AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 184 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  

Les maisons ont une âme.
Et elles parlent.
La preuve, mon appartement m'adresse souvent la parole.
En pleine nuit, quand j'entends mon plancher qui grince, je traduis immédiatement ses mots :
- Anty, il commence à y avoir beaucoup de poussière en dessous du lit, tu ne pourrais pas donner un petit coup de balai ?
Quand il émane une vague odeur nauséabonde, je comprends :
- Tu devrais ouvrir un peu la fenêtre, ça commence à sentir le fauve chez toi.
Et quand je sors chercher le courrier et qu'un coup de vent reclaque brusquement la porte d'entrée, j'arrive à percevoir son petit ton ironique :
- Ah, tu as encore oublié tes clefs à l'intérieur ? Bon ben il ne te
reste plus qu'à appeler un serrurier.

Oui, les demeures parlent. Et ça n'est pas le refuge du Val Sinestra qui prétendra le contraire.
"Mes murs soutenaient les maux du monde et leurs fissures n'étaient que les cicatrices de mes échecs."

La dernière fois que je suis allé en Suisse, je me suis contenté de me promener dans Lausanne, découvrant en charmante compagnie ses différents quartiers, deux de ses restaurants, ses centres universitaires hospitaliers et bien sûr les abords du lac Léman.
Tout à l'Est, encore aujourd'hui, dans les Grisons ( le plus grand canton de Suisse, tout en relief montagneux ), le Val Sinestra est, comme son nom l'indique, un endroit des plus bucoliques abritant un hôtel homonyme.
La bâtisse existait déjà en 1942, l'année durant laquelle se déroule le roman, alors que la seconde guerre mondiale sévissait dans les pays alentours.
Considéré comme un refuge, quatre nouveaux pensionnaires échappant aux Allemands vont quitter la France pour y trouver un abri. Ils y seront accueillis par Signur Guillon, leur hôte et maître des lieux, et par son bras droit, El Docter ( de nombreux mots sont écrits en romanche par souci
d'authenticité ).
Et oui, l'histoire d'Armelle Carbonel va multiplier les narrateurs, donnant tour à tour la version de ces nouveaux arrivants et des pensionnaires plus anciens de l'immense manoir aux décors féériques.
"Perché dans les hauteurs, le Val Sinestra déchirait les lambeaux de brume flottant comme des étendards funestes."
"Les meurtrières côtoyaient de larges vantaux, percés de manière anarchique par le doigt affûté d'un architecte fou."

Les résidents sont répartis par catégories : Les dames au premier étage, les homme au second, et les nombreux enfants - séparés de leur mère lorsqu'ils ne sont pas déjà orphelins - au troisième étage.
Beaucoup prendront la parole tour à tour, au même titre que la monstrueuse forteresse, considérée comme personnage à part entière et narrateur omniscient.
"Car ma nature n'épargnait pas les âmes innocentes. Elle les détruisait."

Rapidement, le lecteur se rendra compte que le Val Sinestra n'est pas le havre de paix dont pouvaient rêver les réfugiés.
Mais quel est en réalité le rôle de ce macabre refuge isolé ? A quelles expériences s'adonne le fameux El Docter avec la bénédiction du Signor Guillon ?
La présence d'eaux curatives à proximité pourrait faire penser à une station de cure thermale, mais les traitements infligés aux pensionnaires semblent se rapprocher davantage de la torture.
Pourrait - il s'agir d'un hôpital hanté et désaffecté ?
Comment ne pas penser, en ces temps troublés, à un centre d'expérimentation nazi ?
Notamment avec le sort réservé à Arthur, jeune juif au nez crochu, à qui l'on propose d'inhaler des semaines durant une nouvelle sorte de gaz pour le guérir de son hypersomnie.
"Tous les enfants envoyés ici sont malades, d'une manière ou d'une autre."

Je vous dirais bien que ce roman va vous permettre de retrouver votre âme d'enfant, mais la plongée dans l'horreur est telle que je ne souhaite pas à vos souvenirs de refaire surface.
Atteints de boulimie, d'onirophobie, de surdité ou d'hystérie, quels remèdes va nous concocter le savant fou pour soigner ses différents patients ?
"Il pénétrait dans le monde incongru et malsain d'une science inexacte."
Comment venir à bout de l'homosexualité perverse de Valère, l'un des principaux protagonistes âgé d'à peine douze ans ?
"Vous remarquerez son penchant abject pour les enfants de même sexe …"
Comment faire recouvrer la vue à la jeune Ana, victime de cécité de conversion ( comme Gabriel pour ceux qui ont lu La prunelle de ses yeux d'Ingrid Desjours ) depuis le choc psychologique provoqué par l'exécution de son père par un soldat du Reich ?
"Le destin emprisonné dans sa coquille de noir absolu, dérobant les formes et les nuances, au profit d'un vide cruel."
Quant à la petite Colette, elle n'a aucune maîtrise sur ce qu'exerce sa main gauche ... Euh, sa main senestre pardon. Capable des pires atrocités.
"Gauche" n'appartient pas au vocabulaire d'Armelle Carbonel qui préfère multiplier l'adjectif vieillot "senestre".
"Colette mordait, encore et encore, cette main qui, dans son esprit malade, n'était pas la sienne."
Qui pourra leur venir en aide ?
Et qui est ce mystérieux vieillard malade, à la fois discret et omniprésent ? Dont les intentions semblent on ne peut plus ambiguës ?
"Avare de mots, le vieil homme ne parlait jamais, ce qui le rendait plus énigmatique depuis son cocon d'obscurité."
Combien de cadavres devront s'empiler avant que quelqu'un ne mette un terme à cette folie ?

Comme dans chacun des romans d'Armelle Carbonel, celui-ci se déroule en huis-clos.
Il ne se cantonne cependant pas à l'enceinte du manoir de Val Sinestra. de nombreuses scènes se déroulent en extérieur.
Et pourtant, nous sommes bien en vase clos.
Si un résident cherche à s'éloigner un peu trop, il sera immanquablement dévoré par les fauves de Sent que l'on entend rugir dès qu'on s'aventure un peu trop loin.
"Ces grands loups légendaires aux gueules féroces dévorant de leurs dents longues et pointues le quidam s'aventurant sur leur territoire."
Aucune issue n'est possible.

Davantage que l'auteure de Criminal Loft, on reconnaît ici la nécromancière qui avait écrit Majestic Murder un an et demi auparavant. Ni tout à fait thriller, ni réellement roman d'horreur, Sinestra est à la croisée des genres. Atmosphère macabre à souhait, gothique, inquiétante, on est très proches de l'ambiance d'une saison d'American Horror Story ou d'une version très moderne d'un roman comme Frankenstein.
L'ambiguïté des personnages, leur folie apparente, la difficulté à distinguer les motivations de chacun, tous ces éléments contribuent à créer un climat de méfiance qui confine au chaos.

Mais à l'instar de Majestic Murder, l'apparente complexité psychologique des personnages est à double tranchant. On ne s'attache à aucun d'entre eux. Les pires sévices peuvent être infligés à ces jeunes adolescents ou à leurs mères, pourtant l'on reste de marbre devant ce qui devrait nous apparaître comme cruel et révoltant.

Et puis même si la nécromancière n'est pas réputée pour les bienfaits qu'elle procure à ses personnages, je suis vite arrivé à saturation des scènes de viols, de tortures ou de pédophilie.
Qui deviennent inutiles et gratuites passé le premier choc.
Est-ce une volonté éditoriale de Ring qui souhaite que leurs auteurs aillent toujours plus loin dans la provocation ?
Je n'aime pas les happy ends, j'apprécie les histoires malsaines qui me remuent. Mais ici ça n'a pas vraiment fonctionné pour cause de gratuité et de surenchère.

Il n'en demeure pas moins que Sinestra est un thriller horrifique ( et sûrement pas psychologique comme indiqué en quatrième de couverture ) qui se lit sans accroc, et qui réserve son lot de rebondissements et de révélations permettant au lecteur de vouloir connaître la suite.
La galerie de personnages extravagants donne également un certain relief à cette histoire ( même si on n'y croit jamais vraiment ).
Et autre point positif : L'écriture.
Peut-être parfois un peu pompeuse, d'autres fois un peu désuette, il n'en reste pas moins qu'Armelle Carbonel affirme de plus en plus un style qui lui est propre et qui frôle parfois la perfection poétique sous forme de métaphores aussi riches qu'originales.
"En ces temps troublés, les cauchemars et les larmes s'enfilaient comme des grains à un chapelet."

J'espère que dans un futur proche la nécromancière osera quitter sa zone de confort pour nous proposer des oeuvres tout aussi magistralement écrite mais dans un registre moins répétitif et plus accessible à un large public.

D'ici là, je me ferai un plaisir de la rencontrer à Noeux - les - Mines le 10 février prochain lors du salon des mines noires.

Commenter  J’apprécie          3512
Un roman qui ne m'aura pas emballé plus que ça, mais non dénué de grandes qualités. L'écriture est remarquable - et le vocabulaire employé très riche - déstabilisante au début mais délectable une fois apprivoisée. L'ambiance est également un point fort. Il s'agit d'un huis clos très sombre et malfaisant dans lequel le lecteur, tout comme les protagonistes, ne verront comme seul lumière, que l'espoir d'un meilleur lendemain. le gros bémol, et pour ma part, pas des moindres, est le manque de profondeur dans la psy des personnages pour lesquels j'ai ressenti peu d'empathie malgré leur calvaire quotidien.
Commenter  J’apprécie          221
Depuis quelques semaines je suis très tentée par le dernier roman de Armelle Carbonel Enigma que je vois pas mal passer sur la sphère bookstagram. Comme il semble être une suite de Sinestra j'ai décidé de remonter aux origines.

Val Sinestra est un lieu mystérieux dans laquelle se terre une étrange communauté (sectaire) qui mène de terribles expériences sur des enfants. Je n'en dirais pas plus au risque de trop spoiler le contenu de ce roman.

L'écriture de Armelle Carbonel est très originale, extrêmement littéraire, le style est ampoulé, les tournures de phrases complexes, assez loin de ce que l'on trouve habituellement dans un thriller et c'est peut être ce qui a rendu ma lecture moins intense qu'espéré, j'ai eu du mal à projeter des images sur les mots.

Pourtant l'histoire est originale, très recherchée et vraiment glauque. Armelle Carbonel a su avec brio créer une atmosphère très angoissante, où chaque personnage se révèle être une personnalité complexe et perverse (et comme la majorité sont des enfants ça augmente la sensation de malaise qui se dégage du roman.)

Je ressors de cette lecture avec une curieuse impression, celle d'avoir lu un roman original, à l'écriture soignée et maîtrisée, au scénario pointu mais j'ai du rater quelque chose et j'en suis navrée car je ne suis pas sure d'avoir tout compris!

Néanmoins, je reste sur ma première sensation celle d'avoir très envie de découvrir Enigma qui peut être apportera des réponses à mes questions en suspens.
Commenter  J’apprécie          20
Sinestra
Armelle Carbonel
Mon avis : Je suis rentrée sur la pointe des pieds dans ce manoir ou la terreur est de rigueur ! de suite le style de l'auteur donne le ton ainsi que la richesse de son vocabulaire .
Si de suite j'ai été séduite , je me suis peu à peu lassée . C'est une histoire effrayante , elle se déroule en Suisse en 1942 pendant la guerre .
Le Val Sinestra est un refuge pour les femmes et les enfants ainsi que les orphelins malades . C'est un refuge très inquiétant !.... Attention ..
A chaque chapitre un personnage et petit à petit nous les découvrons avec leurs problèmes psychiques .Mais le chapitre que je redoutais le plus a été celui du Val Sinestra , quand il prend la parole c'est à vous glacer le sang car oui ce lieu parle ....
J'ai réussi à le lire car je voulais savoir ce que les personnages allaient devenir !
C'est glaçant , glauque , sombre et inquiétant !
Âmes sensibles s'abstenir ! Si vous rentrer dans le Val Sinestra vous n'en ressortirė pas idem .Moi je suis partie en courant .
Commenter  J’apprécie          20
1942, au coeur de la Suisse, le Val Sinestra au milieu des montagnes accueille un groupe de réfugiés venus se protéger des horreurs de la guerre. Des mères venus pour protéger leurs enfants, de jeunes orphelins parfois atteints de quelques troubles psychologiques, tous espèrent être en sécurité dans ces lieux. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que le Mal rôde dans le Val Sinestra.

Sinestra d'Armelle Carbonel est un titre que ma soeur m'avait prêté déjà depuis un long moment, j'avais déjà lu un autre titre de l'auteure, Majestic Murder qui m'avait totalement laissé sur le bord de la route, alors quelque peu obstinée j'ai voulu retenter l'expérience.

J'ai choisi de lire ce livre pour son contexte, pour l'année durant laquelle l'histoire se déroule, pour découvrir ce lieu bien étrange qui nous attend. J'étais curieuse de découvrir son histoire, de me plonger dans ses pages, mais une fois de plus ça n'a pas pris avec moi... Pourtant, les premiers chapitres m'ont plu, tout se met en place on découvre les protagonistes du roman et une étrange atmosphère plane déjà sur les pages de Sinestra. Malheureusement, rapidement, une fois de plus, Armelle Carbonel m'a perdu en route.

Sinestra est pour moi un livre bien étrange, un livre où le Mal le véritable Mal est bel et bien présent dans ses pages. Personnellement, j'ai été plus d'une fois dérangée par certains passages, par certaines scènes. Je me suis sentie parfois mal à l'aise, j'avais envie presque de réussir à attraper tous ces personnages pour les sortir de là ! du coup je n'ai pas apprécié ça, je n'ai pas toujours compris certaines décisions des uns et des autres non plus. Tout est hanté par le Mal, tout respire la douleur pour moi.

En revanche, la construction du roman reste assez intéressante. On jongle entre plusieurs personnages, l'auteure donne également la "parole" aux lieux même. Cela donne un sentiment d'oppression. Ça permet de donner un certain rythme à l'intrigue, d'attiser la curiosité du lecteur. C'est vraiment un point que je tiens à souligner parce que comme pour Majestic Murder, j'ai trouvé ça très original et en cela Armelle Carbonel sait se distinguer des autres.

Malheureusement, je pense vraiment que les titres d'Armelle Carbonel ne sont pas faits pour moi. Même si j'apprécie la noirceur, des personnages aux psychologies bien définies et sombres, je n'ai vraiment pas réussi une fois de plus à adhérer à un de ses romans. Sinestra est pour moi bien trop particulier, je n'ai pas adhéré à ce que renferment ses pages et la fin m'a laissé bien dubitative...

Bref, ici je ne peux que vous conseiller de découvrir par vous-même Sinestra d'Armelle Carbonel, je ne suis hélas pas de bien bon conseil pour cette fois alors vous savez ce qu'il vous reste à faire !

Sinestra d'Armelle Carbonel est disponible aux Éditions Ring.
Lien : https://ladoryquilit.blogspo..
Commenter  J’apprécie          10
Je ne sais vraiment pas quoi penser de cette lecture. Je suis dans un flou total depuis la fermeture de mon livre.
Je ne pourrais pas vous dire si j'ai aimé ou non, je ne trouve aucun arguments pour expliquer le pourquoi du comment.
C'est la première fois que cela m'arrive. Ne pas pouvoir mettre un avis quelconque sur ma lecture est pour moi assez frustrant. J'espère que tout sa ne vas pas se reproduire....
Commenter  J’apprécie          10
L'ambiance horrifique, malsaine et pesante est pour moi le point fort de ce roman. On se demande ce qui peut bien se passer au Val Sinestra même si l'on se doute que, dans ce lieu qui à première vue est censé venir en aide aux réfugiés de cette Seconde Guerre mondiale, il s'y passe des choses effroyables.

J'ai justement apprécié que le lieu soit un personnage à part entière et que certains chapitres lui soient dédiés.

Mais j'ai eu beaucoup de mal à me faire au style, sans pouvoir l'expliquer, il m'a fallu de nombreux chapitres avant de réussir à m'y habituer. Si certains l'ont trouvé poétique, pour ma part je l'ai trouvé beaucoup trop chargé que ce soit par les adjectifs ou les comparaisons.

De même, je l'ai trouvé assez inégal, car si j'ai trouvé certains chapitres très prenants, d'autres m'ont ennuyés.

Si j'ai pu ressentir de l'empathie pour certains personnages qui vont vivre l'enfer, je n'ai, par contre, pas ressenti d'attachement particulier pour eux et ce qui est du dénouement, s'il ne m'a pas transcendé, il m'a tout de même bien plu.

En résumé, je ressors mitigé de cette lecture, pas vraiment une déception, mais pas non plus une réussite. C'est un livre qui a eu beaucoup de succès, alors je ne peux que vous conseiller de vous faire votre propre avis.

Lien : https://onparlelecture.wordp..
Commenter  J’apprécie          00
Suisse, région des Grisons, 1942. Un convoi de réfugiés arrive à Val Sinestra. Enfants malades, mères éplorées espèrent trouver la paix dans ce lieu d'accueil mais très vite, l'atmosphère devient étouffante, pesante, inquiétante. le mal s'est invité parmi eux.

Avec Armelle Carbonel , je vis une histoire en dents de scie. J'ai beaucoup aimé "Criminal loft" et "L'empereur blanc", détesté "Majestic Murder" et suis mitigée sur celui-ci.
On ne peut nier à l'auteur son aptitude à créer des ambiances angoissantes et elle excelle dans l'art du huis clos. Son écriture est très travaillée et le style est précis. L'alternance entre les différents protagonistes à chaque court chapitre, y compris la demeure qui est un personnage en soi, donne du rythme au récit.
Pour autant, je ne suis pas rentrée dans l'histoire et n'ai pas ressenti d'attachement aux personnages.
Un rendez-vous manqué.
Commenter  J’apprécie          00
Un livre que j'ai trouvé très étrange dans la façon de raconter les faits. Je me suis souvent perdu, même, si parfois, je me suis passionné. Envoûtant, mais violent ce thriller est quelque peu déroutant et perturbant
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (409) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}