire de pirate, de trésors, de bateaux qui s'échouent sur les arbres … de flibustiers plus tarés les uns que les autres et d'un rafiot qui s'enfonce de branches en branches …
La légende court … Près d'un village des Caraïbes il y aurait un trésor, un trésor fabuleux, il serait là depuis trois cents ans en attente d'être cueilli. Une pareille fortune attire les ambitieux dont Severo Bracamonte. Mais il a beau s'échigner il ne trouve rien ... rien que la belle Serena Otero qui lui déclare que le vrai trésor est sous ses yeux : regarde comme la nature est belle. Il finira par arrêter ses recherches conquis par les yeux de la belle, plantera son cierge, de la canne à sucre et fera fortune.
Et puis il y a cette petite vieille, l'ancienne propriétaire, qui tous les premiers novembre revient dans la chambre du fond, l'acte de vente le stipulait : interdit de toucher quoi que ce soit dans cette pièce.
C'est un très beau texte, très fouillé, très travaillé, les mots sont choisis avec soin pour décrire l'ambiance lourde de la quête où se mêle les vapeurs de la distillation du rhum.
C'est un livre qui se lit très vite mais qui porte en lui une vraie réflexion qui perdure longtemps après le mot fin.
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Ohé ! du bateau ! Hissez le pavillon ! Jetez l'ancre et parez à mouiller ! Sortez les chaloupes, nous allons accoster ! Là-bas, quelque part sur la terre ferme nous attend le trésor du Capitaine Henry Morgan !

Qu'ils soient corsaires, flibustiers, boucaniers ou simples marins au long cours, tous les pirates du monde vivent leur même vie de goéland, battant grands vents, toutes voiles dehors, écumant les mers aux quatre coins du globe, naviguant sur le calme plat des chaudes nuits étoilées du Sud ou dans les flots ravageurs des tempêtes océaniques du Grand Nord, mus par le même et éternel espoir de draper leurs rêves dans les filaments d'or, les poussières de diamants et les plus belles étoffes d'Orient, de se noyer dans les ciboires géantes remplies de louis, de ducats et de doublons d'or, de se parer de diadèmes ornés des plus beaux rubis et des plus délicates cornalines et de lever leur sabre et leur verre à ce fabuleux trésor, quête ultime d'une vie d'aventuriers, de margoulins et de forbans !

D'épopée légendaire ou du tricorne à la Jack Sparrow, il n'en sera toutefois point question ici. le trésor d'Henry Morgan restera enfoui et oublié trois siècles durant sur cette terre chaude et fertile des Caraïbes…

Jusqu'à ce matin où Severo Bracamonte foulera le sol de la plantation de canne à sucre de la famille Otero et en bouleversera à tout jamais leur destin… Celui de Serena et d'Eva Fuego en particulier, la mère et la fille, le vent et le feu, la soumise et la guerrière, liées par les flammes des abattis-brûlis et des vapeurs d'alcool brun… Vous arpenterez avec elles les plantations du domaine, dans la chaleur et la moiteur des nuits caribéennes, suant sang et larmes en leur compagnie… Car, dans leurs veines, c'est le sucre noir qui coule…

Roman descriptif et immersif, cette saga familiale exploitera à merveille vos cinq sens…

Regardez… Les chaudes couleurs orangées et violacées des soirs d'été où le soleil se noie au détour des méandres du fleuve, les parures dorées des héliothropes, le port majestueux des oiseaux de paradis…

Sentez… Les notes suaves du café, celles plus piquantes du poivre de Jamaïque, de la muscade de la Grenade et de la cannelle martiniquaise ou encore les arômes enivrants de la vanille, du narcisse et du jasmin antillais…

Ecoutez… le vent qui chante et se perd dans les plantations de canne à sucre et les icaquiers, le frémissement des écumes de fermentation dans les cuves cuivrées, le craquement des bois d'acajou, de palétuviers ou d'amarante qui ornent les maisons de maîtres…

Touchez… La rondeur et le velouté des graines de caféiers dorant au soleil, la texture granuleuse et rassurante d'un vieux cuir, la terre noire et limoneuse où sommeille peut-être le trésor oublié, le galbe de femme qu'un marbre ancien vous dévoilera…

Goûtez… La chair juteuse des ananas et celle pâteuse des bananes plantains ou figue-pomme, l'amertume de l'amande et le miel aux notes caramélisées d'un vieux rhum brun antillais…

Partez à la recherche des trésors que vous offre cette terre, contraste d'amours et de désolations, au sein de cette famille maudite où les vraies richesses ne sont pas nécessairement faites d'or et d'argent…

Oserais-je dire que Sucre noir est (presque) aux Caraïbes ce que le Soleil des Scorta est au sud de l'Italie ? Allez, oui, j'ose !

(Merci Céline... Ta très belle critique m'aura laissé dans la gorge ce bon goût de rhum aux accents de vanille... Je suis heureux d'en avoir repris un verre en lisant ce livre !)

Musique conseillée en lisant ce livre : Chanchan (Buena Vista Social Club)
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« le langage de la passion est la sublime et véritable éloquence. »
Madame du Deffand. (Maximes et pensées -1780)

Miguel Bonnefoy a l'éloquence opulente de la luxuriance des caraïbes. Son langage foisonne de l'exubérance des passionnés. Les personnages de son roman épique sont tous expansifs attachants ou exaltés sans exception.
L'ardeur de Severo Bracamonte ou de l'Andalou à la quête de la richesse du trésor englouti du capitaine Morgan n'est contrecarrée que par l'attirance d'une même ferveur à d'autres extravagances.
C'est un petit bonheur de lecture, une sorte de fable avec moralité : La contrariété à l'issue d'un projet envisagé peut incontestablement entrainer un bonheur plus rare.
Il est établi que le bien-être, la maternité ou l'amour peuvent se substituer à la richesse.
Les destinées de Serena Otero et d'Eva Fuego ont la succulence de la démesure.
Ce court roman est séduisant dans le fond comme dans la forme. Miguel Bonnefoy est une machine à alimenter les passions sans compassion mais avec panache.
« le panache mon petit, c'est accepter l'échec et rebondir. » Mathias Malzieu.

Et pour finir heureux :
« Je boirais un tonneau de rhum pour la récompense de ton coeur. »

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Trouver un trésor est le voeu le plus cher de tout pirate, de tout chasseur d'or.
Mais quel est le véritable trésor ? Celui qui vous couvrira de richesses ou celui qui vous comblera le coeur ?

Cette histoire qui se passe dans un village des Caraïbes est celle de la famille Otero-Bracamonte, fermiers d'une plantation de cannes à sucre.
En un court roman, on suit cette famille sur 3 générations portée par la légende du trésor du capitaine Henry Morgan dont le navire a fait naufrage là au beau milieu d'une forêt sur la cime des arbres, trois cents ans plus tôt.

Ce court roman qui se lit très vite se veut fable... La fin, elle, se fait morale. Incroyable ironie du sort ou destin fatidique ?
Toujours est-il que l'or n'est pas toujours celui qu'on croit.
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Un livre singulier à l'atmosphère envoûtante.
Tout d'abord l'écriture est riche et colorée, extrêmement agréable à lire.
L'ambiance caraïbe, la canne à sucre, le rhum, le trésor, tout cela donne une vive couleur au texte et aux personnages malgré leurs défauts.
Le premier chapitre est absolument génial et le livre vaut le coup rien que pour celui-ci. Miguel Bonnefoy a dû prendre plaisir à écrire l'ouverture de son roman, dépaysante à souhait, nous embarquant au coeur de la chute d'un bateau pirate.
On suit ensuite la quête d'une famille à la recherche d'un trésor sur plusieurs générations.
L'histoire, à la morale intéressante, forme au final une boucle et fait tendre le roman vers la fable ou le conte caribéen.
Une petite pépite colorée...
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Une frégate de dix-huit canons partie de Weymouth se retrouve juchée à la cime des arbres d'une forêt caribéenne. Naufrage ! L'équipage tente de survivre quand son capitaine, Henry Morgan se meurt dans la déchéance physique, assis sur son fabuleux trésor. Une tempête. Tout s'écroule…
Trois cents ans plus tard, le souvenir du fameux trésor va bouleverser la vie de la famille Otéro : Sérena Otero, d'abord, l'héritière de la plantation, puis son mari Severo Bracamonte, chercheur de trésor ; et enfin Eva Fuego, la bien nommée, fille adoptive des précédents…

« Sucre noir », une histoire de trésor de pirate, enfoui dans la Caraïbe, rien de bien nouveau… Sauf qu'il y a trésor et trésor. Si Bracamonte cherche réellement le fameux trésor du pirate, que cherche Sérena ? L'amour, sans doute… Et Eva ? le pouvoir, sûrement… A chacun son trésor, à chacun sa quête, à chacun sa chimère ; pour l'un la richesse, pour l'autre l'amour, et pour la troisième, le pouvoir… le triptyque qui rend fou !
Tout ça sur fond de canne à sucre, de mélasse, de rhum, de végétation luxuriante et de feu. Un roman (bien que le mot ne soit pas indiqué sur l'ouvrage) qui fait parfois penser à Gabriel Garcia Marquez et « Cent ans de solitude »… Les papillons, peut-être ? L'ambiance, sûrement. Il manque juste un peu de « luxuriance » dans le style de Miguel Bonnefoy pour que le plaisir soit total.

Une quête folle qui détruira ses chercheurs, incapables de comprendre que leur bonheur est à portée de main… Quant à ceux qui finissent par découvrir un trésor sans le chercher… Ils ne se sortiront pas indemnes non plus de l'aventure.
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