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4,11

sur 5597 notes
Pourquoi je vis, pourquoi je meurs
Pourquoi je lis, pourquoi je pleure ...

... assurément pour de tels livres, les vibrants, les telluriques, ceux que tu n'oublies pas une fois refermés et achevés, ces mots qui continuent à tournoyer dans ta tête de façon obsédante.

Né d'aucune femme est de ce calibre-là. Sombre mais jamais obscur, profondément romanesque mais si humain. Rose, ma petite Rose, si digne dans l'insoutenable cruauté de la vie, sauvée par les mots.

« Les mots , nous dit-elle dans l'intimité des chapitres qui lui sont consacrés, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je ne comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'il sont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. Je les appelle les mots magiciens : utopie, radieux, jovial, maladrerie, miscellanées, mitre, (... ) et tellement d'autres que j'ai retenus sans effort, pourtant sans connaître leur sens. Ils me semblent plus légers à porter que ceux qui disent. Ils sont de la nourriture pour ce qui s'envolera de mon corps quand je serai morte, ma musique à moi. C'est peut-être ce qu'on appelle une âme. »

Edmond et ses épaules émouvantes qui avoue : «  toute ma vie j'ai failli être un homme », qui le deviendra peut-être après le mot «  fin ». Gabriel, le prêtre empathique qui sait porter la souffrance des hommes, et l'entendre pour faire bouger le destin et apporter l'espoir. Tous les personnages sont formidablement campés, c'était comme si je pouvais tous les voir à porter de mots, leur visage, leur âme même.

Franck Bouysse est un grand, un grand conteur qui construit admirablement son roman pour faire naître les émotions dans les révélations qui distillent au moment juste ; un grand styliste, une écriture à l'os. Combien de phrases, de passages j'ai relus, uniquement pour m'en enivrer tellement ils sont beaux, puissants, brillants sans jamais tomber dans la démonstration vide de sens.


Et cette formidable couverture, au diapason de la perfection de ce roman. Cette sublime Madone allaitante, forte et attentive, en écho à Rose, à sa mère et ses «  trois filles arrachées au néant, au motif qu'un homme et une femme se doivent de fabriquer un peu plus qu'eux-mêmes pour échapper au temps, sans penser ni même imaginer qu'un seul instant les malheurs à venir et le cadeau empoisonné que peut devenir une vie. Parce que sortir un petit être du néant d'avant pour lui offrir celui d'après est une immense responsabilité, une pure folie. »

Parce que j'en ai encore les larmes aux yeux, parce que je tremble encore un peu.
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Avertissement !
Cette chronique est le fruit de mon ressenti à l'instant où je referme ce livre. Elle n'a pour objectif que de vous...OBLIGER... à le lire....
Comment débuter l'année de plus belle façon.
Première lecture et je suis déjà à genoux.
Que d'émotions.
Quelle écriture.
Né d'aucune femme, LE livre que vous ne pouvez pas manquer cette année.
J'ai déjà vanté l'écriture de Franck Bouysse, ce livre ne fait que confirmer mes impressions.
Gabriel est curé.
Gabriel est appelé à l'asile pour la mise en terre d'une femme qui y est internée depuis des années.
Une femme devenue folle après avoir tué.
Enfin, c'est ce qui se dit....
Gabriel est là pour récupérer quelque chose.
Quelque chose qui va bouleverser sa vie, quelque chose qui va bouleverser des vies...
C'est ainsi que débute ce magnifique roman.
Magnifique, mais noir. Très noir même.
Sortez vos mouchoirs. Mais pas vos vulgaires mouchoirs en papier, non. Les beaux, les brodés. Parce que l'écriture de Mr Bouysse va vous bouleverser et qu'une telle écriture mérite le plus bel écrin pour vos larmes. Parce que des larmes, à moins que d'avoir l'âme aussi noire que certain des protagonistes, vous allez en verser, je vous l'assure.
Le destin d'une jeune femme qui va se jouer devant vos yeux ne pourra que vous émouvoir.
Et puis, Né d'aucune femme, rien que le titre, ça ne vous touche pas déjà  ?
À ceux qui, comme moi, ont découvert l'écriture de Franck Bouysse avec Glaise ou Grossir le ciel, je vous garantis de retrouver ici la même émotion,  si ce n'est plus forte encore.
À ceux qui aiment la littérature noire.
Aux amoureux des belles phrases, aux amoureux des mots.
À ceux que l'émotion transporte.
À tous les insensibles, ceux qui se croient invulnérables.
À tout ceux qui aiment lire.
Ne passez pas à côté de Né d'aucune femme.

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Magistral, monumental, stupéfiant, édifiant, prodigieux, et j'en passe... Je reste sans voix, le coeur transi, l'âme déchirée à la fin de ce roman... Quel roman ! Un équilibre parfait entre le fond et la forme. Un vocabulaire de haute voltige, imagé, métaphorique à souhait. Des émotions à vous retourner le coeur, à vous serrer le ventre, à bouleverser l'âme.
Je reprends les mots de Tostaky61 qui comme d'autres a trouvé les mots justes pour ce dernier Franck Bouysse : « aux amoureux des mots, à tous les insensibles qui se croient invulnérables » oui oui oui ce livre est pour vous !

Une force exponentielle se dégage ici dans ce portrait de cet ange qu'est Rose. Ce n'était qu'une enfant encore, quatorze ans, toute la vie devant elle, l'insouciance comme seul habit, lorsque son père la vend pour quelques pièces d'or afin de blanchir la misère sous son toit. Rose est vendue à un homme qui n'est homme que par son nom, Charles. Avec sa mère, ils forment un couple maudit, un monstre à deux têtes.
L'histoire de Rose est déposée dans un carnet qu'une infirmière remet aux mains du prêtre Gabriel. Ainsi s'ouvre ce roman choral qui donnera mots et vie (vie oui car les personnages étaient tous là, juste à côté de moi tant les descriptions sont réalistes et palpables) aux différents personnages qui gravitent autour de Rose. Son père, ravagé par la culpabilité, Edmond le palefrenier, trop bon, trop lâche, le prêtre Gabriel en quête de vérités et de sens. Mais y a-t-il un sens à l'ignominie, au malheur, aux étoiles mortes ?

Je craignais en ouvrant ce roman une vague noire déferlante, j'ai été happée comme jamais à travers une littérature engagée, puissante, élaborée où c'est tout un univers qui nous ait conté ici. L'histoire d'une fille forcée à devenir femme avant l'âge et rejetée et laissée pour rien le jour où elle accueillera sa féminité.

Un roman que je ne suis pas prête d'oublier. Et cette page de couverture... de toute beauté...

Un roman exceptionnel qui a su me toucher en plein coeur...

Sous la plume de Franck Bouysse, le noir a des allures de vastes étendues où les cris se conjuguent avec la force, où les pleures trouvent refuge dans les mots, où l'amour continue et continuera toujours à éclairer tous les possibles.

Magnifique.
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Maintes fois le père Gabriel, au confessionnal, a entendu les mêmes paroles. Aussi, lorsqu'une voix fluette, à peine voilée, lui demande de bénir le corps d'une femme à l'asile et de récupérer par là même des cahiers cachés sous la robe de la défunte, il est fort étonné. Mais le père Gabriel a promis. Et c'est en compagnie de Charles, le sacristain, que Gabriel se rendra à l'asile, bénira Rose et emportera les cahiers... Des cahiers emplis de confessions...
Des années auparavant, Rose, l'aînée des quatre filles, a 14 ans. C'est elle qui, aujourd'hui, accompagne son père au marché. Un gros type parlemente avec ce dernier, marchande, s'énerve un peu. Rose ne le sait pas encore mais c'est d'elle dont il est question. Vendue pour quelques pièces qui devraient permettre à la famille de sortir de la misère. Avant même qu'elle ait pu dire au revoir à son père, là voilà embarquée dans la carriole. Direction Les Forges où l'attend une nouvelle vie...

D'une puissance rare, d'une profondeur remarquable, d'un souffle renversant, le dernier roman de Franck Bouysse nous emporte et nous émeut. À travers les yeux du père Gabriel qui découvre les confessions de Rose, l'on suit le destin de la jeune fille, dans la campagne française de la fin du XIXème siècle. L'auteur dresse le portrait ô combien touchant et empli d'émotions de celle-ci, vendue à un riche maître et dont la vie va basculer sous l'emprise de ce dernier et de sa mère. Franck Bouysse, après La trilogie des Marches, change de registre et surprend le lecteur, notamment en se mettant dans la peau de Rose lorsqu'elle écrit. Il alterne ces chapitres en donnant la voix à Edmond, le palefrenier, au père Gabriel, dépositaire de ces confessions et à Onésime, le père de Rose, rongé par le remords. Habilement construit et brillamment mis en scène, ce roman, magnifique et déchirant se révèle tout à la fois sombre et lumineux.
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Bouysse is back and beautiful !

J'avoue en avoir un peu soupé du rural noir, thème de prédilection de l'auteur.
Non pas qu'il se soit subitement découvert en humoriste ravageur, faut pas déconner non plus, et puis le grand écart facial, c'est pas donné à tout le monde, mais ce nouveau récit sombre et amer sort gaillardement des sentiers battus pour vous perdre en des contrées maléfiques que l'on ne souhaiterait pas à son pire ennemi.

Elle s'appelle Rose, sa vie ne sera qu'un long chapelet d'épines.
Quelques cahiers étrangement captés pour en témoigner, parcourus par un homme d'église déconfit, il n'en faudra pas plus à Bouysse pour vous embarquer sur une croisière où s'amuser sera bien la dernière de vos attentes.

Originalité du propos, force des mots, phrasé érudit, musicalité Bouyssienne qui tape direct au coeur, sans préavis, Né d'Aucune Femme est de ces livres qui matraquent crescendo sans véritablement laisser entrevoir la moindre porte de sortie tendance rose fushia. Un blush flamand m'aurait pourtant contenté, c'est dire.
Noir est son parfum, mélancolique et cafardeux sont ses atours.

Une construction impeccable, un tourbillon insondable de maux habilement dépeints, ce récit ne se lit pas, il se vit comme une expérience extrême, un puits sans fond de larmes asséché par la haine et la concupiscence de ceux qui n'ont que la persécution et la détestation à offrir.

M'en vais mater les Calaisiens à Cancun, tiens, histoire de me détendre le neurone un chouïa...
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Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.

J'espère que je me suis bien fait comprendre.
Je ne peux pas continuer à lire ce roman de tortures physiques et mentales.
Je ne peux pas encaisser ces viols, ces esprits dérangés, cette cruauté absolue.

Je ne raconterai pas l'histoire.
Je ne veux pas.
Bien des lecteurs l'ont fait sur Babelio. Si vous vous sentez l'âme aguerrie pour aborder ce domaine des ténèbres, allez-y. Vous êtes plus forts que moi.
Mais laissez-moi tranquille.

Ce roman m'a fait penser à « Règne animal » de del Amo. Pourriture. Douleur. Brûlure.
Le style était lui aussi très spécial. Ici aussi. C'est le piège, évidemment. Enfin, pour moi. J'adore le style qui se démarque.
Donc je me suis fait piéger.
Heureusement je suis forte : je sais mes faiblesses.

Je sais aussi que je ne ressemble pas à la majorité des lecteurs puisqu'ils ont plébiscité ce roman.
Eh bien tant pis.
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♫Suivant la longue métamorphose qui m'éloigne de mon passé
J'ai croisé une Rose qui ne pouvait pas avancer
Pas qu'elle n'ose pas la chose mais n'y avait jamais pensé
Depuis toujours tenant la pose quand les regards l'éclaboussaient
Elle a la couleur de l'amour bien que je n'l'ai jamais croisé
Bien qu'à la lumière du jour, les fleurs sont toutes belles à crever
Alors j'ai mis la route en pause, à ses cotés me suis posé
Puisque cette Rose semblait morose d'être seule au jour achevé
Ma Rose, ma Rose, ma Rose, ma Rose écoute mes murmures
Ma Rose, ma Rose, ma Rose, ma Rose tu peux être sûre
Que tu n'seras plus jamais seule pour franchir les murs
Il y a d'la place sur mon épaule pour une Rose et son armure♫
-Antoine Elie-2018-
----♪----♫----🌹---⛓⛓⛓---🌹----♫----♪----
Ni une, Ni Aucune ! mais Deux Rose !!?
Histoire de coeur, dérisoire métaphore
Un sentiment diffus, le coeur n'est pas d'or
le coeur de Rose , lui sert à si peu de choses.

Une histoire sans temps
du Jacquou le Croquant
"L'espoir de voir la famille se reformer, même dans la misère, même dans l'épuisement des journées sans fin.
L'espoir que disparaisse la mère dans le pichet et qu'on le remplisse de nouveau de cidre ou bien de vin ."
L'important: la famille coûte que coûte
Préserver le nom que l'on porte
Servante écarlate, Des livres-nous du doute
Un Etre caché aux yeux des autres...
La rage au coeur, devient Mot Rose
Mais... L'important c'est la Rose, c'est la Rose l'important
Rien de plus qu'une maison emplie d'ombres héritées...
Le parti de creuser l'obscurité.
Une Ultime Violence...
Un bruit sur le silence, une pause
L'amer qu'on voit dans ces... proses
Echanger sa chair contre de la terre
Une Musique de l'âme, écoutez sa Lumière...
M'a complètement Ensuqué
Voire totalement Emmotionné 🧡🧡🧡🧡🧡

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A quatorze ans, Rose est vendue par son père au maître de forge. Pas par vénalité mais la famille est très pauvre et ne compte pas de garçon. La suite c'est Rose qui la raconte dans son journal, confié secrètement au curé alors que Rose a cessé de vivre sur cette terre où tant de souffrances lui furent infligées.

Les pages d'ouverture de ce roman noir, très belles et inspirées, laissent présager une suite magnifique. Le problème est que d'énigmatique et profond, le récit de Franck Bouysse glisse vers une surenchère ; des mots, des effets inutiles et redondants, des scènes nauséeuses. À cela j'ajouterais une fin facile et une histoire qui semble calquée sur celle de l'excellent livre de Nell Leyshon, La couleur du lait, écrit il y a maintenant quelques années. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Il existe des qualités narratives indéniables chez Franck Bouysse (visibles à condition qu'il renonce à ses effets tape à l'oeil et superfétatoires) laissant penser que notre romancier du terroir est perfectible. Ce n'est bien sûr que mon avis.
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Il y a très longtemps que je voulais lire Franck Bouysse.

C'est chose faite. Et quelle lecture !

Ce qui frappe d'abord, c'est la virtuosité de la plume. Franck Buysse maîtrise son écriture. A la fois âpre et flamboyante. Intime et gigantesque. Je suis complètement sous le charme de son empreinte. Poétique. Animale. Rugueuse et pourtant douce comme de la soie.

Le récit se centre autour de Rose, plus tout à fait une enfant, pas tout à fait une femme. Elle va pourtant brutalement devenir une héroïne tragique lorsque son père décide de la vendre à un riche maître de forge.

Elle va alors raconter dans des cahiers ce que va alors devenir son existence.

C'est un roman terrible. Violent. Passionnant. Douloureux. Captivant et enivrant.

Un destin de femme. A travers une plume qui mérite le détour dans ce livre indispensable de 2019. Dans la plus pure tradition romanesque. Avec tout ce qui me peut me toucher dans ce genre précis.

Un roman où chaque personnage à son importance. Où chaque être fait partie intégrante d'une tragédie plus grande que lui.

Maître des ressentis, Franck Bouysse pénètre l'âme de son lecteur. Fait véritablement remonter des odeurs de terre, de végétation. On entend le craquement des branches. Nous sommes dans ces bois à courir avec Rose. Réellement. Nous sommes dans ce lit à sangloter sur la solitude de cette enfant.

Réellement.

Roman social . Roman noir. Roman du réel.

Une lecture indispensable de cette rentrée d'hiver. Croyez-moi.

Lisez le.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Rien dans ce roman n'a su trouver grâce à mes yeux. Je ne voudrais surtout pas heurter la susceptibilité de ceux et celles qui l'ont apprécié mais je vais dire tout net ce que j'en pense: une horreur !
Tout d'abord j'ai détesté l'intrigue affreusement nauséabonde, pleine de violence et de perversité : voyeurisme, sadisme, viol, meurtre, torture. Que du bonheur ! Et tout ça pour quoi ? Pour faire pleurer Margot tout en la laissant frémissante d'horreur à la lecture de ces vieux fantasmes faisandés, cuisinés à la sauce mélodramatique...
Ensuite j'ai trouvé le style fort moyen, pêchant par un excès d'effets qui se veulent probablement poétiques mais alourdissent inutilement le texte. Et trop de réflexions imitant la profondeur sonnent creux. C'est typiquement le genre d'écriture à laquelle je suis allergique.
Bref, ce roman n'était visiblement pas fait pour moi. Ne m'en veuillez pas trop de me montrer si sévère, ça n'est juste que mon humble avis. ☺
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