15 ans et 9 tentatives pour gravir l'Everest
Robert Mads Anderson fait partie de ces alpinistes qui ont du mal à se satisfaire des voies normales. Néo-zélandais dur à cuir, encore plus dur à congeler, il alterne la très haute montagne avec une vie de publicitaire de la fin des années 1980 au début des années 2000.
C'est un livre sur l'échec et l'obsession qui font grandir. 8 fois il a tenté l'ascension de l'Everest - la plupart du temps sans oxygène et en solitaire, avant de toucher au but. Il y a laissé quelques orteils et un couloir qui porte son nom. 9 Vies est un grand livre qui raconte succinctement chacune de ces tentatives à une époque qui voit l'Everest se transformer : les nuits de bivouac à 8000 mètres dans la face nord, les avalanches qui grondent, le temps qui durcit, le style alpin sans corde ni sac, l'art de savoir renoncer pour que tous ces efforts ne soient pas vains, les descentes interminables à bout de forces, et Messner qui lui glisse un jour après cette ascension épique dans les 3500m de la face Kangshung « ce que vous avez fait est admirable, mais vous avez eu de la chance ».
On sent combien ce monde est dur. Robert Mads Andersen n'en tire aucune gloire. Il sait combien la vie est fragile et n'élude pas les drame qui accompagnent la montagne. Chez lui il conserve la dernière carte postale de Rob Hall qui dirigeait l'expédition mortelle de 1996. Tous ces hommes sont liés. La peur existe bien, mais elle n'a pas d'emprise : « Un alpiniste, c'est fait pour grimper ». Un exemple ? Pour le premier janvier 2000, il tente la première ascension hivernale en solitaire par le versant tibétain. Les sponsors mordent à l'hameçon mais la météo ne veut rien savoir.
Revenu à des activités terriennes en attendant de se refaire une santé financière chez Ogivly, on lui propose alors de devenir guide. Lui, le solitaire. Son boss sensible au grand air le laisse partir sans condition, et il atteint finalement le sommet lors de sa neuvième ascension, par la voie normale cette fois, à la tête d'une expédition. Rien n'est jamais facile. L'un des protagonistes perd la vue à 60m du sommet. « Il n'y arrivera jamais ! » dit l'autre guide. Robert Andersen ne peut supporter l'idée que le but de sa vie soit marqué par un drame. A l'expérience et au mental, la descente est éternelle mais chacun rentre sain et sauf.
Neuf vies.