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Galilée est un personnage très réussi, complexe et fascinant, permettant à Bertold Brecht de faire vibrer la pièce de questionnements, de réflexions bien vivantes et bien pertinentes pour le spectateur du XXème ou du XXIème siècle - remettre en question les vérités imposées par la pensée dominante, les soumettre au doute, à l'analyse basée sur l'observation et la raison, ne pas oublier que « le seul but de la science consiste à soulager les peines de l’existence humaine », que mal utilisé, le feu sacré du savoir « finira
Par nous dévorer tous
Oui, tous »
D'où le regret du Galilée de Brecht:
«Si j'avais résisté, les physiciens auraient pu développer quelque chose comme le serment d'Hippocrate des médecins, la promesse d'utiliser leur science uniquement pour le bien de l'humanité! Au point où en sont les choses, le mieux que l'on puisse espérer est une lignée de nains inventifs qui loueront leurs services à n'importe quelle cause. »
Pas de sécheresse ni de lourdeur dans cette volonté de donner à réfléchir, la pièce est prenante et très réussie d'un point de vue littéraire. À vrai dire, je trouve que la réflexion sur la connaissance, sur le rôle de l'homme de savoir, contribue à faire de la vie de Galilée une crise historique chargée d'intensité dramatique nourrie par le contraste, le conflit entre l'enthousiasme du jeune Galilée pour la recherche scientifique, sa foi en la raison humaine, et les persécutions, abdications, inquiétudes, liés notamment à l'action des puissants pour contrôler le savoir - interdire les découvertes ébranlant leurs dogmes ou utiliser la science à tout autre chose qu'à « soulager les peines de l’existence humaine ».
Une très bonne pièce, forte et intelligente et qui malheureusement n'a pas du tout vieilli.
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«La vérité est fille du temps, pas de l'Autorité.»

Dans cette oeuvre dense et bien structurée, Bertolt Brecht nous permet de côtoyer un Galilée humanisé, avec ses travers, ses affections, ses humeurs. Un réel plaisir de se plonger ainsi dans le début du XVIIè siècle !

Outre la peinture du scientifique, l'auteur picturalise toute une société, du Cosme de Médicis haut comme trois pommes aux philosophes et mathématiciens confis de dogmes aristotéliciens, du peuple en liesse lors du carnaval au Grand Inquisiteur. Certains dialogues sont savoureux, notamment lorsque Galilée propose à deux savants de jeter un oeil à travers la lunette et qu'un débat malhonnête s'instaure entre eux, tandis que le Cosme de Médicis, âgé seulement de neuf ans, n'y comprend goutte et ne se préoccupe que de se rendre au bal.

On trouve dans ce texte, comme souvent chez Brecht, des phrases fortes, propres à devenir des citations, comme celle mise en exergue ici dans le titre de la critique. Chacune de ces phrases pourraient même constituer un sujet de dissertation. Et voilà une des forces de ce texte : il génère en nous de multiples réflexions, que l'on soit ou non d'accord avec l'auteur. Ci-dessous, un échantillon :

Penser est un des plus grands divertissements de l'espèce humaine. (p. 36)

Quand la vérité est trop faible pour se défendre, elle doit passer à l'offensive. (p. 40)

Seule s'impose la part de vérité que nous imposons ; la victoire de la raison ne peut être que la victoire des êtres raisonnables. (p. 83)

[Ils] ne veulent baiser les pieds du pape qu'à la condition qu'il écrase le peuple avec ! (p. 97)

La misère de la multitude est vieille comme la montagne et du haut de la chaire, celle de l'église ou celle de l'université, on la déclare indestructible comme la montagne. (p. 130)

Certaines pensées du Galilée brechtien semblent contradictoires. D'un côté, il dit : «[…] en notre qualité d'hommes de science, nous n'avons pas à nous demander où peut nous mener la vérité.» (p. 51) et plus tard dans sa vie (selon Brecht), il met en garde : «Quand des hommes de science intimidés par des hommes de pouvoir égoïstes se contentent d'amasser le savoir pour le savoir, la science peut s'en trouver mutilée, et vos nouvelles machines pourraient ne signifier que des tourments nouveaux.» (p. 131). On pourrait y déceler une distinction nécessaire, faite par Brecht, entre savoirs scientifiques et recherches technoscientifiques. En sorte que cette pièce de théâtre, écrite en 1938-39 alors que Brecht était exilé au Danemark, fuyant le nazisme, cette pièce donc conserve toute son actualité. À l'époque, l'on découvrait la fission de l'uranium au potentiel destructeur ; aujourd'hui on s'amuse, par exemple, avec la bombe du génie génétique au potentiel tout autant destructeur… Et si à l'époque, pour demeurer obscur au peuple, les textes s'écrivaient en latin (ce à quoi s'est opposé Galilée en écrivant son Dialogue en italien), aujourd'hui le latin est remplacé par un langage hautement technicisé (comme en économie) laissant le peuple à la marge et l'obligeant à opiner béatement du chef lorsque divers décideurs orientent l'évolution sociétale.

Brecht a vu juste en choisissant Galilée comme personnage historique, reste à déterminer ce qui constitue le fait historique et ce qui relève du mythe. Mais je ne suis pas habilité à opérer une telle distinction. Toutefois, petit anachronisme presque insignifiant, lorsque Galilée parle de centimètre cube, alors que l'ébauche d'une définition du mètre date de 1668 (longueur d'un pendule oscillant avec un battement d'une seconde, soit deux secondes de période – 993,7 mm actuels), alors que Galilée mourut en 1642…

Quoi qu'il en soit, la lecture de ce livre revigore l'esprit et ravive la mobilisation contre toute forme de dogmatisme : religieux, politique ou technoscientifique. Car «qui ne connaît pas la vérité n'est qu'un imbécile. Mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui-là est un criminel !» (p. 85-86) Et puisque, «procurant du savoir sur tout pour tous, [la science] aspire à faire de tous des hommes de doute» (p. 130), alors ne lésinons pas sur les bons livres qui nous permettent justement de nous apprendre simplement les savoirs acquis durant des siècles, et constamment débattus, car ces savoirs atténuent l'infinité de notre ignorance ! C'est d'ailleurs en compulsant de tels ouvrages que l'on apprend toute la difficulté d'enseigner le raisonnement scientifique, d'inculquer l'usage de la raison (cette raison que semble «idolâtrer» Brecht dans cette oeuvre). Car notre cerveau, fruit d'une longue évolution biologique, certes extrêmement efficace mais non dénué d'imperfections suite aux bricolages de l'évolution (cf. François Jacob), voire carrément à des ratés (cf. Arthur Koestler), ce cerveau possède en lui une science du commun en général contradictoire avec la science «réelle». La science du commun, c'est notamment la physique aristotélicienne, selon laquelle deux objets de masses différentes tomberont naturellement à des vitesses inégales. Et cette science engrammée s'oppose farouchement à la science moderne, elle lui résiste au point de rendre si difficile à tout un chacun la pensée scientifique. Dans ses conférences, Étienne Klein reprend l'idée que la force de Galilée fut d'expliquer le monde au moyen de l'impossible, autrement dit en proposant des explications qui heurtent notre science du commun. À méditer.

Donc, pour ceux qui vibreraient au diapason du texte brechtien, opposez-vous à votre propre science aristotélicienne innée. Cultivez votre doute, sans pour autant dogmatiser le scepticisme. Et appliquez également ce doute dans des domaines extérieurs aux sciences. C'est une voie recommandée pour honorer cette Vie de Galilée de Brecht, et ne pas rendre vain cet excellent travail d'écriture.

P-W
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Bertold Brecht met en scène la vie de Galiléo Galiléi et nous invite à réfléchir sur les rapports de la science avec le pouvoir, sur la vérité et le mensonge.
(...)
Bertold Brecht, avec cette biographie théâtrale, pose la question de la vérité face au pouvoir totalitaire. Son Galilée reste un homme, avec toutes ses frilosités et ses audaces, ses contradictions. Très loin d'un simple portrait héroïque, cette lecture alimentera bien des débats intérieurs.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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La raison a- t-elle toujours à voir avec l'intelligence ? ...Non...mais quelquefois.
l'intelligence doit elle toujours avoir une raison ?... Non.
La raison se soumet elle ? Oui
L'intelligence ? Non
L'intelligence est universelle. La raison est partisane.
Raison morale, raison économique, raison d'état ...
La raison est affaire de choix et donc d'éthique.
L'intelligence ne connaît pas de choix et donc pas de loi.
L'intelligence admet la valeur de ce qui est dans l'avenir de ce qu'il deviendra.
La raison enfonce le plus souvent la valeur de ce qui est dans le passé qui l'a porté.
L'intelligence explore au-delà des lieux où la raison obéit.
Sans foi ni loi, ainsi est elle la chose connue la plus puissante, et donc la plus destructrice ou la plus constructive au monde.
Il n'y a de mauvaise raison que lorsque l'intelligence s'absente partiellement ou, dans un cas plus grave, en totalité.
De là provient l'injustice, le mensonge, la violence, le crime , la guerre.
«  qui ne connaît la vérité n'est qu'un imbécile. Mais qui la connaissant , la nomme mensonge, celui-là es un criminel »

Là où il y a bonne intelligence, c'est à dire où celle ci s'exerce librement , à savoir sans raison, c'est à dire en ne se soumettant à aucun pourvoir, là seulement peut régner la justice, la vérité, la non-violence et la paix.
Quant à savoir si le bien de tous est une raison…. Ou une intelligence ?
Disons que la pérennité de ce bien repose entièrement sur l'intelligence d'une raison.
Raison, qu'à ce jour, avouons le, nous ne connaissons pas encore...
Raison sans pouvoir, mais dont l'intelligence est toujours opérante.
Douce raison comme la nomme Galilée.

Ainsi nous est il possible de l'apercevoir dans un nombre telle que la divine proportion que nous nommons harmonie, équilibre et qui opère sur nous comme révélateur d'esthétisme.
Car ce qui est bien est bon et ce qui est bon est beau, et cela est une règle universelle.
Avoir bonne conscience c'est chercher à asseoir une mauvaise raison. Cela relève d'un confort.
«  Ceux qui ne voient le pain que sur leur table ne veulent pas savoir comment on l'a préparé ; cette racaille préfère remercier Dieu que le boulanger. Mais ceux qui font le pain comprendront que rien ne bouge si on ne le fait pas bouger ».
Oui le petit moine avait bien entendu : « c'est son sens de la beauté qui le forçait à rechercher la vérité ».

L'intelligence s'élève là où la raison se cabre.

«  de là est né ce courant d'air qui soulève même les robes brodées d'or des princes et des prélats, dévoilant des jambes grasses ou maigres, des jambes comme nos jambes.Il est apparu que les cieux sont vides. Alors un rire joyeux retentit. »


Cela étant écrit, entrons à présent dans le vif de notre sujet : la Vie de Galilée.
Pièce de Bertolt Brecht écrite en 1938-1939 . Et c'est à la version française écrite en 1955 que nous soumettons ici notre commentaire. ( et non l'inverse, car soumettre une oeuvre à son commentaire serait faire preuve de raison et pas forcément d'intelligence, ainsi les commentaires se transforment- ils parfois en critique..).
Galilée. Mathématicien, physicien, astronome. le temps, le mouvement, les corps , l'espace.
Galileo Galilei. Né le 1564 et mort, en résidence surveillée en 1642.
« « C'est à l'intellect qu'il appartient de juger et de rendre compte des choses que le temps et l'espace éloignent de nous. » écrivait Giordano Bruno. Galilée lui aura donné son temps pour nous en donner les preuves.
Sciences et conscience , intelligence et raison, ordre ou liberté , les thèmes développés dans cette ouvre de Brecht restent contemporains.
Problèmes centraux de l'ère moderne. ...Complexité de nos problèmes…

«  Protégez la liberté de pensée est pour vous une bonne affaire, n'est-ce pas ? En rappelant qu'ailleurs l'Inquisition règne et brûle, vous obtenez ici à bon marché de bons professeurs .Vous vous dédommagez de cette protection contre l'Inquisition en payant les plus bas salaires »…
« libre commerce, libre recherche. Libre commerce avec la recherche, n'est-ce pas ? »
Problème de nos morales.

De bonnes raisons engendrent parfois de terribles vérités.
«  La vérité est fille du temps, pas de l'Autorité ».

L'avenir a, semble-t-il, encore beaucoup d'entre nous à accueillir...

« J'aurais tendance à penser qu'en notre qualité d'hommes de science, nous n'avons pas à nous demander où peut nous mener la vérité »..

La liberté explore, ordonne, la raison parfois implore.

«  le combat pour rendre le ciel mesurable est à gagné à cause du doute ; à cause de la foi, le combat de la ménagère romaine pour son lait sera encore et toujours perdu. »

Galilée….En quoi avons nous foi ?

« En l'an de grâce seize cent neuf à Padoue
La clarté du savoir jaillit d'un pauvre bouge.
Galileo Galilei calcula tout :
Ce n'est pas le soleil mais la terre qui bouge. »

«  Aujourd'hui, dix janvier 1610, l'humanité inscrit dans son journal : ciel aboli. »

Mais « les villes sont étroites et les têtes le sont aussi. Peste et superstition ».

Parler de mondes lointains, multiples,innombrables, inconnus, remettre en cause les acquis, les doctrines, les croyances répondre de la place l'homme c'est questionner la place des dieux.

Voilà sa question, voilà leur problème..

«  Je ne parle pas de leur ruses. Je sais qu' ils nomment l'âne un cheval quand ils le vendent et le cheval un âne quand ils veulent l'acheter.! voilà toute leur ruse. »

«  il n'y a aucun sens à notre misère, la faim c'est bien ne-pas-avoir-mangé, ce n'est pas une mise à l'épreuve ; l'effort, c'est bien se courber et tirer, pas un mérite. »…

Galileo Galilei...

“ Pourquoi l'ordre dans ce pays est-il seulement l'ordre d'une huche vide, et la seule necessité , celle de travailler jusqu'à en mourir ?”
«  Diable, je vois la divine patience de vos gens, mais où est leur divine colère ? »

Galileo... Galilei.

“ Moi, je soutiens que le seul but de la science consiste à soulager les peines de l'existence humaine. Quand des hommes de science intimidés par des hommes de pouvoir égoïstes se contentent d'amasser le savoir pour le savoir, la science peut s'en trouver mutilée, et vos nouvelles machines pourraient ne signifier que des tourments nouveaux. Vous découvrirez peut-etre avec le temps tout ce q'on peut découvrir , et votre progrès cependant ne sera qu'une progression, qui vous éloignera de l'humanité.L'abîme entre elle et vous pourrait un jour devenir si grand qu'à votre cri de joie devant quelque nouvelle conquête pourrait répondre un cri d'horeur universel. Moi, en tant qu'homme de science, j'avais une possibilité unique. de mon temps l'astronimie atteignait les places publiques.Dans ces conditions tout à fait particulières, la fermeté d'un homme aurait pu provoquer de grands ébranlements. Si j'avais résisté, les physiciens aurait pu développer quelque chose comme le serment d'Hippocrate des medecins, la promesse d'utiliser leur science uniquement pour le bien de l'humanité ! Au point où en sont les choses, le mieux que l'on puisse espérer est une lignée de nains inventifs qui loueront leurs services à n'importe quelle cause. “...

Mais Galiléo Galilei...Tu as résisté. Tes livres ont réussi à passer la frontière.
Ils ont trouvé le chemin de la liberté.

L'oeuvre de Brecht est interdite et brûlée par le régime nazi lors de l'autodafé du 10 mai 1933.
En 1935, le régime nazi le déchoit de sa nationalité allemande.

« Nos défaites d'aujourd'hui ne prouvent rien, si ce n'est que nous sommes trop peu dans la lutte contre l'infamie, et de ceux qui nous regardent en spectateurs, nous attendons au moins qu'ils aient honte. » Bertolt Brecht. 1933.

Astrid Shriqui Garain


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Galilée vivote dans la République de Venise où il n'est pas rétribué selon les mérites. En s'attribuant l'invention de la lunette (inventée en Hollande), il obtient un poste et des émoluments conséquents à Florence où, malgré les avertissements de son entourage qui craint pour lui la même fin que Giordano Bruno, il tient à aller vivre. Or Galilée remet en question la théorie copernicienne à son tour, estimant que la foi en l'Écriture ne peut nous ordonner de nier l'évidence de nos sens : l'héliocentrisme se vérifie à la lunette.

Cette pièce de théâtre a un aspect déconcertant : elle ne semble pas vraiment faite pour être jouée car les entêtes des scènes (plutôt des tableaux) ressemblent à des introductions et non pas à des didascalies. On finit par se laisser prendre par les différents tableaux représentant les étapes principales de la vie de Galilée. Brecht évite l'hagiographie ou le récit édifiant, tout en signant là un bel exemple de théâtre engagé pour le triomphe de la raison, ici identifiée avec la vérité, contre l'obscurantisme religieux. Mais on évite aussi la dualité, avec la question de l'intérêt matériel, qui semble arbitrer ces deux questions...
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Cette pièce de théâtre de Bertolt Brecht est basée sur l'histoire vraie de Galilée, savant italien de la renaissance.
Galilée est présenté comme un homme ouvert et curieux, parfois même un peu insouciant, confronté à l'obscurantisme des autorités religieuses. Malgré ses convictions et à la grande déception de ses partisans, pour échapper aux tortures que l'église menace de lui infliger, Galilée accepte d'abjurer ses théories astronomiques.
La pièce est agréable à lire et l'on ressent de l'empathie pour Galilée, présenté comme un ami du peuple (il écrira ses théories en italien et non en latin, langue des érudits de son époque). Malgré le renoncement de Galilée, Brecht ne semble pas le condamner, la phrase la plus représentative de cette pièce me semble celle prononcée par Galilée après les premiers reproches de son disciple, il lui répond « Malheureux le pays qui a besoin de héro » le message politique de Brecht me semble donc être que tout le monde porte une responsabilité dans le destin de sa communauté.
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A lire absolument ! et si possible voir ensuite la pièce de théâtre !
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Pièce de théâtre de Bertolt évoquant à la fois la vie de Galilée et le statut de l'intellectuelle dans un système oppressif (contexte de l'écriture de la dite pièce..).
Façon sûrement originale de faire découvrir soit le personnage quasi mythique de Galilée, soit le contexte historique de la naissance de la science moderne aux élèves de lycée.
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Première rencontre avec Brecht, que je n'ai pas eu le courage d'aborder en allemand...Comme l'indique le titre de la pièce, Brecht évoque ici la vie du savant Galilée, et tout particulièrement de ses démêlés avec l'Église catholique après qu'il ait soutenu le système copernicien et le fait que le soleil ne tournait pas autour de la terre, bien au contraire.

Brecht nous présente donc un personnage haut en couleur, savant renommé attaché à l'ingrate tâche de professeur qui consiste "à enseigner à des imbéciles plutôt que de se consacrer à la recherche", et qui se révèle matois et manipulateur, désintéressé par son entourage et préoccupé uniquement par le ciel dont il tente de percer les secrets.
Une fois ces secrets mis à jour, ne lui importe plus qu'à faire connaître au monde son tort ; Galilée est persuadé que les hommes se rendront à la raison. Mais si l'Église avait permis le système copernicien comme modèle hypothétique, les affirmations de Galilée sont durement récriées : avec l'effondrement du modèle géocentrique vient des questions existentielles auxquelles l'Église ne peut plus répondre : si le monde ne tourne pas autour de l'homme, prévaut-il véritablement dans la création ? Dieu lui accorde-t-il vraiment une place prépondérante ? Que devient le sens de la vie, le pardon et les péchés ?

Le point fort de Brecht réside dans son admirable articulation d'anecdotes quotidiennes, de traits de vie du savant et dans les débats qui l'oppose à l'Église, dont le chef reconnaît pourtant la véracité du système copernicien à travers la fameuse lunette....L'histoire d'une lutte entre raison et maintien de la population sous une fausse promesse d'un paradis réservé à l'homme, et d'un homme prêt à tout pour poursuivre ses recherches.
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J'ai trouvé ce livre dans la bibliothèque de mon beau-frère et vu qu'il est ingénieur, je me suis lancée dans la lecture en ne croyant pas franchement que j'allais comprendre et aimer (bonjour les à prioris).
Et pourtant ce fut clairement le cas. Brecht se lance avec foi dans une dénonciation de la censure et du pouvoir de l'église. On se rend compte alors des difficultés et de la révolution que les idées de Galillée ont pu déclencher dans son époque si contrôlée par la politique et la religion et la censure qu'il a du affronter.
Cette pièce montre également au monde la complexité et l'incomensurable intelligence de cet homme aussi passionné par l'astronomie, les mathématiques, la politique, etc.
Au final, ce livre est abordable par tous et son auteur est généreux dans sa rédaction. Je ne dirais pas que c'est un ouvrage facile à lire car chaque phrase est importante et pousse à la réflexion. Mais c'est parfois agréable de s'instruire, surtout lorsque c'est sous cette forme. Brecht met la science et l'astrologie à portée de tous grâce au théâtre.

Ma critique me semble bien pâle à côté de tout ce que comporte cette oeuvre, donc je vous conseille plutôt de la lire.
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