Bloodshot Salvation, tome 3 : The Book of Revelations

Ce tome fait suite à Bloodshot Salvation Volume 2: The Book of the Dead (épisodes 6 à 9) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 10 à 12 initialement parus en 2018, ainsi que le prologue paru dans Free ComicBook Day 2017, tous écrits par Jeff Lemire. Les épisodes 10 à 12 ont été dessinés et encrés par Doug Braithwaite, avec une mise en couleurs réalisée par Jordie Bellaire, et des couvertures réalisées par Kenneth Rocafort. le prologue a été dessiné et encré par Juan José Ryp, avec une mise en couleurs réalisée par Andrew Dalhouse. le tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Renato Guedes (*3), Ryan Bodenheim (*3), MD Bright, Whilce Portacio.

Au temps présent, dans le quartier général de l'organisation gouvernementale GATE (Global Agency for Threat Excision), la colonel Jamie Capshaw pose des questions à Jessie assise sur son lit, avec sa mère Magic à ses côtés. Jessie est incapable d'expliquer comment elle est revenue, et pourquoi elle est plus âgée de plusieurs années. Magic indique qu'elle n'arrive pas à comprendre non plus, et qu'en plus sa fille a lu tous les livres qu'elle a pu trouver pendant la nuit. Jessie ajoute qu'elle vient d'accéder à Internet, il y a 12 minutes et 16 secondes. En 4002, Bloodshot (Ray Garrison) marche dans un désert, le chien Bloodhound ouvrant le chemin. Ils pénètrent dans un énorme dôme semi enterré. Ils sont attaqués par une demi-douzaine d'animaux ressemblant à des vélociraptors, puis par un ankylosaure. Bloodshot se défend de son mieux en utilisant son katana.

Dans le bunker de l'organisation gouvernementale Projet Omen, Peter (le directeur) est en pleine discussion avec son frère Danny (Rampage). Un employé vient chercher le directeur. Ce dernier décide que son frère va les suivre. Les employés ont détecté de nouvelles nanites dans le quartier général de GATE. Ce fait est en violation directe des derniers ordres du gouvernement qui stipulent que tout individu possédant des nanites doit être sous la garde du Projet Omen. le directeur décide de donner l'assaut au quartier général de GATE et que Danny fait partie de l'équipe d'assaut. À GATE, Magic est en train d'avoir une conversation avec sa fille Jessie, alors que cette dernière surfe sur Internet en simultané par le biais de ses nanites. Elles sont interrompues par Capshaw qui leur indique qu'elles doivent s'enfuir. En sortant du dôme, Bloodshot se rend compte que c'est maintenant Baron Samedi qui lui parle en habitant le corps de Bloodhound.

En entamant ce tome, le lecteur a conscience qu'il s'agit du dernier écrit par Jeff Lemire pour ce personnage. le scénariste a donc écrit 19 épisodes et 1 annuel pour Bloodshot Reborn, 4 épisodes pour Bloodshot USA, et 10 épisodes pour Bloodshot Salvation, et quelques numéros spéciaux. Il a apporté un sang neuf au personnage, et l'a mis face à plusieurs de ses caractéristiques. Par exemple dans cette saison Salvation, Ray Garrison est en couple avec Magic et ils ont une fille Jessie, et un chien Bloodhound. le lecteur est venu pour ce dernier tome afin de découvrir ce qu'il advient de Bloodshot et de sa famille. Dans le premier tome de Salvation, le scénariste avait ouvert l'horizon de cette famille en introduisant le père de Magic. Mais Daddy ne faisait pas d'autres apparitions dans le tome 2, ni dans celui-ci d'ailleurs. Également dans le tome 1, le lecteur faisait plus ample connaissance avec le Projet Omen, successeur du Projet Rising Spirit. En particulier le scénariste introduisait le directeur du projet et son frère. le lecteur était en droit de penser qu'il allait s'agir des adversaires principaux, ou qu'ils s'inscriraient dans la durée. Il est à nouveau pris à contrepied. Enfin, le sort de Jessie semblait être une métaphore transparente de l'avenir du couple de Magic & Ray. Là encore, le lecteur reste sur sa faim, observant un drame basique se dérouler sous ses yeux.

Dans les 2 premiers épisodes, Jeff Lemire donne l'impression d'avoir préparé une salade russe, avec les restes des saisons précédentes (Magic, Bloodhound, Capshaw) et quelques ingrédients supplémentaires pour plus de saveur (Projet Omen, 4002, Danny & Pete), mais sans chercher à développer, à explorer ces nouveaux éléments. le lecteur éprouve cette sensation avec force lorsque Bloodshot et Bloodhound doivent affronter des dinosaures. Pourquoi des dinosaures ? Euh, parce que c'est cool ? Doug Braithwaite fait le nécessaire pour que les vélociraptors ressemblent à ce que la science a établi, de même pour l'ankylosaure, sans trop se préoccuper de la texture ou de la couleur de leur peau. Et hop ! 5 pages de l'épisode 8 consacrées à cet affrontement qui n'apporte rien au récit, si ce n'est une péripétie. Pourtant l'artiste a vraiment investi du temps pour réaliser ses pages, pour donner de la consistance à ces aventures. de séquence en séquence, le lecteur peut apprécier la qualité des différents décors : l'infirmerie du quartier général de GATE, les locaux d'Omen, le sable de la zone désertique traversée en 4002, les champs de neige en bordure de forêt dans le Minnesota, le quartier industriel de New Japan en 4002, la façade de la demeure de Colin King et sa grange.

Comme à son habitude, Doug Braithwaite donne l'impression d'avoir réalisé ses dessins avec un crayon à la mine un peu sèche, ce qui lui permet de ne pas avoir à les encrer. Cela leur donne également une apparence un peu cassante et fragile, mais aussi plus spontanée. Il bénéficie de la mise en couleurs d'une orfèvre en la matière : Jordie Bellaire. Elle sait jouer sur les nuances pour un rendu très riche en couleurs qui semblent soutenues, qui ajoutent du relief à chaque surface, dans le cadre d'une approche naturaliste. En jouant sur différentes nuances de gris, certains tirant vers le bleuté, elle réussit à mettre en valeur les volumes du QG de GATE. En jouant sur les oranges, certains tirant vers le rouge, elle met en valeur les volumes du QG d'Omen. Avec d'autres teintes orange tirant vers le brun, elle fait apparaître le relief des dunes de sable. En regardant le bleu acier de la neige, le lecteur a l'impression de l'entendre crisser sous les pieds de Jessie et de ses agresseurs. Elle ajoute des effets spéciaux avec parcimonie, rendant compte à merveille de la puissance dévorante et de la chaleur des flammes. Doug Braithwaite a conservé sa capacité à réaliser des prises de vue très dynamiques pour les séquences d'action, rendant bien compte de la vitesse de déplacement des personnages, et de l'impact de leurs coups. Par contre, il utilise des découpages très basiques pour les conversations avec des cadrages en gros plan sur les visages, et une alternance de case entre les interlocuteurs.

Malgré les intrigues secondaires qui semblent se déliter en cours de route, le lecteur reste curieux de savoir si Bloodshot va mener à bien la mission imposée par Baron Samedi pour sauver Jessie. L'intrigue au temps présent progresse vers une confrontation attendue contre Rampage. le fil narratif en 4002 réserve plus de surprises. Bloodshot avait accepté d'assassiner un ennemi de Baron Samedi en échange de la vie de sa fille. Bien évidemment cet engagement débouche sur une dilemme moral épineux, avec une autre surprise de taille indépendante de l'identité de la victime. de ce point de vue, Jeff Lemire dépasse les attentes du lecteur dans le traitement de ce dilemme, embrassant la dichotomie de commettre ou non l'assassinat, sans tricher. le lecteur n'en est que plus frustré de savoir que le scénariste de gérera pas les conséquences de ce choix puisqu'il arrête d'écrire la série. La fin du dernier épisode laisse donc un goût d'inachevé.

L'attente du lecteur est assez élevée pour ce dernier tome puisqu'il attend de Jeff Lemire qu'il apporte une conclusion à ses différentes intrigues. Il en ressort un peu déçu, à la fois par les intrigues secondaires qui disparaissent en cours de route, et par l'intrigue principale qui joue sur un voyage temporel peu convaincant, et qui ressemble plus à un prologue plein de promesses qu'à une histoire complète. Doug Braithwaite réalise des planches dans lesquelles il s'est impliqué, avec de belles pages d'action, et des pages de dialogues plus convenues, toutes superbement rehaussées par la mise en couleurs de Jordie Belaire.

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Prologue (9 pages) - Dans le désert du Sahara, sous le dôme que visitera quelques temps plus tard Boodshot (voir épisode 10), un individu se livre à des travaux de réparation, tout en assimilant les informations contenues dans les nanites présentes dans son corps.

Dans un premier temps, le lecteur est un peu surpris de voir le prologue publié en 2017 se retrouver après le dernier épisode de la série qu'il promouvait. Au vu des informations contenues dans ce prologue, il comprend qu'il a plus sa place en fin tellement il dévoile de l'intrigue. Il retrouve avec plaisir les dessins denses et descriptifs de Juan José Ryp et il a la confirmation que l'histoire conçue par Jeff Lemire aurait mérité plus que 12 épisodes pour révéler toutes ses richesses.