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4,2

sur 2966 notes
Durant la première moitié du livre, je n'ai pu que constater le talent de l'auteur et la force littéraire du roman.
Mais par la profusion de personnages dont j'emmêlais les noms, il me fut difficile d'entrer dans l'histoire.
Et puis, petit à petit, je me suis laissé prendre par cette ambiance particulière où le diable se mêle aux hommes, par cette satire où la politique est opprimante et oppressante, par ces situations burlesques, par ces évènements invraisemblables qui amènent les personnages à la folie.
La transposition du vécu des russes sous la dictature de Staline dans une fiction fantastique est remarquable.
Mais, des longueurs ont succédé à des regains d'intérêt.
Moralité, j'ai aimé sans aimer et je ne suis pas mécontente d'avoir terminé.
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Encore un livre culte dans lequel je ne suis pas entrée; j'ai souvent l'impression que la version audio nuit aux grands textes. S'il s'agit d'un livre déjà lu, la version audio permet de raviver la mémoire et découvrir des aspects qui avaient échappés. Là, je n'ai pas encore lu.
Ici, je me suis ennuyée au long du premier CD, la suite est mieux passée mais il me semble évident qu'il me faudra passer par la version papier (ou au moins réécouter dans d'autres conditions.)
fin juillet, deuxième écoute; j'ai mieux compris mais ne suis toujours pas séduite.
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Saurions-nous apprécier la beauté sans connaître la laideur?

"Le Maître et Marguerite" de M. Boulgakov est un classique de la littérature russe du XXème siècle. L'action démarre dans un parc où le directeur d'une importante association littéraire débat avec son interlocuteur de l'absurdité des croyances religieuses. Soutenant la thèse que ni Jésus ni le Diable n'aient pu réellement exister, il voit surgir de nulle part un homme bizarre et suspicieux.
Ainsi démarre l'histoire qui sera scindée en deux, chacune se déroulant dans un espace temps différent de l'autre.

La 1ère est située à Jérusalem au tout début de l'ère chrétienne. On y retrouve Ponce Pilate rongé par la culpabilité d'avoir laissé crucifier Jésus sous la pression du peuple juif.
Pendant des siècles il ne rêve que d'une chose; obtenir le pardon de "Yeschoua".

La 2ème histoire se déroule dans le Moscou de Boulgakov. Cette paisible ville est soudainement sens dessus dessous suite aux agissements de Satan et de ses acolytes. Ces derniers trouvent un malin plaisir à semer le bazar partout, ils torturent les citoyens et poussent bon nombre d'entre eux dans les asiles psychiatriques.

Quant aux maître et Marguerite, leur histoire d'amour servira de pont entre les deux époques.

Ce roman est tout à la fois un conte fantastique, une satire politique et un roman d'amour.
Dans le monde de Boulgakov le mal ne se trouve pas là où on l'attend. Satan n'est pas aussi diabolique que les légendes le font croire. Les grands de ce monde sont aussi lâches que le plus horrible des misérables, et amitié ne rime pas toujours avec fidélité.
Et l'on se demande, le chaos et l'injustice ne sont-ils pas un mal nécessaire pour tenir le monde en équilibre?

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Jubilatoire! Ou comment Boulgakov renverse le mythe de Faust en faisant de Marguerite l'instrument de la rédemption de l'homme qu'elle aime. Rédemption qui passe par un jeu de massacre orgasmique où tous les représentants de l'ordre établi moscovite se font dézinguer allègrement. C'est une révolution féminine qui donna bien du mal à la censure soviétique...
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Le Maître et Marguerite est mon livre préféré, s'il ne devait y en avoir qu'un. Dans une atmosphère fantastique revisitant le mythe de Faust, l'auteur tourne en dérision la société et la politique sous le régime stalinien, la condition des écrivains et poètes de l'époque.

Le personnage de Marguerite m'est cher en tant que femme, c'est à la fois une personne profondément dévouée par amour, correspondant par là à une vision un peu dépassée de la femme, et une personne libre, prête à tout pour vivre pleinement son amour, une personne courageuse à laquelle je suis profondément attachée.

Le ton de la farce qui est employé tout du long ne nuit en rien à la profondeur des questionnements que le livre sous-tend, comme les ceux de Ponce Pilate qui se demande ce qui se serait passé s'il n'avait pas condamné Jésus.

Le diable joue un rôle très sympathique dans cette histoire puisqu'il joue les troubles fêtes là où les ordres établis se doivent d'être dérangés; il est en définitive au service du bien puisqu'il rend justice à ceux qui ont la bonté de coeur et n'hésite pas, à l'instar d'une puissance révolutionnaire, à démettre de leur piédestal ceux qui n'ont que les apparences de la bonté et le rang social.

Ce livre est, en définitive, carnavalesque, féministe et j'ai envie de dire, totalement metal \m/
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Ce livre est le plus déjanté, le plus fantastique qu'il m'ait été donné de lire. A titre d'exemple, le personnage principal se transforme en sorcière pour participer à un bal donné par le Diable, des passages se passent à l'époque de Ponce Pilate, le reste dans la Russie communiste de l'entre-deux-guerres. C'est une expérience dépaysante et géniale.
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Comme tous les bons romans, celui-ci est un morceau de vie. Plus précisément, la fin de vie de Boulgakov, préservée entre ces pages alors qu'elle fuyait à la fois son corps malade et un milieu littéraire moscovite gangréné par la censure stalinienne, où l'on ne pouvait guère publier sans accepter de rudes compromis. Ainsi Boulgakov ne se pardonnait-il pas d'avoir négocié avec Staline, acceptant au passage de brûler une partie de ses manuscrits en l'honneur du dictateur : sans doute un pacte avec le diable, de son point de vue… de quoi lui inspirer le thème principal de cette oeuvre écrite dans la totale liberté de ne pas s'attendre à être publié, comme un acte pour se racheter à ses propres yeux, mais aussi aux yeux de la postérité… et des forces mystiques évoquées dans ce livre.

Toutefois, Boulgakov n'a pas la prétention d'implorer directement son pardon auprès de Dieu. Comme il l'écrit dans son livre, ce dernier abhorre la « lâcheté », le « pire de tous les défauts »... dont Boulgakov estime s'être rendu coupable.

Alors, plutôt que de pleurer son sort, il choisit d'en rire : ce renversement des thèmes et des valeurs est au coeur du roman, comme une exaltation de la vie à l'approche de la mort.

Le premier de ces renversements est le rôle du diable. Dans un monde où Dieu vous abandonne, le diable s'avère, mieux qu'un moindre mal, un allié pouvant distordre la ville moderne totalitaire et la faire glisser vers une Russie où la magie a encore sa place. Sous le nom de Woland, Satan s'insinue dans la ville, ensorcelle ses habitants, et frappe des institutions culturelles délétères, exerçant une vengeance comique (donc cosmique : il n'y a qu'à voir l'ampleur qu'elle prend) contre les ennemis de Boulgakov. En se jouant d'eux par ses illusions, Satan révèle paradoxalement les hommes pour ce qu'ils sont. Comme dans certains courants satanistes influencés par le gnosticisme, il devient donc un prophète dressé contre l'irréalité du monde. C'est pourquoi il me paraît plaisant d'envisager que les escamotages du diable de Boulgakov ne sont finalement peut-être pas des illusions, mais plutôt des signes annonciateurs que la vraie vie est ailleurs, la promesse qu'il existe un univers plus réel que la Russie du démiurge stalinien.

Au-delà de ces considérations, ce diable et ses serviteurs brillent par leur dynamisme et leur humanité. Pendant toute la première partie, qui se cherche un héros (rôle que peine à endosser le poète raté Ivan Biezdomny, une erreur de casting digne des anti-héros de Gogol), ce sont eux, les démons et autres vampires qui impulsent le rythme du récit et sont à l'origine de la quasi-totalité des péripéties. Ils avivent les âmes mortes de Moscou, sans même sembler s'intéresser au fait de les récolter. D'ailleurs je ne me souviens pas avoir lu une seule fois le mot « âme » dans tout le roman : un comble quand il est question du diable ! Ce diable-ci, Woland, est avant tout un gai-luron, dédié au jeu et à la fête. Ses bals flamboyants et l'alchimie entre ses démons (ah, les aventures de Béhémoth et Koroviev…) exaltent la libération recherchée par Boulgakov.

Toute cette diablerie cathartique permet de soulever le voile, de laisser entrevoir un espace plus authentique où Boulgakov pourrait se retrouver peu à peu, à travers le personnage du Maître, dont l'apparition (très) longtemps retardée va jusqu'à être saluée dans le titre du premier chapitre qui le met en scène, exemple des nombreux clin d'oeil ludiques adressés au lecteur. Le Maître fait office de prête-nom pour tous les artistes authentiques : il pourrait aussi bien être Boulgakov que ses inspirateurs (tels que Gogol, duquel il emprunte les traits du visage)… ou que ses lecteurs hypothétiques. Le Maître mime la démarche de Boulgakov : paralysé par les institutions (ici incarnées par l'hôpital psychiatrique), il ne pourra reprendre son destin en main que de manière détournée, à travers la fiction. D'abord grâce au personnage dont il écrit l'histoire, un Pilate nouveau (avatar dans l'avatar), s'émancipant de son rôle dans la tradition chrétienne. Puis le Maître verra cette réécriture sulfureuse le délivrer à son tour, en appelant le diable dans sa réalité. Et le dernier ricochet de cette trajectoire complexe est bien sûr censé atteindre Boulgakov dans notre réalité à nous, pour lui accorder lui aussi le pardon tant attendu.

Mais en dehors de sa création littéraire, le Maître demeure très passif. C'est pourquoi Boulgakov lui adjoint un aspect féminin et proactif : Marguerite, qui aspire à s'unir à lui. Elle vivra des aventures pour eux deux, au point de devenir la véritable héroïne du roman dans la seconde partie, où elle retrouve sa jeunesse et sa joie de vivre dans des scènes baroques où Boulgakov recherche le luxe, le luxuriant, le confort, bref, le réconfort.

Parmi tous les encouragements que Boulgakov s'adresse, l'un des plus touchants est résumé par la fameuse réplique de Woland, faisant appel à son autorité de diable pour révoquer le pacte entre Boulgakov et Staline : « Les manuscrits ne brûlent pas ». Autrement dit, une fois créée, l'oeuvre d'art est indestructible. Peu importe qu'elle ne soit connue que de son auteur : quelque chose s'est produit, et a résonné dans le monde spirituel, qui l'a enregistré à jamais.

C'est ce que Boulgakov voulait croire pour se rassurer au moment de mourir sans savoir ce qu'il adviendrait de son oeuvre. Il aura été bien servi par son diable-enregistreur (par ailleurs polyglotte, amateur d'orchestres insolites et bête de scène). Au point que l'on peut suivre la trace de ce dernier jusque dans le cinéma, où il profère, comme un écho : « it's all recorded ».

PS : de même que Nastasia-B, je m'insurge contre les notes de bas de page envahissantes de l'édition Pavillon Poche, qui manquent de respect envers le lecteur, en lui dévoilant sans vergogne certaines péripéties à venir. Ces notes auraient mérité d'être redistribuées dans une annexe, malgré l'utilité de certaines d'entre-elles pour comprendre le contexte.
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Approchez spectateurs, approchez ! le diable est à Moscou ! Venez decouvrir son fâcheux dessein !

Tels pourraient être les mots d'un présentateur de théâtre au moment d'annoncer le Maître et Marguerite, roman allégorique au genre inclassable, pamphlet acide et ultime exutoire de son auteur, Boulgakov, celui qui ne se pardonnera jamais d'être devenu le "dramaturge favori de Staline".

Les années 1930. le diable est donc à Moscou. Il décide de s'attaquer, sans raisons apparentes, aux personnalités du monde du spectacle moscovite. Auteurs, dramaturges, gérants de théâtre se retrouvent persécutés, enfermés à l'asile, ou encore exilés à l autre bout du pays ... Cela nous rappelle quelque chose évidemment ... Les références sont parfois si évidentes que des passages entier furent biffés lors de la première parution du livre en URSS, en 1960, bien après la mort de Boulgakov.

Au milieu de ce tumulte, une jeune femme, Marguerite, va tenter d'intercéder auprès de Satan afin de sauver celui qu'elle aime, un écrivain surnommé "le Maître". Victime d'une dénonciation, ce dernier est enfermé dans un asile de fous où il réfléchit à sa dernière oeuvre : un roman sur la relation entre Jésus Christ et Ponce pilate, le jour fatidique de la crucifixion, le quatorzième du mois de Nisan.
Boulgakov nous propose alors un livre dans le livre, d'une qualité littéraire remarquable et dans un style exceptionnel. Son analyse de cette fameuse journée du mois de Nisan est fondamentalement blasphématoire, mordante, jubilatoire. On y ressent l'amour de Jésus et le mépris de ses disciples, de vulgaires falsificateurs ...

Quel rapport avec la Russie Stalinienne me direz vous ? Et bien selon moi, la remise en question du texte Biblique par le Maître, dans le roman fictif, fait écho à la contestation du régime soviétique dans le livre réel de Boulgakov. Et ce livre, nous l'avons dans les mains ! Il n'a pu être réalisé que parce son auteur bénéficia d'une certaine clémence de la part du régime. A l'instar de son personnage, Boulgakov a conclu un pacte avec le diable et son âme n'en trouva plus le repos. Il est désormais condamné à l'éternel remord de celui qui a chosi sa carrière plutôt que ses idées. Comme Ponce Pilate, il devra désormais contempler avec dégoût cette ville peuplée de lâches dont il est le commandant, mais à laquelle il ne pourra jamais imprimer sa marque. Il devra contempler le crépuscule engloutissant Moscou, comme le fit le procurateur de Judée, en quittant Jérusalem, le quatorzième jour du mois de Nisan ...
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Au départ, j'ai eu du mal avec ce livre, ne voyant pas – pendant les deux cents premières pages (le livre fait cependant plus de six cents pages) – où il voulait en venir. Puis, j'ai commencé à le trouver génial pour son originalité jusqu'au point culminant du chapitre du bal de Satan qui est un passage superbe, farfelu, avec des descriptions extraordinaires …, j'adore !

Satan, accompagné de ses acolytes – un homme bizarre et immense à la chevelure rousse ou encore un chat noir qui parle et se comporte comme un humain –, débarque à Moscou et installe la panique auprès de ses habitants, dont notamment auprès de l'équipe d'un théâtre de la ville et de leurs spectateurs. Ils vont rendre complètement fou l'ensemble de ces personnes, ou les faire passer pour tel. Mais parmi ces moscovites, une femme – Marguerite – est prête à tout pour retrouver celui qu'elle aime – « un écrivain maudit » -, quitte à donner son âme au diable.

Je n'ai pas assez de connaissances historiques à ce sujet pour relater les correspondances de manière très précise, mais sachez que outre les talents d'écriture pour le genre fantastique – vous y croiserez même des sorcières sur leurs balais –, l'autre coup de génie de cet auteur russe est, en pleine dictature, de trouver un moyen de tromper un peu la censure pour pouvoir dépeindre cette époque Stalinienne (bien qu'il a été publié 28 ans après sa rédaction, bien après la fin du règne de Staline).

En effet, alors qu'il se voit interdire sa pièce La Cabale des dévots par les autorités, Mikhaïl Boulgakov a cherché à rédiger une oeuvre qui, au travers d'une farce et d'une histoire fantastique, dépeint la dureté du régime soviétique, son musèlement des artistes et leur contribution au développement d'un esprit critique, son asservissement voire abrutissement du peuple, sa domination par la peur … ; sur la quatrième de couverture on peut y lire – et j'aime particulièrement cette tournure – :

« Écrit pour la liberté des artistes et contre le conformisme ».


C'est donc une oeuvre assez complexe mais qui reste très intéressante et qui arrive même malgré le sujet (dit à demi-mot donc) à être amusante !
Lien : http://ancrerenard.fr/2018/0..
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J'ai terminé cette lecture par tranches d'une page à la fois parce que je ne voulais vraiment pas arriver au bout : il entre immédiatement dans la liste restreinte de mes livres préférés, avant même relecture.
Je n'avais pas la moindre idée de ce que racontait ce livre, je ne m'attendais à rien en particulier, mais je suis certaine que je ne m'attendais quand même pas à ça, d'autant moins en ne connaissant de Boulgakov que ses récits médicaux d'une réalité crue. Pour ce qui est de la réalité, dans le Maître et Marguerite, elle est planquée entre les lignes, la censure en URSS forçant à l'imagination et au style.
Rares sont les livres qui contiennent tout : belle langue, poésie, fantastique, épopée, humour (noir, l'humour), cynisme, mise en abyme, psychologie, qualité des dialogues, des méchants qu'on aime détester, tout, tout ce qu'on peut espérer trouver dans une oeuvre est dans celle-ci. Alors même que dans l'absolu, c'est une oeuvre inachevée, Boulgakov n'a jamais terminé les relectures.
Et en plus, c'est super-facile à lire, un ado y serait très à l'aise.
Si vous ne devez lire qu'une seule oeuvre russe - ce qui serait tout de même à la limite du crime - au moins, choisissez le Maître et Marguerite.
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