A l’image des tomes consacré à Dédale, Midas et Tantale on raconte ici plusieurs histoires, mais franchement le personnage d’Orphée est suffisamment riche et sa destinée suffisamment tragique pour qu’on lui consacre un album entier !
Dans une première partie Korè est enlevée par Hadès avant de devenir Perséphone la Reine des Enfers victime du Syndrome de Stockholm (d’un autre côté toutes les mythes parlent d’un couple aimant et fidèle et d’un ménage heureux et tranquille, mais c’est peut-être plus facile quand les époux ne se voient qu’une moitié de l’année). Tous les mythes insistent sur le fait que c’est Hadès qui avait des vues sur Korè, ce qui emmerdait bien Zeus qui ne voulait pas se mettre à dos sa mère qui en était gaga, mais ici on met en scène un Zeus entremetteur voir proxénète... On nous montre Déméter qui erre sur la Terre pour retrouver sa fille, avec les intervention d’Hécate et d’Hélios. Je ne sais pas pourquoi on prend 4 pages pour relater l’épisode de Démophon alors que la grève de Déméter et ses conséquences pour l’humanité ont droit à moins de pages alors qu’elles sont autrement plus importantes à la compréhension de l’histoire. La parenté et la différence entre le mythe de Perséphone et celui d’Orphée se fait sur la résolution du problème : Perséphone reste prisonnière des enfers parce qu’elle a enfreint un interdit (ici bidon, d’autres mythologies on fait mieux), mais on fait quand même une exception parce qu’elle est une déesse ; Eurydice reste prisonnière des enfers parce qu’elle a enfreint un interdit (bidon, d’autres mythologique ont fait mieux), mais on ne fait pas d’exception pour elle parce qu’elle est une humaine…
Car dans la 2e partie, Orphée, Eurydice poursuivie par Aristée et mordue par une vipère sont présentés au pas de course pour donner le temps aux auteurs de développer une catabase plutôt réussi. On assiste à la négociation avec les souverains des enfers, à la seconde chance faussée, et à la fin truquée (les dieux sont joueurs, les dieux sont cruels, donc je suis bien content d’être athée). Après je ne sais ce qui est passé par la tête des auteurs, mais on accorde 4 page à l’une des versions les moins connues et les moins intéressantes de la fin d’Orphée (à moins d’avoir opter délibérément pour la cause LGBT). Homme d’une seule femme, Orphée en deuil se console en draguant et en baisant avec tous les mecs de la région (remember l’ambition affichée de toucher un public scolaire), donc les femmes jalouses se mettent martel en tête de le trucider violemment à coup d’instruments agricoles (remember l’ambition affichée de toucher un public scolaire)
Dans les appendices un vrai philosophe se serait régalé avec toutes les interprétation possibles des croyances orphiques, mais Luc Ferry ressemble à un bouffon qui entre paraphrases inutiles et lourdes logorrhées nous inflige 7 pages imbuvables débouchant sur une publicité pour un autre de ses délits, euh pardon de ses produits (heureusement qu’il y a les reproduction d’œuvres d’art et les mots et expressions expliquées par Clotide Bruneau pour ne pas avoir envie d’arracher ces pages)… Pour ne rien gâcher, il raconte n’importe quoi sur l’inceste divin et met en avant l’irréversibilité de la mort chez les Anciens pour faire la promotion de la vie après la mort chez les Chrétiens : les Anciens étaient méchants car ils croyaient à l’irréversibilité de la mort, alors que les Chrétiens sont gentils car Jésus est Amoûr et l’Amoûr triomphe de tout y compris la mort (remember l’ambition affichée de toucher un public scolaire, mais visiblement Luc Ferry a oublié le principe de laïcité !)...
Par contre les dessins de Diego Oddi assisté aux couleurs par Ruby. c’est autre chose. Les graphismes sont très satisfaisants, leur vision de l’Olympe est belle et leur vision des Enfers est intéressante et plaisante à voir. C’est grâce au travail qu’ils ont fourni que je n’ai pas spécialement envie de saquer cet album de la série (qui comme les autres dispose de la superbe illustration de couverture de Fred Vignaux).
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