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4,19

sur 2949 notes
Quarante ans après ma première lecture, je retrouve avec bonheur le Moscou fantasmagorique de Boulgakov, une ville échevelée et burlesque, dont le roman transfigure la réalité dans tout ce qu'elle a d'absurde et de cruel. D'une force terrible, par l'ironie, la poésie, l'imagination, le Maître et Marguerite est l'oeuvre de toute une vie. Boulgakov en commence l'écriture en 1928, il rédige et corrige sans cesse jusqu'à sa mort en 1940. Écrivain marginalisé par la doxa du régime, en proie à la censure, aux critiques, son récit est une oeuvre de résistance, pour la liberté d'écrire qu'il proclame bien haut, au nom de la création littéraire universelle, de Goethe à Pouchkine, jusqu'aux poètes maudits par le régime comme Mandelstam arrêté en 1930. Roman à tiroirs, tout entier en allusions et références littéraires, maniées avec un humour féroce, il nous plonge dans un univers où la fiction sans cesse est en miroir avec une réalité vivante et grinçante. Fourmillant de détails croqués sur le vif de la vie moscovite Boulgakov se garde toutefois d'une description trop fidèle des lieux, il s'amuse à brouiller les pistes et ses évocations sont rapides, incisives, elles brossent le décor sans appuyer le trait, il en ressort un paysage familier et fidèle. Celui des rues, des immeubles et des appartements communautaires de Moscou est certainement le plus présent ; la promiscuité des cuisines où chacun apporte son réchaud à pétrole (primus), la gourmandise des prétendants à s'installer dans tel appartement devenu vide, les harengs et la vodka, le paysage des rues avec leurs jardins, leurs statues, leurs lieux mythiques, la bureaucratie partout jusque dans le milieu du théâtre, les rivalités du monde des écrivains de Griboïedov à Peredelkino, la vivacité des dialogues lancés avec fougue… le roman réussit à camper le quotidien dans sa vérité, sur la toile de fond d'une fable incroyable qui prend forme au 302 rue Sadovaïa dans l'appartement 50. Car Wolan le diable, est de la fête, dès le premier chapitre, et il sera partout, accompagné par une clique improbable et facétieuse, dans un réel défi au pragmatisme scientifique et raisonnable de l'idéologie dominante qui tentera toujours de ne pas voir, pour interpréter les faits de la façon qui l'arrange. Je n'avais pas gardé en mémoire, pendant ces dizaines d'années, le détail des faits et gestes de la troupe satanique et les déboires de tous ceux qui croisent sa route. J'avais toutefois clairement le souvenir du premier chapitre ,au bord de l'étang du patriarche : tout le roman déjà s'y inscrit : le rapport ambigu entre le doute et les certitudes, l'absurde de la mort annoncée de Berlioz, la folie en germe d'Ivan, l'arrivée mystérieuse de Wolan sur le banc, la mise en place du roman dans le roman, avec la présentation de Ponce Pilate dans cette Jérusalem qu'il hait si bien…C'est le diable qui introduit Ponce Pilate dans le récit, ce diable omniscient qui a réussi à s'introduire au travers des lignes écrites par le Maître sur l'arrestation et la mort de Jésus, ce Maître un peu tombé du ciel, qui fera son apparition sur un balcon, la nuit, dans une clinique psychiatrique. Écrivain désenchanté, il brûle son manuscrit et l'amour de Marguerite ne le sauvera pas. Boulgakov lui-même, dans ses tourments et son aspiration au repos., se cache à peine derrière ce Maître. le diable lui, tire les ficelles, il a mené le bal, au sens propre comme au sens figuré, peut-il en être autrement dans un monde de tromperie et de terreur ?
Livre culte, le Maitre et Marguerite est une oeuvre majeure, la traduction d'André Markowicz est un bijou de précision qui permet de redécouvrir le texte et de l'éclairer. Malgré tous mes efforts je n'ai pu faire figurer sur le site, la couverture de ce livre publié aux éditions INCULTE, je renvoie les lecteurs à cette édition récente.
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Le diable débarque à Moscou. Voilà une annonce improbable : un personnage aussi surnaturel débarquant avec toute sa clique dans la Russie soviétique, rationnelle et scientifique ?

Voilà qui est étrange mais pourtant, les moscovites vont vite se rendre compte que les choses qui nous semblent impossibles ont la fâcheuse tendance à se réaliser.

À moins que tout ceci ne soit qu'une hypnose collective…car comment un homme pourrait-il prédire la date et l'heure de votre mort ? Et comment pourrait-il être accompagné d'un chat qui parle et qui marche uniquement sur ses pattes arrières ?

Et ce n'est là que le début, il faut aussi ajouter à tout cela, un écrivain et une femme amoureuse sans oublier un roman dont Ponce Pilate est l'un des protagonistes principaux….

Me voici donc plongée, avec délice, dans ce grand classique qu'est « Le maître et Marguerite » de Boulgakov. On imagine souvent lorsque l'on parle de classiques de la littérature, des romans ennuyeux, aux interminables descriptions et pourtant ce roman, un incontournable de la littérature russe est à l'opposé de tout cela.

J'ai beaucoup ri aux aventures de Woland, comme se surnomme le diable, et de sa clique. Dans un rythme trépidant, les événements improbables se succèdent. Mais, attention, ne croyez pas qu'il ne s'agisse là que d'une vaste bouffonnerie.

Ce roman fait apparaître une satyre du régime soviétique en filigrane. On retrouve ainsi des gens qui sont emmenés par la milice et que l'on ne revoie jamais ou un rêve qui devient l'occasion de moquer les procès collectifs.

En outre, la construction du récit est très intelligente, une construction imbriquée qui amène encore plus d'attrait à ce roman.

Si l'histoire d'amour entre le maître et Marguerite n'apparaît que tardivement dans l'histoire, aucun manque à ce niveau grâce à la galerie de personnages, haute en couleur, qui gravitent autour d'eux.

J'ai aimé le récit, l'histoire, le style et les personnages, bref, je n'ai qu'un conseil à vous donner : lisez-le !
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J'ai souvent entendu recommander ce livre, devenu un classique de la littérature russe. Cherchant toujours à en savoir le moins possible sur l'intrigue des oeuvres avant de les découvrir, je m'attendais plutôt à une romance classique.

J'ai donc été agréablement surpris par l'originalité du récit qui s'attaque à un sujet, certes parfois abordé par la littérature, mais auquel on ne se frotte pas sans une certaine appréhension; par un style soigné sans être lourd; par une narration variée et débridée qui se laisse suivre avec plaisir. On a chacun ses références mais j'ai eu l'impression de retrouver du Garcia Marquez dans le baroque du récit, du Joyce dans le côté épique; du Dostoïevski dans la fluidité et la précision du style.

Gros bémol tout de même, mais il ne tient pas à l'auteur mais à l'édition: les notes de bas de page. J'aime être guidé par les indications sur le contexte ou sur des particularités liées à la langue ou à la culture. Mais j'ai horreur des notes qui révèlent des éléments de la suite de l'histoire ou qui donnent d'emblée toutes les clés de certains mystères. Je sais que ce livre est devenu un classique et que beaucoup n'ignorent pas la trame générale. Mais est-il interdit aux profanes de vouloir découvrir l'oeuvre au rythme qu'a décidé l'auteur ? J'ai déjà renoncé à la lecture des quatrièmes de couverture trop bavards. Vais-je devoir faire de même avec les notes de bas de page ?...
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Un livre totalement décalé qui mélange humour, amour dans une ambiance fantastique. Mais c'est aussi une critique politique et sociale des années Staline. Je ne fais pas ici le résumé qui a été déjà bien explicité.
J'ai beaucoup apprécié ce livre même si parfois il y a quelques longueurs. Si au départ,le lecteur est plongé dans une intrigue apparemment simple, le récit évolue sur une tonalité complexe où l'émotion, le fantastique nous embarque facilement.
On dit que ce roman est un chef d'oeuvre de l'auteur et c'en est un car il est magnifiquement construit.
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Dans l'univers de Boulgakov tout devient possible, surtout le plus improbable. Ayant eu à vivre dans une société ou chaque détail de la vie quotidienne était une course d'obstacles souvent insurmontables, Boulgakov ouvrit toute grande la porte de son imaginaire et le résultat fut prodigieux. Après tout, la seule alternative aurait été la folie, toujours prête à accueillir les êtres sensibles et exigeants. Par chance, c'est la créativité qui prit le pas et à laquelle nous devons cet extraordinaire roman. Boulgakov y épuisa ses dernières forces.
Sans doute pensait il pouvoir prendre la fuite dans l'univers parallèle de sa propre création et rien ne prouve qu'il n'y réussit pas puisque nous rencontrons souvent le Maître, Marguerite et Woland et même ce très étrange chat au détour de nos rêves.
Ce Woland, ce n'est pas longtemps un secret, est donc le diable : un diable d'une conception très particulière quand on y pense. Boulgakov lui a donné des traits caractériels qui dénotent fortement de l'image habituelle, une sorte de rigueur et un sens particulier de la justice. Tout en étant également un sacré farceur, Woland a toute la sagesse que peut procurer l'avantage de l'éternité; si bien qu'au regard de notre propre contemporanéité, on en viendrait rapidement à regretter son absence, que l'on espère donc temporaire.
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Une découverte d'excellence et d'exception.

C'est simple, j'ai rarement lu quoique ce soit avec autant d'avidité et d'extase.

A chaque chapitre, des évènements complètement ubuesques viennent ponctuer une intrigue qui quant à elle transpire à équitablement de cohérence et d'excentrisme. Vous êtes partisan de Camus et trouvez que votre vie n'a aucun sens, qu'elle est absurde ? Lire le Maître et Marguerite vous aidera certainement à relativiser quant à votre détresse existentielle.

Vous ne pouvez vous empêcher d'habiller votre visage d'un sourire sardonique lorsqu'on vous sert de l'humour noir face aux règles tacites des relations sociales ? Lisez le Maître et Marguerite pour entériner cette habitude.

Ce n'est pas seulement un livre que nous offre Boulgakov, mais une triple rencontre. D'abord avec un Satan puis un Faust moderne (enfin, autant qu'ils peuvent l'être lors des années 20 soviétiques) et même avec Ponce Pilate. On s'attache d'ailleurs rapidement à tous les personnages amoraux et le reversement et si net qu'on en vient à éprouver de la répugnance pour les figures qui incarnent l'aspect fonctionnel de notre existence.

Il est facile de s'amuser des tours de Satan et de ses acolytes, tous uniques à leur façon et tous dépeint d'une main experte.
Le plus impressionnant, à mon sens, est l'astuce avec laquelle Boulgakov réussit à fournir une ligne directrice assez claire dans l'enchaînement des évènements. Chaque chapitre empruntant au rocambolesque et au plus haut degré de l'imprévisibilité, il aurait été facile de perdre le lecteur.

Ici, ça n'est pas le cas. Notre émerveillement se mêle à celui de Marguerite avec qui nous découvrons tout le potentiel drolatique et mirifique du seigneur des enfers.

En bref, il s'agit d'une histoire tellement dense mais qui semble étonnamment immersive tant la lecture semble fluide.
Instantanément envahis par la frénésie jubilatoire qu'éprouve Satan lorsqu'il se joue du pragmatisme des bureaucrates, on aurait envie, nous aussi, de le suivre en Enfer.
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J'ai enfin réussi à lire ce livre. Pas sans mal...
J'ai eu beaucoup de difficultés car trop de personnages, trop de bouffonneries et surtout trop de longueurs. Je me suis perdue dans les pages car j'attendais autre chose de ce grand auteur. J'avais du mal à suivre les errances des personnages et il y a même certains passages dont je n'ai pas compris l'utilité dans le récit.
Par contre, j'ai adoré tous les passages avec Ponce Pilate. Mais vraiment adoré ! L'écriture et l'histoire étaient envoutantes et je n'avais pas envie de partir. Si le livre s'était résumé à ça, j'aurais mis 5 étoiles !

Pioche de décembre 2023 choisie par mylena
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Quel monstre, fiou ! Ca part dans tous les sens, la première partie vous retourne le cerveau, mais fort heureusement, la deuxième ralentit le rythme et donne quelques éléments d'explication.
Le Maître et Marguerite, c'est l'histoire d'un petit groupe diabolique mené par le diable en personne. Il secoue fortement la capitale russe et ses élites corrompues, le tout parsemé de parallèles récurrents avec Judas et la mort de Jésus selon la Bible.

Accrochez-vous, notamment à cause des multiples personnages et de l'apparente absurdité des actions/disparitions en série, parce que ca vaut vraiment le coup ! Le destin du maître - l'écrivain qui ose parler de religion dans une dictature communiste - et de sa douce est émouvant.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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Ouh la la ! Dès les premières pages, du fantastique… ça s'annonce moyen pour cet aspect. Et de fait, la suite se confirme : au secours, j'ai détesté : des têtes arrachés par des chats qui se servent du thé, des gens qui s'envolent… Sérieusement, je n'en pouvais plus ! Et puis, c'est presque gothique, limite absurde parfois, tout ce que je n'aime pas !

Je me suis emmêlée les pinceaux avec les noms russes ! En revanche, bien que le début soit très descriptif rapport aux personnages, il faut reconnaître que la lecture est aisée.

Parlons de l'histoire d'amour dont tous les résumés parlent : elle est bien longue à arriver dans l'histoire la Marguerite, bien, bien longue ! A peu près au milieu, apparaissent enfin Marguerite, celui qu'elle appelle "Le Maître" et leur histoire d'amour. Ca va un peu mieux, la lecture devient, pour moi, plus intéressante. Mais ça ne dure qu'un chapitre… Lorsque Marguerite apparait à nouveau c'est pour devenir une sorcière chevauchant nue un balai pour être la reine du bal de Satan ! Au secours !!!! Et franchement, l'histoire d'amour extraordinaire, je ne l'ai pas du tout ressentie.
J'ai fini par sauter des lignes et des lignes à la fin.

Seul point positif : Je ne m'attendais pas du tout à ces petites incartades au temps de Jésus, Pilate et Judas, et ce fut une bonne surprise. J'ai relativement aimé replongé dans cette histoire religieuse et lire les théories sur les événements de cette journée de Pâques de l'an 33 à Jérusalem.

Sinon, pffff ! Pour une première lecture russe… quelle déception et quelle épreuve ! Quand je vois les notes de ce roman sur différents sites... j'ai dû rater un truc...! (oui, je sais même lequel : contexte historique etc.) Dommage... mais de toutes façons, le fantastique et moi, ça fait deux.

~ Pioché dans ma Pal par Fuyating
~ Challenge multidéfis 19 : auteur russe
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Le roman le Maître et Marguerite, de Boulgakov est une critique du régime soviétique. Boulgakov n'a pas pu publier le livre. C'est sa femme qui s'en est chargée, après la mort de l'écrivain. Je n'ai jamais rien lu de semblable. Plusieurs histoires se mêlent : le Diable et ses acolytes qui, pendant quelques jours, sèment la pagaille dans le Moscou des années 30; une autre, 2000 ans auparavant, raconte la confrontation entre Ponce Pilate et Jésus, et la traîtrise de Judas; une autre décrit l'internement d'un écrivain russe maudit dans un hôpital psychiatrique et enfin l'histoire de Marguerite, qu'on ne peut résumer sans divulgacher. le roman n'est pas sans humour : les nombreuses facéties des anges déchus accompagnant le Diable, dont le fameux chat noir, mêlent le tragique et le comique dans de multiples situations cocasses. Je recommande la lecture de ce livre qui dénonce l'absurdité du fonctionnement des régimes autoritaires et dictatoriaux par le biais du fantastique et illustre à merveille la liberté de l'écrivain.
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