L’alcool tournait dans sa tête. Il avait chaud et sa colère aussi. Au bout du salon, il s’approcha de l’escalier montant. La musique se fit de plus en plus forte. Il s’en rapprocha. Il jeta un œil curieux au palier, mais ne vit rien. Juste une porte à moitié ouverte, un rail de lumière filtrant à travers la lucarne. Il supposa que la musique venait de là, toutes les autres portes avaient l’air closes. Soutenu par la rambarde, il monta lentement, discrètement, foulant les marches une à une. Pas à pas. Doucement mais sûrement. Il préférait être trop prudent. Les airs électro se firent plus présents. Plus forts. A première vue, personne sur le palier. Et effectivement, une seule porte entrouverte. David parvint à se hisser jusqu’à la dernière marche et resta prostré à l’étage. Et maintenant, qu’allait-il faire ? Défoncer la porte ? Prendre sa douche avec elle ? Des serviettes de bain faisaient face à l’ouverture. La musique venait de la salle de bains. Aucun bruit d’eau. Mademoiselle se prélassait certainement dans son bain, ne se doutant de rien. Avec cette musique et le rosé, elle devait être dans un autre monde.
Rose aimait ses grandes arcades néogothiques pointées vers les cieux. Elle était particulièrement fan des vitraux, classés aux monuments historiques. Elle avait l’œil, et le sens artistique que David ne comprenait pas toujours. Elle voulait se marier à la simple lueur de ces vitraux, lumière pure et naturelle, selon elle. Elle souhaitait que tous les grands évènements de leur vie se célèbrent ici.
Il était juste un homme, il ne pouvait pas comprendre. Les codes de la mode, c’était un truc réservé aux femmes. Eux, ne juraient que par l’utilité tandis qu’elles, nageaient dans la futilité. Enfin, ce dont David était certain, c’était qu’il n’avait jamais été fait pour ça et que s’il continuait à épiloguer sur le sujet, il allait réellement se mettre en retard.
Quand il faut, il faut.
Il était exactement le genre de type qui privilégie les grandes occasions de la vie mais qui les apprécierait encore plus sans l’accoutrement qu’on lui impose. Pas au point d’en arriver au jogging, non, il lui restait encore la raison. Mais des tenues classes et confortables, ça existait. Visiblement, ce n’était pas suffisant.
Pas de façades. Le look quotidien avait au moins le mérite d’être digne de lui. C’était bien celui qui le représentait le plus, pas besoin d’artifices. C’est vrai, pourquoi se cacher derrière tout ce cérémonial du smoking et de la cravate pour donner une belle image de soi ? David avait toujours trouvé ça ridicule. Etre ou paraître, la voilà la question, cher William, pensa-t-il. Et c’était d’autant plus valable pour les évènements importants. Dans de telles situations exceptionnelles, si personne n’était à l’aise dans ses vêtements, de quoi auraient-ils l’air ?