Dave Robicheaux 1 :
La pluie de néon (1987)
Rivages Thriller (1996) – réédition Rivages Noir n°339. (Edition originale française parue dans une version très amputée en 1989 – et non 1987 comme indiqué au dos de l'édition Rivages – aux éditions
Gérard de Villiers, collection Polar USA n°16 sous le titre "
Légitime défense")
Première aventure de Dave Robicheaux, le meilleur flic de la criminelle de la Nouvelle Orléans malgré – ou grâce – à des méthodes un peu raides et une obstination inébranlable. C'est aussi un type assez droit et moral dans le fond, un ex alcoolo qui reste très estimé de son supérieur et de son brutal co-équipier Cletus Purcel qui le soutiendront dans les moments difficiles.
Dave découvre dans le bayou le cadavre d'une jeune pute noire dont la dernière prestation avait été pour un caïd local nommé Segura. Au delà du traffic de came, il est question de flingues en gros pour les "contras", ces contre-révolutionnaires fachos qui sévissent en Amérique du sud pour rétablir les régimes autoritaires tombés. Dave va donc se frotter à des types brutaux et sadiques, couverts par des pontes pleins aux as que l'on devine plus ou moins en mèche avec le gouvernement (la CIA). Lors de certaines épreuves très douloureuses, il est soutenu un court moment par un jeune agent fédéral idéaliste qui finira très mal. Et puis Dave rencontre aussi la belle Annie, avec qui il prolongera sa "collaboration" au delà de cette première enquête.
Ce qui frappe le plus au premier abord, c'est ce mélange de poésie métaphorique et de violence qui imprègne le récit. le style de Burke est intelligent, efficace dans les scènes d'action et habile à entretenir suspens et angoisse chez le lecteur. Les progressions de l'intrigue sont entrecoupées d'envolées lyriques qui n'ont a priori pas d'autre vocation que de planter le décor autour du héros au fil de l'histoire, tout en tissant de manière plus globale une ambiance spécifique et envoûtante, véritable déclaration d'amour de l'auteur à la Louisiane qu'il a prise tout entière pour théâtre. On peut trouver ces digressions un peu envahissantes (je n'ai pas compté les couchers de soleil sur le bayou avec ciel mauve, oiseaux qui volent et pirogues qui flottent… mais il y en a pas mal). Les parties de cul de Robicheaux sont également très imagées ; Burke tangente alors le ridicule, mais sans y basculer franchement. Malgré ses défauts mineurs, ce roman marque la genèse d'une grande pointure du roman noir américain ; beaucoup de gens sont aujourd'hui au courant, et ce n'est que justice.