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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je sais , je sais , je ne vais pas me faire des amis en parlant de ce livre , et je l'assume .
Je ne suis pas d'accord sur tout avec Aymeric Caron , certaines de ces positions politiques sont contraires aux miennes , telle est la democratie .
Je le rejoins par contre totalement sur le sujet des animaux .
J'ai vécu toute ma vie avec des animaux , je les considère comme des humains à part entière .
Quand je lis ce livre , je retrouve la plume très consciencieuse de ce monsieur , ïl sait ce qu'il dis , contrairement à ce que certains pensent .
Ce livre est une méthode , le récit d'une expérience de vie , une maniere de prendre conscience , et de faire prendre conscience aux gens , de la souffrance des animaux .
Oui , il est hèlas normal dans nos sociétés gangrenées que la violence , la cruauté sur les animaux soit tolérées , voir meme hèlas encouragées quand il s'agit d'animaux de laboratoire ...
L'être humain fait du mal parce qu'il le veut , parce que c'est dans sa nature , non pas que les animaux eux memes ne soient pas cruels , ils le sont , mais ce n'est pas la même cruauté .
L'homme lui , veut du cuir , veut des sacs en croco , veut des fourrures , ect , alors pour satisfaire sa vantardise , eh bien ïl torture les animaux , avant de leur ôter la vie .
Et cela est considéré comme nomal !!!
Que voulez vous , Ïl fâut bîen que l'homme inculte brille en societe !!
Les politiques font la sourde oreille bien sur , on ne veut pas brusquer les gens , alors on laisse faire tout en condamnant devant la presse...
Que dire des élevages ....
On ne cesse de faire des reportages sur ces braves agriculteurs qui font naître des veaux , des agneaux , c'est mignon sur TF1 dans le monde merveilleux de Jean Pierre Pernaut ...
La vérité c'est que ces braves agriculteurs n'ont qu'une obsession , envoyer ces animaux à la mort , dans des conditions barbares , dont un malheureux agneau écartelé vivant , un cochon que l'on brûle par sadisme , un veau et un cheval que l'on découpe vivants , ect .
Les agriculteurs savent cela , ils le savent très bien ...
Mais ils s'en moquent , ils ne voient que leur bénéfice ....
Je n'oublie pas les requins massacres à la Reunion , île de barbares , ni les caïmans tués par des bourrins pour une émission de télé réalité debile sur M6 ...
Les exemples sont nombreux , chacun le sait , qui bouge ?
Qui prend le taureau par les cornes , et va dire aux toreros qu'ils sont des sadiques ?
M.Caron lui le fâit .
Son livre c'est une ode au respect de l'animal , c'est un livre important , qui fait preuve d'une rigueur irréprochable , d'une profondeur intellectuelle qu'il faut saluer .
Je conseille à tout ceux qui aiment les animaux de lire ce livre , car c'est un opus qui fera date .
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Enfin un livre bien construit, détaillé, très bien pensé sur les absurdités des inégalités des droits des animaux non humain. Je tiens juste à dire que si vous n'aimez pas la personnalité de l'auteur ou bien ses travaux précédents, ne vous arrêtez pas à ça, car le discours tenu dans ce livre est essentielle voir fondamental.

Surtout que le soin apporté à l'argumentation est remarquable. L'auteur aborde l'antispécisme à travers tous les aspects de la vie, en passant par la génétique, la philosophie, la culture...etc; et il aborde ce thème de manière à ne perdre personne en route.

Toute est très bien expliqué même les sujets qui pourraient, de prime abord, apparaître comme inaccessibles et que l'auteur explique suffisamment pour bien nous faire comprendre sa réflexion et nous pousser plutôt que de nous tirer durant cette réflexion.

Étant moi-même antispéciste, je me suis complètement retrouvée dans la pensée de l'auteur mais j'ai aussi appris énormément de choses auxquelles je ne m'intéressais pas vraiment, et pourtant il a su éveiller ma curiosité.

Un autre point du livre que l'auteur a très bien gérer, ce sont les données et les chiffres. Car contrairement à ce que je pensais, ils ne sont présentées que comme exemple dans l'argumentation philosophique qu'il y a derrière, et j'ai trouvée ça vraiment très appréciable.

Le fait de ne pas être submergé des chiffres qui sont mis en avant, est une très bonne chose dans la construction de l'argumentation. Ils sont là pour habiller la structure de sa réflexion, comme la peinture d'un tableau et non pas en tant que dessin ou cadre lui-même.

L'auteur souligne parfaitement les aberrations de la cruauté animale mais aussi de nos comportements vis-à-vis d'eux. Les parallèles sont très bien choisis, la réflexion ne se perd jamais dans des fioritures ou des enjolivements inutiles, et donc ne nous perd jamais dans son cheminement.

Je ne saurais que trop vous recommander de lire ce livre, concis, précis, essentiel et crucial, un essai profond qui vous donnera matière à réfléchir sur le monde et votre façon de le voir.

Enfin bref...Un livre que je recommande à tous, une ode au respect, à la vie sous toutes ses formes, et à la vérité. Je n'ai pas de mot pour définir la nécessité de ce genre de discours aujourd'hui plus que jamais. Une réflexion déterminante sur l'humain, l'animal et la nature.
Lien : http://bookymary.blogspot.fr..
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Avec Antispéciste, on a plus qu'un essai, on a tout un système de pensée développé, argumenté, sourcé sur les animaux au sens large du terme (animaux humains et non humains), l'éthique animale (nos devoirs envers les animaux non en tant qu'espèces mais en tant qu'individus), l'aberration morale, écologique mais aussi économique de l'exploitation animale. Aymeric Caron pousse même la réflexion sur le domaine politique, prônant une écologie essentielle là où il n'y a actuellement qu'une écologie molle, une écologie politique souvent plus soucieuse de pouvoir que d'actes.

Avant de vous fournir en détail le contenu de ce fabuleux livre, expliquons tout d'abord le titre du livre. Qu'est-ce que l'antispécisme ? C'est le contraire du spécisme qui consiste à traiter de manière différenciée les animaux selon leurs espèces même si leur sensibilité et leur intelligence sont comparables. On catégorise ainsi les espèces au sommet duquel trônerait l'Homme « forcément » plus important que les autres animaux. Ainsi, la souffrance de l'Homme serait plus importante que celle du chien ou du chat qui eux-même seraient plus importants que les cochons etc. Ce spécisme qui concerne plus de 90 % des personnes vivant dans nos sociétés occidentales est le terreau qui permet l'exploitation animale industrialisée dans un contexte de capitalisme et de consumérisme à outrance.

À partir de ce vocable quasi-inconnu en France, Aymeric Caron pose les jalons d'une réflexion faisant appel à plusieurs disciplines (philosophie, génétique, cosmologie, droit...) pour que nous prenions conscience de l'importance d'élargir notre sphère de considération morale, de nous repositionner à notre juste place dans le monde des vivants et de projeter un nouveau modèle économique et politique où la biodémocratie serait maîtresse.

La première partie intitulée L'animal que je suis donc, explique scientifiquement, notamment à partir de la génétique, que l'humain est un animal et qu'il n'y a entre les animaux non-humains et nous qu'une simple différence de degré, et non de nature. Il pointe ainsi le fait que les animaux non-humains possèdent des caractéristiques communes avec les humains notamment une conscience et une capacité à ressentir les émotions comme le plaisir, la douleur, la tristesse. Malheureusement, beaucoup de personnes sont animalosceptiques ce qui favorise l'exploitation animale. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la déclaration récente de Cristina Cordula sur la fourrure : le port de la fourrure ne serait ainsi pas condamnable si elle provient d'animaux d'élevage car ils seraient faits pour ça... bel exemple de spécisme ordinaire.

Dans une deuxième partie – L'animal assassiné – Aymeric Caron met l'accent sur la désinformation faite sur l'exploitation animale et notamment sur les conditions dans les abattoirs. Il nous donne l'exemple d'un documentaire TV sur une ferme où vivent paisiblement des animaux, choyés par leur éleveur qui leur donne d'ailleurs des prénoms comme des enfants. Mais quel humain envoie ses enfants à l'abattoir ? La question ne se pose même pas dans le documentaire car elle est occultée complètement et sciemment. C'est comme si on faisait un documentaire sur les camps de concentration et d'extermination en ne parlant pas des millions de morts... car qu'on le veuille ou non, l'exploitation animale est un génocide ininterrompu.

Dans une troisième partie – Pour la fin de l'exploitation animale – l'auteur aborde la philosophie morale en présentant une expérience de 1967 du philosophe Philippa Foot, le « dilemme du tramway » : serait-on prêt à sacrifier une personne pour en sauver cinq ? Par extension, est-on prêt à sacrifier plusieurs animaux pour sauver un homme ? Si le trait est poussé, il invite à réfléchir sur les notions de « morale », d' « éthique ». C'est aussi une introduction pour parler de manière plus approfondie de l'éthique animale, définie plus haut dans cette chronique, et notamment des différents courants la composant : le welfarisme et l'abolitionnisme. Les welfaristes ne sont pas opposés par principe à l'exploitation animale si les animaux sont dans des conditions d'élevage répondant à leur bien-être. Les abolitionnistes eux estiment qu'il n'existe pas d' « élevage heureux » et revendiquent donc la fin de toute exploitation. Aymeric Caron en profite pour expliquer que ces courants ne sont pas hermétiques et qu'il est possible ainsi d'être dans un entre-deux. Il exprime aussi les quatre droits fondamentaux qui devraient aujourd'hui être accordés à tous les animaux sensibles :

Le droit de vivre, donc de pas être tué ;

Le droit de ne pas être emprisonné ;

Le droit de ne pas être torturé ;

Le droit de ne pas être une propriété.

Dans la quatrième partie – L'antispécisme est un nouvel humanisme – Aymeric Caron démonte les arguments de ceux qui disent qu'il faut d'abord penser à s'occuper des humains avant de penser à la cause animale en montrant qu'être antispéciste c'est combattre toutes les discriminations aussi bien humaines que non-humaines. C'est ainsi une lutte universelle pour les opprimés, les plus faibles, les humiliés. Les défenseurs des animaux sont traditionnellement et par essence des humanistes. L'antispéciste est donc aussi contre le racisme, le sexisme et toute forme de discrimination envers les hommes. L'antispéciste a ainsi une sphère de considération morale très élargie car il conçoit le monde des vivants comme un tout : il est donc plus qu'un humaniste, il est anumaniste. Et si on doute qu'on puisse voir un jour les droits des animaux défendus par tous, l'auteur rappelle comment l'humanité a su faire évoluer sa pensée au fil des siècles (avec difficultés et des phases de régression il est vrai)... l'esclave est devenu un homme libre comme un autre, la femme est devenue un être humain comme un autre, l'homosexuel est devenu un humain considéré comme normal et non malade... Ce qui pour l'instant bloque pour reconnaître le droit des animaux et abolir l'exploitation, c'est le profit économique qu'on en tire. On souligne aussi l'impact négatif en terme d'emplois alors que les éleveurs sont devenus des esclaves de l'industrie agricole et qu'on consacre un budget faramineux pour soutenir une agriculture qui produit bien plus que nécessaire.

Dans la cinquième partie – Antispéciste comme Superman – l'auteur montre l'absurdité du modèle économique et politique dans lequel nous vivons : un monde capitaliste, consumériste mais qui n'a de cesse de creuser les inégalités et que pour autant nous acceptons. Il reprend ainsi le terme de « consentement à l'inégalité » de l'historien Pierre Rosanvallon. Les empires capitalistes et les hommes politiques qui soutiennent ce type d'économie font régner en maîtres la triche, le mensonge, l'arnaque. Il suffit de voir toutes les affaires telles que les Panama Papers pour admettre cet état de fait. Nous sommes dans un monde où le hold-up règne et avec le consentement servile de la population qui n'en profite pas. Pourtant, pour Aymeric Caron, l'entraide est « plus bénéfique que la compétition » d'autant plus que l'argent ne vaccine pas du malheur. Il convient donc aux humains de se révolter, de refuser de suivre les ordres sans morale : faire de la désobéissance civile.

Dans une cinquième partie – Pour une écologie essentielle – Aymeric Caron aborde véritablement l'aspect politique de l'antispécisme. Il montre tout d'abord que l'écologie telle qu'elle est défendue actuellement par nos partis écologistes est une écologie superficielle – ou une écologie environnementale – qui ne s'intéresse qu'à la pollution ou à l'épuisement des ressources. L'objectif est uniquement de limiter les dégâts alors qu'il convient de tout réformer. C'est finalement le succès de ce qu'on appelle le développement durable : exploiter de manière « raisonnée » les ressources naturelles pour laisser de quoi se développer à nos générations futures. Ce développement durable est d'ailleurs enseigné en géographie dans nos écoles (je le sais d'autant plus que j'étais prof d'histoire-géo il y a encore moins de quatre ans). Pour Aymeric Caron, on ne peut pas de limiter à atténuer les effets néfastes. de plus, cette écologie est anthropocentrée alors qu'elle doit être biocentrée c'est-à-dire ayant une réflexion morale sur tous les êtres vivants basée sur trois préceptes : « moins produire, moins se reproduire, mieux se conduire ». Pour cela, il convient donc de faire une révolution politique et démocratique ce qui nous amène à la dernière partie.

Dans Pour une biodémocratie, Aymeric Caron pose les jalons d'une nouvelle vision de la démocratie étendue à l'ensemble des vivants : la République du Vivant. Cette république doit notamment s'appuyer sur une assemblée parlementaire qui doit prendre en compte les intérêts de tous les vivants et des représentants pour les animaux non-humains. Exit également le Président de la République. Évidemment, vu que les enjeux sont mondiaux, la biodémocratie ne peut se limiter à la France ou aux pays européens : elle doit dépasser les frontières, s'internationaliser.

J'espère avoir résumé avec la plus grande fidélité possible les propos de ce livre extrêmement riche et exigeant. Il peut évidemment apparaître comme radical ou prétentieux mais les propos sont cependant plus nuancés qu'on ne pourrait le croire. Personnellement, je partage beaucoup de choses avec ce qu'Aymeric Caron développe, aussi bien sur les animaux que sur ce modèle économique et politique aberrant. Peut-être est-ce parce que j'ai également une sensibilité de gauche. La dernière partie sur les prémices d'une biodémocratie me semble cependant très utopique (Aymeric Caron affirme d'ailleurs que ce « programme » a un côté utopiste) mais surtout parce qu'elle n'est pas suffisamment développée. Cette partie a au moins le mérite de proposer des solutions – même très parcellaires– là où beaucoup de gens se limitent à sortir des constats de grande banalité sans propositions (je peux classer dedans la plupart des livres agaçants des hommes politiques). Aymeric Caron a t-il des projets politiques dans le futur ?
Lien : http://www.leslecturesdumout..
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Quelle culture et quel passionné défenseur des animaux !

Etonnée surtout par l'étendue des connaissances de cet auteur qui passe en revue les différentes étapes de notre évolution dans nos rapports avec les animaux. Il revient, en premier lieu, sur les grandes avancées scientifiques qui ont bouleversé notre perception du monde : la théorie du Big Bang, la formation de la terre, la naissance de la vie et le développement des espèces, puis celle de l'ADN. Autant de découvertes qui heurtent notre égo, remettent en cause la place centrale et dominante de l'homme dans la création à cause notamment de chercheurs comme Copernic et Darwin. Du coup, la parenté entre l'homme et l'animal étant admise, il évoque en second lieu, les nouvelles branches de la recherche qui sont nées au XXs. D'abord l'éthologie qui étudie le comportement animal avec des personnalités comme Jane Goodall, Richard Dawkins ou Jared Diamond dont la conférence de Cambridge en 2012 est l'aboutissement puisqu'elle reconnaît une conscience aux animaux. Ensuite, l'éthique animale qui est fondée sur 2 courants, le welfarisme représenté par Peter Singer et l'abolitionnisme par Tom Reagan. Une conception philosophique qui, doit amener à une refonte du droit des animaux et à des transformations profondes de nos pratiques envers eux jusqu'à aller, selon Caron, vers la fin de l'élevage, de la corrida, de la vivisection, des cirques et des zoos. L'homme étant un animal, les autres espèces d'animaux non-humains doivent intégrer notre sphère de considération morale comme l'a proposé en premier, Singer, et être considérés dès lors comme des personnes, non des objets. Ce mouvement de libération s'inscrivant dans la logique de la lutte contre l'esclavage au XIXs. Et l'auteur de citer aussi quelques associations qui ont pris en charge ce combat comme Greenpeace, L214, Peta ou une personnalité telle qu'Henri Spira, l'un des militants les plus impactants dans ce domaine.
Or, parallèlement, l'auteur rappelle et décrit rapidement les pratiques les plus criminelles et douloureuses envers les animaux qui se sont développées dans un même temps. D'abord l'industrie de la viande qui a connu un grand essor, abat toujours plus de victimes (70 milliards par an) et fait tout pour masquer la cruauté des conditions de vie des animaux de ferme. Mais aussi l'élevage de la fourrure, le massacre des dauphins dans la baie de Taiji ou encore le trafic des espèces avec l'effondrement de la population chez certains animaux sauvages en seulement un siècle comme l'éléphant (-95%), le tigre (-97%) ou le lion (-80%) par exemple. Un vrai génocide qui se réalise dans l'indifférence d'un grand nombre et des politiques.

C'est pourquoi, l'auteur va plus loin et pense que l'éthique animale et plus largement l'écologie doivent aboutir à la mort du système capitaliste qui façonne notre monde aujourd'hui, cautionne et stimule l'exploitation animale ainsi que celles des ressources, accroît le pouvoir de l'oligarchie de la finance et des multinationales, dérégule l'économie et rejette l'interventionnisme de l'Etat. En ce sens, il désapprouve les tentatives d'écolos qui sont modérés et prônent par exemple, un capitalisme vert qui se contenterait de freiner ou limiter l'exploitation du vivant. Caron, lui, souhaite donner une incarnation à l'écologie profonde d'un Arne Naess et propose donc un nouveau projet de société comme la Biodémocratie. Outre Naess, des auteurs comme Shopenhauer, Tolstoï, David Thoreau, Karl Marx, Hugo, Zola, Gandhi ou encore Montaigne sont cités comme premiers penseurs de l'anticapitalisme ou de l'éthique animale. On voit l'esprit d'un homme qui a fait de nombreuses recherches dans ce domaine et qui possède une forte mémoire dotée d'un solide sens de l'analyse.

Enfin, venons-en au point sans doute le plus critique : celui du projet de Biodémocratie. Il s'appuie en partie sur les propositions d'un autre, un dénommé René Dumont qui envisageait le contrôle de la démographie et la nécessaire baisse de la production. Mais il laisse libre court aussi à son imagination avec l'idée d'un monde où les animaux retourneraient à l'état de nature sous la vigilance des humains , la formation d'un système politique qui inclurait un Comité d'experts sur le vivant, une Assemblée naturelle à la place du Sénat ou encore des orphelinats à la place des refuges, des tuteurs à la place des propriétaires pour les animaux de compagnie dont la liste serait à redéfinir. Bref tout un programme...Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est l'auteur qui va le plus loin sur ce sujet et se montre aussi le plus radical avec cette volonté d'incarner l'antispécisme et l'écologie dans une révolution politique. J'ai approuvé beaucoup de points, notamment la nécessaire réforme du droit pour les animaux qui doit être plus clair, plus logique pour lancer la réforme juridique qui en découle et j'ai été séduite par le changement de statut du propriétaire en tuteur accompagné d'un service administratif pour gérer l'état civil des animaux sous leur garde. Finit l'appropriation des bêtes considérées comme objet de commerce. De bonnes idées, c'est sûr même si je ne suis pas d'accord avec tout comme la création d'un gouvernement mondial, la suppression du statut de chef d'Etat ou encore la possibilité d'une révocation des élus en cours de mandat, la critique trop facile de Hulot (jalousie ?) ou encore l'option d'une scde assemblée au sein du corps législatif (1 seule suffit selon moi car trop paralysant autrement). Plus mitigée aussi sur les zoos car bcp d'animaux vivent assez bien dans les parcs comme dans celui de Beauval qui est remarquable et je ne suis pas contre les concours d'animaux en général car si l'éducation vaut pour les humains, elle l'est aussi pour les animaux, le problème relevant plutôt de la méthode.

Mais bon, je chipote, ce n'est sans doute, comme le reconnaît d'ailleurs l'auteur lui-même, qu'une belle utopie...Car de toute évidence, la réalité ne va pas dans le sens de Mr Caron. Ce dernier publiant une oeuvre spécialisée, évacue bien d'autres problèmes contemporains. Comme ceux de la guerre entre l'occident capitaliste et l'orient islamiste ; la montée du réchauffement climatique et des catastrophes naturelles ; l'avidité des multinationales et de la finance qui poursuivent dans le cumul des richesses et la surexploitation ; l'agriculture industrielle qui, étant encore le modèle dominant, maltraite les animaux et pollue la terre ; les injustices qui se sont cumulées et qui en résultent avec le fossé abyssal des inégalités, l'asphyxie des voix contestataires et le laxisme des politiques ; et enfin l'essor de la science qui s'intéresse de très près à la robotique, la génétique et l'intelligence artificielle...bref un autre programme s'annonce qui, lui, est bien plus sombre.
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Avant de débuter cette chronique, une petite mise au point niveau vocabulaire s'impose, si vous n'êtes pas forcément calés – ce que je ne reprocherai à personne, il n'est pas trop tard pour s'y intéresser -.

- un flexitarien mange de la viande très occasionnellement,
- un végétarien ne mange ni viande, ni poisson (ça c'est moi, coucou),
- un végétalien ne mange ni viande, ni poisson, ni aliments liés à l'exploitation animale,
- un vegan ne consomme aucun produit lié à l'exploitation animale, aussi bien au niveau alimentaire qu'au niveau de la cosmétique, de l'habillement etc.

Dans cette chronique, je désignerai ces 4 catégories de personnes par le terme végéta*ien.

La construction du mot « spécisme » doit vous en rappeler d'autres : sexisme, racisme. le concept est le même mais s'applique à l'espèce, comme les deux autres s'appliquent au sexe et à la race. le spécisme justifie l'exploitation des animaux pour nous nourrir, nous servir ou nous distraire par leur infériorité intellectuelle (entre autres). L'antispécisme considère au contraire que les animaux non humains doivent avoir certains droits, comme tout simplement celui de vivre et de s'épanouir. L'antispécisme comporte deux branches :

- les welfaristes, qui ne sont pas complètement contre l'idée d'exploiter des animaux non humains seulement si ceux-ci sont traités décemment, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, les scandales récents nous le prouvent,
- les abolitionnistes, qui sont pour l'arrêt pur et simple de l'exploitation des animaux non humains pour quelque but que ce soit.

Aymeric Caron fait partie du second camp et déploie donc un certain nombres d'arguments pour sa cause. Je ne suis pas forcément d'accord avec tout (encore heureux, ça veut dire que je réfléchis et ça empêchera peut-être certaines personnes de me traiter de fanatique), mais la façon qu'a l'auteur de nous remettre à notre juste place vaut le coup d'oeil. Qui sommes-nous, humains ? À peine une poussière dans l'univers, assez insignifiante en fait. Nous avons tellement pris l'habitude de nous placer au centre de tout que nous en oublions notre réelle importance – quasi nulle. Nous considérons que tout nous est dû mais nous ne sommes pas les premiers à peupler la Terre, nous ne serons probablement pas les derniers non plus. Nous sommes par ailleurs loin d'être une de ces espèces essentielles à la bonne santé de notre planète, bien au contraire, nous nous acharnons à détruire notre maison et, ce faisant, les autres espèces qui l'habitent.

Ce paragraphe pourrait vous laisser penser que l'antispécisme est anthropophobe, ce n'est pas le cas. L'antispécisme se bat pour l'égalité entre les espèces, il serait totalement contre-productif de souhaiter créer des inégalités entre les hommes. L'antispécisme, aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux de certains, est aussi une nouvelle forme d'humanisme. Je ne développerai pas davantage cette idée ici car l'auteur le fait très bien dans cet essai, mais je souhaitais aborder cet argument pour que personne ne réagisse au quart de tour en disant que les antispécistes en ont après l'espèce humaine, ce qui est faux.

Le plus intéressant dans l'essai d'Aymeric Caron n'est pas tant sa description de l'antispécisme que les possibles solutions qu'il apporte. L'un des reproches que l'on peut faire à l'antispécisme est d'apporter des arguments pour la défense des animaux sans réellement se projeter dans une société où l'on mettrait fin à leur exploitation. Ici, l'auteur reprend de nombreuses sources pour expliquer tout ce qui cloche dans notre système actuel, aussi bien au niveau politique qu'au niveau économique ou éthique. Je suis d'accord avec tout ça, il faut être inconscient pour encore se bercer de « je vais bien, tout va bien » dans la situation actuelle, particulièrement catastrophique. Je suis moins d'accord avec certaines des solutions proposées, que j'ai parfois trouvées trop idéalistes.

L'auteur souligne qu'il ne faut pas renoncer à l'utopie, peut-être qu'un jour l'humanité apprendra de ses erreurs et rebâtira un système plus sage, loin du consumérisme dans lequel l'individu finit par se noyer, peut-être… et il est vrai qu'on peut déjà constater un certain éveil des populations, ne serait-ce qu'en constatant la croissance du nombre de végéta*iens en France, même si on a encore un sacré retard par rapport à d'autres pays (miam, le foie gras…). Il y a encore peu de temps, le végétarisme était considéré comme un mouvement sectaire et bien que ce soit toujours le cas pour certaines personnes, on ne peut qu'observer l'acceptation de ce mode de vie en général : les restos végéta*iens (ou proposant une réelle alternative) se développent, certains supermarchés mettent en place des gammes de produits destinés à ces consommateurs (Carrefour pour ne pas le citer), on s'indigne du traitement des animaux en élevage… Les végéta*iens ne sont plus des monstres qui se baignent dans le sang d'un carniste sacrifié un soir de pleine lune (sorry not sorry).

Cet essai m'a apportée des réponses et m'a aussi fait réfléchir sur certains points, j'en potasse d'ailleurs toujours quelques uns. Si je refuse par principe l'adhésion totale à la façon de penser d'une autre personne, je ne peux que respecter la réflexion, la recherche et le combat d'Aymeric Caron.
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Essai tout à fait réussi. La première partie du livre est une petite encyclopédie ludique et surtout utile avant la deuxième partie où Aymeric Caron nous pousse à la réflexion. C'est un peu une suite à "No steak" tout en élargissant le débat.
Livre très complet. Contente de l'avoir dans ma bibliothèque et que je relirai certainement dans quelques années.
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Aymeric Caron a très bien expliqué comment une révolte morale et éthique encore minoritaire qui part du végétarisme peut et doit aller jusqu'à une révolution pour devenir un aspect essentiel des démocraties de demain.
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Aymeric Caron revient sur le devant de la scène littéraire : après No Steak, très terre à terre concernant le végétarisme, il nous offre un livre beaucoup plus ouvert et philosophique avec « Anti-spéciste ». Je tiens à dire que « No Steak » m'avait entrainé dans un courant « végétarien » progressif (ou flexitarien, un mot que j'ai appris durant ma lecture !). Il m'a fallu 3 ans pour me débarrasser totalement de la viande et voilà que débarque « Antispéciste ». Alors il est bon ?

Mon dieu oui qu'il est bon ! Dès les premières pages, Caron use de mon principal argument d'évolutionniste. Il prend du recul. Il part des Hommes pour se retrouver au confins de l'univers. Puis part des Hommes pour remonter à 3,8 milliards d'années et les débuts de la vie voire 14 milliards d'années pour remonter à la création de cette poussière d'étoile qui nous constitue. Quel meilleur moyen d'éveiller les consciences que de replacer l'Homme, cette merde de mouche, dans son contexte ?

Caron n'use pas ici d'arguments sentimentaux mais se repose principalement sur l'éthologie. Il lance des pistes de lectures sans, malheureusement, trop creusé de ce côté. Puis il dérive lentement mais surement vers les courants philosophiques puis politiques, laissant même de côté (mais toujours sous le coude) le sujet du véganisme. Il va même jusqu'à proposer concrètement des solutions politiques, ne manquant pas de tacler notre système économique mondialisé.

Caron, avec ce livre, m'ôte les mots de la bouche. Caron me propose ici une utopie : cela me fait rêver mais je suis trop pessimiste pour croire cela possible et pourtant je me battrais sans soucis pour cet idéal. En ce moment même, les vidéos des abattoirs et autres élevages de poules pondeuses fleurissent sur le net (merci L214), et mènent indéniablement à une prise de conscience (malheureusement vite oubliée). On peut donc espérer un changement prochain dans le régime alimentaire de l'Homo sapiens. L'espoir… S'il en reste ! Merci pour cet excellent moment de lecture Monsieur Caron !
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J'ai fini hier soir la lecture du livre d'Aymeric Caron.
Difficile de me plonger à présent dans une autre lecture, tant ce livre est puissant.
Pour moi, il y aura un avant et un après "Antispéciste", et je n'aurai jamais fini de lire son livre, car je le relirai fréquemment.
"Antispéciste" c'est l'histoire d'un nouvel humanisme, englobant l'homme à la nature et au monde du vivant, un pavé dans la mare de l'immobilisme, du nombrilisme, de l'égoïsme et de l'égocentrisme humain.
A lire absolument, même si vous n'êtes pas d'accord avec tout ce que dit l'auteur.
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Assez complet en arguments, plaisant à lire, l'antispécisme prendra ses lettres de noblesses avec cet ouvrage certainement.
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