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4,1

sur 3035 notes
Et si Emmanuel Carrère, le "narcissique" , "l'égocentrique", "l'exhibitionniste" ne se montrait tel, finalement que par souci de mieux nous ouvrir à l'altérité?

Comme par un système de repoussoir, il provoque souvent l'antipathie à force de se mettre en jeu et en scène dans la plupart de ses romans, -il suffit de lire les critiques de Babelio pour trouver de nombreux exemples de cette exaspération des lecteurs.... Mais c'est justement pour faire-valoir son sujet, ses autres personnages.

Ici il n'est pas jusqu'au titre qui ne joue à ce petit jeu- un tantinet tordu, d'accord!

Mais quel livre formidable! On s'en fiche du personnage énervant de l'auteur énervé par lui-même! le juge handicapé, la belle-soeur malade, les parents endeuillés, tous nous ouvrent les yeux: sur l'amour de leur profession, la force de leur quête, le (haut) sens qu'il faut donner à la vie quand on l'a encore, fût-ce pour peu de temps, fût-ce dans la douleur, fût-ce en pure perte...

Un livre à lire pour donner un grand coup de pied à nos états d'âme, botter le cul de nos égoïsmes, secouer notre indifférence, notre indolence, notre nonchalance.

Et provoquer cet état de conscience réveillée, cette alacrité morale c'est un des grands talents d'Emmanuel Carrère, reconnaissons-le!
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Sublime, très fort, un livre qui remue.
Ce que j'ai lu de mieux depuis longtemps.
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Faut-il encore ajouter une critique sur ce livre qui en a reçu plus de 200 sur Babelio?
Plutôt que de rappeler l'histoire, je veux tenter ici de partager quelques réflexions
Les romans de Carrère sont des récits documentaires, une forme assez nouvelle, propre à notre époque où l'auteur ne disparait pas derrière ses personnages. E. Carrère nous dit de manière très explicite dans celui-ci "d'où il parle". J'ai été touchée de comprendre, à travers ma lecture que l'homme Carrère n'était plus tout à fait le même après l'écriture de ce livre. Certains livres nous font bouger, nous lecteurs et là l'auteur nous dit très simplement que ces rencontres dont il se fait le témoin, ces hommes et femmes qui ont accepté de lui confier un morceau de vie, l'ont fait bouger, lui.
Ce livre qui parle de catastrophe climatique, de deuil, de pauvreté est un livre qui est tout sauf morbide et déprimant. C'est un livre qui fait pleurer, mais pour moi, il s'agit de « bonnes larmes » car elles libèrent des émotions vraies. Les histoires dont il est question sont des histoires ordinaires en ce sens qu'elles peuvent concerner chacun d'entre nous, mais Carrère en fait des histoires extraordinaires parce qu'au travers de son récit, il restitue l'humanité incroyable de ces hommes et de ces femmes qui pourraient être vous ou moi, et c'est ça qui fait du bien.
Dans mon entourage, ce livre a suscité des polémiques. Certaines personnes l'ont rejeté en bloc, se sentant mises en situation de voyeurisme. J'y ai vu une sorte de défense protectrice par rapport à ce que ce livre vient toucher en nous.
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C'est avec une intention indéniablement louable que l' auteur de la moustache a mis son talent au service du vécu boulversant de personnes durement touchés par le destin.La perte brutale d' un proche, le handicap, la maladie grave avec issue fatale : tous ces thèmes sont traités par le menu, le plus souvent avec justesse, profondeur et sensibilité, mais par moments aussi très crûment, sans tabou, ce qui rend alors ce récit très éprouvant pour le lecteur. Dans ce roman, j' ai surtout apprécié la partie principale, riche d' enseignements, consacrée au combat contre la précarité mené par ces admirables juges "boiteux", et qui esquisse en filigrane la question suivante : l' intimité avec la mort, la souffrance physique et psychique nous rend-t-elle meilleurs?
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Mort et vie de personnages qui ne sont pas l'auteur : au-delà de la charge émotionnelle des récits de ce livre, qui est grande, on voit l'auteur relever le défi de ne pas parler de lui, comme le tire l'indique clairement. En effet, jusque-là, les livres de Carrère n'étaient jamais loin de l'autobiographie, même quand ils parlaient d'autres vies que la sienne. Ici, un degré supplémentaire est franchi dans l'auto-effacement du narrateur, qui laisse les autres vivre et mourir selon leur nécessité propre. Un beau livre et en même temps, un bel exercice d'ascèse.
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C'est mon deuxième livre d'Emmanuel Carrère ; le premier où je l'avais découvert était L'adversaire et j'avais trouvé ma lecture agréable, intéressante, percutante.

Avec D'autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère reprend ce qui semble être sa touche personnelle, à savoir son immersion dans le récit. Cette intimité avec l'auteur n'est pas sans me rappeler un peu Anny Duperey, de même que cette plume qui aux abords simples m'apparait à la fois authentique et maitrisée. Elle se lit agréablement et sans ennui malgré des sujets qui ne sont pas de nature à faire naitre de multiples rebondissements. J'apprécie beaucoup cela, cette écriture « fluide ».

Dans ce livre Emmanuel Carrère nous parle de la perte essentiellement. La perte d'un enfant à l'occasion du tsunami au Sri Lanka. La perte d'un membre par l'amputation. La perte pour des enfants, d'une mère, qui est aussi une épouse, une soeur, etc.

Comme je le disais, l'auteur s'immerge dans le récit ce qui agace certains qui le trouvent nombriliste. Mais au fond, moi, il m'est apparu humain, avec ce que cela comporte d'égoïsme. le malheur absolu qui frappe son entourage, proche ou non, comme le deuil, la maladie, nous apparait terrible par empathie, par compassion. Mais nous renvoie par effet miroir à nos projections sur nos propres vies. Cela nous ébranle aussi à un niveau individuel dans notre propre monde. Ces pensées, généralement on les garde pour soi, par respect pour le malheur qui accable l'autre et pour ne pas paraitre un monstre d'égoïsme. Emmanuel Carrère n'a donc pas peur de mettre cela à nu quitte à s'entacher un peu. Aussi, ce qu'il révèle de sa nature assez angoissée sinon névrosée est aussi une mise à nu, tel ce renard intérieur qui le dévorait… Même si aucune bête ne me traque, j'ai peut-être un côté torturé moi aussi auquel cette vulnérabilité fait écho.

En bref, j'ai beaucoup apprécié ma lecture qui comporte des moments touchants, bien qu'exprimés apparemment simplement. le seul mini bémol est un passage que j'ai trouvé un tantinet long sur le surendettement… quelques pages de moins auraient donc été bienvenues mais ce petit passage à vide ne ternit pas l'ensemble que j'ai trouvé très joli, si tant est que la douleur puisse l'être.
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Un livre bouleversant, chargé d'émotions, et pourtant plein de pudeur.
Faire face à la mort, la sienne ou celle d'un être cher...
Etre mère et se savoir condamnée...
Etre mère et perdre un enfant...
Les sujets sont lourds, mais l'écriture est légère, fluide et agréable .
On ne ressort pas de cette lecture avec une pêche d'enfer, mais c'est néanmoins une belle lecture que je recommande, de belles pages de réflexions qui nous renvoient à nos propres réflexions.
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J'ai, vraiment, sincèrement, profondément, aimé ce livre.
Ces vies, ces sentiments, ces personnes, sont si proches de nous.
Emmanuel Carrère est honnête, réaliste, sans complaisance ni pathos, mais d'une belle humanité. Au fil de ces drames dont il est le témoin, il se dévêt de la futilité de ses préoccupations "d'avant" pour laisser à l'essentiel toute la place qu'il aurait dût avoir si l'on décidait, enfin, de ne plus parasiter notre perception des évènements.
Tant d'évidences que j'avais plus ou moins volontairement éludées, parce que c'était plus "confortable" ainsi, me sont revenues en boomerang. J'ai eu le sentiment de faire une pause dans ma fuite en avant. de mettre les vrais mots sur les choses. D'en prendre pleinement conscience. D'accepter.
Et, accepter, ne signifie pas capituler. C'est juste, pour reprendre une phrase du livre : "savoir où l'on est".
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Voici je l'avoue, le premier livre d'Emmanuel Carrère que je lis. Je connaissais bien entendu cet auteur de réputation mais n'avais pas encore oser franchir le Rubicond. « D'autres vies que la mienne » fût offert par mes soins à ma tendre maman pour la fête des mères. Elle a adoré et m'a invité à son tour à le lire afin de pouvoir par la suite échanger sur celui-ci. J'ai aimé tant le fond que la forme. Pour cette dernière, fondamentale à mon sens, j'oserais un rapprochement avec un auteur que j'estime beaucoup : Philippe Forest. Sur le fond, les thèmes abordés ici sont aussi similaires à ceux de Forest. Choisir de parler de la maladie et qui plus est de son issue parfois fatale, n'est pas chose aisée. Cela demande une véritable maîtrise de l'exercice pour éviter de sombrer corps et âmes dans le « sordide », le « glauque ». Emmanuel Carrère à l'image d'un Philippe Forest, use des mots justes pour qualifier une réalité insupportable : celle de la souffrance, de l'agonie, de la mort et de la consomption de l'être aimé. Tout y est traité avec un soucis évident de vérité sans jamais omettre néanmoins l'indispensable pudeur des mots qui sonnent justes. Avec Emmanuel Carrère, nous ne nous sentons pas voyeur mais témoin et la nuance est à mon sens d'importance. Un livre bouleversant sans être larmoyant, rude et pourtant empli d'amour… Je ne peux que vous recommander sa lecture.
Lien : https://thedude524.com/2010/..
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Deux "Juliette" viennent de mourir. L'une sous la vague du tsunami de 2004 au Shri Lanka, et l'autre d'un cancer à Lyon. Emmanuel Carrère fréquentait les parents de la petite fille lors de vacances en Asie, l'autre Juliette était sa belle-soeur, juge à Vienne (Isère).
Témoin direct des ravages de la mort de ces êtres sur leurs proches, Carrère va enquêter sur la vie de sa belle-soeur handicapée avant sa disparition, intrigué par l'attitude d'un autre juge, collègue de la défunte, également atteint par le cancer.

Comment peut-on surmonter l'horreur de la mort d'un enfant, de la maladie, du handicap ? Que faire de sa vie après ?

Les deux juges ont décidé de se battre pour les plus démunis, tentant de se servir de la loi contre les organismes de crédit. Et l'on sent bien que ce combat a touché l'auteur au point qu'il en décrit avec attention la teneur. Vivre certes mais la maladie, le handicap ne sont pas les seuls obstacles, il faut aussi se battre parfois pour survivre sans argent, démunis en proie aux rapaces parasites que sont les banques, assurances, et organismes de toutes sortes, souvent en marge de la loi.
Vivre encore, en l'absence de son unique amour, survivre pour élever ses enfants, payer sa maison.
Quelque soit le milieu, nul n'est, bien sûr, à l'abri du malheur, de la souffrance qui a mille manières de nous atteindre.

Emmanuel Carrère dans un ouvrage simple mais lumineux nous incite à comprendre que dans d'autres vies que les nôtres se retrouvent les mêmes peines, les mêmes interrogations.
Un memento mori salutaire et pudique qui nous emporte vers la vie.
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