En cette veille de Noël de 1890,
Oscar Wilde et son ami Robert Sherard visitent La Chambre des horreurs du Baker Street Bazaar de Madame Tussaud, selon l'auteur « l'attraction la plus populaire de Londres, de toute l'Angleterre, et même de tout l'Empire ». Ce jour-là
Oscar Wilde, et Robert Sherard, le narrateur de l'histoire, rencontrent le docteur
Arthur Conan Doyle, un ami commun.
Comme cadeau de Noël, Robert remet à
Conan Doyle un manuscrit, relatant des faits qui se sont déroulés une dizaine d'années auparavant. Dans ce manuscrit, il manque le dernier chapitre. A charge pour lui, après lecture et réflexion, de leur dire ce qu'il devrait selon lui révéler.
Le 24 décembre 1881,
Oscar Wilde embarquait pour l'Amérique, en quête d'or et d'aventure. En quelques semaines il trouva un peu des deux. Lors d'une soirée de beuverie, il est agressé. Secouru par Eddie Garstrang, joueur professionnel et très habile au maniement du révolver, ils vont rapidement devenir amis.
Durant son séjour aux Etats–Unis, il devait rencontrer Edmond La Grange, acteur mondialement connu, attaché à une nouvelle adaptation d'Hamlet pour laquelle il souhaitait le concours d'Oscar. Il effectue donc la tournée américaine avec eux, et à la fin de la tournée, embarque sur le même paquebot pour le retour vers l'Europe.
A l'arrivée à Liverpool, les douaniers intrigués par le poids inhabituel d'une malle, « pleine de de livres » selon Oscar, procèdent à son ouverture : la malle est remplie de terre de jardin et dans cette terre, les quatre pattes dressées, se trouve Marie-Antoinette, le caniche de Liselotte La Grange « Maman », mère d'Edmond et vieille dame particulièrement désagréable.
Cet assassinat n'est que le prélude à toute une série d'évènements dont je ne vous dévoilerai pas ici la teneur. La suite de l'histoire qui se déroule dans le Paris de la fin du XIXème siècle, en compagnie de personnages ayant vraiment existé, est le prétexte à une description qui vous fait ressentir de façon aigüe ce que pouvait être que de vivre dans une communauté aussi romantique et créative d'artistes, d'écrivains de poètes et d'acteurs, ne lésinant pas sur l'absinthe et autres substances.
L'écriture est agréable, l'ensemble bien documenté, sur les lieux, les moeurs de l'époque et nous donne à vivre des scènes pittoresques, à l'image des personnages de ce roman, qui sont tous bien dessinés, d'une grande profondeur. L'intrigue en elle-même est brillante, finement ciselée et comme il se doit, dénouée dans le dernier chapitre, au prix d'un ultime rebondissement.
Le fait que l'histoire soit racontée par le jeune ami d'Oscar Wilde Robert Sherard, âgé de 21 ans, apporte sa naïveté juvénile à ce récit, et garde une aura de mystère autour du grand homme, dandy excentrique et jouisseur. La bisexualité
De Wilde n'est pas évoquée dans ce roman, seulement son attirance physique pour Gabrielle de la Tourbillon et son amour pour Constance Lloyd qu'il épousera en 1884 et dont il aura deux enfants.
Les traits majeurs du caractère
De Wilde qui ressortent dans ce roman sont sa grande intelligence, sa morale épicurienne « Je veux goûter chacun des fruits de chacun des arbres du verger du monde. » et ses
aphorismes, pleins d'un humour dévastateur, dont mon préféré : "C'est à la fois le petit déjeuner et le déjeuner. Un jour, quelqu'un trouvera un mot pour désigner cela", plus savoureux dans te texte original, dont je ne sais si la paternité en revient à l'auteur ou bien à
Oscar Wilde lui-même.
En conclusion, un polar plein d'intelligence, tout à fait divertissant avec ce délicieux côté « old fashioned » des romans de Mme Christie ou M.
Conan Doyle, avec en prime, cet humour omniprésent et pince-sans-rire que nous qualifions d'humour anglais.
A recommander pour une un très bon moment de lecture détente…
Lien :
http://thebigblowdown.wordpr..