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Herminien Ogawa (Autre)
[Arte] (20/11/2012)
3.61/5   32 notes
Résumé :
Au Japon, « le journal d'Anne Frank » reste un inusable best-seller.
A tel point que son destin tragique est même réinterprété en manga.
Que révèle ce succès sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale au sein de la société nippone ?

Un voyage en BD documentaire interactive pour comprendre ce qui, de la Shoah et d’Hiroshima, peut — ou non — constituer une expérience commune au Japon et à l’Europe.

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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne m'attendais absolument pas à ça lorsque j'ai acheté ce titre, je pensais voir une histoire sur Anne Frank, Anne Frank vu par les Japonais, mais ce n'est pas tout à fait cela.
En apprenant que tous les Japonais ont lu l'histoire de la jeune fille, les journalistes qui ont rédigé cette BD documentaire décident d'interroger les Japonais sur Anne Frank et l'holocauste. Anne Frank est un point de départ, de fil en aiguille ils en viennent à interroger les Japonais de façon plus généraliste sur la Seconde Guerre mondiale puis sur leurs propres crimes de guerre.
Au-delà de l'Histoire, ce titre prend petit à petit un tournant politique pour une plongée dans une vision du Japon qui m'était jusqu'alors inconnu.

J'ai été captivé par ce titre qui m'a beaucoup appris et apporte une réelle réflexion. Je suis loin d'idéaliser le Japon, certains points ne m'ont pas spécialement surprise par contre je ne connaissais rien en politique et je ne connaissais pas non plus leur vision de l'Histoire.

Je pourrais dire que les journalistes mènent une enquête " à charge" en étant dans le jugement mais je ne peux leur jeter la pierre car j'ai été parfois aussi agacée qu'eux par les réactions des Japonais. C'est incompréhensible pour la française que je suis de constater le peu de considération qu'ils ont pour l'holocauste et leur refus de parler des crimes de guerre de leur pays pourtant, et c'est ce qui est intéressant, mon regard a changé petit à petit, jusqu'à cette conclusion qui mène à réfléchir. Au moment où je rédige cette critique je suis d'ailleurs encore en pleine réflexion (si ce titre pousse autant à la réflexion cela montre que ces journalistes ont brillamment réalisé leur travail).

Pour en revenir à l'histoire de base, au Japon Anne Frank est un personnage de manga Kawai, son histoire n'est pas considérée comme réelle mais plutôt comme une histoire de fiction captivante. Il est d'ailleurs étonnant de constater que cette histoire soit parvenu jusqu'au pays du soleil levant. Cependant, ce manque de considération pour la réalité de son histoire par les Japonais m'a sidéré sur le moment. Comment peut-on être captivé par cette terrible histoire sans comprendre l'holocauste?
Alors que dans le fond c'est normal, comment en vouloir au Japonais? Cette partie de la Seconde Guerre mondiale et européenne, c'est notre histoire par la leur, pourtant ils connaissent quand même Anne Frank. Paradoxalement, connaître ce nom c'est faire preuve d'une certaine ouverture sur l'Histoire étrangère. Pour un pays aussi refermé sur sa culture c'est déjà beaucoup et en France, nous n'en faisons pas toujours autant.
En effet, durant un stage, j'ai raconté à des enfants l'histoire de Sadako Sasaki. Lorsque j'ai fini de leur parler de cette enfant, j'ai été assaillie de questions, notamment par les plus grands qui avaient travaillé sur la Seconde Guerre mondiale à l'école. Ils ne comprenaient pas les raisons pour lesquelles les Américains avaient lancé ces bombes atomiques pour la simple et bonne raison qu'ils n'avaient pas eu connaissance de cette partie de l'Histoire. En France, on enseigne la Seconde Guerre mondiale aux élèves dès le primaire, mais seulement en France. C'est très réducteur!
Puis à partir du collège on parle du conflit mondial mais la seule chose que nous retenons de ces chapitres c'est Pearl Harbor et les bombes atomiques, autant dire que notre vision internationale est quand même relativement réduite. En même temps il est difficile de se sentir concerné quand il ne s'agit pas de son histoire national, la Japon semble lointain alors son passé ne nous intéresse pas réellement.

Tout cela pour dire que la vision de la Shoah par les japonais est finalement compréhensible, ce qui l'est moins c'est leur façon qu'ils ont de ne pas parler de leur propre Histoire. C'est surtout cela qui m'interpelle encore et me donne envie de pousser mes recherches pour comprendre cette vision japonaise sur la question. Ils refusent de reconnaître les crimes de leur pays en se voyant comme d'éternels martyr, ils n'enseignent même pas des faits à l'école seulement des dates. Pour eux l'histoire, qu'elle soit nationale ou internationale, est inutile. C'est difficile à comprendre alors que pour nous le devoir de mémoire est si important, ce livre est un véritable choc des cultures.

En tout cas ne vous y trompez pas, malgré la couverture mignonne et enfantine, avec ce titre vous vous trouverez à lire un titre complexe qui nous pousse à une réelle réflexion sur le Japon et sa vision de l'Histoire.
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Je m'attendais à autre chose en lisant cette BD et j'ai plutôt été surpris par le résultat de cette enquête menée par des journalistes indépendants.

Je me rappelle m'être une fois fait allumer sur ce forum pour avoir dit que la bombe atomique larguée sur Hiroshima fut un mal nécessaire afin d'arrêter la Seconde Guerre Mondiale en économisant 3 millions de vie. J'avais provoqué la fureur et la colère de certains internautes qui se rangeaient aux côtés du Japon impérialiste ayant provoqué et perdu cette guerre. Les américains nous ont délivré par deux fois du joug du Kaiser puis de celui d'Hitler. Je ne cache pas avoir de l'admiration pour ce peuple malgré toutes les critiques et les erreurs également commises au nom de la liberté démocratique.

Cette BD pose une bonne question : pourquoi le Japon essaye de comparer Hiroshima avec l'Holocauste tout en occultant les massacres de Nankin ? Pour rappel, pendant les six semaines que dure le massacre de Nankin, des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l'armée impériale japonaise. A la fin de la guerre, il y a un déni total de ce qui s'est passé. Les livres d'histoire n'en parlent pas. Ce reportage se concentre sur la vision qu'ont les japonais de leur propre histoire.

Bref, je commence un peu à comprendre la position chinoise quant à la controverse sur le sanctuaire Yasukuni. Par ailleurs, cette BD m'a également ouvert les yeux sur l'activité de l'extrême-droite nippone ainsi que sur une jeunesse complètement infantilisée qui ignore ce qu'est la Shoah. Bref, Anne Frank a permis aux japonais de découvrir l'histoire mais c'est également un moyen détourné de reconnaître leur part de responsabilité. J'avais jusqu'ici une toute autre vision du pays du soleil levant, celui d'un peuple pacifiste ayant tourné le dos à ses démons. Or, ce n'est pas tout à fait le cas...

Au final, un documentaire riche et véritablement instructif sur un sujet qui divise.
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C'est l'expérience d'une BD documentaire interactive que nous offre ici Alain Lewkowicz (réalisateur), Vincent Bourgeau (dessinateur) et Marc Sainsauve (chef opérateur / photographe). Intrigués et choqués par le paradoxe Anne Frank au japon, ils décident de s'y rendre pour comprendre pourquoi la petit fille ne revêt qu'une image de fiction au pays du soleil levant. Aidé d'Herminien Ogawa (fixeur / traducteur), Alain Lewkowicz a bien l'intention de poser les questions qui fâchent : pourquoi les japonais, si familiers d'Anne Frank, n'ont-ils jamais entendu parler de l'Holocauste ? Quels regard portent les japonais sur leurs exactions durant la seconde guerre mondiale ? Comment se fait-il que cette période soit passée sous silence à l'école, et que les japonais connaissent si mal leur propre histoire ? D'abord en format numérique, librement consultable ici, Anne Frank au pays du manga a fait l'objet d'une édition papier chez Les Arènes.

Pugnace, Alain Lewkowicz. Un peu trop à mon goût d'ailleurs ! Si la démarche qu'il entreprend est louable, le "pont" qu'il prétend jeter entre les cultures se transforme un peu trop souvent en insistantes accusations. D'abord enchantée par la forme dont je vous reparlerai ensuite, j'ai eu de plus en plus de mal au fur et à mesure de ma lecture à comprendre le comportement systématiquement agressif du réalisateur qui m'a semblé finalement assez peu ouvert d'esprit. L'approche m'a parue condescendante et intolérante, même si le révisionnisme et le négationnisme japonais sont très difficiles à entendre de notre point de vue d'occidentaux, pour qui la seconde guerre mondiale doit être la période historique la plus étudiée à l'école. Je n'ai pas retrouvé l'objectivité que j'avais louée dans le photographe de Lefèvre et Guibert, qui soulignait à mon avis de façon beaucoup plus subtile les différences de culture. Bien entendu, la démarche n'est ici pas la même, et je reconnais à Alain Lewkowicz un cran et une rigueur qui semblent de mise lorsque l'on essaie d'entrer dans des sujets délicats avec les japonais ; mais je me suis rapidement lassée des petites phrases acerbes qui ponctuent le récit.

Mais parlons plutôt de la forme ! Véritable objet multimédia, Anne Frank au pays du manga se présente sous la forme d'une bande dessinée composée de 4 chapitres, enrichie de multiples extraits sonores, vidéos et photographiques, toujours pertinents. Chaque "planche" est accompagné d'un fond sonore (bruit de ville, messages diffusés dans le train, etc.) très appréciable pour s'imprégner de l'ambiance, mais qui peut cependant être parfois un peu perturbant (vous aimez lire en silence ? Passez votre chemin !). La transition entre les différents tableaux sonores est en revanche parfaite, même lorsque le chargement de la page est un peu long. Globalement, l'expérience est extrêmement immersive et très prenante.

Du point de vue de la technique donc, rien à redire : Anne Frank au pays du manga est une expérience interactive particulièrement riche et réussie, qui m'a entièrement convaincue. La lecture est bien entendu plus longue que pour une bande dessinée traditionnelle (comptez une bonne demi-heure par chapitre si vous écoutez/visualisez soigneusement tous les extraits) mais le résultat est là : en multipliant les différents médias, les auteurs parviennent à décupler l'impact de leur reportage, et à donner au lecteur un aperçu de la complexité de la question traitée. Espérons que l'initiative fasse des émules !
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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Cette BD explique pourquoi les japonais vénèrent Anne Frank. Au vu de la couverture, je la voulais pour un rayon jeunesse. Ce que je ne ferai pas parce qu'elle parle de politique pas toujours facile à comprendre, parce qu'il y est question de l'histoire de leur pays où ils retiennent ce qu'ils veulent, occultant la bataille du nankin. Dialogue de femme à poil sur un tee-shirt. Ce documentaire s'avère intéressant mais le style est trop grinçant. C'est plus un jugement qu'une constatation. Dessins en noir et blanc.
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Une équipe de journalistes part pour le japon afin de comprendre l'enjouement du pays pour l'histoire d'Anne Frank. Ils y sont accueilli par un confrère qui leur servira également de traducteur sur les différents sites consacrés à la jeune martyre hollandaise. Peu à peu le chemin de mémoire prend des airs de circuit touristique.
Lecture coup de poing. Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur le Japon car le choc culturel est garanti. Cette BD n'est pas une fiction mais un documentaire et, contrairement à ce que la couverture peut laisser penser, ce n'est pas un ouvrage destiné à la jeunesse. L'histoire d'Anne Frank n'y est pas abordé en tant que telle, elle sert de point de départ à l'autopsie d'une société face à son histoire : Comment les japonais font-ils le parallelle entre l'holocauste et les bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki ? Que savent-ils des propres crimes de guerres de leur nation durant la seconde guerre mondiale ? Que retiennent-ils de cette période de l'histoire ? Comment l'enseignent-ils à leurs enfants ? L'ensemble est intéressant et porte à la réflexion, servi par un graphisme de qualité en noir et blanc. le sujet reste néanmoins polémique et le parti pris de l'auteur peut parfois mettre mal à l'aise. le format BD est également intéressant, rendant cette réflexion accessible au plus grand nombre. le concept est particulièrement innovant puisque des QR code permet d'approfondir le sujet. Dommage que les liens soient aujourd'hui désactivés.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Anne Frank, star japonaise depuis 1952 ! Tout le monde a lu son journal, et le Japon semble s'être reconnu dans le destin de l'adolescente. Victimes. Elle comme eux. Elle, des nazis et eux, de la bombe atomique.
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- Je croyais que la France était le pays des libertés. Ça veut dire que je n'ai pas le droit de dire qu'il n'y a pas eu six millions de juifs morts dans les camps?
- Non
- Et je peux dire qu'il y en a eu vingt millions?
- Non plus, c'est pas vrai!
- Être aussi définitif sur l'Histoire... Ça m'intrigue. Je ne sais pas si en France vous avez un manuel scolaire unique, mais au Japon on en a une dizaine et les écoles choisissent. Les étudiants ne lisent pas qu'un seul manuel. C'est pour ça qu'on a plusieurs visions de l'Histoire.
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Ne me juge pas mal, mais considère-moi plutôt comme quelqu'un qui de temps en temps a le coeur trop lourd.
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Au japon, on aime les tragédie humaines, celle d'Anne Frank a un véritable intérêt littéraire. le suspens est total. Va-t-elle se faire attraper, va-t-elle mourir ? C'est palpitant. Les histoires de kamikazes, dès de début, on connaît la fin : ils meurent....
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Les nazis ont été jugés et condamnés parce qu'ils ont perdu la guerre. S'ils avaient gagné, jamais ils n'auraient été jugés !
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