Sa naissance, en 1638, inattendue, avait fait d'abord jaser à la cour et dans le public. On racontait que Louis XIII, amoureux de Mlle de Hautefort, et
la visitant au couvent où elle s'était retirée, s'était un soir attardé à Paris et vu forcer de coucher au Louvre. Ce séjour d'une nuit auprès de la reine,
conséquence d'une demi-infidélité que lui faisait le roi, avait de quoi faire rire. Quand Louis XIV fut né, on n'y pensa plus. Dieu l'avait donné à la France, comme par miracle. La France l'en remercia, et suivit avec le plus vif intérêt les progrès de Louis le Dieudonné.
Louis XIV mit dans sa cour, comme dans son règne, tant d'éclat et de magnificence, que les moindres détails de sa vie semblent intéresser la postérité, ainsi qu'ils étaient l'objet de la curiosité de toutes les cours de l'Europe, et de tous les contemporains. La splendeur de son gouvernement s'est répandue sur ses moindres actions. On est plus avide, surtout en France, de savoir les particularités de sa cour que les révolutions de quelques autres Etats. Tel est l'effet de la grande réputation. On aime mieux apprendre ce qui se passait dans le cabinet et dans la cour d'Auguste, que le détail des conquêtes d'Attila ou de Tamerlan.