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4,2

sur 2972 notes
– Où l'on découvre que le livre-culte de l'un ne l'est pas forcément pour l'autre... –

Qu'est-ce qu'un livre-culte ?
C'est celui que vous n'oublierez jamais ?
C'est celui que vous avez le plus conseillé, vanté, offert ?
C'est celui qui vous chamboule, qui vous fait voir le monde autrement, qui vous livre le sens de la vie ?
Le maître et Marguerite ne sera pas ce livre-là pour moi.
J'aurais bien aimé, pourtant : tous ces avis émerveillés, parfois quasi-ésotériques, m'avaient bien appâtée. Je repoussais à plus tard la découverte magnifique, la révélation terrible et inoubliable… Je m'attendais à une oeuvre choc, au podium de l'île déserte, au livre d'une vie.
Le maître et Marguerite ne sera pas celui-là.
J'ai aimé le début : l'irruption du diable dans le Moscou de la fin des années 20, et la pagaille que lui et ses acolytes sèment dans la bureaucratie stalinienne, c'était plutôt réjouissant.
La distorsion entre leurs aventures fantastiques et les pesanteurs de la vie quotidienne, j'ai trouvé ça réellement bien vu.
(En fait, ça m'a rappelé une oeuvre beaucoup moins connue, qui introduit elle aussi le merveilleux dans le carcan d'une société corsetée, celle de l'Irlande catholique dans Swim-Two-Birds de Flann O'Brien ; beaucoup plus drôle, de fait.)
Mais après ce début alléchant, le maître et Marguerite part un peu en vrille à mes yeux.
Une fois que tous ces bureaucrates se retrouvent déboussolés et/ou en asile psychiatrique, c'est Marguerite qui devient l'héroïne de l'histoire et qui va vendre son âme au diable pour retrouver son amant écrivain, auteur d'une oeuvre sur Ponce-Pilate dont des extraits nous sont fournis. (Victime sacrificielle, elle devra présider un genre de Bal des vampires qui traîne en longueur. L'amant en question n'apparaît vraiment pas assez captivant pour qu'elle accepte de s'emmerder autant.)
Je n'ai certainement pas saisi toute la symbolique, toutes les métaphores dont use Boulgakov, et je le regrette bien.
D'une certaine façon, je le termine en me disant qu'en un autre temps, ce livre-culte de tant de lecteurs me révèlera peut-être un jour son secret…?

Traduction sans reproche de Claude Ligny.
(Par contre, reproche au chat couronné de la couverture : la personne qui l'a choisi n'a visiblement pas lu le livre. Il est NOIR, le chat et il ne porte pas une couronne mais un réchaud à pétrole. Non, pas sur la tête.)
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« Seigneur, aide-moi à terminer mon roman. » (Michail Boulgakov)

C'est l'histoire d'un roman, écrit par un écrivain russe, dit 'le Maitre', qui vit à Moscou sous le règne de Staline. Ce roman pourrait commencer ainsi : « Les ténèbres venues de la méditerranée avaient recouvert la ville que le procurateur haïssait tant ».
Il se déroule à Yerchalaim au mois de Nisan de l'an 28.
Le procurateur romain de Judée, Ponce-Pilate, est chargé de mettre en procès le juif Yeshoua Ha-Nozri. D'autres personnages : Matthieu Lévy qui, selon Yeshoua lui-même, déforme les propos qu'il tient, Juda de Kairoth et Bar-rabbas, Caïphe le Grand Prêtre du Sanhédrin.
Pilate éprouve une étrange attirance pour Yeshoua qui apparaît comme un illuminé. Il ne veut pas l'exécuter mais n'a d'autres choix .Cependant, après l'exécution, sa seule pensée est d'être pardonné par Yeshoua.
« La Lâcheté n'est-elle pas le plus grand crime qui soit ? »
Le style est ample, les descriptions frappantes. Les scènes baignent dans une mélancolie crépusculaire. Celle de la crucifixion est d'une vision poignante et étrange.
Mais c'est dur d'écrire, de publier et encore plus à cette époque.
L'oeuvre du Maitre a été tellement critiquée qu'il a brûlé le manuscrit, puis s'est finalement retrouvé à l'hôpital psychiatrique. Oubliant la belle Marguerite qui était prête à quitter une vie facile pour l'aimer et l'aider.
Heureusement, Satan qui désire le mal mais accomplit le bien, est de passage à Moscou.
Épaulé par son escouade, il s'emploie, avec un dilettantisme jouissif, à ruiner, les fondements de la société soviétique.
On assiste à des scènes dignes des Monty Python, loufoques, le flegme anglais en moins.
Une séance de théâtre qui tourne au désordre le plus complet, des cadavres qui se rendent au bal. Des personnages disparaissent ou se retrouvent en hôpital psychiatrique : à des années-lumière du réalisme socialiste.
Passent à la moulinette : la société soviétique, grotesque, la médiocrité des milieux artistiques, le pouvoir des « bien-pensants ».
Marguerite accepte, en qualité de sorcière, de devenir la reine du bal annuel de Satan.
Et la fin ?
Après avoir conclu cet accord avec succès, elle retrouve le Maître, le manuscrit est reconstitué et, ensemble, ils trouvent un refuge quelque part entre le ciel et l'enfer.
Le chef de la « commission de l'acoustique », devient le « directeur de succursale d'une conserverie de champignons ».
Les services secrets fourniront certainement des explications à tous ces événements étranges.
Bien sur le Livre de Boulgakov est plus subtile que ce que j'ai pu vous présenter pour tenter de le faire lire.
Laissons aux critiques spécialisés la connivence des détails du sexe des anges.
Roman d'une opposition totale à la tutelle d'État sur l'écrivain et la culture, il est aussi d'une construction « diaboliquement » orchestrée.
Un roman foisonnant où le burlesque et le sérieux s'entrecroisent qui ne paraîtra que lors du « dégel ». Mais dans ce monde, on semble ignorer l'existence des ouvriers et des paysans.
Il comprend beaucoup de détails probablement autobiographiques.
Contrairement à d'autres écrivains qui mourront au Goulag, Boulgakov y échappe.
Probablement que l'empire stalinien reposait pour une part, sur la lâcheté des hommes, celle "des hommes ordinaires", et l'auteur ne s'exclut sans doute pas du lot.



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Le chef d'oeuvre de Boulgakov, écrit sous la terreur, est un récit burlesque se déroulant à Moscou où ont lieu nombre de faits fantastiques. Ce livre est un peu fastidieux à lire, mais ne manque pas d'intérêts, tant pour connaître la Russie de cette époque, que pour découvrir le style et l'imagination de cet auteur.
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BOULGAKOV, écrivain frustré dans son art, dans sa vie, dans son amour .Époque : 1929/ 1939, union soviétique, période stalinienne.
Une société et un pouvoir, donc, proches du « 1984 »de Georges ORWELL. Boulgakov, une créativité maudite et foulée aux pieds par ses contemporains, une structure sociale rigidifiée par la dictature.
Un écrivain qui ira jusqu'à appeler la mort de ses voeux aux abords de la quarantaine , tellement son tourment est grand.
Sa revanche, c'est un magnifique feu d'artifice littéraire : « le Maitre et Marguerite », un message extraordinaire qui nous est parvenu, à travers le temps et l'espace, avec toute sa charge émotionnelle, (pour peu que l'on entrouvre les portes de notre propre émotion).
De nombreux thèmes dans cet ouvrage « Faustien » avant tout. le démon s'invite et va « bousculer » l'organisation sociale de cette époque. Ce démon parait bien sympathique, secondé par ses aides, l'humour est féroce mais toujours finement ciselé. Les scènes fourmillent de fantastique et de rebondissements.
Un des grands enjeux du roman c'est aussi l'Amour, une femme qui croit au génie de son élu et qui fera tout pour le préserver, pour qu'il écrive jusqu'au bout le Livre de sa vie. C'est elle qui va accepter le pacte avec le diable tout-puissant.
Parmi toutes ces scènes, j'ai particulièrement apprécié le dialogue entre Ponce Pilate et Yeshoua (jésus) .Fabuleux dialogue, entre l'être de pureté , d'innocence et l'être de pouvoir , prisonnier de son pouvoir ,dans l'incapacité de suivre son penchant naturel, la clémence.
Satire amère contre l'oppression de l'individu, il est toujours surprenant de constater la capacité de nuisance de certains de nos frères humains, surtout lorsqu'ils disposent d'un quelconque pouvoir. Mais l'écrivain, grâce à son oeuvre est immortel, contrairement aux malfaisants.
En voici encore une fois la preuve !
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Editions Inculte - Traduction : André Markowicz / Françoise Morvan

La seule question qui vaille est :
À quel moment lirez-vous ce monument ? (si ce n'est pas déjà fait…)
(non, non, lâchez ce machin aux couleurs criardes et plongez vers votre destin… ou ne dîtes plus que vous aimez la littérature… mais la lecture…)

Mais alors : quelle traduction devrez-vous choisir ?
Cette dernière question se pose naturellement dès qu'il s'agit d'aborder l'une de ces pierres blanches que les éditeurs, à tort ou à raison, aiment à « dépoussiérer », surtout quand elles sont libres de droits ( * )… diluant dans la masse mercantile les exemples où une nouvelle traduction est en effet pertinente… Alors que des chefs-d'oeuvre comme « 1984 » ou « Abattoir 5 », parmi quelques autres, ont largement bénéficié d'une nouvelle mouture, leurs versions précédentes souffrant de certaines coquilles, on ne compte plus les exemples où elles ne font que semer la confusion.
Si Babelio n'était pas principalement un site à vocation commerciale ( ne leur jetons pas la pierre, leurs services seraient payant sinon…) il aurait tout intérêt à héberger des comparatifs entre versions ; c'est d'ailleurs à cette occasion — ne sachant quelle traduction choisir du classique de Laurence Sterne, « Tristram Shandy » — que j'ai adhéré : la critique que l'auteur Stéphane Malandrin en a faite ( tristement reléguée en seconde page, mécanisme des « like / copinage » oblige ) s'attache à mettre en parallèle quatre versions, concluant par l'exemple que celle de Léon de Wailly (1842) demeure la plus fidèle à l'original… disponible gratuitement, elle devrait envoyer à la poubelle toutes ses descendantes tarifées…

( * ) ( ce qui n'était pas le cas avec ce livre, ce qui a achevé de dévoiler le jeu d'Actes Sud, clamant à tout vent son intention de « dépoussiérer » la grande littérature russe, avec ces nombreuses nouvelles traductions d'André Markowicz : Dostoïevski, Gogol, Isaac Babel, Tchekhov… surtout quand ça ne leur coûte pas un rond en ayants-droits…
Le traducteur ayant été obligé de s'adresser à un « petit » éditeur pour cette publication non libre de droits… les risques financiers semblant dérisoires pour un tel livre, achevant l'incompréhension face à cette opportuniste, ventrue, et politiquement douteuse maison arlésienne… ) ( / * )

Tout ceci pour en arriver à notre chef-d'oeuvre, dont cette deuxième relecture m'a permis de passer d'une version à l'autre afin d'essayer de vous y faire voir un peu plus clair, vous chanceux qui n'avaient pas encore arpenté ce déchainement de superlatifs fait livre.
La traduction originale par Claude Ligny a été reprise de nombreuses fois ; version de référence, ici au « Livre de Poche - Biblio », du temps de leurs couvertures beiges-grises au graphisme inspiré, âge d'or esthétique de cette collection.
Trêve de bavardages, c'est cette version qui semble la plus indiquée pour apprécier ce mégalithe ; vous la trouverez également chez Robert Laffont ( avec un gros chat angora couronné… pas du meilleur effet ), ou bien encore, pour les masochistes, chez Pocket, et leurs habituelles maquettes et illustrations neurasthéniques ( et selon Nastasia-B, jamais avare d'euphémismes : « assez mauvaise » ).
Toutes ré-imprimées des millions de fois, toujours avec succès.

Car, avec cette traduction du stakhanoviste babélien Markowicz, on a surtout droit à une version faite pour ceux qui ont déjà lu ce roman, au moins deux fois !
En cause : les notes de bas de page ; nombreuses, souvent pertinentes, surtout pour saisir au plus juste la multitude de références à la littérature classique, de Pouchkine à Schiller, de Goethe à Shakespeare, mais beaucoup trop envahissantes pour une première lecture exaltée…
Pis, certaines bafouent carrément le rythme du texte, telle cette toute fin du premier chapitre qui, sous prétexte d'une petite précision se vautrant dans la pédanterie, anticipe en détruisant la transition menant le texte vers l'époque de Ponce Pilate, tout cela pour disserter sur la couleur de sa toge…

Concernant la langue en elle-même, adressez-vous à un russophone… bien que la comparaison entre de nombreux passages plaide pour celle de Ligny… l'autre est peut-être plus fidèle… reste qu'aucun élément d'importance ne marque leur différence ( contrairement à « 1984 » ou bien « Abattoir 5 », justement… ).

Entretemps, Mikhaïl Boulgakov est entré au Panthéon-Gallimard avec la parution de son oeuvre en deux volumes Pléiade, donnant lieu à une autre nouvelle traduction par Françoise Flamant, alors que la collection de Robert Laffont « Bouquins », également du type « oeuvre complète d'importance », s'était contenté d'une révision de l'originale.
Après avoir épluché pas mal de critiques ici et là, aucune trace de ces deux dernières versions ( il nous manque un Malandrin sur ce coup… ), le doute plaidant donc pour la première, de préférence en version non-annotée pour profiter au mieux de toute cette magie…
( en fin de critique, lien vers la couverture de la version à privilégier )

Voilà, contrairement au « 1984 » de Célia Izoard aux éditions Agone — dont on ne cessera de répéter, n'ayant jamais le niveau de décibel d'une grande maison d'édition, l'objective supériorité sur toutes les autres, faisant de cette récente sortie un réel événement — cet Inculte est à réserver aux amoureux de Marguerite et de gros chats farceurs… joli objet, évident cadeau… ne vous étonnez pas si l'on vient vous appeler « Maitre » par la suite…
( encore mieux si c'est « Marguerite », seule à même de donner de vraies leçons de vol sur balai… pas comme Mona, Isabelle ou autre Sandrine…)
Lien : https://www.babelio.com/couv..
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Cette lecture a été laborieuse d'un car je ne suis jamais rentrée dans l'histoire.

J'ai eu du mal à m'imprégner de l'histoire et de l'époque dans laquelle l'auteur veut nous emmener.

J'ai aussi beaucoup de mal avec les personnages pour les distinguer pour suivre leur parcours . Cette Russie post stalinienne mélangé a du fantastique m'a dérouté.
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Chef d'oeuvre absolu, roman inclassable dont la genèse est aussi passionnante que l'histoire de ce chat endiablé qui s'élance dans les rues de Moscou et sème la pagaille. Et cet intermède si étrange, si inattendu d'un Jérusalem antique, caniculaire. Un livre qui m'a profondément marqué, qui n'a pas pris une ride et qui ne peut pas vous laisser indifférent. Vous l'adorerez ou le détesterez.
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Lire un roman jugé unanimement chef d'oeuvre, ça met tout un tas de pression sur mes frêles épaules de lectrice. Si t'aimes pas, c'est toi qu'as pas compris, gros naze. Un type qui a couché métaphoriquement ses misères pendant le stalinisme dur, quand ça torturait et zigouillait à tire larigot, forcément que la résonnance ne doit pas être affreuse.

Mais s'y plonger sans ne rien connaître de l'époque, c'est passer à côté de quelque chose. Heureusement les notes de bas de page permettent quelques éclaircissements. Il faut se figurer, se recontextualiser le climat de terreur du totalitarisme soviétique, la peur panique d'être arrêté pour n'être coupable de rien, où la justice n'en a que l'apparence, grotesque pantomime auquel plus personne ne croit depuis bien longtemps.

Mais ne pensez pas lire un bouquin au sinistre plombant, Boulgakov a décidé d'être drôle quitte à être censuré. Un délectable cynisme traverse l'oeuvre, on s'oriente dans un univers décapant de burlesque qui n'est pas sans rappeler Les âmes mortes de Gogol. Les hommes y sont souvent des pantins mauvais et décevants, ourlés par leur mesquinerie et leur insignifiante concupiscence. Alors quelle réjouissance n'ai-je ressenti par les corrections infligées par notre équipée satanique à tous ces soiffards infatués de leur pouvoir en carton pâte ! Heureusement que ce diable de Woland et ce bon gros chat noir de Béhémoth soufflettent ces gueux à satiété.

Le livre se découpe en plusieurs parties et engage le lecteur à se munir d'une patience certaine. Ça n'est qu'à la moitié du parpaing qu'on entend parler du maître et de sa Marguerite. Gageons qu'une simple et unique lecture est insuffisante si l'on escompte rendre honneur à son auteur. La densité du livre mobilise de la concentration, certes enrégimentée dans du grand-guignolesque, mais non moins exigeante : Boulgarov n'est pas chiche en allusions historiques et culturelles.

Les bifurcations sont nombreuses et nous amènent à excursionner en Judée avec le récit du procurateur Ponce Pilate. La plume se trouve brusquement pénétrée d'une impeccable gravité laquelle contraste fort avec la bouffonnerie du reste du texte situé à Moscou. Déconcertant.
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J'ai été happé par cette histoire. On traverse le temps, on vole au dessus de Moscou. C'est féerique, enchanteur, fou, théâtral.
. Ça ne plaira pas a tout le monde. On adore ou on déteste, cette histoire de diable et d'amour. le passage en Galilée est absolument magistral.
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Une découverte d'excellence et d'exception.

C'est simple, j'ai rarement lu quoique ce soit avec autant d'avidité et d'extase.

A chaque chapitre, des évènements complètement ubuesques viennent ponctuer une intrigue qui quant à elle transpire à équitablement de cohérence et d'excentrisme. Vous êtes partisan de Camus et trouvez que votre vie n'a aucun sens, qu'elle est absurde ? Lire le Maître et Marguerite vous aidera certainement à relativiser quant à votre détresse existentielle.

Vous ne pouvez vous empêcher d'habiller votre visage d'un sourire sardonique lorsqu'on vous sert de l'humour noir face aux règles tacites des relations sociales ? Lisez le Maître et Marguerite pour entériner cette habitude.

Ce n'est pas seulement un livre que nous offre Boulgakov, mais une triple rencontre. D'abord avec un Satan puis un Faust moderne (enfin, autant qu'ils peuvent l'être lors des années 20 soviétiques) et même avec Ponce Pilate. On s'attache d'ailleurs rapidement à tous les personnages amoraux et le reversement et si net qu'on en vient à éprouver de la répugnance pour les figures qui incarnent l'aspect fonctionnel de notre existence.

Il est facile de s'amuser des tours de Satan et de ses acolytes, tous uniques à leur façon et tous dépeint d'une main experte.
Le plus impressionnant, à mon sens, est l'astuce avec laquelle Boulgakov réussit à fournir une ligne directrice assez claire dans l'enchaînement des évènements. Chaque chapitre empruntant au rocambolesque et au plus haut degré de l'imprévisibilité, il aurait été facile de perdre le lecteur.

Ici, ça n'est pas le cas. Notre émerveillement se mêle à celui de Marguerite avec qui nous découvrons tout le potentiel drolatique et mirifique du seigneur des enfers.

En bref, il s'agit d'une histoire tellement dense mais qui semble étonnamment immersive tant la lecture semble fluide.
Instantanément envahis par la frénésie jubilatoire qu'éprouve Satan lorsqu'il se joue du pragmatisme des bureaucrates, on aurait envie, nous aussi, de le suivre en Enfer.
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