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Les enquêtes de Roderick Alleyn tome 15 sur 29

Anne-Marie Carrière (traductrice) (Traducteur)
EAN : 9782264023636
285 pages
10-18 (12/09/1999)
3.46/5   27 notes
Résumé :
Plus tard, les acteurs eurent tous le même sentiment : ils n'avaient pas compris à temps qu'un désastre venait de s'abattre sur le théâtre. Le rideau tomba sur les derniers mots de l'auteur de la pièce, tandis qu'une affreuse odeur de gaz emplissait les coulisses.

Le Dr Rutherford reparut bientôt, suivi de quatre machinistes qui portaient le corps inerte du comédien. Sa tête pendait entre ses épaules et sa bouche était grande ouverte...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Opening Night (UK) ou Night At The Vulcan (USA)
Traduction : Roxane Azimi

ISBN : ?

Son intérêt pour l'art théâtral - elle fut à la fois, à une certaine époque, comédienne et peintre - a souvent poussé la Néo-Zélandaise à privilégier les intrigues se déroulant dans le milieu de la scène - et de ses coulisses. En ce sens, "Meurtre En Coulisses", dont le titre français annonce carrément la couleur, demeure une sorte de classique qui sortit pour la première fois en 1951 avant d'être réédité en France en 10/18 en 1986 dans la collection "Grands Détectives."

La mécanique est impeccable et, ce qui mérite d'être souligné, la fin inattendue et presque déroutante. Ce résultat, qui n'est pas simple à obtenir, doit beaucoup à la rigueur technique personnelle de l'auteur, à son intime connaissance de ce qu'elle décrit et aussi, bien sûr, à l'amour égal qu'elle portait d'une part au genre policier et à l'écriture, de l'autre au théâtre - elle finit tout de même professeur d'art théâtral.

Autant dire que, si vous aimez le théâtre, ses décors, ses masques, ses costumes, ses changements de rideaux, ses maquillages mais aussi l'importance qu'y revêtent les dialogues et, en particulier dans le genre policier, la progression dramatique, Ngaio Marsh et son oeuvre sont faites pour vous. Précisons tout de même que, pour ne pas lasser son public, il est arrivé à cet auteur de placer ses intrigues dans d'autres milieux comme celui de l'hôpital, par exemple, ou encore sur les ponts d'un navire où son personnage-fétiche, l'inspecteur Alleyne, fait une croisière avec son épouse. En gros, si vous voulez, le théâtre est à Ngaio Marsh ce que le petit village de campagne ou la petite ville sont à Caroline Graham, Agatha Christie ou encore Patricia Wentworth , E. C. R. Lorac et, pour mêler à cette belle distribution au moins un homme (ou plutôt deux) Jonathan Stagge.

S'il y a bien un thème que le lecteur apprécie, c'est celui du théâtre maudit. le "Vulcain", où se déroule l'action de "Meurtre en Coulisses", appartient en quelque sorte à cette noble confrérie non qu'on y voie rôder quelque spectre livide mais parce que, il y a quelques années, alors qu'il était encore le "Jupiter", y a été commis un assassinat pour lequel on utilisa très habilement le système de chauffage par le gaz des bâtiments. L'assassin, qui guette l'opportunité dans le tout nouveau "Vulcain", va d'ailleurs plus ou moins s'inspirer de son prédécesseur puisqu'on retrouvera sa victime avec une veste sur la tête et étendue sur le sol, la bouche ouverte sur l'arrivée de gaz d'un radiateur.

Les circonstances qui ont précédé la mort de Clark Bennington, époux de l'actrice-vedette et comédien désormais sur la pente savonneuse du déclin induit par l'alcool, la jalousie et le stress, sont toutes réunies, presque au garde à vous, pour favoriser la certitude du suicide. Jusqu'au personnage, d'ailleurs détestable, qu'il interprétait dans la pièce écrite par le Dr Rutherford, personnage qui effectuait sa dernière sortie de scène pour aller se donner la mort. Un alcoolisme chronique, le désespoir d'un comédien qui accepte mal de vieillir, une querelle avec sa femme, laquelle a toujours eu des amants à droite et à gauche mais qu'il vient de violer l'après-midi-même parce qu'elle n'acceptait pas de se donner à lui une fois encore (soulignons au passage que, dans les milieux bien informés, le fait que le couple fait chambre à part depuis des lustres n'est qu'un secret de Polichinelle), la récupération d'un rôle-clef de la pièce par la jeune Martyne Tarne alors que Bennington avait tout fait pour que celui-ci demeurât à sa nièce, Gay Gainsford, tous ces facteurs ne se sont-ils pas donné la main pour acculer à la destruction de soi un être narcissique et sensible comme l'était, malgré ses défauts, Clark Bennington ?

Au départ, c'est-à-dire à la fin de cette première représentation publique, tout le monde y croit. Mais l'inspecteur Alleyne demeure un tantinet sceptique : refait-on son maquillage, ou plutôt se repoudre-t-on, lorsqu'on a l'intention de mettre fin à ses jours avant le tomber de rideau ? Curieuse, tout de même, cette obéissance aux ordres du régisseur d'un homme qui, ce soir-là, s'était montré particulièrement caractériel et s'en était même pris sur scène à un partenaire qu'il détestait, lui faisant un croc-en-jambe tout en respectant l'action de la pièce mais provoquant ainsi des rires alors que la situation sur scène est, à ce moment-là, plus dramatique qu'autre chose. Par contre, si l'on pense que Bennington comptait bien venir saluer avec ses camarades après le tomber de rideau, son repoudrage reste très logique.

Je ne vous livre ici qu'un détail majeur parmi bien d'autres d'un roman à l'intrigue riche et cohérente (jusque dans la relation amoureuse qui s'installe peu à peu entre le comédien principal et Martyne, lesquels peuvent d'ailleurs se targuer d'une vague parenté), qui parvient sans grand effort à nous envelopper de ces vapeurs de poudre et de ces odeurs de fard gras propres au monde de la scène. A côté des bouleversements majeurs que va entraîner l'arrivée inattendue de Miss Tarne au "Vulcain" et qui concernent le rôle revenant originellement à une comédienne qui ne parvenait pas à le jouer correctement mais qui était la nièce du mari de la diva, tout un monde s'anime, fort entre autres des dissensions existant par exemple entre l'auteur de la pièce, le Dr John James Rutherford, personnage pour le moins sanguin et fort en gueule (et en citations shakespeariennes), et pratiquement l'intégralité des comédiens, producteurs, habilleurs, etc ... à l'un ou l'autre moment de l'histoire. Il est vrai que Rutherford s'acharne avec sadisme sur la malheureuse Gay mais enfin, après tout, c'est sa pièce, se dit-on, et il voit le personnage qu'il a créé interprété d'une façon qu'il juge inadéquate et même (selon lui) grotesque : il a donc bien des raisons de se montrer détestable, d'autant qu'on ne connaît aucun créateur qui, en de semblables circonstances, ne réagisse comme lui. Un personnage de théâtre, une pièce de théâtre, c'est comme un personnage de livre et comme un livre : c'est l'enfant de l'auteur et dame, on ne ne confie pas ses enfants à n'importe qui ! On se bat pour eux bec et ongles. Certains diront que Rutherford en fait trop mais comme, par nature, c'est déjà un agressif ...

Un roman policier classique qui conserve cependant des particularités certaines. Il existe bel et bien une "touche" Ngaio Marsh : le novice la devine ici comme il verrait une ombre se faufiler dans les coulisses du "Vulcain." Et cette "touche", nous la retrouverons, avec plus ou moins de bonheur, dans d'autres romans de la Néo-Zélandaise. J'espère que vous y prendrez autant de plaisir que moi, même si Marsh, indiscutablement, se rattache au "whodonit", si souvent regardé de nos jours avec une moue de mépris par les amateurs de romans qui deviennent - ce n'est que mon opinion et elle vaut ce qu'elle vaut - peut-être pas plus noirs (un bon roman noir est très difficile à obtenir) mais simplement plus "gore", ce qui est bien différent - et beaucoup plus facile à réaliser, surtout si l'on ne se soucie que d'accumuler les morts atroces, le tout sans grande vraisemblance. Qu'en pensez-vous ? ;o)
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A la suite de la jeune Martyn, toute jeune actrice fraîchement débarquée de Nouvelle-Zélande, nous découvrons l'univers des théâtres Londoniens.
Le Vulcain est un théâtre dans lequel un meurtre a été commis cinq ans plus tôt, et depuis, les acteurs étant très superstitieux, il a été rénové et rebaptisé, mais une ambiance étrange règne au sein de ces murs.
Dans quelques jours aura lieu la première d'une nouvelle pièce, c'est donc l'effervescence.
Entre les caprices de certains acteurs, les sautes d'humeur d'une autre, angoissée par son futur rôle, la costumière qui tombe malade et doit être remplacée au pied levé, les répétitions qui s'enchaînent dans le stress...nous assistons de l'intérieur aux tourments des uns et des autres.
Bien sûr un cadavre sera découvert, mais pas avant la page 150, ce qui laisse au lecteur le temps de bien s'imprégner de l'atmosphère.
C'est le superintendant Roderyck Allen qui se charge de mener l'enquête et bien entendu, cet homme futé ne tardera pas à comprendre ce qu'il s'est passé.
Si vous aimez évoluer dans un univers plein de faux-semblants, si vous avez envie de découvrir l'envers du décor et de pénétrer au plus profond des coulisses d'un théâtre, ce petit roman sans prétention est idéal.
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Une auteure néozélandaise que je ne connaissais pas et pourtant le nombre de livres publiés même en poche est impressionnant. Je ne comprends pas pourquoi je ne suis jamais tombée sur cette auteure lors de mes recherches sur la littérature néo-zélandaise, aucun libraire consulté ne me l'avait proposé.
Pour le titre trouvé, 1951 pour l'édition néo-zélandaise, 1996 pour la traduction française .... je suis très en retard !
Dès les premières pages je suis déçue car bien que ce livre soit dédié à un théâtre néo-zélandais, il se passe en Angleterre !
Mauvaise pioche mais je pense que ce type de littérature s'intéresse plus à l'intrigue qu'á l'endroit où se passe l'action !
Effectivement que cela se passe à Londres ou à Christchurch on s'en moque ...
L'important est de découvrir les dessous d'une pièce de théâtre, ses répétitions, son avant première et sa première avec son nid de crabes, ses acteurs, amoureux, jaloux, prétentieux, avides de gloire et de reconnaissance.
L'atmosphère est rendue magistralement même si les décors datent un peu et font penser au transcription d'Agatha Christie mais on se laisse prendre au jeu ...
Jusqu'au dénouement final ... bluffant !
Et puis n'oublions pas que la nouvelle Zélande est une ancienne colonie britannique ... alors l'auteur rend hommage au pays colonisateur !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Tous les membres de la troupe étaient sur scène. Martyn découvrit qu'ils étaient au nombre de six et qu'elle les connaissait déjà pour avoir vu leurs portraits dans le hall, avant de les rencontrer dans leurs loges respectives. Elle s'aperçut que, dans son esprit, chacun d'eux portait une étiquette : Helen Hamilton était l'Actrice Vedette, Gay Gainsford l'Ingénue, J. G. Darcey le Père Noble, Parry Percival le Jeune Premier, Clark Bennington - à tort ou à raison - l'Ivrogne et Adam Poole ... Elle ne trouvait aucune appellation pour ce dernier. Celle de "Patron" lui convenait peut-être ? C'était ainsi que l'on désignait, à l'époque victorienne, les auteurs-réalisateurs.

D'autres personnages gravitaient autour de ce noyau. Il y avait le Dr John Rutherford, dont l'excentricité semblait dépasser celle que lui attribuait la légende ; l'homme au pull-over rouge qui était le régisseur et qui s'appelait Smith ; l'assistant de ce dernier, un homme taciturne et que l'on n'entendait presque jamais. Il y avait enfin les machinistes qui s'activaient, chacun dans son domaine, ou contemplaient les acteurs avec un égal détachement.

Quand Martyn parvint sur la scène, les comédiens se préparaient à la séance de prise de vues. Ils commencèrent à se déplacer selon un ordre bien établi, dirigés par Adam Poole, sous le regard attentif et quelque peu inquiet d'un homme d'âge moyen, à l'aspect dégingandé, qui courait ici et là, muni d'un pot de peinture et de pinceaux. Cet homme, le dernier qui apparût sur scène ce matin-là, ne semblait avoir aucune occupation précise. Mais, en même temps, tous les rouages du théâtre avaient l'air de dépendre un peu de lui. Il portait une combinaison de travail et une chemise à carreaux dont son cou émergeait tel celui d'un oiseau, long et moucheté, pour se terminer par une tête qui vacillait légèrement, comme si elle reposait sur des articulations usées par l'âge. Les autres l'appelaient Jacko. Ils s'adressaient à lui avec une sorte d'irritation affectueuse. Ce fut lui qui désigna la position de chaque projecteur et lui aussi qui donna le signal mettant les acteurs en mouvement. Helena Hamilton apparut au dernier moment. Elle se glissa, légère et gracieuse, dans un espace laissé ouvert au milieu de la troupe. Aussitôt, elle devint le point de mire de toute la scène. ... [...]
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[...] ... Plus tard, les acteurs eurent tous le même sentiment : ils n'avaient pas compris, à temps, qu'un désastre venait de s'abattre sur le Vulcain. Le rideau tomba sur les derniers mots du Dr Rutherford. Il y eut une nouvelle vague d'applaudissements, Poole sortit du plateau en courant, suivi par le reste de la troupe. Il rencontra Clem Smith qui tenait toujours son trousseau de clef.

Une odeur de gaz emplissait les coulisses.

Curieusement, peu de commentaires furent échangés en ce début de crise. Les acteurs s'étaient rassemblés et regardaient à droite et à gauche. Nul n'osait poser la question qui était dans tous les esprits.

- "Il faut empêcher les visiteurs d'entrer, Clem," indiqua Poole. "Tu n'as qu'à les envoyer au foyer."

Le régisseur assistant se dirigea rapidement vers le téléphone. Bob Grantley surgit dans l'encadrement d'une porte, un sourire épanoui sur le visage.

- "Un triomphe !" s'exclama-t-il. "John ! Ella ! Adam ! Mon Dieu, vous avez tout simplement ..."

Il s'interrompit brusquement et son sourire se figea.

- "Ne reste pas ici, Bob," reprit Adam. "Va t'occuper des autres. Demande à nos invités de continuer sans nous. Ben est souffrant. Il faut faire ouvrir toutes les portes. Nous avons besoin d'air.

- Une fuite de gaz ?" interrogea Grantley.

- Vite," continua Poole. "Emmène-les dehors. Explique-leur la situation. Ben est malade. Ensuite tu m'appelleras, je ne bouge pas d'ici. Fais vite, Bob."

Grantley sortit sans un mot.

- "Où est-il ?" interrogea le Dr Rutherford.

- "Adam ?" fit Helena Hamilton.

- "Retourne sur le plateau, Ella. Il vaut mieux que tu ne restes pas ici, crois-moi. Kate te tiendra compagnie. Je vous rejoindrai dans un moment.

- Vous venez, docteur ?" lança Clem Smith.

Il y eut un bruit de bousculade dans le corridor. Le Dr Rutherford ordonna :

- "Ouvrez les portes de la remise."

Puis il disparut derrière la toile de fond. ... [...]
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Pour l'amateur de théâtre, il n'existe peut être pas d'expérience plus forte et plus riche en émotions que celle consistant à écouter des acteurs sans les voir. Les voix lointaines et désincarnées, venant de nulle part, le silence presque surnaturel qui pèse sur les coulisses, les odeurs, le sentiment que les murs retiennent leur souffle, un climat, une atmosphère d'attente inexpliquée, tout cela se conjugue et se démultiplie. Le théâtre vit et espère. Son cœur bat.
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Les raisons qui poussent un être humain à en tuer un autre peuvent parfois sembler ténues, invraisemblables. Des meurtres ont été commis pour toutes sortes de motifs : la jalousie, la peur, la vanité, l’ennui, la haine.
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Ben s’était conduit d’une manière détestable avec lui. Il avait tout fait pour le ridiculiser durant les répétitions. Il l’avait troublé et agacé, introduisant des gestes et des mimiques qui n’étaient pas dans le texte, l’interrompant au milieu d’une tirade, le regardant du coin de l’œil et le narguant, le laissant muet de fureur et d’impuissance. C’était la technique qu’utilisait un instituteur pour torturer un petit écolier.
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Video de Ngaio Marsh (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ngaio Marsh
La Reine du Cosy Mystery. #ngaiomarsh #agathachristie #cosymystery
« Si vous aimez Agatha Christie, vous allez adorerez ! », The Guardian
Réédition de deux enquêtes des 32 romans de Ngaio Marsh mettant en scène son personnage fétiche, l'inspecteur Roderick Alleyn de Scotland Yard. Lauréate du Grand Master Award décerné par la Mystery Writers of America pour l'ensemble de son oeuvre, elle fut à son époque la grande rivale d'Agatha Christie. Un classique de la littérature policière qui n'a pas pris une ride.
« Chaque roman de Ngaio Marsh est une pépite, et celui-ci ne fait pas exception. » New York Times
Les enquêtes : - "Le jeu de l'assassin" : https://www.lisez.com/livre-grand-format/le-jeu-de-lassassin/9791039200189 - "L'assassin entre en scène" : https://www.lisez.com/livre-grand-format/lassassin-entre-en-scene/9791039200349
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