Se laisser envahir par la pression sociale : avoir une vie de couple, un travail intéressant et bien rémunéré, acheter une maison, construire une famille avec l'arrivée d'une petite fille.
Un modèle social qui respire le bonheur, mais en apparence seulement.
Un coup de foudre au bord d'une piscine lors d'une soirée entre amis, et c'est le début d'une histoire d'amour.
Ou plutôt d'une histoire à deux. Car très vite, le narrateur,dont on ignore l'identité, se rend compte qu'il n'aime pas cette femme dont le prénom n'a pas été dévoilé et qu'il se contente de nommer "Tu" dans le roman.
Le narrateur partage sa vie intime avec cette femme qui se montre très possessive et jalouse. A tel point que toute vie sociale est bannie pour lui.
Il lui devient impossible de se rendre à la salle de sport ou même de faire son jogging. Il ne peut pas sortir sans elle. C'est interdit, sous peine d'une crise d'hystérie.
Le narrateur fait vite son choix et lui obéit. Il anticipe chacune des réactions de sa femme, "sa grande" pour éviter qu'elle ne s'énerve.
Mais en vain. C'est le début de la descente aux enfers.
Comment sortir de cet engrenage psychologique ?
Oser repartir à zéro malgré le mariage, l'achat de la maison avec un crédit immobilier de plusieurs années à honorer, l'arrivée d'une petite fille ?
Il faut du courage et de la force pour franchir le pas. le narrateur ne l'a pas eu. Il s'est enfermé dans cette vie bien rangée en apparence mais qui est en réalité un cauchemar.
Il subit, il encaisse et trouve un moyen de se confier à son ami, le midi, lors de déjeuners qu'il cache à sa femme. Il survit dans cette prison dorée.
Jusqu'où cette violence psychologique, cette emprise morale va les mener ?
Le style saccadé renforce la détresse du narrateur, son désespoir.
Un flot de phrases courtes qui s'enchaînent pour libérer les émotions et les non-dits enfouis depuis des années.
Un livre qui offre une réflexion sur la violence psychologique conjugale, tout aussi dévastatrice que la violence physique.
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bon petit livre qui nous présente un pervers ,ses manipulations,son emprise dans le couple;dur
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Claire Castillon sombre souvent son public dans cette torture tumultueusement jubilatoire de ses écrits. Ses phrases sont incidemment acides, ses mots ont ce trouble, son intrigue s’étire dans une spirale pour s’échapper dans le vide des émotions. Dans ce gouffre, le lecteur chavire dans l’abime obscur des personnages animant les intrigues Castillonnes, vers un vertige happant et enivrant. Le lecteur est souvent, perdu, déstabilisé surtout pour être aimanté à l’intrigue, dérouté la plus part du temps, tous ces romans sont et restent des mystères inextricables.
Ma grande, le dernier opus de Claire Castillon est un roman étouffant, les phrases sont courtes, le personnage masculin semble ambigüe de sa faiblesse de caractère. Comme souvent l’esprit Castillonais hante ces pages, comme un prisonnier à perpétuité errant à l’intérieur de sa cellule, dans la solitude de sa pénitence.
Je m’étais un peu égaré lors du dernier livre de Claire Castillon, Rebelles, ce recueil de nouvelles très hermétique comme si je lisais une liste de courses, sans intérêts, sans saveur. Pourtant Claire Castillon avec ses romans comme Les merveilles, Les cris, Les messieurs, le grenier et tous les autres écrits que j’ai aimés, ont respirés en moi un souffle d’émotion chavirant mon esprit vers ce monde étrange, unique de son univers.
Ma grande débute par une lecture abrupte, un exercice de style avec toutes ces petites phrases acérées aux vitrioles, un petit préambule découpé, morcelé, pour une chute à venir dans les profondeurs intimes de l’auteure en apesanteur dans le monde angoissant de l’inconscient et du réel, un enchevêtrement malicieux et déroutant. Au style direct, le narrateur vomit avec amour sa rencontre avec sa femme, au surnom du titre du roman Ma grande, et de leur vie commune. Cette histoire au regard masculin unique reflète cet amour infini de l’être à se rendre prisonnier de ces sentiments pour devenir esclave d’une relation unilatérale, un enferment volontaire vers une liberté close et sombre, une soumission volontaire s’installe entre sa femme et cet homme sombrant dans une sorte de quotidien carcérale. Petit à petit cette exclusivité possessive entraine le lecteur vers une attraction impulsive à vouloir réveiller le narrateur de sa léthargie somnolente face à sa grande.
Notre narrateur rend sa femme incertaine en ne la nommant pas, elle devient anonyme, elle est comme une ombre derrière notre conteur l’aspirant dans ses méandres pour le contrôler telle une marionnette. Cette femme s’étire dans la jalousie maladive, celle envers son mari et sa famille, elle tisse sa toile pour attraper sa proie invisible et insaisissable, celle de son entourage, elle fermente petit à petit la douleur, elle dilate son emprise, elle vampirise, elle blesse à coup de mots, de reproches, de crises, d’hystérie intelligente, elle cimente petit à petit son propre décès, sa disparition, son meurtre.
Claire Castillon maitrise cet art de la prose, cette progression lente et sure de la descente en enfer de cet homme accroché à son bourreau, attaché à un amour impossible, dérivant petit à petit dans la solitude de ce couple virtuel, notre narrateur perd ses amis, sa passion pour l’écriture, sa vision est sous l’emprise de sa femme, comme leur mariage caché à leur famille, l’annonce de leur futur enfant chapoté toujours par sa femme, cette femme devenant de plus en plus un monstre, lui parlant de divorce pour se donner du souffle, lui faisant souvent plaisir pour avoir la paix, ne plus entendre cette litanie venant à tout moment briser cette espérance d’un couple heureux.
Lorsque la naissance de leur fille surgit sa grande reste immuable, toujours aussi folle rendant sa vie impossible, même la mort d’un enfant de leurs amis, elle poursuit toujours avec horreur sa méchanceté sans pitié avec le couple endeuillé de leur enfant même avec sa fille, sa progéniture devient aussi une rivale pour chavirer dans un déversement de haine, l’insultant, tout autour d’elle est sujet à la haine, à la jalousie maladive. J’ai aimé le passage cocasse avec l’actrice Audrey Fleurot, lors d’une réunion de famille, meurtri des hommes la trouvant désirable et belle, un affront au plus profond d’elle.
Ma grande est le déclin d’une femme, s’enlisant dans son délire, obligeant sa famille à faire attention à tout, son mari à mentir pour rencontrer ses amis, éviter surtout ceux ayant une femme trop belle, elle s’enlise dans son entêtement pour petit à petit parvenir à la fin de sa vie.
Meurtre parfait serait le titre de Ma grande, il y a dans une douceur passive de cet homme, acceptant l’inévitable amour, cette cristallisation Stendhalienne œuvre la faiblesse de l’être humain, un roman inégale happant votre esprit comme Claire Castillon sait bien le faire, une tisseuse de prose magnétisant.
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La vérité, c'est : je t'ai tuée et c'est tout. J'ai sans doute pas raison. Je regrette rien, et c'est mal." Ils se sont rencontrés à la piscine. Ils se sont aimés pas longtemps. Ils se sont acheté une maison. Il n'a jamais cessé de subir et malgré tout un enfant est né. Il n'était pas vraiment un homme battu : pas de bleus, rien de visible. Et pourtant des coups il y en a eu. Alors on se demande pourquoi il est resté.
Un récit bref d'un homme abîmé. Un homme soumis à une violence conjugale sournoise. Sans relâche.
Comment sortir de cet engrenage psychologique ?
Jusqu'où cette emprise morale va aller ?
Une lecture oppressante avec des phrases courtes. En apnée jusqu'à la dernière ligne.
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Tres déçu . Je le laisse de coté. Je ne sais pas si j'aurai le courage de le finir.
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