Comment parler de ce roman de
Patricia Wentworth (de son vrai nom Dora Amy Elles), premier de la série des Miss Silver… Ou comment en parler de façon positive ! (Déjà ça commence bien, me voici comme elle dans l'utilisation des points de suspension et d'exclamation, dont elle use et abuse, au point où ça en devient parfois ridicule.)
Roman d'introduction de son enquêtrice, la description qu'elle en fait tient dans trois paragraphes tout au plus, et elle est le plus souvent en arrière-plan, sauf pour le dénouement où elle ne manque pas d'apercevoir un élément-clé… que
le Masque gris lui, « méchant » qui dissimule habilement son identité depuis vingt ans, n'a pas remarqué ? Pour apprécier ce roman, où des rebondissements incroyables arrivent toujours à point nommé, il faut mettre son esprit logique en veilleuse : l'invraisemblable y règne. Sauf pour Miss Silver, les personnages paraissent tous plus ou moins sots. Et que dire du mode sur lequel ils vivent leurs émotions, en montagnes russes incompréhensibles ! Par exemple
Margaret, qui a un emploi et assure seule sa subsistance, bien que ce ne soit pas facile pour elle, et qui devrait donc avoir quelques ressources internes, de laquelle il est dit, alors qu'un revolver est pointé sur elle : « Si au moins elle pouvait s'évanouir… pour ne plus rencontrer ces yeux pleins de haine, ne plus sentir cette angoisse torturante… », parce qu'effectivement, on ne peut penser meilleur moment pour s'évanouir ! Et je ne pense pas qu'il s'agisse ici de la psychologie du personnage (elle est déprimée, une part d'elle veut mourir), car les personnages ne sont pas très développés sur ce plan… Je les imaginais tous la main sur le front, emphatiques tels ces acteurs des films muets. J'espérais un récit délicieusement suranné, et découvrir une nouvelle héroïne… Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas trouvé divertissant, car par moment j'ai adhéré au style de l'auteure, mais je ne lirai probablement pas les autres aventures de Miss Silver. On a comparé
Wentworth à
Christie, en plus sentimentale… Je reste avec Agatha !