Je rattrape mon retard avec une auteure que je souhaitais lire depuis longtemps.
Ma recommandation correspondait au départ à celle d'
Orson Scott Card, qui la cite notamment dans Personnages & points de vue, il me semble, pour la qualité de l'exposition de sa narration.
Il faut prendre, ou ne pas prendre,
La parabole du semeur pour le récit qu'il est, publié pour la première fois en 1993, et qui nous décrit une Amérique moribonde à la fin des années 2020. Venant d'achever cette lecture, je me dis que finalement, ce n'est pas si important de considérer l'époque contemporaine à cette publication, même si l'auteure était visionnaire, avec des thématiques comme celle de l'immigration (certes pas nouvelle), du réchauffement climatique ou de l'effondrement (du moins de certains aspects) de notre société...
Il en ressort au final un voyage à deux vitesses, fascinant, beau et terrible. Nous suivons dans un premier temps le quotidien de l'adolescente Lauren, de sa famille et de la communauté de sa ville, dans le contexte d'une Amérique moribonde où l'homme est redevenu un loup pour l'homme. Par moments, on pense aux nombreux récits post-apocalyptiques (qui ne l'étaient pas tant que ça lors de la sortie de ce roman), certes souvent violents, et aux accents noirs et cyniques qui nous disent que pas mal de traits de cette société nous sont finalement contemporains...
La deuxième partie consiste au voyage de Lauren, à sa quête, qui correspond à fonder une communauté. L'héroïne va survivre grâce à l'entraide et au rétablissement de valeurs humanistes. Là où le propos est brillant, c'est que tout le terrain de cette phase est préparé au début. La construction de la personnalité de l'héroïne est progressive et étroitement liée aux événements qu'elle subit ou qu'elle provoque, et aux rencontres qu'elle fait.
Le rapport à la religion et au communautarisme est évoqué à la manière d'un fil directeur tout au long du roman. À chaque fois de manière neutre m'a-t-il semblé, selon les points de vue des différents personnages, bien que Semences de la Terre (le titre), soit au final le sujet et la finalité en tant que nouvelle religion dans ce roman. Peut-être que le propos de cette histoire tient plus à "c'est ce que les gens font de leur religion qui importe vraiment".
Un message qui n'a jamais été autant d'actualité.