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Citations sur Rhapsodie italienne (118)

Des policiers, des miliciens, des soldats font irruption dans les maisons et les appartements à Misilmeri, à Piana dei Greci, à Palerme, à Catane, partout en Sicile, avec, pour seule arme juridique, la voce pubblica qui dénonce une appartenance mafieuse. Le matin, la nuit, peu importe l'heure, ils déboulent dans les chambres, menottent les hommes et les femmes à peine sortis du lit. Si l'on tarde à ouvrir, ils enfoncent les portes. Ces hommes et ces femmes protestent, crient, jurent et blasphèment, menacent aussi. On les pousse dans le fourgon dont le moteur n'a pas cessé de tourner et on passe au suivant. Pas d'explication, pas de document judiciaire. Cette seule formule répétée à l'envi par les sbirri : C'est la loi du préfet Mori !
Elle dure huit ans, cette loi, aussi implacable que ceux qu'elle combat. [...]
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C'est l'assaut des arditi. Grenades et lance-flammes. Il faut bousculer les Autrichiens pour permettre à la vague des bersaglieri d'occuper le terrain. Lorenzo Mori et Nino Calderone courent l'un à côté de l'autre. Tous hurlent Avanti Savoia ! et les bersaglieri, derrière, ont le même cri de guerre. Les Autrichiens se défendent bien. Mori presse le levier du lance-flammes qui projette son jet à dix mètres. Mais, côté autrichien, on actionne les mortiers depuis l'arrière. Un obus explose juste devant. Il y a aussi une rafale de mitrailleuse qui vient d'un poste parfaitement dissimulé, et la première ligne des arditi s'écroule, tous fauchés ensemble.
A l'arrière des combats, dans une tente qui sert d'hôpital de campagne les chirurgiens opèrent à la chaîne. Il n'y a presque plus de morphine. On sert un coup de gnôle à ceux qui sont encore conscients et on coupe. Bras, mains, jambes sont balancés dans un seau qu'un soldat va vider dans une décharge quand il est plein. Mori a perdu connaissance, ce qui vaut mieux, car on est en train de l'amputer de la main droite.
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Carmela sait qu'elle aura le courage d'attendre le retour de Nino Beddu. Dans l'île, le temps ne compte pas, la durée, les délais, c'est pour les gens de Rome. En Sicile, on ne vieillit pas. on va doucement vers la mort, ce qui n'est pas la même chose, d'ailleurs les gens ne meurent pas vraiment, ils passent de l'autre côté, chargés des messages des vivants, et on continue de communiquer avec eux, bien après qu'ils ont rejoint le cimetière.
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Tout en parlant, son regard balaie rassemblée. Au premier rang, il y a d'abord Vittorio Orlando, président du Conseil lors de la victoire en 1918, qui a déclaré quelques mois plus tôt : « Si par mafia on entend le sens de l'honneur jusqu'à l'exagération, l'intolérance contre tout excès de pouvoir, la fidélité en amitié jusqu'après la mort, si par mafia on entend ces comportements même poussés à l'excès, s'agissant des marques typiques de l'âme sicilienne, alors, je me déclare mafioso et je suis fier de l'être ! »
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La plupart des hommes de troupe sont issus de la campagne. La moitié d'entre eux ne savent pas lire et doivent avoir recours aux officiers pour déchiffrer les lettres, très souvent écrites sous la dictée par le curé ou un notable de leur village. Il en va de même pour les réponses. Faut-il dire que la nourriture est infecte, les services médicaux rarissimes, la saleté partout et les Austro-Hongrois retranchés au sommet de collines, inexpugnables ?
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- J'écris un livre, lâche-t-il soudain, un livre sur cette femme que je trouve extraordinaire, avec ses défauts qui sont des qualites en même temps. C'est elle, mon sujet. Je l'observe beaucoup. Je prends des notes. J'ai déjà rédigé deux chapitres. Ce sera mon plus grand livre, le plus juste, le plus vrai. Quand on parlera de moi, le titre de ce livre viendra aussitôt à l'esprit.
Loriana éclate de rire et elle retire sa main.
- Tu es complètement fou !
- Non ! Je suis un écrivain !
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Au 35 de la via Paolo da Cannobio à Milan, siège du Popolo d'ltalia, sur la porte du directeur, Benito Mussolini, il est écrit : «Qui entre m'honore, qui n'entre pas me fait plaisir.» Car le directeur travaille. Il rédige des articles, des slogans, des phrases fortes et imagées. Après, il les prononce de sa voix chaude ou coupante que les Italiens apprendront à connaître.

De Mussolini, on peut dire du bien et du mal mais personne ne peut lui enlever d’avoir été le meilleur entraîneur du peuple, le meilleur orateur de son temps. Aucun avant ni après ne peut rivaliser avec lui, même D'Annunzio.
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[...] Sans argent, il n'y a pas de parti possible, et sans parti, il n'y a pas de pouvoir. Il y a un temps pour la révolution, un autre pur le pouvoir. Ces deux temps se succèdent, mais les deux,s 'ils ne se confondent pas, sont indispensables l'un à l'autre.
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Sandro se bat de son mieux, les hommes tombent autour de lui, son pistolet est vide, il prend son poignard. Le duel est bref, il tue un Autrichien, mais reçoit un coup de baïonnette dans le dos. Il ferme les yeux. On ne le tue pas immédiatement. Il doit subir le sort exemplaire des officiers italiens. On le traîne avec les autres. Tous sont hissés sur un camion qui se dirige vers la plage à l'abri des regards. Trois mitrailleuses sont déjà en batterie. Pas le temps de se confesser. Un ordre bref, et les mitrailleuses se mettent à tirer. Tous s'écroulent. Mais des survivants se redressent, hébétés. Un sous-officier allemand leur dit dans un italien rudimentaire : «Ceux qui sont encore vivants, levez-vous et vous serez graciés !» Certains obéissent. Ils ont tort. Un signe de l'homme et les tirs reprennent. Maintenant, ils sont tous bien morts. Le sous-officier passe parmi les corps. Si l'un d'eux bouge encore, il l'achève d'une balle dans la tête.
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«Pourquoi moi ?» avait-il demandé.

C'était la question qui le taraudait depuis le début. Que lui trouvait-elle ? Qu'avait-il de mieux que les autres, était-il plus riche, plus beau, plus brillant, ou tout cela à la fois ?

«Parce que tu es un solitaire», avait-elle immédiatement répondu.

Ce qui prouvait que cette question, elle l'attendait, elle y avait réfléchi.

«Parce que tu fais semblant. Tu joues un rôle de bon camarade, d'ami. C'est l'image que les autres attendent de toi. Tu ris quand ils rient, même de leurs bons mots. Mais au fond, tu penses à autre chose, tu portes un masque, tu n’es que mépris. Un dédain que tu ne montres jamais, c'est pourquoi on t'aime bien. Tout ce que tu m'as dit sur toi, sur ta vie, sur ton regard sur le monde, je suis sûre d'avoir été la seule à l'entendre. »

Elle s'était arrêtée un instant. Lui était stupéfait. Elle en savait plus que lui-même sur son compte. Elle avait une voix plutôt grave, avec une pointe d'accent autrichien qui tranchait sur les ritournelles des filles de son âge.

«Je crois que je suis comme toi. Nous avons toujours quelque chose à nous dire que nous ne disons pas aux autres. »

Elle s'était encore interrompue, avec cette expression chaude du regard qu'elle lui réservait.

«C'est peut-être cela l'amour, c'est sûrement cela, avait-elle achevé.
⁃ Oui, avait-il balbutié, c'est cela. »
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