J'ai entendu parler pour la première fois du Maître et Marguerite de
Mikhaïl Boulgakov, peu avant de recevoir une délégation de russes, et je voulais vraiment pouvoir en parler avec ceux pour qui ce livre était si important.
Je l'ai lu en traduction, bien sûr, puisque je ne parle, ni ne lis le russe... j'étais arrivé à la conclusion que les gens qui prétendent que "la littérature est tellement meilleure dans l'original" ne sont que des idiots qui veulent que vous sachiez à quel point ils sont intelligents. Peu importe à quel point vous maîtrisez une langue, vous ne lirez jamais un livre comme le ferait un natif. Il est donc inutile de faire croire que quelqu'un « rate quelque chose » en lisant un livre en traduction. En revanche, je vois les films en version originale, parcequ'aucun acteur de doublage ne rendra jamais les voix.
Le simple fait de connaître le livre, c'était comme trouver la clé d'un monde secret. À l'époque d'Eltsine, les choses évoluaient rapidement. La lecture de la satire de
Boulgakov sur le Moscou stalinien des années 1930 m'a aidé à voir à quel point il est facile de gâcher psychologiquement une nation. Dans le roman, le diable et sa suite (qui comprend un huard aux yeux vairons et un chat qui parle) manipulent "le Maître", un écrivain, et Marguerite, sa muse. Simultanément –parce que le récit oscille entre deux histoires – Ponce Pilate condamne le Christ à mort à Jérusalem. Je l'ai lu comme un livre sur la façon de continuer à vivre quand l'esprit est anéanti.
Je le lis aussi comme représentant l'état mental nécessaire pour survivre en Union soviétique : vous pouvez avoir une sorte de paix intérieure dans votre vie intérieure mais vous n'êtes jamais tout à fait tiré d'affaire. Plus important encore, j'ai été porté par le sens de l'humour du livre, mélangé à l'étrangement fantastique.
La délégation russe était venue avec des kilos de caviar et des hectolitres de vodka, la relecture ce bijou en a été à la fois perturbée et éclaircie...
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