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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le thème de « L'autre côté des montagnes » est universel. Silverton est une ville comme on en trouve beaucoup dans tous les coins de la planète. Une entreprise qui fait vivre la majeure partie de la population parmi laquelle beaucoup se sont résignés à une vie monotone, conscients de se ruiner la santé dans un travail certes rémunérateur mais nocif et dangereux. Comme partout dans ce genre d'endroit, certains rêvent de partir, de refaire leur vie dans un ailleurs auquel ils s'accrochent sachant, au fond d'eux-mêmes, que ce saut dans le vide ne se fera jamais. Alors l'alcool aide à tenir, on boit beaucoup à Silverton, comme dans beaucoup de romans américains qui dénoncent les travers de l'industrialisation. Mais c'est lors d'un accident dans la mine d'argent, cette mine qui deviendra le tombeau d'une grande partie de l'équipe en place, que certains vont réellement remettre leur existence en question.
Kevin Canty reprend, dans un style fort, le thème du profit industriel au détriment des populations avec des portraits humains très profonds.
Un livre désespéré et touchant.
Merci aux éditions Albin Michel et Babelio pour ce beau moment de lecture.
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Le coeur de Silverton bat au rythme de la mine d'argent qui fournit aux hommes un travail bien payé et l'assurance d'une vie confortable mais qui vole aussi des vies. Les hommes s'accommodent des risques liés à leur travail, ils ont une femme des enfants et un pick-up. Une vie simple et routinière bercée par la rumeur des bars et anesthésiée par l'alcool qui coule à flot. Les femmes encaissent les chèques, élèvent les enfants, tiennent la maison et parfois même ont un petit boulot. Pour certains un bonheur simple qui se transmet de génération en génération, pour d'autres une prison. Certains rêvent d'ailleurs, d'une vie de l'autre côté des montagnes. Pas si facile pourtant de quitter cette terre. Les habitants ont les pieds enracinés dans les galeries des mines et leur horizon est flou, obscurci par les fumées toxiques qui s'en dégagent.
Quand une catastrophe décime une grande partie des mineurs et donc des habitants de Silvertone, cela provoque un électrochoc chez ceux qui restent. Certains choisiront l'introspection d'autres l'autodestruction. Malgré le choc et le deuil douloureux c'est pour Ann l'occasion de changer de vie, de même que pour Lyle, un rescapé. Encore faut-il avoir le courage de saisir cette opportunité. David lui est tiraillé entre deux mondes, entre un désir d'ailleurs et le réconfort d'une vie qu'il a toujours connu. Il cherche sa place.

On traîne ses boots à Siverton accablé par la mélancolie qui pèse sur nous comme une chape de plomb. Elle nous enveloppe telle une brume épaisse et étouffante.
Kevin CANTY nous dépeint des portraits d'hommes et de femmes pleins d'humanité, avec leurs forces et leurs faiblesses. Des âmes cabossées, malmenées par la vie. L'histoire prend fin dès qu'une lueur d'espoir apparaît nous laissant frustrés de ne pas en savoir plus sur le devenir de ces personnages auxquels nous nous sommes attachés. J'ai beaucoup aimé ce récit mais je regrette la fin un peu trop abrupte ainsi que quelques longueurs. Malgré tout l'ensemble reste agréable à lire si on aime les lectures sombres. L'ambiance est lourde et pesante, restituée par la talentueuse plume de Kevin CANTY. Elle nous prend aux tripes et nous poursuit une fois le livre refermé.
Un roman noir sonne comme un vieux blues au rythme lent et profond.

Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique privée. C'est une belle découverte.
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Un roman totalement bouleversant sur une Amérique ouvrière, et laborieuse! Kevin Canty entraîne les lecteurs dans le Nord-ouest des Etats-Unis, entre les villes de Missoula, de Spokane, à la frontière entre les états de l'Idaho et du Montana. A Silverton, une mine d'argent fait vivre presque toute la population au prix du dur labeur des mineurs. Ce sont ces vies souvent difficiles, faites de frustration, d'attente de jours meilleurs qu'il nous montre au début du roman. Il nous fait partager les vies de David, le seul a avoir quitté Silverton, pour l'université, l'étudiant, qui reste très attaché à sa famille, de Ann la jeune femme de Malloy, qui voudrait tant avoir un enfant, celle également de Jordan mariée à Ray, ils ont deux petites jumelles, celle de Lyle et de quelques autres. Chacun a ses problèmes, beaucoup s'adonnent par ennui à l'alcool, car les bars sont les seuls lieux de rencontres. Elle n'est pas très gaie, mais c'est leur vie et l'auteur nous en rend parfaitement la morosité. En 1972, un incendie se produit dans la mine, cette catastrophe va entraîner de nombreux morts, des disparus, heureusement quelques survivants. A partir de ce drame c'est toute la communauté qui est plongée dans le chagrin et le désarroi. Kevin Canty réussit merveilleusement à montrer la tension qui règne sur le carreau de la mine lorsque les familles sont dans l'incertitude, au fond pour les mineurs emmurés , puis dans les maisons lorsque les hommes ne rentrent plus, ainsi que le bonheur des femmes de ceux qui ont survécus, et enfin le poids de absence. Il nous fait pénétrer dans l'intimité, jusque dans les pensées des personnages qui se remémorent le souvenir des disparus. Ce sont les détails qui font toute la force émotionnelle du roman, les bruits qui montrent le poids de la peine, les odeurs de la peur, les couleurs de la tristesse, et des images de la solitude dans les bars, dans les maisons, dans les têtes. Les gestes du quotidien qui ne sont plus les mêmes, pour les épouses, pour les frères dont les larmes se mélangent à la pluie et qui cherchent des moyens pour noyer ce chagrin, l'alcool encore, l'amitié, la solidarité, l'amour, le changement d'horizon. Les années 70, sont parfaitement reconstituées, tant sur le plan des décors, que des musiques, que des habitudes de vie. Puis, au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, on sent que, le temps fait son oeuvre pour atténuer les souffrances, et enfin, l'espoir revient lorsque des liaisons se renouent. La forme narrative adoptée par Kevin Canty rend à la perfection le climat pesant qui régnait sur cette Amérique profonde confrontée à une catastrophe, car c'est un fait réel qui a servi de point de départ au roman. Personnellement, j'ai été très ému par ce livre et je remercie Babelio, l'opération Masse Critique et Albin Michel de m'avoir permis de le lire.
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Je n'avais jamais lu Kevin Canty même si je dois prochainement lire son recueil de nouvelles. J'ai décidé d'emporter son roman dans l'avion, et je l'ai dévoré ! Lu d'une traite, impossible de le reposer. Si vous me connaissez, vous savez à quel point j'aime suivre l'histoire de gens simples, ordinaires, au fond de l'Amérique et Kevin m'a offert un moment merveilleux en leur compagnie
Et un retour au Montana de surcroît. Nous voici à Silverton, petite ville minière du nord-ouest en 1972. Comme de nombreuses villes du Nord en leur temps, la mine d'argent régit toute la vie de la petite ville. Les grands-pères, pères et petits-fils prennent le relais à chaque génération. Malgré les conditions de travail très difficiles, la majorité des hommes ne se posent pas la question. On fait ses études jusqu'au lycée puis on part travailler à la mine, après avoir épousé sa petite-amie à 18 ou 19 ans. Silverton est très loin de l'agitation des grandes villes de la côte Pacifique, du mouvement hippie. Et les habitants regardent bizarrement ceux qui choisissent de s'y installer ou partent faire des études supérieures.

David en l'est exemple type. Il est en troisième année d'université dans un autre Etat, et beaucoup s'interrogent sur son mode de vie, même sa sexualité. Mais on le laisse en paix car son frère Ray, et son père, sont des mineurs respectés. David est un garçon secret qui n'a jamais été attiré par la mine et fréquente en douce son ancienne prof de piano du lycée. Lorsqu'il rentre à la maison, il suit son frère au bar où celui-ci va toutes les semaines faire la fête avec ses autres amis mineurs, dont Malloy, l'époux d'Ann. Jordan, la très jeune épouse de Ray est fatiguée de le voir constamment bourré, à vingt ans à peine, elle est déjà maman de deux petites filles âgées d'un an.
Ann de son côté, rêvait de la Californie et d'une autre vie. Son père, notable, n'a pas compris le choix soudain de sa fille d'épouse un mineur, Malloy. Son amour de lycée. Les deux essaient d'avoir un enfant sans succès, leurs relations sexuelles ne sont plus les mêmes. Ann rêve à nouveau de s'échapper. Parfois elle prend sa voiture et roule longtemps. Mais un jour une catastrophe survient qui plonge toute la ville dans l'effroi. Lyle, autre personnage phare du roman, se retrouve coincé au fond de la mine, avec un autre mineur. Les voici enterrés vivants ….
Que dire ? Ceux qui aiment comme moi, le Boss (Bruce Springsteen) auront le sentiment que sa musique vous accompagne tout du long. L'artiste aime les gens ordinaires et Kevin Canty est sa version écrivain. On sent constamment le regard bienveillant de l'auteur sur ses personnages, comme Kent Haruf et c'est, si vous me connaissez, ce qui me plaît tant chez les romans américains. Oh, les personnages ne sont pas des héros, loin de là. Ils ont leurs faiblesses, leurs défauts. Mais ils sont aimables. Impossible de rester impassible face à ces jeunes gens qui répètent la vie de leurs parents, qui noient leur ennui dans la sortie au bar le vendredi soir. J'ai adoré le personnage de Lyle, le plus vieux, la quarantaine, avec un compte en banque bien fourni, mais qui ne sait faire que ça : descendre à plusieurs centaines de mètres creuser la roche.

Lorsque la tragédie frappe, la vie de nos personnages est brisée, s'écroule. L'auteur américain sait magnifiquement reconstituer ses moments intenses d'attente, de crainte et de stupeur. J'ai pensé à « Voyage au bout de l'enfer » de Michael Cimino. le film racontait l'histoire de trois amis, sidérurgistes dans une petite bourgade de Pennsylvanie partis à la guerre en 1968. L'histoire est évidemment différente, mais au début du film on retrouve cette vie de jeunes gens ouvriers, mariés si jeunes, dont l'avenir est déjà tout tracé.
Autant vous dire que je vais m'empresser d'aller sortir le recueil de nouvelles à mon retour et de lire son autre roman traduit aux éditions Albin Michel. Une grande découverte ! Un auteur chouchou en plus, quelle bonne façon de commencer le mois de mars

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L'histoire se déroule dans le nord-ouest des Etats-Unis, en 1972.

David étudie à l'université, à Missoula, et rejoint le week-end ses parents, de l'autre côté des montagnes à Silverstone, petite ville minière de l'Idaho, rurale et isolée. Il croise là-bas son frère, Ray, sa femme, Jordan, et leurs jumelles.

En dehors de la mine, il n'y a que des bars où tous se saoulent, et l'Oasis, une maison close.

Une catastrophe survient : des centaines de mineurs sont coincés dans les galeries : il y aura peu de survivants.

L'auteur nous fait partager l'angoisse des mères et des épouses qui attendent des nouvelles, puis l'onde de choc, le chagrin, noyés dans l'alcool. le paysage est aussi triste que l'air qu'ils respirent tous, chargé de cadmium et autres produits toxiques, mais aucun ne veut partir.

Le récit est émouvant, mais l'alcool noie tout. Aucun personnage n'est vraiment attachant.

Il y a quelque chose qui ne prend pas. Beaucoup de personnages qui vivent en parallèle mais sans véritable lien entre eux. Il manque une émotion collective, une révolte à la Zola. Et il y a trop de scènes de beuveries dans des bars enfumés...

Et de l'autre côté des montagnes, ce n'est pas mieux...

J'aurais aimé en apprendre plus sur l'après catastrophe : que vont faire les dirigeants de la mine : la fermer ou pas, indemniser les victimes et leur famille ou pas, améliorer les conditions de vie et la sécurité des mineurs ou pas ?

C'est un livre bien écrit, émouvant mais il manque une étincelle pour que ce soit un coup de coeur (l'étincelle qui a mis le feu dans la mine et dont on ne saura rien).
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“ C'est étrange, cet exact avant et après, ce moment tranchant comme une lame de rasoir qui sépare une vie d'une autre, celle qui s'est achevée et celle qui n'a pas encore commencé. Qui ne verra peut-être jamais le jour. Mort-née. Et être ces deux personnes dans la même peau, en même temps. ”




En 1972, dans une petite ville minière de l'Idaho, il y aura désormais un avant et un après. Une catastrophe survient à la mine d'argent où travaille une grande partie de la population de Silverton.


" - Des nouvelles ? demande-t-il.
- Rien dit sa mère. Des rumeurs.
- Rien qui laisserait penser que ça va ? 
- Je ne sais pas David. En attendant qu'un des responsables nous en dise plus, ce ne sont que des rumeurs. ” 





C'était déjà pas facile avant, alors maintenant avec tous ces hommes en moins l'ambiance déjà pesante est devenue irrespirable.
Cette exploitation minière était déjà responsable de la pollution de l'environnement et de dégâts irrémédiables au niveau de la santé des habitants. Pas surprenant que certains cherchent à fuir, mais l'argent l'emporte toujours

.


" Pourquoi vivre ici ? Après toutes ces années, les fumées du haut-fourneau ont fini par tuer les arbres. Remplacés par un enchevêtrement de broussailles sur les coteaux.(...) La moitié des voitures semblent abandonnées. Les chiens aboient au passage de celles qui circulent encore. Les gens sont restés là parce que la paye était bonne et que la vie était agréable, mais que reste-t-il de cette époque ? On dirait une ville de pauvres, de gens de passage qu'un bon coup de vent suffirait à balayer. ” 




C'est au bar, où l'alcool ne cesse de couler que les hommes et les femmes se retrouvent, et tentent d'oublier chacun à leur manière, leur douleur et leur colère.


“ le whisky aide toujours. Jusqu'à ce qu'il n'aide plus. ”

“ C'est à nous tous. Ce chagrin n'est pas seulement le sien mais celui de tous les autres. " 



La plume de Kevin Canty est teintée de blues. Tantôt ardente et fulgurante, tantôt habitée d'une infinie mélancolie où se mêlent la tragédie mais aussi l'espoir. À travers une histoire tirée de faits réels , l'auteur s'attache aux suites de cette catastrophe sur ces hommes et ces femmes plongées dans la douleur.
Un roman sombre, chargé de souffrance où l'espoir cherche sa place. 
L'auteur nous offre un regard profond sur le destin de cette population malmenée, brisée qui devra se relever après cette onde de choc et de chagrin.

Un roman que j'aurais aimé plus dense pour partager plus longtemps ces vies croisées, torturées et poursuivre ce blues qui m' a tant bouleversé. 

Une lecture qui n'en reste pas moins déchirante.
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David a quitté la petite ville minière où il est né pour aller étudier à Missoula, dans le Montana. Il tente ainsi d'échapper au destin tout tracé des hommes de Silverton, devenir mineur pour le compte de la compagnie qui exploite un gisement argentifère. Son père et son frère Ray travaillent à la mine et leur corps porte l'empreinte de ce travail dangereux et exténuant. La paie est bonne mais pour beaucoup de ces hommes elle est vite dépensée dans les bars et à l'Oasis, le bordel du coin. Les épouses s'accommodent tant bien que mal de la situation, entre lassitude et impuissance face à des maris qui risquent leur vie à plus d'un kilomètre sous terre. Kevin Canty en quelques chapitres secs et incisifs nous décrit le quotidien des familles de mineurs, la virilité exacerbée des hommes, les corps abîmés par des conditions de travail extrêmement dures, mais aussi par les beuveries des jours de paie, les femmes mariées trop jeunes et désabusées face à une existence morne et confinée. Et puis, la tragédie arrive, un incendie se déclare dans les galeries de la mine qui fait plus d'une centaine de morts. Comment vivre l'après ? Comment faire face au deuil, au vide ? Pour Jordan, la femme de Ray, c'est la fuite en avant dans l'alcool. Mais pour d'autres, l'étudiant David, l'épouse insatisfaite Ann Morgan ou le survivant Lyle, l'après se vit comme le moment d'affronter des questions que l'on a enfouies depuis des années au plus profond de soi.
Dans un style aiguisé par la colère et le désespoir de ses personnages, l'écrivain brosse à traits rapides le portrait sans concession d'une petite cité minière au pied des Rocheuses, au tournant des années soixante-dix. Un monde ouvrier enclavé dans une nature grandiose, fier de ses traditions, menacé par la course à la rentabilité et dont le déclin se perçoit dans l'envie d'évasion des jeunes générations. D'un bout à l'autre de son roman, Kevin Canty emporte son lecteur et gagne le pari d'une oeuvre forte et émouvante.
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Chaque roman de la collection Terres d'Amérique est un régal à lire, j'ai passé ainsi un très beau moment de lecture avec de l'autre côté des montagnes.

Ce roman met en lumière une Amérique loin des cartes postales. Nous sommes dans les années 70, dans une petite ville du nord-ouest où les habitants vivent et survivent grâce au travail dans les mines. Mais que se passe t-il lorsque le drame survient ? Telle est la question posée par ce roman et Kevin Canty. Ce dernier réussit à dépeindre avec force, émotion et brio une ville plongée dans l'horreur, souffrant d'un terrible drame.

Ce qui est puissant dans cette lecture c'est la façon dont l'auteur décrit ce quotidien brisé, comment une tragédie va impacter chaque habitant au point de les amener à se consoler, à vouloir oublier dans l'alcool. Kevin Canty met en exergue des scènes de profonde misère, de détresse, de tristesse qui vont devenir progressivement omniprésentes.

Au niveau des personnages il est intéressant de voir que l'auteur ne les juge jamais, il met en avant des protagonistes différents, qui ont des personnalités très variées, certains sont plus en proie au chagrin d'autres plus à la colère; certains plus attachants que d'autres. En réalité ce sont les émotions et les sentiments qui transcendent tout dans cette histoire, une émotion commune de perdition, d'incompréhension et de désarroi.

En définitive, j'ai beaucoup aimé ce roman qui est à la fois sublime, terrible, dramatique et émouvant.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Silverton, Oregon, nord ouest des Etats-Unis, 1974. L'auteur nous présente quelques personnages : David, colocataire de Melody, il souhaiterait bien l'inviter dans son lit, elle non. Il est plus ou moins amant de Vivian, sa prof de piano, elle-même peu snobe sur le biberon. Ray le frère de David est mineur, a eu deux jumelles avec Jordan qui ne crache pas sur un petit verre. Malloy, un autre personnage est aussi mineur. En couple avec Ann dont il est très jaloux, pas touche. Ann a une jeune soeur, Penny, sourde muette, attachante, libre malgré son handicap. Quant à Lyle, mineur également, séparé d'avec Trudy l'amour de sa vie, il souhaiterait bien une aventure avec Lily. Mais rien ne se passe. Pour info le père de David et Ray bosse dans les bureaux de la mine d'argent qui accessoirement pollue la vallée encaissée.

On pourrait se trouver devant une bluette au coeur d'un bourg chiant et des habitants banals, un rien aigris, un brin rednecks modernes, picoleurs, mais plus pour s'étourdir que pour danser la country sur des tables de saloon. Seulement voilà, la mine, point central de la ville, prend feu. Et là tout bascule, les destins, les envies, les attentes, etc., car comme vous pouvez vous en doutez, certains vont laisser leur peau à quelque 1200 mètres sous terre, ne vont jamais remonter, ou alors les pieds devant, poumons saturés de monoxyde de carbone. Près de 100 ouvriers victimes de la grande faucheuse, enterrés avant l'heure.

Au-dessus, sur la terre ferme, les nouvelles sont rares, erronées. La radio donne bien des informations, mais qui tiennent plus de la rumeur que d'autre chose. Bref, Lyle est au fond de la mine, en binôme naufragé avec Terry. Eux vivent le cauchemar au quotidien, ça va durer 16 jours. Mais reviendront-ils à l'air pur pour tisaner avec les collègues ?

Comme vous avez pu le sentir, au début du roman les personnages ne m'ont pas fait forte impression : vie banale, fantasmes, projets, famille, bistrot, dans une réalité plutôt misérable. Puis le drame, et là les caractères s'approfondissent, se développent, s'étoffent dans la souffrance, le chagrin, la destinée, la nostalgie, la mélancolie, l'envie d'avancer qui ne vient plus. Roman basé sur la reconstruction, les cicatrices psychologiques, l'absurdité de la vie, les regrets, les remords, les « merde tout ça est trop con ».

Le fond (de la mine) : l'accident évoqué dans ce bouquin a réellement eu lieu, et réellement en 1972. Bien sûr, ça ne peut que nous rappeler l'excellent roman de 2017 « le jour d'avant » de Sorj CHALANDON (par ailleurs présenté en son temps dans ce blog) qui, lui aussi d'après une tragédie minière mais survenue en 1974 dans le nord de la France, imagine des figures cassées, des avenirs brisées. le résumé de « de l'autre côté des montagnes » le compare aux « Beaux lendemains » du grand Russell BANKS. Oui pour la reconstruction, mais le climat est cependant assez différent.

Dans le livre, les gens prient, croient, vont à l'Eglise, comme insensibles aux nouvelles mouvances culturelles et artistiques (je pense aux hippies notamment), une ville figée dans ses traditions.

Ce livre aurait pu être un des « page turners » dont on se sépare sans scrupules, que l'on referme comme on boit une gorgée d'eau tiède. Mais il y a le drame minier, les protagonistes mûrissent d'un coup, se rident le coeur. Roman désenchanté sur le post-trauma, il est prenant et froid comme une mine abandonnée. Pour finir la couverture est magnifique. le drame ne survenant pas très tard dans l'histoire, vous serez rapidement dans le vif du sujet.

C'est la collection Terres d'Amérique qui propose ce roman de 2018, âpre, lent, violent, sombre aux relents sordides voire morbides. Vous pouvez l'amener sur les plages cet été, mais je ne suis pas convaincu qu'il puisse vous détendre.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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En 1972, dans une petite ville des Etats-Unis, la mine est le principal emploi des hommes. La vie n'est pas facile, et certains ne pensent qu'à partir. Quand une catastrophe se produit à la mine, toute la communauté est concernée, sous le choc et pleine de chagrin.

C'est un livre dont je me souviens avoir repéré la couverture, elle me semblait assez triste et désolée mais m'attirait. J'ai eu la chance que Babelio m'offre la possibilité de lire ce livre dans le cadre d'une Masse Critique Privilégiée, je les remercie donc, ainsi que les édition Albin Michel, pour cette lecture que j'ai beaucoup appréciée.
J'ai beaucoup aimé découvrir ces tranches de vies, pas faciles et ces gens qui font face à des situations difficiles et luttent pour faire de leur mieux et s'en sortir comme ils peuvent.

J'ai aimé :
– le style de l'auteur, sa plume toute en sensibilité, qui a su m'emporter dans cette histoire et me présenter des personnages cabossés par la vie, que j'ai eu envie de suivre et de découvrir au fil de son récit.
– cette communauté de mineurs qui traverse des heures sombres. J'ai trouvé le récit de leurs vies très sombre mais juste, il sonnait vrai, même si ces personnages enchaines les drames et les malheurs, je ne me suis jamais dit que c'était trop ou que cela en devenait ridicule. Beaucoup d'entre eux sont désabusés, violent ou alcooliques, d'autres rêvent de s'évader, de changer de vie pour s'éloigner de la violence et de l'alcool justement.
– les personnages de Lyle et Terry. Ce sont ceux auxquels je me suis le plus attachée. Je les ai trouvés touchants et sensibles, leurs conversations sont à la fois profondes et simples, allant à l'essentiel et j'ai beaucoup aimé ces passages dans ma lecture.

Ce n'est peut être pas à lire dans un moment de déprime ou de tristesse mais c'est une lecture que j'ai vraiment appréciée, un univers sombre, triste et gris mais d'une grande sensibilité porté par une très belle plume.
Lien : https://chronicroqueusedeliv..
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