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4,02

sur 3889 notes
J'avais lu ces nouvelles encore adolescent. J'ai voulu les confronter au passage du temps pour voir ce qu'il en resterait. Eh bien, j'ai été étonné par leur noirceur car j'en avais gardé une impression de douce poésie. Cette dimension est bien là, mais elle est mêlée à de la misanthropie, de l'humour parfois et une à une étonnante dimension politique. Evidemment ces textes sont prisonniers de leur époque (l'après-guerre, le mouvement des droits civiques, le MacCarthysme) mais ils les dépassent parfois par des audaces formelles ("Usher II").
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Ce livre n'est pas un roman de science-fiction. de la fiction, il y en a à chaque coin de page. de la science, il n'en est volontairement point question, comme l'explique Bradbury dans sa préface rajoutée en 1997.
L'auteur fait fi de toute vraisemblance scientifique pour se concentrer sur l'imaginaire, la réflexion et la poésie.
S'en suivent autant de chapitres comme de petites nouvelles indépendantes, telles des tranches de vie d'hommes à la conquête de Mars.
C'est tout à la fois léger, profond, drôle, philosophique, théologique, décalé...
Un seul point commun, la profonde humanité du récit. Certains auteurs phares de la SF actuelle s'en inspirent sans doute toujours (comme Robert Charles Wilson, par exemple).
C'est délicieusement anachronique, comme cette touchante histoire des noirs qui partent tous vers Mars fuir la ségrégation, ou par ce sentiment constant d'assister à une nouvelle conquête de l'ouest.
Un texte rafraîchissant et optimiste quand on le replace dans le contexte post-seconde guerre mondiale.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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Ne lisez pas cette critique, elle est inutile pour apprécier ou non Chroniques martiennes..C est pour moi le Livre qui m a ouvert à la littérature, à la lecture..un dimanche après midi dans une chambre d un appartement haut perché aux environs de Paris. Une p.... de révélation, un peu comme celles de Philip k Dick, que j ai découvert par la suite..et Céline, Camus, et....un petit billet nombriliste donc...peut être aussi pour dire que Ray Bradbury avait trouvé la clé de mon cerveau réfractaire...Merci à lui. Merci, oui.
Voilà voilà...(désolé)
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Ces nouvelles sur Mars de Bradbury sont parues en 1950. L'âge d'or de la SF. Elles ont conservé un certain éclat jusqu'à aujourd'hui.

Le savoir-faire de l'écrivain est de découper un récit de la conquête de Mars en plusieurs épisodes concis et surprenants. Ce découpage en chroniques forment un ensemble très cohérent. Cela forme aussi un récit discontinu mais très dynamique!

L'autre qualité de Bradbury est de glisser, avec l'avancée de cette conquête, quelques critiques sur la société américaine d'alors: le racisme, le nucléaire et la censure. Avec pour cette dernière une chronique qui sera développée 3 ans plus tard dans Fahreinheit 451.

L'ouvrage n'a pas de considérations sur la technologie 80 ans plus tard. D'où le peu d'erreurs d'anticipation. Mais il conserve les thématiques universelles qui ont toujours permis à une civilisation d'en dominer une autre: les germes, les armes et l'acier.

Enfin le style poétique de l'auteur accompagnera le lecteur en manque d'émotion. C'est beau le désert sur Mars, la nuit.

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Je ne sais pas si il y a de l'or sur Mars, ce qui est sûr cependant, c'est que le recueil Chroniques Martiennes de Bradbury contient quelques pépites...

Toujours difficile de se confronter à un vieux classique, peur de trouver sa réputation usurpée, peur d'y trouver une odeur entêtante de naphtaline. Mon auteur phare - Robert Charles Wilson - disait de Bradbury que c'était un écrivain pour enfant, sans aucune condescendance ni méchanceté. Alors moi qui ait gardé mon âme d'enfant, j'avais envie de voir cela de plus près.

Sur l'odeur de naphtaline, les différentes nouvelles préférant s'attarder sur l'imaginaire, nous n'y trouvons pas d'éléments datés techniquement. L'histoire contée reste intemporelle, et le style rappelle une époque, sans que cela soit rédhibitoire.
Même si nous sommes très loin de la véracité scientifique, nul doute que nous sommes dans la littérature qui questionne, qui interroge, qui fait réfléchir a l'histoire passée et à notre présent pour mieux appréhender le futur. La colonisation de Mars de Bradbury fait penser immédiatement à la colonisation des Amériques, mettant en bas des millénaires de civilisation pour mieux ancrer la sienne. Mais ce serait dommage de ne s'arrêter qu'à cela.

Des textes poétiques, d'autres plus mars à mars, comme celui où des visiteurs terriens foulent le sol martien et ne rencontrent que des habitants qui s'en foutent, la mégère pense à ses biscuits au four et à la propreté de son sol, le voisin les corrige sur leur voyage de 100 millions de km qui n'en fait au final que 80 à cette période de l'année. Alors qu'ils pensaient à une arrivée grandiloquente, avec tambours et trompettes, voilà qu'ils arrivent en parfait quidams. Quel accueil !

"- On pourrait peut-être s'en aller et revenir plus tard, proposa un des hommes d'une voix morne. On devrait peut-être décoller et réatterrir. Leur donner le temps d'organiser une réception.
- C'est peut-être une bonne idée », murmura le capitaine au comble de l'accablement."

Certains textes auraient leur place dans la série La Quatrième Dimension, de par l'étrangeté qui s'en dégage, le parfum années 50-60 et la chute qui prend souvent à rebours tout en laissant une part d'irrésolue. Les chutes m'ont souvent beaucoup plus, me prenant souvent à rebours.

La nouvelle Usher II, hommage à Poe et qui peut se lire comme une suite de Fahrenheit 451 est toujours d'une grande actualité. Magnifique de colère rentrée face à l'humanité et son besoin de politiquement correct.

N'étant pas très fan des nouvelles, et pour les raisons que j'évoquais au dessus, Chroniques martiennes m'a démontré que j'avais tort. C'est un recueil intemporel, parfois mordant, souvent lucide sur notre humanité et humanisme. Les textes d'inspirations plus poétiques m'ont passé au-dessus de la tête, mais la majorité vaut clairement qu'on s'y attarde.
Faites le lire à vos enfants, et n'oubliez pas de leur voler pour le lire à votre tour.
Lien : https://lechiencritique.blog..
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Les fameuses nouvelles de Ray Bradbury, réunies en livre sous le nom de « Chroniques Martiennes »
Elles peuvent paraître désuètes ou un peu vieillottes, comme sorties d'un rêve, tristes ou mélancoliques- comme dans la « 3é expédition » où les explorateurs en provenance de la terre enfin arrivés sur Mars croient tout d'abord être revenus dans le passé en remontant dans le temps… la suite est complètement inattendue - elles restent néanmoins marquées par une sorte d'innocence ou de candeur humaniste. Décidément les Martiens ont des sentiments très… humains! Ces chroniques ont réellement fait le tour… du monde! Et Ray Bradbury écrivait: « La science-fiction est une description de la réalité. La Fantasy est une description de l'irréel. Donc Les Chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c'est de la fantasy »
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Il est de ces lectures dont on se souvient pendant des années.

Les Chroniques Martiennes se composent de courts récits se déroulant sur une vingtaine d'années et décrivant la colonisation de Mars par les terriens. Avec Ray Bradbury la technologie est au second plan. Vous n'aurez pas de batailles intergalactiques, de pistolasers ou de monstres visqueux. le coeur du récit, ce sont les hommes.

Au travers de ces histoires, l'auteur nous offre un miroir de notre société, de notre perpétuelle ambiguité à vouloir à la fois préserver et détruire ce qui nous entoure. L'appropriation de terres inconnues, la destruction de la nature, la méfiance de l'étranger, la ségrégation raciale, la religion, les autodafés... Les Chroniques martiennes font tour à tour rire, sourire, rêver, réfléchir. Chaque histoire porte son ambiance, délivre son message, et on se surprend à penser « Bien vu ce scénario, comment l'auteur a-t-il pu l'imaginer et le mettre aussi bien en scène ? ».

La SF vous laisse de marbre ? Essayez les Chroniques Martiennes.
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Il est des livres dont on se rappelle toute sa vie. Pas nécessairement un livre qui change la vie, mais tout simplement des souvenirs dus à une lecture dans un contexte, une époque. Indéniablement, Chroniques Martiennes représente pour moi un de ces souvenirs marquants. Je me revois à l'âge de 13 ans, vivant à l'étranger à cause du métier paternel. Les cours à l'école française, et une prof qui, pour éviter de nous dégoutter de la littérature, ne nous imposait pas des romans classiques pour les fiches de lecture, mais nous laissait choisir dans une liste rédigée par ses soins.

Parmi ces livres, Chroniques Martiennes... Bizarre! La prof me laisserait lire de la SF... intrigué, mon choix se porte sur Bradbury. Et je m'évade vers Mars. Mais là, pas de récit de voyages spatiaux, de guerre intersidérale entre terriens et martiens. Juste des histoires de colons quittant la terre, espérant un monde meilleur. Histoires d'horreur ou paraboles sur la folie humaine, Bradbury dénonce la guerre, le racisme, la pollution. Des idées novatrices dans les années 50. Il y a même de la poésie par moment.La dernière nouvelle se lit comme une fin de roman, une véritable ode à l'espoir. On est bien loin de l'archétype des histoires d'anticipation.

Il est difficile de décrire ce que l'on ressent face à une telle oeuvre. Mais cela prouve que l'on peut être ému par un livre de science fiction du milieu du XXeme siècle. Pour l'anecdote, en 1990, à l'occasion du 40eme anniversaire des Chroniques, une nouvelle traduction française est publiée, afin d'être plus proche du texte original. Mais chose surprenante, les dates sont changées, projetant le récit trente et un an dans le futur par rapport aux dates d'origine (dans la version que j'ai lu, les dates sont 1999-2026. Pour la nouvelle traduction, 2030-2057. Pourquoi un tel changement? Mystère!). On y trouve également deux nouvelles inédites. Un très beau livre que je conseille à tout le monde, sans que l'on soit féru de SF.
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Classique parmi les classiques, Chroniques Martiennes de l'écrivain américain Ray Bradbury fête dignement les vingt ans d'existence de la prestigieuse collection Lunes D'encre chez Denoël dans un écrin rose du plus bel effet.
Régulièrement cité parmi les livres incontournables de la science-fiction, Chroniques Martiennes s'apparente au fix-up de nouvelles puisqu'il rassemble en réalité vingt-huit nouvelles dont certaines ne font à peine qu'une seule page et font office d'introduction/interlude entre les histoires principales.
Autre surprise de taille pour le lecteur : Chroniques Martiennes n'est pas réellement de la science-fiction, un fait confirmé par Ray Bradbury lui-même qui préfère désigner son oeuvre comme de « la mythologie à l'état pur » dans sa propre préface. Peu importe le genre cependant puisque la découverte de ces contes et légendes venus de la planète rouge ne laissera aucun lecteur indifférent.

Écho(s) de la Terre
Après une introduction passionnante de Tristan Garcia, Chroniques Martiennes s'ouvre sur la vie ordinaire…des Martiens !
Prenant à contre-pied les attentes du lecteur, Ray Brabury invente sa propre vie martienne, suppose qu'il existe déjà des vies, une culture, des mégalopoles et des traditions martiennes. L'homme arrive en retard et contemple une civilisation radicalement différente…ou presque.
Dans sa première nouvelle, Ylla, le couple martien présenté ressemble de façon troublante au couple américain moyen de l'Après-Guerre (et c'est plutôt logique quand on sait que les nouvelles contenues dans la présent ouvrage ont toutes été écrites entre 1945 et 1950). Avec des principes assez similaires à la morale américaine de l'époque, les Martiens deviennent une image décalée des américains, une autre évolution inattendue de l'american way of life qui aurait réussi.
Les Martiens de Ray Bradbury ont « la peau cuivrée, les yeux pareils à des pièces d'or, la voix délicatement musicales » et pourtant, Mr et Mrs K., les premiers Martiens qui nous sont présentés, ressemblent à s'y méprendre dans leur comportement à un couple américain ordinaire.
De façon tragi-comique, Ray Bradbury amène l'homme (enfin surtout l'américain) sur la planète Rouge dans des fusées tout droit sorties de l'âge d'or avant de leur faire subir plusieurs mésaventures fatales qui retardent d'autant le contact avec le saint-Graal représenté par Mars. Successivement avec Ylla, Les hommes de la Terre et La Troisième Expédition, Ray Bradbury s'amuse par un ton léger à contrarier les plans des explorateurs et à repousser la terrible échéance où l'humanité sera en capacité d'occuper Mars.

Souviens-toi des Amériques
Rapidement, on comprend que ces expéditions correspondent à des échos de la découverte des Amériques par les Européens et que les Martiens sont condamnés à jouer le rôle des Amérindiens. Cette impression se confirme avec la nouvelle suivante, …Et la lune qui luit, où Ray Bradbury change radicalement de ton pour livrer sa perception schizophrénique sur l'homme blanc en Amérique. Pris entre la fierté de son peuple et les horreurs qu'il a commise, l'auteur américain analyse avec cynisme et froideur le sort réservé à Mars et constate l'hécatombe provoquée par les colons.
Mars, objet de tous les fantasmes depuis toujours, devient un nouveau cycle de destruction et d'erreurs, reproduisant la marche sanglante et virale qui laisse les Martiens agonisant. Avec ces diverses expéditions, on comprend que Ray Bradbury n'a en effet pas de véritables intentions science-fictives puisque pas grand-chose là-dedans ne relève de la science mais plutôt du merveilleux et du fantastique. Entre les collines bleues et cette atmosphère légèrement moins riche en oxygène, Mars par Bradbury tient plutôt du conte et du rêve, quelque part entre poésie cristalline et prose mélancolique.

Le début d'un autre monde
Après cette première parenthèse tragique et sublime, la colonisation commence bel et bien et le lecteur assiste à des vagues de plus en plus hautes qui ébranle le sol Martien avec une seule obsession : faire table rase du passé pour construire une Amérique 2.0. Entre les fantômes des Martiens et après cette dernière Rencontre Nocturne, l'Américain s'approprie la planète rouge et exporte ses us et coutumes à commencer par la religion (dans Les ballons de feu), les histoires d'amour (dans Les Grands espaces, grand texte mélancolique sur ses racines que l'on redécouvre) et les hommes en quête de liberté (dans Tout-là haut dans le ciel, superbe récit de la libération des noirs américains opprimés en quête d'une nouvelle existence).
Dans tout ça, Ray Bradbury se fait amer : les hommes n'ont pas changé avec le voyage, la censure sévit toujours et les idées sont de plus en plus rares.
Dans Usher II, brillant texte comico-horrifique multi-référencé, l'américain constate l'impact de la bien-pensance américaine sur la littérature et s'attaque déjà aux brûleurs de livres (il y reviendra plus longuement dans son célèbre Fahrenheit 451). Mars la belle devient Mars la brisée et la quête pour un ailleurs ressemble à une répétition de la triste histoire américaine.

Une fin nucléaire
Puis, dans une dernière partie, Chroniques Martiennes s'inquiètent (déjà) de la menace nucléaire et rappelle la folie autodestructrice de l'homme pour un épilogue inattendu et mélancolique en diable où Ray Bradbury convoque des visions poétiques à base de Martiens survivants sur des sablenefs et de robots abandonnés pour conclure que, l'un dans l'autre, Mars est plus belle sans l'homme…à moins que celui-ci ne se décide véritablement à recommencer et s'essaye à élever ses enfants dans une autre optique que son consumérisme effréné et mortifère.
Si les derniers voyageurs terriens arrivent sains et sauf sur Mars tandis que la Terre continue de brûler, c'est pour prendre conscience que plus rien ne doit être comme avant et que Mars ne doit jamais devenir une autre Planète Bleue.
C'est avec une grande surprise que l'on comprend, une fois le livre refermé, que Ray Bradbury n'invente pas ici une exploration scientifique de Mars mais bien une suite de contes pour graver la légende Martienne dans les esprits. Image en décalé de la société américaine de l'époque et critique à peine voilée d'un mode de vie humain qui finit par détruire et oublier, Chroniques Martiennes chante une poésie discrète derrière les ruines des villes abandonnées, qu'elles soient Martiennes ou Terriennes.
Et l'on comprend que la prochaine expédition, toujours, n'attendra que le lecteur pour prendre les airs.

Aussi culte que merveilleux, Chroniques Martiennes oublie la science pour la poésie et la légende. Ray Bradbury jongle entre comique et tragique, grotesque et mélancolique, invitant à s'interroger sur nos failles et nos rêves avant le voyage, le vrai, celui qui ira saluer les Martiens survivants qui attendent qu'un jour, l'homme surmonte ses peurs et ses failles.
Lien : https://justaword.fr/chroniq..
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Mars...
Si proche de nous et qui hante notre imaginaire.
Ray Bradbury nous offre ces chroniques d'un pessimisme au long cours.
Ce sont les années 50, avec les plaies nord-américaines: racisme, ségrégation, anti-communisme, sentiment de toute puissance...
D'abord, les explorateurs... Puis, la colonisation.
Les colons de Mars, sont ceux d'une Amérique aussi brutalement consumériste que moralisatrice...
Ce qui s'est passé à l'échelle d'un continent, se reproduit à l' échelle de la planète rouge: les mêmes maux reviennent, encore amplifiés et multipliés.
La métaphore portée par ces chroniques a la clarté de cette Terre verte et lumineuse que scrutent les nouveaux martiens.
Mais Bradbury n'est pas Orwell: Il subsiste comme un espoir ténu en forme de souffle martien?
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