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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Complètement loufoque…

Quelle n'a pas été ma surprise à la lecture du dernier Jaume Cabré ayant en souvenir le magistral et impressionnant Confitéor. L'auteur catalan s'essaie ici au format court, nous pouvons même parler de novella, et le résultat est pour le moins surprenant. Drôle, loufoque pour ne pas dire totalement absurde par moment. Tellement étonnée, surtout eu égard à la superbe couverture signée Magdalena Wasiczek, promesse de poésie et de rêveries, je ne sais pas au final si j'ai aimé ce texte. Inventif, il sort des sentiers battus, c'est évident, je m'en souviendrai longtemps, ma lecture alternant entre éclats de rire et froncements de sourcils. Impossible d'être indifférent en tout cas à cet étonnant exercice de style auquel s'est essayé l'auteur.

Ismaël, un jeune professeur de littérature et polyglotte notoire, orphelin, mène une existence solitaire et triste. La vie du vieux garçon va bousculer une première fois lorsqu'il tombe amoureux de Leo, une jeune femme qui travaille dans une mercerie puis une seconde fois lorsqu'il accepte de monter dans une voiture conduit par un étrange individu, une vague connaissance, alors qu'il allait tranquillement chercher du pain. Il se réveille ensuite totalement amnésique mais comprend peu à peu qu'on lui reproche d'avoir tué une riche octogénaire. A partir de cette trame, Jaume Cabré tire plein de fils, chaque fil étant une trouvaille à part entière. Marlène Diétrich, Madame Bovary et le docteur Jivago seront de la partie en de troublants jeux de miroirs, ainsi que Godallet, un marcassin lui aussi orphelin comme Ismaël. de fréquentes allusions à Moby Dick font penser qu'Ismaël est lui aussi dans une sorte de ventre, le ventre mou des rêves. Et ces protagonistes, faisant sans doute partie de l'univers de l'auteur, déambulent dans une ambiance à la fois angoissante, oppressante et teintée d'absurdité.

« Devant lui, il y avait un immense entrepôt dans la pénombre. Il avança pieds nus, avec cette espèce de chemise ridicule qui le couvrait devant mais pas derrière, la poche de sérum à la main, dans ce hangar rempli de caisses, des quantités de caisses. Et au fond, une lumière allumée. Comme le bourdon est attirée par la flamme de la bougie jusqu'à être carbonisé, Ismaël se dirigea vers la faible lueur sans vouloir se demander si c'était prudent ou pas. A la différence d'un quelconque phalène suicidaire, il voulut fuir ».

Si j'ai aimé l'ambiance de ce roman à l'allure de fable, je n'ai cependant pas été entièrement convaincue et ai vu davantage un exercice de style facétieux dont j'ai observé les ficelles avec plaisir tout en restant légèrement au bord. Ceci étant, ce fut un agréable moment de lecture qui a le mérite de l'originalité, de la liberté et de l'audace ! Un vrai derviche-tourneur qui donne quelque peu le tournis…

« Nous tournons dans la nuit et nous serons consumés par le feu. Même si nous ne voulions pas ».


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Pour qui n'est pas familier de l'écriture de Jaume Cabré, il y a de quoi être dérouté par « Consumés par le feu ». Si vous n'avez pas lu le fameux « Confiteor », vous aurez du mal à comprendre comment, dans un même chapitre, on peut passer de la voix du protagoniste – un jeune professeur plutôt mal en point, qui a la très mauvaise idée de suivre un malfrat dans un coup tordu – à la voix d'autres personnages, y compris celle d'un marcassin, épargné par l'accident de voiture qui se produira une fois le forfait perpétré, et qui fera perdre la mémoire à notre héros.

C'est pourtant bien ce qui va se passer dans « Consumés par le feu » : Ismaël (c'est son nom) a une amour de jeunesse, Leo, qu'il va retrouver en allant par hasard dans la mercerie de son quartier, et son cerveau va en être chamboulé. Et ensuite Ismaël, alors qu'il allait chercher du pain, se retrouve embringuer dans une salle affaire, où il sera question du meurtre d'une nonagénaire qui recèle un secret, subira un accident de voiture avec une bande de sangliers, deviendra amnésique suite au susdit accident, sera emporté dans un pseudo hôpital (rêve ? cauchemar ? ou réalité ?) dont il s'enfuira, et sera recueillie par une femme de bonne volonté qui va l'aider à recoller les morceaux de sa mémoire.

Entre temps on aura aussi parlé de Marlène Dietrich, et il sera aussi question d'Emma Bovary et de Moby Dick.

Qui aime les récits linéaires où le futur succède gentiment au présent et au passé en toute logique devrait plutôt passer son chemin.
Ici le loufoque règne en maître. On risque fort d'être déconcerté si on n'admet pas qu'un marcassin (il s'appelle même Jabatin) puisse ressentir des émotions, une fois devenu orphelin, et parvenu au milieu d'un terrain de golf qu'il va forcément ravager (on imagine l'humour ravageur de son auteur).

Il y aura néanmoins, pour son public de lecteurs, une énigme à déchiffrer (qui donnera son titre au récit), il sera question de bibliothèques et de littérature, et des thèmes qu'affectionne Jaume Cabré, comme celui de la mémoire. Ici défaillante, mais est-ce que cela n'est pas mieux parfois ainsi, plutôt que de se souvenir des actes immoraux qu'on a commis ?

L'amour triomphera, même si les retrouvailles de Leo et d'Ismaël seront de courte durée. Mais qu'importe. On aura eu l'impression de lire un roman cubique où rien n'est vraiment normal et carrément loufoque, mais n'est-ce pas salutaire aujourd'hui ?
A défaut, on aura au moins passé un bon moment.
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Très tôt, Ismaël se retrouve livré à lui-même. Pour son père, il est fautif de tout. Alors qu'un jour ce dernier agresse son fils, Ismaël comprend alors que plus rien ne pourra être pareil désormais. Son père sera enfermé, et quant à lui, il devra rejoindre un foyer d'accueil. Grâce à un bon ami, mais surtout à Leo, une voisine dont il est amoureux depuis toujours, il va pouvoir se reconstruire peu à peu, jusqu'au terrible drame qui va le bousculer.

En voilà un roman aux allures de fable très original. Je n'avais pas encore lu de roman de cet auteur, mais suite à cette découverte, je serais très curieuse de découvrir l'un de ses précédents récits.

Je ne peux vraiment pas en dire trop, le roman étant vraiment très court, mais je peux vous garantir que j'y ai retrouvé une belle ingéniosité et une verve vive et riche, très plaisante à lire.

J'ai suivi avec un grand intérêt le parcours d'Ismaël. Quelques digressions viennent ponctuer le récit, mais elles seront nécessaires afin de recréer ce puzzle littéraire.

La plume m'a totalement conquise. Avec un style des plus originaux, vif et fluide, les pages défilent à toute vitesse. Ici, pas de chapitres, mais ne vous inquiétez pas, cela se lit vraiment très bien.

Un roman original, qui sort des sentiers battus, aux allures de fable. Une excellente découverte littéraire que je ne peux que vous recommander.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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.in girum imus nocte et consumimur igni.

Que dire de l'oeuvre de Jaume Cabré? Beaucoup sont celleux qui ont lu (ou abandonné) « Confiteor », un chef-d'oeuvre du XXIème siècle, sans aller voir au-delà. C'est compréhensible. Il faut du temps et de la concentration pour savourer l'écriture acrobatique et délicate de l'écrivain catalan. Et ses romans sont souvent des pavés, gardons cela à l'esprit. Mais on peut aussi apprécier l'homme pour ses talents de nouvelliste. L'hiver approchant, je vous recommande « Voyage d'Hiver » dont la première nouvelle, relatant le craquage grandiose d'un pianiste avant une représentation, est succulente.

Pour moi, Jaume Cabré est un monstre sacré. Et ce court roman (novella?) écrit fin 2020 nous donne à voir une nouvelle facette de l'écrivain.

Si l'incipit naturaliste et poétique - magnifiquement porté par la couverture signée Magdalena Wasiczek - et les premières pages rappellent la couleur funeste des nouvelles de « Quand arrive la pénombre », tout bascule rapidement vers une veine plus loufoque, où l'absurde se mêle au dramatique dans un style proche du théâtre contemporain. Les discussions entre Ismaël et Marlène sont savoureuses, entretenant un suspens malaisé. Pas étonnant non plus que les marcassins s'appellent Godallet, tant on pourrait parfois se croire propulser en pleine becketterie.

Un réjouissant moment de littérature, dont me restent des notes de douceur plus que bienvenues.

(On déplorera en revanche les coquilles et le prix élevé du livre.)
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J'ai tendance à abandonner rapidement les livres qui m'échappent et c'est ce que j'aurais fait avec Confiteor il y'a quelques années si une amie libraire ne m'avait pas persuadée d'aller au moins jusqu'à 100 pages.
Je n'ai jamais regretté cette persévérance qui m'a fait découvrir l'univers unique de cet auteur, qui je le conçois, peut désarçonner au premier abord.
J'ai retrouvé dans «  Consumés par le feu », les thèmes qui traversent l'oeuvre de Jaume Cabré, à savoir, le temps, la mémoire, le bien et le mal.
Et comme j'aime être bousculée tant sur le fond que sur la forme, ce livre m'a ravie.
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