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EAN : 978B01K3ISEZ6
Morrow (30/11/-1)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Dotted with stunning disclosures of crimes and cover-ups, this is a startling narrative of the way Japan conducted World War II: from Nanking to Pearl Harbor to the attempted assassination of Stalin to their final surrender. 16 pages of photographs.
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Le titre complet de cet ouvrage en Français est : "L'autre Nuremberg : L'histoire jamais racontée des procès des criminels de guerre de Tokyo".
Le livre est paru en 1987 et à cette date effectivement le journaliste américain Arnold Charles Brackman était étonnamment le tout premier à consacrer une étude minutieuse aux criminels de guerre japonais. Par la suite, Annette Wieviorka a publié, en 1999, "Les Procès de Nuremberg et de Tokyo" et, en 2010 seulement, Étienne Jaudel, secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l'homme, son "Le procès de Tokyo : Un Nuremberg oublié". Plusieurs articles ont été écrits sur le Procès de Tokyo dans des revues historiques, mais relativement sommaires.

Brackman a travaillé plus d'un quart de siècle sur ce livre, qui compte 432 pages (y compris une bibliographie et un registre) et parcouru plus de 160.000 kilomètres. Comme son père était un expert en art chinois, il avait suivi en adolescent les épisodes tragiques en Extrême-Orient, tel le viol de Nankin, où en l'espace de 6 semaines plus d'un quart de million de personnes fut massacré. En 1945, le bilan total de femmes, hommes et enfants tués par la soldatesque nippone s'élevaient à 6 millions.

Déjà en 1946, l'auteur âgé de 23 ans se trouvait à Tokyo comme correspondant de l'United Press pour couvrir ce procès. Dans le box des accusés il pouvait voir les visages des noms familiers de sa jeunesse, comme Hideko Tojo, Premier ministre de 1941 à 1944, Seishirö Itagaki, ministre de la guerre, les généraux Kenji Dohirara, Iwane Matsui et 24 autres.
En comparaison avec le Procès de Nuremberg des criminels de guerre nazis, les sources écrites sur leurs confrères japonais sont très peu nombreuses, aussi bien que Brackman a été obligé de se baser sur la transcription du procès (49.000 pages) et des entrevues avec des témoins.

Le procès a duré 2 ans et demi (du 3 mai 1946 au 12 novembre 1948), il y avait 419 témoins et en moyenne 1000 personnes présentes. Parfois, des membres du public coupaient le son de leurs écouteurs, écoeurés par la description pénible des décapitations, viols collectifs et vivisections humaines ... Il ne s'agissait pas de faits isolés, mais le résultat d'une stratégie de terreur adoptée par le haut commandement militaire japonais.

Selon l'auteur le procès a été conduit pauvrement et l'organisation en était déficiente. Les 11 juges provenaient d'Australie, le Canada, la Chine, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Inde, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, les Philippines et l'Union soviétique. Il a fallu 7 mois aux juges avant d'arriver à un jugement. Bien qu'une équipe d'interprètes professionnels assurassent la traduction bilingue Anglais-Japonais, cette dernière langue posait souvent de sérieux problèmes.

L'intérêt du grand public au Japon et en Europe pour ce procès était à l'opposé des efforts consentis : décevant ! En Europe cela s'explique dans une large mesure par le fait que les noms des accusés étaient virtuellement inconnus, contrairement à ceux des ténors nazis à Nuremberg.
Brackman se plaint aussi de l'absence d'ouvrages consistants et s'offusque que les premiers livres parus étaient plus concernés par des finesses "légalistiques" que du procès et des atrocités commises par l'armée japonaise sur la population civile. Je trouve qu'il a bien raison. Sortir des considérations comme quoi il s'agissait d'une justice des vainqueurs sont tout à fait dérisoires par rapport à l'horreur que ces procès voulaient éviter à l'avenir.

Sur proposition du général américain Douglas MacArthur (1880-1964), véritable pro-consul du Japon de juste après-guerre, l'empereur Hiro Hito et la famille impériale furent exonérés. S'il est sûr que la pendaison de l'empereur n'aurait jamais été acceptée par la population japonaise et qu'il représentait un facteur de stabilité, à mon avis, dans la famille impériale il y avait des énergumènes qui méritaient de se trouver dans le banc des prévenus, comme par exemple le prince Yasuchiko Asaka pour son rôle dans le massacre de Nankin. MacArthur avait fait signer l'empereur une déclaration comme quoi il renonçait à son "statut divin". À ce propos je peux recommander l'excellente biographie par Edward Behr : "Hiro Hito, l'empereur ambigu".

Des 28 criminels de guerre seulement 7 furent pendus, dont les 4 mentionnés plus haut. Les 21 autres inculpés reçurent des peines de prison de 7 ans, mais plusieurs d'entre eux furent libérés avant terme et récupéraient gentiment une place dans l'administration nippone. le dénommé Ryoichi Sasakawa réussit après le procès à faire fortune et déclarait à tous ceux qui voulaient l'entendre qu'il était fier d'être le "fasciste le plus riche du monde". Il mourut paisiblement dans son lit à l'âge de 96 ans.

En 1978, 14 criminels de guerre, parmi lesquels le fameux Tojo, furent en catimini rajoutés au tombeau le plus saint japonais de Yasukuni. Et en 1982, un scandale international eut lieu après que le ministère de l'éducation faisait insérer dans les manuels scolaires que le viol de Nankin était la faute des Chinois qui avaient trop résisté (à l'invasion japonaise) ?!? le transfert forcé des travailleurs coréens, traités comme des esclaves, fut libellé innocemment comme "mobilisation" de travail.

Apparemment les Japonais n'ont pas compris beaucoup au Procès de Tokyo. Bien que les États-Unis se sont montrés aussi beaucoup trop indulgents. À Washington, à cause de la guerre froide et l'arrivée de Mao en Chine, il était plus important de faire du Japon un allié, ce dont des criminels de guerre du pays du soleil levant ont honteusement profité.

Tous les jeunes Allemands sont au courant des excès nazis, ce qui n'est malheureusement pas le cas au Japon. Comme l'a expliqué un professeur de l'université de Tokyo à l'auteur : "Nous autres Japonais nous avons une tendance à très vite oublier les mauvaises choses" !
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