A mon sens, il ne faut pas en dire plus sur l'intrigue de ce roman que ce que la quatrième de couverture n'en dit… au risque de tout déflorer (et ça ne vous amuserait certainement pas qu'on démolisse les fleurs du bassin aux nymphéas, n'est-ce pas !)
Autant le dire, j'ai adoré ce roman, je me suis laissée embarquer par
Michel Bussi dans un étrange jeu de piste à Giverny entre le moulin des Chennevières, l'école du village, la grande prairie, l'île aux Orties et bien sûr la maison et les jardins de Claude Monet. L'auteur nous annonce en préambule que les lieux, les détails concernant la vie et les tableaux du peintre, les vols d'oeuvres d'art dont il est question dans le roman sont exacts. le reste est évidemment le fruit de son imagination. Et comme je le disais, je me suis laissée complètement prendre au voyage ingénieux (diabolique !) qu'il a mis en place. Quand j'ai refermé le livre, je n'avais presque qu'une envie : le relire en connaissant le fin mot de l'histoire !
Il est malin,
Michel Bussi : il construit son histoire et joue sans cesse sur l'aller-retour entre passé et présent, entre l'enquête sur l'assassinat de Jérôme Morval et les années où Monet a vécu et travaillé à Giverny, où il a fait détourner l'Epte pour aménager le bassin aux nymphéas, qu'il a peint de manière obsessionnelle jusqu'à sa mort, en 1926, ouvrant la voie à une conception résolument moderne de la peinture.
Michel Bussi connaît parfaitement la vie du peintre, toutes les anecdotes du village, le destin d'abord oublié puis glorieux de la maison, « le Clos-normand » et de ses jardins. C'est ce que j'ai notamment apprécié dans ce livre, (re)découvrir cette richesse de vie et de travail, cette modernité qui emplit la vie de Monet, mais aussi le regard distancié sur un village-musée envahi par les touristes. Mais l'auteur fait bien plus que cela : il nous raconte une bonne histoire, dont les personnages sont attachants, et où certains détails m'ont fait tiquer, au point que je craignais de retrouver certaines invraisemblances de
Ne lâche pas ma main : mais c'était sans compter sur la fin… le fin mot de l'histoire…
Cette fin m'a tenue en haleine, m'a fait sursauter… et m'a cueillie par surprise (au point de me faire monter les larmes aux yeux, c'est dire !) Je suis sûrement naïve, je me laisse facilement entraîner (par les livres, c'est bien connu)… mais cela a bien marché avec moi !
J'ai apprécié l'humour de certaines situations ou réflexions, les petites subtilités glissées par l'auteur dans les titres de chapitres (tous de simples noms à la finale identique : Attroupement, Tutoiement, Raisonnement, etc…), dans les allusions aux peintres de l'époque de Monet (jusqu'au nom du commissaire Laurentin, lui aussi homonyme de l'artiste Marie Laurentin – bizarrement, cela n'est pas relevé dans le roman, mais je ne pense pas que l'auteur l'a inventé au hasard). Et ce vers d'
Aragon qui revient comme un leitmotiv (je note aussi les trois suivants tels qu'ils sont cités p. 347) :
Le crime de rêver je consens qu'on l'instaure
Si je rêve c'est bien de ce qu'on m'interdit
Je plaiderai coupable Il me plaît d'avoir tort
Aux yeux de la raison le rêve est un bandit
Et voilà, je n'ai qu'une autre envie : retourner à Giverny m'imprégner une nouvelle fois des lieux (alors que j'y étais il y a huit jours !) Merci, Monsieur Bussi ! Et surtout, merci, Monsieur Monet !
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