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L'histoire de Joachim Martin est peu banale. Menuisier de son état, comme l'était son père avant lui, il va laisser les empreintes de son existence sous les lattes du plancher du château de Picomtal, dans les Hautes-Alpes.

A la faveur d'une rénovation, au début des années 2000, va apparaître au grand jour le récit de son existence.

Il raconte tous les détails de sa vie quotidienne, et de celle de son village. A priori, cela peut paraître anodin et banal. Et pourtant, après les étapes un peu longues de la présentation généalogique des divers protagonistes du village, le livre devient de plus en plus passionnant et ne se laisse plus quitter jusqu'à la fin.

Ecrit du général au particulier, il traite de tous les sujets abordés par Joachim. C'est vaste, et pourtant si instructif de la vie quotidienne dans la seconde moitié du 19e siècle.

Ce livre m'a vraiment passionnée et je ne peux que vous le recommander. C'est très plaisamment écrit, et j'ai eu l'impression que la vie de Joachim Martin a un peu contribué à enrichir la mienne. Voilà un menuisier que je n'oublierai pas.
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C'est vraiment par hasard que Jacques-Olivier Boudon se rend au Château de Picomtal, et découvre que Joachim Martin avait en 1880 écrit sur l'envers du parquet qu'il avait posé dans ce même château.
Ces textes ont beaucoup d'importances par le fait que c'est un artisan et qu'à cette époque seules les personnes ayant quelques notions d'écriture, sachant lire pouvaient s'exprimer. Là, c'est un ouvrier qui relate au jour le jour ses états d'âme, ses réflexions, ses idées, tant politiques, que religieuses, où familiales.
Bien sûr ces textes ont été interprétés en bonne et due forme par l'historien qui a écrit ce livre, et nous les découvrons polissés.
J'ai bien aimé les divers sujets abordés par Joaquim qui exprimait des points de vue personnels mais réels, pas de censure, comme il devait y avoir il y a 140 ans.
Par contre, l'historien, a recherché des détails concernant sa famille, en donnant les dates de naissance, les lieux, les professions de ces membres et cela ne m'a pas vraiment intéressé. Certes un travail colossal, très bien documenté, je le reconnais, mais un peu rébarbatif.
J'en connais désormais un peu plus sur la région d'Embrun à la fin du 19ème siècle.
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Un livre qui m'a un peu déçu, mais qui demeurait très intéressant.

J'avais entendu parler de cette histoire sur le net. Un menuisier avait écrit sur les lames du plancher qu'il avait posé dans un petit château dans les Alpes.
J'ai donc sauté sur l'occasion d'en savoir plus avec cet ouvrage. Hélas, j'ai été un peu déçu.
En effet, j'espérais un ouvrage plus axé sur les écrits de cet homme Joachim Martin. Des informations sur ce type de pratique rare, mais pas unique.

Malheureusement, un ouvrage qui retranscrirait seulement les messages du menuisier avec une analyse n'aurait probablement pas pu donner naissance à un livre. L'auteur a donc pris le parti d'évoquer la vie du village où a vécu Joachim, ainsi que celle du château où a été posé le plancher.
L'ensemble est très intéressant, mais pourrait en décevoir plus d'un. de plus, les chapitres passent beaucoup de temps sur les généalogies des différents protagonistes évoquer par le menuisier, mais aussi celles et ceux qui ont fait vivre le village. La lecture est parfois fastidieuse, car l'auteur remonte parfois aux arrière-grands-parents de certains.

Personnellement, passer ma déception, j'ai passé un moment très agréable à découvrir la vie des gens de ce petit village des Alpes en 1880. On entre dans un monde et un environnement disparu, souvent très loin des préjugés que l'on peut avoir de cette époque. En effet, beaucoup de choses que l'on peut savoir viennent de sources « urbaines » et « bourgeoises ». Ici nous avons donc des opinions et des points de vue qui pourraient surprendre (exemple : les gens ne paraissent pas plus étonnés de voir des « filles-mères » ou du moins des filles sans père).

Une belle découverte néanmoins. Cela me donne envie de lire d'autres ouvrages sur les populations rurales.

À découvrir !

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Jacques-Olivier Boudon, lancé sur les traces de Napoléon, découvre par hasard des graffitis inscrits à l'envers de lames de plancher dans un château transformé en chambres d'hôtes. le nouveau propriétaire du château de Picomtal, qui a fait changer les parquets et découvert les inscriptions, les confie à l'historien.
Voici un homme très ordinaire que ce Joachim Martin. Né en 1842, menuisier de son état, vivant dans les Hautes Alpes au village des Crottes (aujourd'hui Crots, par euphonie). Au début des années 1880, il doit changer le vieux parquet du château de son village. Il est tout seul, mal payé, avec son ennui, ses pensées qui tournent, ses planches, ses outils, dont un crayon de menuisier qui le démange. Lui vient l'idée singulière de tenir un journal au revers des lattes de parquet qu'il pose chaque jour. Sûr de son anonymat pendant la durée de vie du plancher, (près d'un siècle si tout va bien), il se lâche. Avec le plaisir malicieux de se savoir peut-être lu un jour : "Heureux mortel. Quand tu me liras, je ne serai plus...". L'incipit de son journal et la suite des ses propos, un peu désordonnés, dans son français approximatif, livre de raison autant que journal intime, le transforment en une sorte d'écrivain.
Mais la lecture de ses gribouillis, souvent énigmatiques, ne lui vaudraient pas ce titre sans la plus-value du travail scientifique de l'historien. Interprétées, commentées, vérifiées, mises en perspective, ces notes d'humeur ou de calendrier deviennent une fresque, un guide sûr et éclairant où revivent le menuisier, son village, son époque. le propriétaire de château, Joseph Roman, avocat, chartiste érudit, personnage localement connu, devient un élément accessoire du tableau. C'est Joachim, l'obscur menuisier, qui, comme Louis- François Pinagot, son contemporain, devient le "héros" de "l'histoire retrouvée" du village, en écho au "monde retrouvé" du sabotier exhumé par Alain Corbin.

Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Joachim Martin a écrit au XIXème siècle quelques passages de sa vie de menuisier sur les planches qu'il a posées au château de Picomtal. C'est lors de travaux de rénovations qu'ont été découverts ses écrits et ce livre nous permet de les lire. C'est toute une époque que nous découvrons, tout un mode de vie.
L'auteur nous dresse un contexte ultra-précis, voir trop précis puisqu'une foule de dates, de noms, nous sont énoncés. Que ce soit des proches de Joachim ou de simples habitants du village de Crottes. Et j'avoue que ces détails ultra recherchés m'ont vite ennuyée. Je voulais juste connaître les écrits de ce modeste menuisier. Pas lire une liste de noms et de dates de naissances...
Quelques passages sont néanmoins intéressants : tout ce qui concerne la religion à l'époque et les liens entre tous les habitants, par exemple.
Un bon moment mais entaché par trop de listes et d'énumérations de dates.
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"Heureux mortel. Quand tu me liras, je ne serai plus."

C'est par ces mots de Joachim Martin que peut commencer cette histoire. Si elle n'est pas extraordinaire, elle est peu banale et très prenante. On est toujours quelque part un peu voyeur, c'est une histoire vraie que j'ai avalée comme un élixir de jouvence. Celui que peut nous distiller le conteur d'une tranche de vie provinciale de la haute Provence du XIXème siècle. Des événements de la petite histoire qu'avec cet ouvrage Jacques-Olivier Boudon raccroche à la grande. Les faits n'existant pas à l'état isolé.

Tout commence lorsque des travaux de rénovation exécutés dans le château de Picomtal, commune de Crots jouxtant Embrun dans les Hautes Alpes, mettent au jour les écrits que l'artisan menuisier, qui avait fait les mêmes travaux de rénovation du plancher cent vingt ans plus tôt, a laissés à notre attention, lecteurs d'un temps futur.

Les lames du plancher qu'il a construit comportent en effet la transcription de propos dont il était sûr qu'ils ne pourraient souffrir ni de contradiction ni de censure, puisque destinés à être découverts en un temps où les protagonistes de son récit ne sauraient être inquiétés par les révélations, parfois sous forme de dénonciations. Combien de pas ont fait grincer les lames de parquet en ignorant qu'ils marchaient sur des confidences, qui elles feraient peut-être grincer des dents ?

Lorsque Jacques-Olivier Boudon apprend de façon fortuite la découverte, quelques années après qu'elle se fût produite, il s'empare du sujet et décide de donner à l'intention initiale de l'auteur de ces écrits une dimension que ce dernier n'eût à coup sûr jamais osé espérer.

En effet, conservée par les propriétaires actuels du château de Picomtal, et offerte aux visiteurs occasionnels, cette découverte aurait pu être cantonnée au sort anecdotique de trouvaille insolite. Mais, livrée à la sagacité de l'éminent historien, cette tranche de vie de Joachim Martin, modeste artisan menuisier, renoue avec l'histoire. Jacques-Olivier Boudon nous confie ainsi un ouvrage dans lequel on identifie parfaitement l'énorme travail de recherche auquel il s'est adonné pour replacer les propos du menuisier dans le contexte social, économique et politique de la fin du XIXème siècle. Celui qui comme moi a une appétence particulière pour l'histoire des simples ballotés par celle des grands sera comblé d'aise.

Le piquant de l'affaire étant l'intention de l'auteur premier, assortie de la précaution qu'il a mise en oeuvre pour s'octroyer la liberté d'ouvrir son coeur, ce qui pourrait se voir qualifier de comédie de moeurs offre un éclairage supplémentaire sur les mutations opérées dans les mentalités au sortir du second empire, alors que notre pays s'ancre dans la république, que le train pose ses rails dans les vallées alpines et que la religion perd son statut d'état. Les prêtres étaient aussi, on le sait, forcément bien placés pour animer les querelles de clocher. On découvre en outre, vieux comme le monde, des sujets que l'on croit nouveaux de nos jours. On ne refait pas le monde, il n'y a jamais que la vitesse qui change.

J'imagine que Jacques-Olivier Boudon reste à l'affût de tous travaux de rénovation qui pourraient intervenir sur d'autres anciens chantiers connus de Joachim Martin. le mutisme étant souverain ferment de toutes les rancoeurs, gageons que notre menuisier aura pu, sous d'autres lames de parquet de la région, soulager son coeur d'obsessions qui le tenaillaient. On n'omettra pas non plus le côté croustillant de certaines révélations qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne sont pas colportée de langue de bois.
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Certes, de trop nombreuses digressions généalogiques - pour lesquelles, des arbres auraient été les bienvenus - qui nous détournent de l'essentiel : le rapport au paysage, à la politique, au monde du travail, à la vie locale, aux histoires de familles et à leurs secrets ; un aperçu très intéressant sur la manière dont certains tabous sont considérés à cette époque, comme l'infanticide (bizarrement d'ailleurs, il n'est nulle part question d'avortement, alors que celui-ci devait sûrement être plus répandu que l'infanticide).
Au bilan un livre passionnant quand même ; et on attend la suite ou des compléments puisqu'il existe encore des planchers inédits et des inscriptions non encore révélées.
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Autour des années 1981 et 1882, Joachim Martin, menuisier au village des Crottes (maintenant les Cros, en amont du lac artificiel de Serre-Ponçon), refait les planchers du château de Picomtal. Il inscrit au revers des planches 4000 mots environ pour décrire sa vie et celle de son village. Son texte est surprenant par une adresse délibérée à un lointain lecteur inconnu, par sa précision, sa dureté, sa verdeur aussi. JO Boudon le met en relief en précisant les contextes hiérarchiques, politiques, économiques tirés des registres de la mairie, de la paroisse, du notaire, du département, de l‘autorité militaire. On ne sait s'il faut admirer son ingéniosité à recouper tant d'informations ou s'étonner des systèmes d'observation et d'enregistrement de la vie du citoyen, plus d'un siècle avant l'ère numérique.
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Biographie de l'auteur :

Jacques-Olivier Boudon, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, est professeur d histoire contemporaine à l'université Paris Sorbonne où il dirige aussi le Centre d'histoire du XIXe siècle et l'Ecole doctorale d'histoire moderne et contemporaine. Président de l'Institut Napoléon et directeur scientifique de la Bibliothèque Marmottan, il a publié une trentaine d'ouvrages consacrés à l'Empire et à l'histoire du XIXe siècle, dont deux couronnés par un prix de l'Académie des sciences morales et politiques.

Notre avis :

Le livre dont je vais vous parler, est plus que un coup de coeur, il fait partie d'une catégorie un peu à part que je définirais « s'émerveiller avec l'histoire » effet que j'ai eu aussi avec « Les Rois Thaumaturges » de Marc Bloch, « La naissance du Purgatoire de Jacques le Goff et « Une petite ville nazie » de William S. Allen entre autres.

Le Plancher de Joachim de Jaques-Olivier Boudon est un véritable cadeau pour les habitués et amoureux des recherches historiques mais aussi pour celles et ceux qui pourraient s'y intéresser grâce à la beauté et accessibilité de cet essai.
Le livre, magnifiquement écrit, est le fruit de l'analyse et l'étude de 72 lattes dont les faces cachées se trouvent écrites par le menuisier qui, autour de 1880, accepte de refaire le parquet du château de Picomtal, ses écrits, tracés – sans doute – avec son crayon de travail dressent un portrait du village de Crottes, de la vie de la région et de la période historique que Joachim Martin traverse.

Je ne peux m'empêcher de penser à « Spoon River » d'Edgar Lee Masters où les morts témoignent de ce que furent des existences souvent marquées par la souffrance et la duplicité des membres de la communauté.
Notre menuisier sait que la lecture de ses planches adviendra après sa mort et il n'est donc pas apeuré par les jugements possibles, il écrit avec simplicité sa vision de l'époque qu'il vit en véhiculant un message puissant et rare.

Joachim, par exemple, éprouve un sentiment positif pour les avancées apportées par la République et, très lié à notre actualité, il manifeste son attachement à l'éducation pour toutes et tous.

Boudon reconstruit l'histoire de la famille de Joachim Martin en s'appuyant sur tous les documents de l'état civil et autres pièces écrites accessibles de nos jours, on a l'impression de connaître le menuisier et sa vie et de l'imaginer écrire ses mémoires sur les planches en bois qui sont son quotidien.
Un livre qu'il faut absolument savourer, offrir et partager, un témoignage unique, riche et passionnant.

Une recherche historique qui se lit comme un reportage, presque comme un roman, cet ouvrage vous ravira.

Je vous conseille également de suivre l'auteur et lire ses autres oeuvres, j'en ai été conquise
Lien : https://blog.lhorizonetlinfi..
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Très émouvant.
L'histoire de cet homme est très particulière.
Attachant
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