“
Carmen” est sans conteste une oeuvre classique majeure de la littérature, plus souvent reconnue néanmoins comme opéra. Mais l'un ne va pas sans l'autre. C'est sur les planches que le succès a jailli pour déborder sur l'ouvrage original. Une histoire poignante (voire poignardant !) d'un soldat qui s'éprend d'une belle bohémienne. Sauf qu'à la différence de la belle Esméralda de
Victor Hugo,
Carmen est calculatrice, voire diabolique. Elle use de ses charmes pour parvenir à ses fins, pour vivre libre et en toute impunité.
Le scénario de
Clotilde Bruneau rend justice à cette dualité entre la sournoise
Carmen et le pauvre petit canari, Don José, qui cède à tous ses caprices par amour. Mais l'aime-t-elle en retour ? Réellement ? Telle est la question... revue dans la partie didactique en fin d'ouvrage par
Luc Ferry. Ce titre, c'est l'expression de l'amour-passion, la folie qui gagne les coeurs sans voir le danger qui émane de l'objet de son affection.. ou alors trop tard.
Le dessin de
Gianenrico Bonacorsi, dans un sens, reflète cette aliénation dans les traits. Mais le public tranchera plus rapidement dans l'idée que les personnages ne sont pas aussi beaux qu'ils devraient l'être. La cruauté de
Carmen se lit sur son visage qui devrait pourtant ressembler à celui d'un ange. Aucune comparaison avec la couverture de
Paolo Grella... hélas.
On sent bien un souci du détail, notamment dans les expressions, mais l'artiste maintient ce style un peu figé déjà rencontré dans “Adam et Eve”, académique et un peu brouillon qui se dissimule dans la nuit teintée par
Scarlett Smulkowski. Une colorisation qui jongle entre les décors ardents des chaudes journées de Séville et l'obscurité nocturne où les brigands fomentent leurs méfaits sous le secret de la Lune. de quoi dissimuler un brin les défauts du dessin... et vous, connaissez-vous
Carmen ?
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