Marion Brunet ouvre la porte du roman noir avec cet Eté circulaire. le parcours de deux soeurs adolescentes dans une famille dysfonctionnelle (mais en existent-ils d'autres en littérature ?). Toute l'intrigue tient en une ligne : qui est le père du bébé de Céline, l'une des deux ados, et comment vont-elles se sortir de là ?
J'ai lu ce livre parce qu'il était dans une sélection "roman noir", sauf que je ne le trouve pas assez noir justement. La vision sociale est présente, mais les clichés sont trop nombreux. Les personnages sont effleurés et ressemblent à l'image que l'on se fait de leur classe (le maçon est alcoolique et raciste, l'arabe trafique pour se faire de l'argent mais il est gentil quand même, le riche s'ennuie alors c'est un pervers...). Et surtout, parlons-en des classes sociales. Comment une jeune fille d'un milieu populaire peut-elle se lier d'amitié avec une bourgeoise d'un lycée privé en un regard au festival d'Avignon ? Alors que l'ensemble de sa famille est englué dans son milieu depuis toujours.
Pour ce qui est de l'intrigue, l'identité du père du bébé est assez évidente pour qui a été abreuvé aux séries télés en tout genre. Et j'ai un peu l'impression que tout tourne autour de ça, sans aller plus loin.
Ce qui fait défaut à ce livre, c'est particulièrement l'absence de vision politique. Alors je sais que dans un milieu populaire comme celui-ci, il y a bien longtemps qu'on ne croit plus aux idéaux, de droite comme de gauche. Mais est-ce que ce n'était pas de ça dont le roman aurait pu s'emparer ? Est-ce que la vision politique n'est pas intrinsèque au roman noir ?
En lisant dans les remerciements le nom de
Benoit Minville, je me suis dit que, tout comme en refermant
Rural noir, il m'avait manqué quelque chose, que j'étais resté sur ma faim.