Développer une culture de la médiation

Un grand merci à Babelio et à la maison d'édition Médias et Médiations pour cet ouvrage très intéressant reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

La médiation... Elle fait partie de ces techniques qualifiées de MARC (modes alternatifs de règlement des litiges) et a déjà fait ses preuves dans d'autres pays, comme le Canada, pionnier en la matière. Mais en Europe, la médiation semble avoir un peu de mal à convaincre les justiciables.
C'est le sujet central de cet ouvrage, qui nous parle des défis et difficultés que rencontre (encore) la médiation, et qui, surtout, donne plusieurs pistes permettant d'apporter des solutions aux obstacles encore trop fréquents qui se dressent entre les justiciables et la médiation. Cette discipline présente en effet de nombreux avantages par rapport à un règlement juridictionnel : rapidité, discrétion, solution "à la carte" mise au point par les parties elles-mêmes (grâce aux propositions du médiateur, qui tente de concilier les points de vue divergents) et donc plus susceptible d'être respectée par elles... Mais la médiation est parfois décriée par les professionnel du droit, qui craignent la "concurrence" des médiateurs.

Cet ouvrage réunit les contributions de divers professionnels (magistrats, anthropologues du droit, professeurs d'universités, etc.) convaincus que la médiation peut apporter un "plus" aux justiciables. Les arguments développés par chacun des intervenants sont très intéressants et prouvent que la médiation reste un terrain d'avenir pour la résolution des litiges, et ce malgré les oppositions qu'elle rencontre. Loin d'être là pour "concurrencer" le travail des avocats et magistrats, la médiation est avant tout une aventure humaine : le médiateur se met au service de parties en souffrance, afin de les aider à sortir de l'impasse dans laquelle elles se trouvent. Il leur permet également de s'exprimer librement et de se sentir écoutées, ce qui n'est pas toujours le cas dans une salle de tribunal, où ce sont surtout les avocats et magistrats qui parlent...

J'ai particulièrement apprécié cette lecture très instructive. Elle m'a prouvé une fois de plus que je ne pourrais décidément pas être médiatrice (je ne pense pas avoir l'impartialité et la patience nécessaire), mais renforce la confiance que je porte à ce type de règlement des litiges et mon admiration pour les médiateurs.
J'ai aussi apprécié lire les interventions de magistrats convaincus que la justice et la médiation peuvent cohabiter et toutes deux apporter des solutions constructives aux justiciables.
De plus, le multiculturalisme des intervenants rend cet ouvrage encore plus intéressant, puisqu'il permet de se rendre compte des avancées (ou des obstacles) présents chez nos voisins et de s'en inspirer. C'est d'ailleurs encore un avantage de la médiation : là où le droit offre des solutions très "locales" (du fait de la relativité des lois et systèmes judiciaires), la médiation pourrait potentiellement se développer harmonieusement à un niveau mondial, puisque les techniques de médiation sont moins dépendantes des textes législatifs (c'est aussi dû au fait que la médiation donne lieu à une solution forgée par les parties elles-mêmes, avec l'aide du médiateur : même si cette solution doit respecter la loi, les parties sont libres de s'accorder comme elles le souhaitent).

Au final, même si l'introduction de Claude Czech semblait assez pessimiste , le ton général de l'ouvrage est, au contraire, assez optimiste et montre que la médiation offre de véritables perspectives à ceux qui souhaitent éviter de passer par la case "procès".

Livre très interressant sur la culture de la médiation, et le retard que nous avons en France à ce niveau là.
J'ai trouvé ce livre très pertinent et instructif sur la juridiction française, ses évolutions et surtout les limites et freins qui empêchent encore de moderniser notre justice.