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4,27

sur 1509 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On entre dans Confitéor à pas feutrés, suffoqué à l'avance par les 800 pages à ingurgiter, inquiet qui plus est des difficultés à surmonter, dans la narration notamment. Surtout quand on s'est renseigné au préalable.
On y entre aussi comme au cinéma, et le spectacle nous subjugue dès les premiers fondus narratifs qui bousculent le temps, sortes de flash-back littéraires, entre enfance du narrateur, inquisition, guerres mondiales, présent et j'en passe.
Il faut certes un temps d'adaptation à ce Confitéor. Quoique...
La complicité s'installe vite dès lors que l'on comprend à qui l'on a affaire : un narrateur fou, génial ou surdoué, capable dans une même phrase de parler de lui-même, Adrià, au je comme au il, tout en superposant plusieurs strates du passé, mais qui insidieusement respecte le lecteur, lui fait confiance, le flatte en l'invitant à le suivre dans les méandres tortueux de sa mémoire aujourd'hui défaillante et galopante, inter-connectée à la moindre association d'idées, à la plus folle pensée arborescente.
Et l'on est vite emporté par ce maelstrom narratif. Les personnages, qu'ils soient réels ou imaginaires, foisonnent. Les histoires s'enchaînent et s'emboîtent, les petites dans la Grande. Les objets ont une vie, et font souvent figures de transition dans le temps, avec dans le rôle principal un violon, le premier fabriqué par Storioni, dont la folle épopée servira de garde-fou, de fil conducteur à ce tourbillon romanesque.
Il est périlleux de résumer tout cela, il faut juste avoir le courage d'entrer dans les mémoires d'Adrià, et se laisser emporté par ce roman hors normes, sans être anormal pour autant. Un roman narmol, peut-être bien. Époustouflant à coup sûr. Et qui n'oublie pas d'être drôle.
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Paru en 2013, ce roman de Jaume Cabré a déjà fait l'objet de 224 critiques sur Babelio. Je n'aurai donc pas besoin d'en résumer l'intrigue, d'autant que c'est mission impossible car le roman est composé d'histoires à ce point entremêlées que l'on en vient à se demander où l'auteur veut en venir. Parle-t-il d'art, de connaissance, de haine, d'expiation ? Est-ce une histoire d'amour, le récit d'une amitié, les confessions d'un homme sur sa vie, ou bien la chronique d'un violon à travers les siècles, depuis celui qui a semé les graines des arbres ayant donné son bois et le luthier qui l'a fabriqué, jusqu'à tous ceux qui l'ont acquis, perdu, volé ou transmis au cours des siècles, l'histoire du bien et du mal provoqués par sa possession ?
Le narrateur est un être surdoué, plein d'érudition, mal adapté au monde réel. Il nous fait voir le monde à travers un regard distancié, perpétuellement étonné. Surtout, il écrit à la fin de sa vie, alors qu'il subit les premières atteintes de la démence sénile. C'est pourquoi récits et dialogues se mélangent d'un chapitre à l'autre, d'un paragraphe à l'autre, d'une phrase à l'autre. le narrateur confond les époques et les protagonistes, il passe sans avertissement du "je" au "il" en parlant de lui-même. Ayant parcouru plusieurs critiques avant d'ouvrir Confiteor, je m'attendais à une lecture éprouvante, du type "Manhattan transfer" de Dos Passos, ou "Le bruit et la fureur" de Faulkner, des oeuvres où le lecteur doit accepter de ne rien comprendre durant des pages. Rien de tout cela ici. Malgré la dislocation progressive de la mémoire du narrateur et sa prose décousue, cela fonctionne parfaitement. On ne peut qu'admirer la virtuosité d'écriture de Jaume Cabré qui arrive à nous conduire dans le labyrinthe d'un esprit aux strates superposées où nous manquons nous perdre à chaque pas.
Si la majorité des lecteurs ont adoré ce livre, certains n'ont pas aimé. Ceux-là l'ont trouvé touffu, difficile à suivre, il y a des longueurs, le fil conducteur du violon ne les a pas convaincus... Ont-ils vraiment tort ? Je dirais que non. Confiteor est un immense patchwork, tragicomique, exigeant, déconcertant, on aime ou on n'aime pas. Mais une chose au moins est sûre : c'est une expérience de lecture incomparable.
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N'ayons pas peur des mots, Confiteor est un OVNI littéraire. Oui parfaitement. Roman inclassable, iconoclaste et exigeant, ce pavé de 800 pages mettra à mal votre patience de lecteur, vous fera cogiter sur les notions de bien, de mal, d'esthétisme et d'Histoire avec un grand H, torturera votre logique et testera votre concentration. Autant vous dire, il va falloir vous accrocher pour parvenir à bout (non sans mal) de ce roman. Bon là vous vous dites que je vous vends mal Confiteor. Vous commencez à me connaître quand même les amis : j'aime bien ménager mon suspense et j'ai quand même le droit de vous torturer un peu avant le dévoilement final de mon impression globale ! Alors, verdict ? Et bien Confiteor est un OVNI littéraire (ça y est je recommence) mais qui mérite le détour vous pouvez me croire. On passe d'une narration à la première personne à celle à la 3e personne sans crier gare, on virevolte de la Barcelone des années 50 à celle du XVIII siècle, sans oublier la Rome de 1914 et puis Auschwitz en 1943 et hop, vous voilà basculés en 1998 et puis trois petits tours et puis s'en vont. Difficile de vous résumer ces 800 intenses pages qui relèvent de la prouesse littéraire, chapeau monsieur Cabré. Quelle maîtrise, quel style et quelle érudition ! On ressort sonné par cette folle épopée.

Par bien des aspects Confiteor ressemble au livre culte de Zafon, L'ombre du vent : même lieu (Barcelone), un enfant érudit et passionné comme principal narrateur, des secrets, une atmosphère romantique et désolée loin de la Barcelone touristique (on serait plus dans la Barcelone glauque et triste). Bref un roman à multiples tiroirs, aux nombreuses histoires qui se croisent, se perdent pour mieux se retrouver. Et au centre de cette myriade de personnages (si vous les retenez tous, je vous tire mon chapeau), un violon, véritable sujet d'adoration qui catalyse le bien et le mal et exige des personnages le Confiteor " je confesse ".

Pour une fois je ne vous résumerai pas ce roman et vous laisse en découvrir la 4e de couverture. Si différent, si singulier, Confiteor demeure un mystère que je laisse entier. Alors oui, certains passages m'ont perdue, j'ai presque failli abandonner. Mais quelle satisfaction quand la dernière page est tournée ! Et je ne suis pas peu fière. Aux curieux, Confiteor saura vous séduire.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Pépère sur ma route de lectrice aux dix prochains livres programmés, j'ai décidé de faire un crochet « Confiteor » à partir du moment où je me suis rendue compte que, qu'il plaise ou pas, tout le monde semblait s'accorder pour parler de style/construction inhabituel. Non pas que j'exècre les plumes dites « fluides » mais je semble m'accorder toute seule pour dire que l'inhabituel m'émoustille un peu plus.

Ainsi, je découvris la vie d'Adrìa Ardevol.
Enfance tristement tendre. Héritage d'un patrimoine matériel à l'histoire lourde. Amour, amitié, livres, musique, dessin, livres, savoir...

Mais peu importe, l'essentiel ne se trouve pas là pour moi.

Jaume Cabré m'a surtout impressionnée avec cet assemblage prosaïque complexe magistralement maîtrisé.
Tant pis pour les amoureux de la lecture en diagonale qui risquent de perdre un oeil face à cette construction ressemblant à un bazar décontenançant ou à un chaos désarçonnant. Et ça, même après s'être habitué au style.
Moi j'ai adoré être au plus près des pensées bouillonnantes et brouillonnes d'Adrìa. Au plus près de ses radotages intérieurs. de ses culpabilités. Jusqu'au bout. Et ça, même si je fut navrée de toute cette histoire.

Un « pputain » de crochet qui valait le coup.
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Comment être à la hauteur d'un grand amour ?
Comment vivre l'amitié ?
Comment assumer son hérédité et sa famille ?
Comment se frayer un chemin dans le monde musical, académique, littéraire, artistique ?
Comment être soi ?
Le roman de Jaumé Cabré nous place devant ces questions essentielles, à travers l'histoire d'Adrià, étudiant puis chercheur brillant, à Barcelone, sous le franquisme. Il a dû lutter contre des parents peu aimants, subir la fuite de la femme aimée, découvrir le passé trouble de son père collectionneur. L'auteur intègre cette histoire dans la trame du temps, depuis l'inquisition médiévale, jusqu'à Auschwitz, en passant par les facteurs de violons crémonais du 18e siècle. Nous suivons ainsi des glissements, surprenants au premier abord, d'une époque à l'autre, dans le cours des dialogues.
L'histoire d'Adrià et de son ami Bernat prend ainsi une ampleur insoupçonnée. L'on y voit partout comment le mensonge et la lâcheté déterminent les destinées. Adrià n'est pas le dernier à mentir. Il en est conscient et en souffre, mais comment faire autrement ? La seule façon d'en sortir c'est de l'écrire, c'est d'avouer. Mais cet aveu sera entaché d'un ultime mensonge.
Confiteor.
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J'ajoute ma petite pierre au concert de louanges pour ce roman dense et sinueux dans lequel c'est un bonheur de se perdre, malgré quelques longueurs.
Inquisition, Shoah, dictature franquiste, le roman embrasse large, et tant pis si l'auteur n'est pas toujours à la hauteur de son ambition, la sensibilité est vive et sa prose fonctionne dès les premiers mots.
Ses personnages sont là, vivants devant nous, Barcelone luit d'une splendide lumière sépia. C'est absolument jouissif de commencer une phrase à la première personne en 1950 et de la finir à la troisième dans un monastère mille ans plus tôt, de prendre des couloirs temporels aussi mystérieux que les méandres de l'esprit humain d'Adria nourri de culture, d'une histoire familiale elle aussi tout en méandres, de réflexions philosophiques sur la pensée humaine et d'expériences de l'amour.
Je ne suis pas sûre que cette lecture va laisser sa trace, mais elle fut en tout cas extrêmement plaisante.
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Dès les premières pages de "Confiteor", je suis accrochée et persuadée d'avoir fait un bon choix.
Le roman se présente comme un édifice effondré et qui, progressivement, au fil des chapitres se reconstruit. On s'habitue vite à ce style narratif assez déroutant et on se sent vite happé par le récit à la fois chaotique et magistral, qui entremêle les époques, les lieux, les personnages.
Il est question de l'imperfection humaine qui conduit trop souvent à des drames, du grain de sable ou de l'évènement fortuit qui bouleverse un destin, de la fragilité des instants de grâce, de l'importance de l'art dans nos vies (avec un bref hommage au génie de Schubert) des tourments de l'artiste face aux exigences de sa discipline, du besoin de reconnaissance et d'estime, du poids du passé et de l'héritage familial sur notre personnalité.
A travers l'histoire de personnages attachants dont Adria l'érudit , son ami et confident Bernat le musicien, c'est L Histoire et ses tragédies que l'auteur évoque et confesse, d'où le titre "Confiteor", car, face aux forces du Mal, responsabilité collective et responsabilité individuelle s'entremêlent.
Le fil conducteur est un violon d'exception convoité aussi bien par des interprètes que par des marchands, et dont on suit les mésaventures.
Un peu de lassitude vers la fin. J. cabré se répète et la confusion dans l'écriture qui reflète l'altération intellectuelle d'Adria atteint de dégénérescence, devient pénible.
C'est un roman difficile car le constat est amer. le Mal persiste au cours des siècles malgré toutes les belles théories humanistes qui ont vu le jour. Je sors de cette histoire avec le moral plombé.
A noter : si vous êtes un peu perdu dans l'identité des multiples personnages, reportez-vous à la liste en fin de livre. Je l'ai découverte tardivement.
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Adrià Ardèvol, un catalan âgé et malade, s'efforce de reconstituer l'histoire de sa famille pour Sara, son grand amour.

Adrià, fils d'un antiquaire et enfant brillant, se sent mal aimé par des parents qui placent beaucoup d'ambitions en lui. Dans un appartement-musée, sanctuaire de l'érudition paternelle, il étudie le violon et fait l'apprentissage de multiples langues étrangères. A la mort de son père, il découvre l'origine douteuse du trésor familial, un violon Storioni.

de l'Inquisition espagnole au Barcelone des années cinquante, de l'Allemagne nazie à l'Espagne d'aujourd'hui, la mémoire vacillante d'Adrià devenu vieux suit le trajet de l'instrument précieux.

Avec Confiteor, Jaume Cabré nous entraîne dans un voyage dans le temps, envoûtant et hypnotique. Les époques se mélangent, les personnages aussi, le lecteur tente de ne pas perdre le fil de cette écriture virtuose.

Réflexion sur la connaissance et la peur de l'oubli, l'art et la beauté, l'amour, l'amitié, la mémoire historique, le mal et l'impossibilité du pardon, Confiteor est une œuvre magistrale dont on pressent qu'elle nécessite plusieurs lectures afin d'en saisir toute la richesse.




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Confiteor ,
C'est l'histoire d'Adria Ardevol,
C'est l'histoire d'un violon,
Mais c'est aussi l'histoire du Mal ...

Adria Ardevol, alors qu'il sait que sa mémoire va s'effacer , écrit une longue confession destinée à l'amour de sa vie dans laquelle il essaie de racheter sa conduite souvent lâche et , au delà de ses propres faiblesses, les fautes paternelles comme si les enfants étaient également coupables des errements de leurs géniteurs : le pêché originel comme une tâche indélébile ...

Enfance tiraillée entre un père qui veut faire de lui un érudit et une mère qui a décidé qu'il serait un violoniste virtuose , Adria trouve refuge auprès de son ami Bernat . Il est fasciné par le violon que son père garde dans son coffre-fort , une pièce unique appelée Vial et dont l'acquisition par son père et le destin hors du commun sont à l'origine des nombreuses histoires se recoupant dans ce foisonnant roman . On voyage à travers les siècles et les pays, principalement pendant les périodes tragiques : l'Inquisition, l'Espagne sous Franco, la seconde guerre mondiale et la Shoah ...

Lecture exigeante, lorsque dans une même phrase , l'auteur passe d'un personnage et une époque à d'autres , lecture parfois revêche , où la tentation d'abandon est toujours latente car j'ai eu souvent le sentiment de tourner en rond ou de ne plus rien comprendre .

Pour une fois, un roman que j'ai apprécié mais que j'ai été contente de finir avec un ouf de soulagement ...
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Pour faire simple : le sujet du livre est le Mal.
Le Mal que le narrateur, Adriá, enfant sur-doué mal aimé par ses parents essayera de comprendre toute sa vie.
Pour faire plus compliqué : l'auteur s'ingénie à désarçonner le lecteur en changeant régulièrement d'optique, le narrateur étant le plus souvent au centre du récit, un récit qui s'égare, change de perspective, d'angle de vue, de temporalité, parfois même sans raison dans un paragraphe ou au détour d'une phrase quand tout à coup le « je » devient « il », quand l'action se déplace d'un siècle à l'autre ou d'un pays à l'autre.
Tout cela a l'intérêt de stimuler le lecteur et de l'obliger à être constamment sur le qui-vive.
Moyennant quoi j'ai terminé ce livre de 900 pages heureux, mais bien fatigué !
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