L'Adversaire

Avis écrit en juillet 2016

Pendant 18 longues années, Jean-Claude Romand a fait croire à l'ensemble de son entourage qu'il était un médecin chercheur de renom au siège de l'Organisation Mondiale de la Santé. Il donnait le change à ses interlocuteurs, voyageait beaucoup, ramenait de l'argent.

Mais la réalité était tout autre, il escroquait son entourage en leur proposant des placements financiers en Suisse dont il était censé bénéficier grâce à son métier. Au lieu de cela, il dilapidait l'argent des autres pour entretenir sa famille mais également faire des cadeaux à sa maitresse.
En 1993, sur le point d'être démasqué, il tue ses parents, ses deux enfants et sa femme avant de tenter, en vain, de se suicider. Il sera condamné à perpétuité en 1996 avec une période de sûreté de 22 ans.

Emmanuel Carrère, écrivain français, a longuement hésité puis a décidé d'écrire, d'essayer de comprendre cette sordide histoire... C'est l'objet de cet ouvrage...

Mon avis : un livre écrit à partir de faits réels tout d'abord à travers l'histoire de l'assassin (de ses débuts à la faculté jusqu'à la tuerie) puis à partir de quelques éléments du procès. Certains chapitres trainent un peu en longueur mais c'est un livre très bien écrit et qui se lit rapidement. A noter que ce récit a été adapté au cinéma en 2002.

L'auteur a rencontré l'accusé et a essayer de comprendre ce qui pouvait expliquer ces gestes impardonnables. A la fin de ce récit on n'est pas plus avancé car l'accusé ne le sait pas plus, lui même. Une bonne lecture quand même.

Imposture du "Docteur Romand" qui finit par tuer père, mère femme et enfant.
Intéressant en tant que document

Je n'ai pas aimé le début et la fin du livre. L'auteur du livre y a retranscrit ses correspondances avec l'auteur du massacre familial. J'ai trouvé qu'il y avait bien trop de considérations personnelles. Emmanuel Carrère a semble-t-il du mal à mettre son égo de côté. J'avais préféré l'approche très neutre de Morgan Sportès relatant l'affaire Ilan Halimi.
Le coeur du livre concernant Jean-Claude Romand, son parcours, sa famille et ses proches est par contre excellent. C'est bien écrit, même un peu trop. C'aurait été mieux qu'emmanuel Carrère se concentre là-dessus plutôt que de se perdre avec des à côtés comme les chroniqueurs judiciaires ou les visiteurs de prison.
Ce qui est sûr c'est que l'auteur connnait très bien le "dossier", qu'il a d'ailleurs conservé chez lui ! C'est précisément ce lien un peu trop personnel avec cette affaire qui m'a dérangé. Il est par exemple pas mal question de religion, notamment à la fin et on peut se demander si cet aspect n'a pas été sur-estimé quand on connait l'intérêt de l'écrivain pour les choses spirituelles...
Ca reste un bon bouquin à lire pour ceux qui s'intéressent à cet éponvantable drame. Il a de plus le mérite d'être court et instructif.

J'ai découvert cette histoire, j'ai du la "zapper" au moment de son actualité. Est-ce pour cela que je suis restée sur ma faim. J'ai trouvé que l'auteur n'allait pas assez sur le personnage (certes complexe) de M. Romand.
L'écriture d'E. Carrère est toujours aussi agréable et fluide.

bien écrit toujours. histoire absolument terrifiante

Retour sur un fait divers: en 1993, Jean-Claude Romand massacre toute sa famille, lui s'en sort après une tentative de suicide échouée.

Emmanuel Carrère décide de faire de ce fait divers le sujet de son livre, il va alors correspondre avec J.C Romand pendant plusieurs mois pour nous raconter son histoire, ses mensonges, sa double vie, jusqu'à la journée dramatique.

E.Carrère choisit de ne pas juger, de nous exposer les faits à la façon d'un journaliste. Pour choisir un sujet de roman comme celui-ci il se posait beaucoup de questions, je vous laisse lire le livre sans vous en dévoiler les réponses.

Lien : http://ratdebiblio.overblog...

En 1993, Jean-Claude Romand supprima ses parents, sa femme, ses enfants, échoue à assassiner sa maîtresse, car il sentait que le mensonge dans lequel il avait englué tous ses proches était sur le point d'être découvert. Il n'avait jamais avoué à personne qu'il avait raté sa deuxième année de médecine, mieux, "de même qu'un faux-monnayeur se dit qu'il n'est pas plus coupable en fabriquant des billets de mille plutôt que de cent" (d'après Pagnol), il avait forgé de toutes pièces une brillante carrière de médecin à l'O.M.S., une fictive amitié avec B. Kouchner, et, pour vivre, soutiré à ses proches des sommes colossales qu'il prétendait placer à des taux sympathiques en Suisse... Mais certains insistaient pour récupérer leurs fonds... Une connaissance s'était étonnée de ne pas pouvoir le joindre à l'O.M.S. Sa femme a pu s'aviser qu'en quinze années, elle ne l'avait jamais fait non plus... Bref, le mensonge n'était plus gérable !

Emmanuel Carrère commence à collecter des éléments sur cette histoire, mais, à la demande de son avocat, Romand ne donne pas suite.

Mais quelques années plus tard, voilà notre auteur bien embêté : il a dû se remettre, par un étrange sentiment de devoir de constance, à l'écriture du texte qu'il avait évacué sous forme fictionnelle quelques années auparavant, car Romand veut bien collaborer, maintenant que le procès est achevé. Or Carrère a du mal à trouver un angle, un biais... Et plus il examine les documents, fait parler les témoins, les visiteurs de ce meurtrier en série et mythomane ébouriffant, plus il est embarrassé.
En réalité, le sujet est tellement glissant, il est tellement difficile d'avoir accès au psychisme en kaléidoscope-miroir de l'homme, intelligent et complaisant, qu'en cherchant la vérité, on peut aussi bien en faire une victime qu'un monstre froid coulé dans une folie-alibi. L'auteur n'élude aucune piste.
De cet embarras littéraire et éthique, Emmanuel Carrère fait un livre prenant et qui nous questionne longtemps après la lecture.

Une pensée qui me vient après coup, c'est qu'un homme aussi manipulateur, doué d'une telle force de conviction et capable de donner le change pendant tant d'années, récolter des sommes aussi colossales sur du vent, aurait pu faire une carrière remarquable dans d'autres domaines que sa prétendue médecine. Les errements dus à une mauvaise orientation professionnelle sont décidément bien plus tragiques qu'on croit !
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