1896 : un meurtrier sanguinaire terrorise les bas-fonds de New York en se livrant à des crimes odieux sur de jeunes victimes.
La police est soit indifférente, soit impuissante, selon son degré de corruption ou de compromission politique. Cette situation n'est pas acceptée par le jeune Préfet, Théodore Roosevelt qui décide donc, de confier une enquête officieuse à deux de ses amis d'Harvard : Laszlo Kreizler et
John Moore.
Kreizler est aliéniste (aujourd'hui, nous dirions psychiatre-psychologue, voire profileur) et cherche à conforter ses thèses reposant sur l'importance des traumatismes d'enfance.
Moore est journaliste.
C'est autour d'eux qu'une petite équipe va traquer le "monstre", inventant au passage les méthodes de police scientifique.
J'ai hésité entre 5 et 4 étoiles, voici pourquoi.
Ce livre est souvent passionnant.
Pour son décor, en premier lieu.
Nous déambulons dans un New York encore jeune, bouillonnant et déjà monstrueux. A quelques rues près, les communautés d'immigrants vivent sur des planètes différentes (on pense au mille feuilles sociologique décrit dans le Titanic de
James Cameron, les quartiers remplaçant ici, les ponts).
Dans cette nouvelle Babylone, se côtoient la misère noire, la violence, les forces de l'argent et du pouvoir.
Pour son style et son thème, ensuite.
Tout en conservant une écriture assez raffinée, rappelant les romans victoriens et les tasses de thé qu'effleurent délicatement des pétales de rose, ce roman se rattache à la mode du serial killer qui irrigue fortement le roman noir actuel. Sa principale originalité réside évidemment dans l'aspect "Les Brigades du tigre rencontrent
Sherlock Holmes dans le wagon des Mystères de l'Ouest pour retrouver le fils de Jack l'Eventreur et d'Hannibal Lecter dans une cité glauque", qui est très bien rendu.
Je reprocherais cependant à ce roman, une certaine langueur parfois, la narration tournant par moments, à l'exercice de style distancié. Quelques pages s'étirent un peu et les scènes d'action manquent de punch. le narrateur (
John Moore) manque à mon avis, de coffre pour être un "héros" attachant. La fin est aussi, assez plate et presque décevante.
Cela étant, le fait que
Caleb Carr cite 2 fois
Wilkie Collins, suffit pour moi, à faire pencher la balance des étoiles.
Très recommandé.