— Espèce de traître ! hurla Gerfo.
Il était le fils cadet du Seigneur Faucon et avait approximativement son âge. Il dépassait Taïga de cinq bons centimètres, mais était nettement moins carré. Ses cheveux châtains flottaient librement sur ses épaules et son regard mordoré brillait d’intelligence. Enfin, habituellement. Là, il brillait plutôt d’indignation. De même, son Aura généralement indigo s’était foncée et des fleurs d’un bleu-gris sale la teintaient.
— Tu aurais pu t’enquérir de nous ! Nous serions sortis courir avec toi ! renchérit Drâkknil en lançant deux nouvelles boules de neige.
Le fils du Dragon n’était pas aussi grand que le jeune Faucon, mais il dépassait légèrement Taïga. Sa silhouette était plus imposante que celle de Gerfo, tout en restant légère et aérienne comparée à celle du jeune Tigre. Ses cheveux, d’un blond très clair, lui tombaient sous les épaules. Ses pâles yeux bleus étaient plissés de concentration, évaluant la réaction de Taïga, dont l’Aura avait disparu au premier impact, mesurant celle de Tigrâ qui s’était simplement écarté de son fils de quelques pas rapides et lestes. L’Aura vert d’eau du jeune Dragon semblait bizarrement figée, comme concentrée.
— Vas-tu me dire pourquoi tu m’as attirée dans les bois à une heure pareille ? fit-elle en resserrant sa prise sur le bras du vampire. Tu ne peux pas avoir déjà envie de te débarrasser de moi ?
Elle plaisantait bien sûr, mais les yeux du Tigre flashèrent.
— Ne dis pas de conneries ! gronda-t-il d’un ton rude.
Taïga et son Tigre se sentaient tous les deux atterrés à l’idée que leur compagne puisse craindre le moindre mouvement de violence de leur part. Ils n’oubliaient pas qu’ils paraissaient menaçants, tant aux yeux des humains qu’à ceux des membres de leur propre espèce.
Consciente d’avoir malencontreusement bouleversé son compagnon, Thémis s’empressa de s’excuser.
— Je ne voulais pas te blesser, pardonne-moi. Juste te taquiner.
Taïga soupira et embrassa le sommet de son crâne recouvert d’un bonnet blanc. Il n’était pas encore complètement habitué au sens de l’humour de sa compagne. Il allait lui falloir un peu de temps pour s’ajuster
Le regard de Tigrâ se plissa. Il n’était pas toujours facile d’entendre son enfant répondre sur un ton vif, mais il mettait un point d’honneur à respecter son tempérament. Il résista donc à l’envie de lui donner un bon coup de paluche sur la tête comme lui soufflait son Tigre. Il rappela à ce dernier que leur fils n’était plus un bambin. Ils devaient considérer leurs besoins évidemment, mais ses besoins aussi. Le désir de se débrouiller seul allait se renforcer au fil du temps.
Inconscient des affres intérieures de trois de ses hommes, Arkozorus éclata d’un rire moqueur.
— Et quelle protection ! Le Seigneur n’est pas là et nous envoie un oisillon, un gros chaton et un orvet pour se battre à sa place. Je suis terrorisé ! ironisa-t-il.
Le cri de Gerfo et le feulement de rage de Taïga furent presque couverts par le grondement bas et profond de Drâkknil.
— Dragon ! Pas orvet. Nous, on a des crocs !
— Un baiser pourrait m’aider à finir de me réveiller, suggéra-t-il.
Le visage du Loup demeura impassible, mais le pétillement dans le regard noir ne fut pas perdu pour Sam. Se sentant déjà plus alerte, il haussa un sourcil et sourit.
Wolf se mordit l’intérieur de la joue. Il avait toujours la plus grande difficulté à résister à ce sourire chaleureux et séducteur. En lui, le Loup n’avait qu’une hâte, s’exécuter.