Une photo de couverture très réussie et en quatrième de couverture du Livre de poche une avalanche de critiques enflammées de la presse. J'achète le livre sans me souvenir d'avoir déjà lu cet auteur…
Le sujet du roman ? A une époque paysanne indéterminée mais proche (où y on roulait encore en calèche mais on s'y exprime comme en banlieue…), Rose, une pauvre fille a été vendue par son père. Propriété du « Maître » elle va subir les plus infâmes maltraitances dont des viols répétés. Son père, pris de remords (ah bon !) tente (très maladroitement) de la récupérer. Il connaitra également une fin des plus trash possible (coups de boule, marteau et braises), confirmant ainsi sa certitude que « les filles sont la ruine de la maison… et seules responsables du malheur qui
lui pesait.» La suite est du même calibre !
Cruelle désillusion de lectrice et constat amer d'une totale complaisance des médias unanimes à manier les compliments à la pelle ! Car à moins d'attendre avec impatience les mémoires de Fourniret, comment ne pas être profondément irritée, et même révoltée, par le roman Né d'aucune femme ? Dès lors, faut-il oublier ce livre au plus vite ou en parler ?
En parler pour se dire écoeurée par tant de violences décrites avec force de détails, comme un plaisir malsain que voudrait nous faire partager l'auteur. Pour moi, l'écriture n'est jamais innocente dans ses choix et ses propos. Se complaire dans le sang, la misogynie, la violence et le viol faites aux femmes (sous prétexte de vouloir dépeindre la misère du monde paysan - un gros cliché- ) est plus qu'une simple faute de goût littéraire. A ce titre, une presse responsable ne peut encenser de tels propos, de telles descriptions dégradantes, même sous couvert de fiction, d'un passé révolu et d'une prétendue ruralité aussi rustre que violente. Encore moins aujourd'hui qu'hier !
Il ne s'agit pas d'être prude, moralisateur et encore moins censeur. Ok, cette littérature du terroir, pleine de rudesse, de taiseux et de gore paysan trouve son public. Il en faut pour tous les goûts ! Mais que nos grands influenceurs littéraires déclarent ce livre « absolument formidable », disent qu'il « prouve que le romanesque peut encore éblouir » (quel romanesque ?) et que c'est « un roman rare dans la littérature française d'aujourd'hui », c'est faire injure à la véritable littérature !
Soyons un peu sérieux ! Nous sommes en présence d'un petit roman, simplet dans l'histoire et les enchaînements, stupidement brutal et en fin de compte, d'une complaisance dans la description de la violence totalement rebutante. Une lecture qui finit par être blessante (et non pas « éblouissante et envoûtante » comme le dit la presse). Une lecture que l'on voudrait éviter à un public adolescent en
lui conseillant le meilleur dans le genre et l'époque lorgnée par l'auteur : Hugo,
Maupassant,
Zola... Avec un conseil : pour vous former le goût, ayez de bonnes références, alors SVP, relisez les classiques !
Si l'on va plus loin dans l'analyse, quel plaisir peut-on tirer de la lecture de ce roman ? Les premières pages sont incompréhensibles, ensuite, la technique de narration use d'une recette éculée : le témoignage d'un homme âgé (comme dans Little Big Man, Amadeus…), ici un vieux curé, je vais vous raconter une terrible confession… Retour en arrière…
Le curé nous fait la lecture du manuscrit de Rose. (mais chose curieuse, d'autres personnages s'expriment au fil de l'histoire et donnent leur version,. Passons sur cette construction du roman assez bancale…)
Le début est prenant, mais malheureusement, on déchante très vite. le récit cumule les anachronismes et les clichés : la paysannerie misérable matériellement et intellectuellement, la vache efflanquée, les filles qui sont une plaie mais qui triment comme des bêtes, etc.
L'histoire s'avère lourde, irréaliste, maladroite dans l'intrigue et surtout très mal écrite. Souvent, on doit relire la phrase pour la déchiffrer (avec pour alibi qu'il s'agit du cahier intime de la pauvre Rose, limite analphabète…). de ce fait, aucune négation, des dialogues imbriqués et indigents : « le diable a rien à voir avec ce qui t'arrive, ma fille. Qu'est-ce qui m'arrive, alors, dis-le moi. T'inquiète pas, c'est normal. le sang reviendra tous les mois, maintenant que t'es plus une petite fille. »
Edifiant ! Les pensées des personnages sont du même tonneau : « Il s'en foutait que je gueule qu'il me faisait mal, je crois même que ça l'excitait un peu plus ».
Ai-je l'envie de lire de telles foutaises ? Non ! Alors, désolée pour le gotha littéraire, « autorisé à parler de … », désolée pour ceux qui l'on aimé, mais pour moi, Né d'aucune femme n'est vraiment pas un bon roman et surtout pas une bonne lecture !