C'est mon deuxième livre d'
Emmanuel Carrère ; le premier où je l'avais découvert était
L'adversaire et j'avais trouvé ma lecture agréable, intéressante, percutante.
Avec
D'autres vies que la mienne,
Emmanuel Carrère reprend ce qui semble être sa touche personnelle, à savoir son immersion dans le récit. Cette intimité avec l'auteur n'est pas sans me rappeler un peu
Anny Duperey, de même que cette plume qui aux abords simples m'apparait à la fois authentique et maitrisée. Elle se lit agréablement et sans ennui malgré des sujets qui ne sont pas de nature à faire naitre de multiples rebondissements. J'apprécie beaucoup cela, cette écriture « fluide ».
Dans ce livre
Emmanuel Carrère nous parle de la perte essentiellement. La perte d'un enfant à l'occasion du tsunami au Sri Lanka. La perte d'un membre par l'amputation. La perte pour des enfants, d'une mère, qui est aussi une épouse, une soeur, etc.
Comme je le disais, l'auteur s'immerge dans le récit ce qui agace certains qui le trouvent nombriliste. Mais au fond, moi, il m'est apparu humain, avec ce que cela comporte d'égoïsme. le malheur absolu qui frappe son entourage, proche ou non, comme le deuil, la maladie, nous apparait terrible par empathie, par compassion. Mais nous renvoie par effet miroir à nos projections sur nos propres vies. Cela nous ébranle aussi à un niveau individuel dans notre propre monde. Ces pensées, généralement on les garde pour soi, par respect pour le malheur qui accable l'autre et pour ne pas paraitre un monstre d'égoïsme.
Emmanuel Carrère n'a donc pas peur de mettre cela à nu quitte à s'entacher un peu. Aussi, ce qu'il révèle de sa nature assez angoissée sinon névrosée est aussi une mise à nu, tel ce renard intérieur qui le dévorait… Même si aucune bête ne me traque, j'ai peut-être un côté torturé moi aussi auquel cette vulnérabilité fait écho.
En bref, j'ai beaucoup apprécié ma lecture qui comporte des moments touchants, bien qu'exprimés apparemment simplement. le seul mini bémol est un passage que j'ai trouvé un tantinet long sur le surendettement… quelques pages de moins auraient donc été bienvenues mais ce petit passage à vide ne ternit pas l'ensemble que j'ai trouvé très joli, si tant est que la douleur puisse l'être.