« Bonjour les…
-OUIIIIIIINNNN !!!!
-Mais qu'est-ce qu'il se passe, ici ?
-Ah ben il était temps que tu arrives, c'est pas dommage ! Ca fait des heures qu'il est comme ça !
-Quoi ? Qu'il est comme ça qui ?
-Le cheese-cake de Caton ! Il n'arrête de pleurer.
-Mais pourquoi ?
-Je ne sais pas, il ne veut rien me dire à moi ! Tiens, prends-le, j'm'en vais ! J'vais écouter du metal sur Toituyau, ça va me détendre, j'ai la tête comme une pastèque.
-Mais… mais, mais j'ai jamais consolé un livre, moi, je sais pas comment on fait !
-Ah Déidamie, tu l'as voulu, tu l'as eu, tu l'assumu*. Débrouille-toi ! *porte virtuelle qui claque*
-Allons… euh… *tapote la quatrième de couverture* c'est quoi ce… euh… gros chagrin ?
-OUIIIIIIIIIIINNNN ! Personne ne m'aimeuh !
-Oooh, il ne faut pas dire ça, mon chouquet. Moi, je t'adore !
-Oui, mais toi, ça compte pas ! *voit la tête de Déidamie* ‘Fin… c'est pas pareil, quoi…
-Bon, explique-moi. Pourquoi tu penses que personne ne t'aime ? Ta maman, elle est tellement fière de toi ! Et elle a raison, il y a de quoi.
-C'est L'affaire Harry Québert, elle se moque de moi ! Personne me lit… alors… alors… elle m'appelle l'échec critique ! Bouhouhouhou !
-Un jour, il faudra que je lui règle son compte à celle-là. Mais revenons à toi. S'il n'y a que ça pour te faire plaisir, je t'en fais une, de critique.
-Snif ! C'est vrai ?
-Mais oui, c'est vrai ! Allez, sèche-moi ces pages et on y va. Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler Antiquité avec ce jeune livre, pas du tout aussi triste qu'il en a l'air plus haut,
le cheese-cake de Caton et autres histoires romaines, d'
Eva Cantarella.
-Chais pas si c'est une bonne idée, finalement. L'Antiquité, ça n'intéresse personne, et puis tu vas déranger les gens…
-Les gens, ils sont grands, ils passeront vite à autre chose s'ils s'ennuient. Quant à l'intérêt, tu as raison et tort en même temps. Oui, l'Antiquité constitue le domaine de prédilection d'une minorité d'érudits. Cependant, il y a des dizaines d'oeuvres à ce sujet qui connaissent le succès.
Les cours d'histoire peuvent avoir mauvaise réputation suite à de persistants traumatismes scolaires, mais tu n'es pas un cours d'histoire : tu es un cours de civilisation sur la vie quotidienne des Grecs et des Romains. Un pont jeté entre eux et nous, en somme, pour nous apprendre à les comprendre.
-Ah bon ?
-Mais oui. Et tu n'es pas ennuyeux une seconde. Sais-tu pourquoi ?
-Beeen… non.
-Allons, rappelle-toi comment tu fus conçu. Un jour, ton autrice est contactée par un journal pour animer une petite rubrique de vulgarisation sur l'histoire antique. Elle s'applique donc à rédiger de courtes chroniques. Elle était parfaitement consciente qu'il lui fallait divertir ses lecteurs pour les intéresser à ce qu'elle disait.
En plus, tu n'as forcément beaucoup de temps pour lire un journal : il lui faut donc adopter un ton léger et rédiger des textes brefs. Et au bout d'un moment, elle s'est rendu compte qu'elle pouvait te faire en livre, en réunissant tous ces petits textes. Et te voilà.
L'avantage du format bref qu'elle choisit, c'est qu'il n'est nul besoin de soutenir son attention très longtemps pour prendre connaissance d'un petit morceau de culture antique, ni de détenir les connaissances encyclopédiques d'un double agrégé pour comprendre. Sans sombrer dans un ton bébête, elle illustre son propos de citations littéraires de l'époque.
Cela fait de toi un plaisant petit ouvrage, une tesselle** de savoir dans la vaste mosaïque de la connaissance !
-C'est gentil… mais t'exagères un peu, non ?
-« Un soupçon de grandiloquence ne cause point de nuisance », dit un célèbre proverbe inconnu puisque inexistant.
En revanche, pour être tout à fait juste, ledit format possède un léger inconvénient. J'ai trouvé que certaines anecdotes manquaient de précision. Celle sur les coiffures de mariées romaines, par exemple, aurait mérité plus de développement, je ne suis pas parvenue à me figurer complètement de quoi il retournait. Certains billets sur la mythologie m'ont laissée sur ma faim.
Toutefois, il ne tient qu'à moi de me renseigner davantage et ces menus bémols n'ont pas, ou si peu, entamé mon plaisir de lecture. J'ai même éprouvé l'envie de lire les Anciens. Tu vois ? Non seulement tu nous lies à des personnes parfaitement inconnues, dont la culture est à la fois si semblable et si différente de la nôtre, mais tu pousses aussi le lecteur à en découvrir plus et à s'initier à la littérature et/ou à l'histoire antique. »
*Une nouvelle preuve que n'est pas Jules César qui veut.
**Petite pièce de pierre, de verre ou de céramique composant le dessin d'une mosaïque.