Un jour il sera grand, et elle sera seule. Un jour il la débordera de son grand corps, elle ne pourra plus le protéger de ses deux bras. Ses petites mains à la peau tendre ne glisseront plus contre sa paume, il s'éloignera. Il aimera, souffrira sans elle.
Vanda a admis très tôt qu'elle était seule, comme on est seul au jour de sa mort. Elle en a consommé la douleur jusqu'à en faire une identité, une armure. Les autres comptent un peu, mais ils s'en vont, disparaissent.
Elle allume une clope sans répondre avant d’ouvrir sa Renault 21 hors d’âge qu’elle n’aura jamais les moyens de remplacer.
Ici l’interdit est mouvant, s’éclipse au profit du légitime, parfois par contumace.
𝑳𝒆 𝒄𝒐𝒓𝒑𝒔 𝒅𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒇𝒊𝒍𝒔 𝒍𝒂 𝒓𝒂𝒔𝒔𝒖𝒓𝒆, 𝒖𝒏𝒆 𝒓𝒆𝒂𝒍𝒊𝒕𝒆 𝒑𝒂𝒍𝒑𝒂𝒃𝒍𝒆, 𝒄𝒆 𝒒𝒖'𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒂 𝒅𝒆 𝒎𝒆𝒊𝒍𝒍𝒆𝒖𝒓. 𝑬𝒖𝒙 𝒅𝒆𝒖𝒙, 𝒕𝒐𝒖𝒔 𝒔𝒆𝒖𝒍𝒔. 𝑹𝒊𝒆𝒏 𝒒𝒖𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒇𝒊𝒍𝒔 𝒆𝒕 𝒆𝒍𝒍𝒆, 𝒊𝒍 𝒏'𝒚 𝒂 𝒒𝒖𝒆 ç𝒂 𝒒𝒖𝒊 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒕𝒆 𝒗𝒓𝒂𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒖 𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍"
On peut mourir au soleil comme partout, on peut souffrir sous le bleu, mais les gens auront toujours du mal à le croire.
Ici, il y en a d’autres qui lui ressemblent, des abîmés qui ont oublié de vieillir.
Elle est de ces gens dont on pense qu’ils sont nés adultes, ici et maintenant, même immatures. Les failles sont palpables, la fragilité évidente.
« De l’enfance, Vanda garde un tas de souvenirs qu’elle ne raconte à personne. Elle est de ces gens dont on dirait qu’ils sont nés adultes, ici et maintenant, même immatures ».
C’est une ville tragique ou survivent les sans dents, les mal-nutris , les laids, les petits. On peut mourir au soleil comme partout, on peut souffrir sous le bleu, mais les gens auront toujours du mal à y croire