Ce numéro des dossiers de l'art, "Botticelli le plus florentin des peintres florentins, a été édité lors de l'exposition de vingt et une peinture de Botticelli au musée du Luxembourg, en 2003-2004. Elle fut l'occasion de mettre en lumière les plus récentes découvertes sur l'oeuvre de celui qui à l'époque de Laurent de Médicis incarna la modernité absolue et sut conférer ses lettres de noblesse à un genre nouveau, la peinture mythologique. Si les plus grands chefs-d'oeuvre, le Printemps et la Naissance de Vénus peints sur panneau, n'ont pu être déplacés, la sélection présentée a permis néanmoins de rendre compte de la diversité et de la profonde originalité de l'art de Botticelli."
Exposition magnifique.
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La tradition italienne du portrait se rattache aux milieux humanistes. Elle puise en effet ses origines dans l'Antiquité, prenant dans les écrits de Pline l'Ancien et de Quintilien l'idée que la peinture est née du contour des ombres d'un corps -idée reprise au XVe siècle dans le De pictura d'Alberti. De l'Antiquité, elle emprunte également aux monnaies, qui représentaient le souverain de profil sous forme de médaille.
Dans la tradition flamande du portrait, le personnage, coupé au niveau des épaules ou de la poitrine, est placé de trois quarts devant une fenêtre ou un balcon qui laisse apparaître au loin un paysage, réel ou imaginaire. Cette position de trois quarts donne du mouvement à un portrait qui semble figé et permet de capter le regard du spectateur.
Il est difficile de comprendre la vie et l'oeuvre de Botticelli sans évoquer l'histoire de Florence au XVe siècle. Dominée et éclairée par la très remarquable figure de Laurent de Médicis qui fit d'elle une terre d'élection pour les artistes et les érudits, Florence est à la fin du XVe siècle un haut lieu de l'humanisme et de la renaissance des arts. La crise savonnarolienne et l'absence de digne successeur à Laurent va briser cet âge d'or.
A l'aube du XVIe siècle, Florence laisse la place sur la scène intellectuelle et artistique à la toute puissante Rome.
Formé dans un atelier d'orfèvre, puis dans l'atelier de Filippo Lippi et de Verrocchio, Botticelli affirme l'originalité de son style ; des premières Madones aux grandes peintures mythologiques suscitées par les Médicis et leur entourage, puis à ses dernières oeuvres exécutées après la crise savonarolienne, il reste fidèle à la ligne, à cet art ornemental et poétique qui fait sa gloire au temps de Laurent le Magnifique, et à son archaïsme, alors que s'épanouit au XVI siècle la Renaissance classique.
Entre 1450 et 1480, l'Italie connaît un engouement certain pour la peinture flamande, Laurent le Magnifique, grand collectionneur, possède lui-même des oeuvres de Jan Van Eyck et de Petrus Christus.