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Cécile Deniard (Traducteur)
EAN : 9782383612209
Globe (09/11/2023)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Deuxième recueil de poésie de Joshua Bennett, L’Amérique sera joue habilement avec la notion d’héritage, de dette générationnelle. Qui doit quoi à qui ? Les odes de Bennett explorent les dettes sentimentales, philosophiques et politiques que Joshua doit aux choses, aux lieux et aux personnages qu’il a croisés au cours de son existence et qui, d’une manière ou d’une autre, ont nourri son imagination : le magasin « tout à 1 dollar » de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour apprécier ce recueil de poésie, il m'aurait fallu un condensé de références (personnages, lieux, mots anglais -non-traduits, marques de vêtements…) que je n'ai pas*. Alors, j'ai exercé une lecture bribique (mot inventé qui signifie cueillette de bribes) des textes de Joshua Bennett et je suis de cette façon entré en lien avec le poète et ses mots.

La parole syncopée de Benett est moderne, engagée, au plus près d'un quotidien âpre d'une banalité déconcertante pour qui naît, vit dans le noir de sa peau aux États Unis. Il est question de jeunesse et d'études, de famille et d'éducation, d'histoire et de politique ; des sujets traversés par les mots d'un professeur, performeur, poète. Bennet explore ce qu'il voit, entend, lit dans le XXIème siècle nord-américain qui pratique toujours la discrimination, la persécution envers ce peuple multiple. L'Amérique ne guérit pas de son mal à peau noire, la convalescence s'éternise, les bubons refluent.
La poésie de Benett claque et s'infiltre sous la peau. Elle se nourrit des blessures vives perpétrées par l'Amérique envers les noirs.
« B comme bombe, comme Blacks beuglant du blues devant des tombes, le bain de sang qu'ils ont versé pour donner au drapeau son brillant » p 69
« Comme les règlements de police ou le feu, tu noircis tout ce que tu touches.» p39

Les poèmes « Réparation » apportent une note d'espoir, l'idée que chacun trouve sa place dans cette société mosaïque et ambitieuse. « Réparation » la possibilité d'imaginer ce que l'Amérique doit être, ce que « L'Amérique sera »
« Un bateau pour n'importe
quel point que nous montrons
sur une carte de l'univers
mesurable, osons appeler
havre, sanctuaire, terre
où les enfants peuvent jouer
et rentrer chez eux entiers » p111

Je ne peux me départir d'un certain trouble vis-à-vis de cette lecture exigeante ; je suis restée en marge de la poésie de Joshua Benett tout en faisant quelques incursions pertinentes et brillantes au coeur de ses odes.
L'excellente traduction est assurée par Cécile Deniard
Merci à l'opération Masse Critique et aux éditions Globe.

*J'ai découvert bien tard, tout à la fin du livre, des notes de traduction qui auraient pu au fur et à mesure éclairer ma lecture si je les avais trouvées en bas de page.
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Ce recueil de poèmes de Joshua Bennett, poète américain traduit par Cécile Deniard aux éditions Globe, se compose de sa version originale à gauche, et de sa traduction en français à droite.

« L'Amérique sera » est le titre choisi pour traduire « Owed », son titre original. Comme l'explique la traductrice dans les quelques pages de notes de traduction très instructives, owed est un jeu de mots pour parler du poème lyrique, l'ode; mais aussi pour évoquer la dette. La dette du poète envers sa famille ou sa communauté, mais surtout celle de l'Amérique envers les populations afro-américaines.

Dans ce recueil on trouve des thèmes variés, comme la famille, la politique, l'injustice. Joshua Bennett parle beaucoup de son enfance et s'attaque aux préjugés et stéréotypes. Il évoque l'identité, la survie, le fait d'être noir en Amérique, l'espoir.

De nombreux poèmes sont des odes, portant des titres qui peuvent sembler en contradiction avec ce genre lyrique, comme « ode à la housse en plastique du canapé de ta grand-mère » ou encore « Ode au caleçon long », qui sont des thèmes simples mais profonds, mettant en lumière les souffrances quotidiennes et persistantes des populations noires américaines. On sent l'inquiétude des parents, anormalement décuplée par la peur de voir son enfant tué par erreur par un policier, battu à mort par un gang, ou privé d'avenir professionnel.

J'ai trouvé le premier poème du recueil poignant. « Le noir de service chante le blues » évoque dans un souffle l'injustice et la discrimination, qui donne aux nouvelles générations, de façon inconsciente, le devoir d'être encore meilleur. « sois deux fois meilleur dit maman ».
Son poème « Mike Brown est une sorte de Christ », évoquant le jeune afro-américain abattu par un policier blanc en 2014, est bouleversant.

Les poèmes « Réparation » mettent en lumière la difficile reconstruction, à la fois individuelle et politique, d'un lourd passé douloureux. En évoquant Donald Trump ou Jimmy Carter, la police et « le regard laser de l'Etat américain, de l'école à la prison. », il affronte le passé avec amertume, mais nous invite à nous tourner ensemble vers l'avenir.

J'ai beaucoup apprécié le style de Joshua Bennett, qui a une écriture kaléidoscopique captant des instants d'émotion, avec un rythme effréné. Ses odes sont autant de rhapsodies, lui qui évoque le jazz, le blues ou « Le prochain hymne national noir ». On y ressent l'Amérique dans ce qu'elle a de meilleur et de pire.
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Joshua Bennett est un auteur, enseignant et artiste américain. Il est professeur de littérature et titulaire d'une chaire de sciences humaines. C'est un poète contemporain très connu aux Etats-Unis. Il n'a pas toujours eu une vie facile, et ses parents ont dû lutter pour avancer et s'en sortir. Il est en photo avec son père sur la couverture.
Dans ce recueil, on retrouve une partie de ses poèmes (à gauche en anglais, à droite en français). Ses sources d'inspiration sont multiples. le bus scolaire, le barbier, un tableau, le commerce « tout à 99 cents », job d'été, et bien d'autres choses ordinaires qu'il sublime par ses mots. Ses vers donnent du sens à des termes simples, permettant d'exprimer ses ressentis, ses émotions, ce qu'il veut partager et surtout transmettre.
On sent qu'il défend les personnes de couleur, qu'il revendique les messages qu'il fait passer.
Dans le bouleversant poème « Mike Brown (jeune homme afro-américain, abattu par un policier blanc en 2014 alors qu'il était non armé) est une sorte de Christ », l'auteur parle d'événements graves qui le révoltent et qu'il ne veut plus voir.
« La nuit dernière,
j'ai imaginé les armes de tous les policiers
rassemblées et enfermées dans un coffre à l'épreuve des bombes
au bord de la grand-route, me suis demandé
ce qu'ils choisiraient de fabriquer
avec leurs mains, leurs yeux, depuis si longtemps
occupés à pourchasser
ce qui ne peut être contenu. »
Dans ses textes, Joshua Bennett évoque des thèmes en lien avec son enfance, la famille, la politique, etc. C'est vivant, émouvant, fin, lyrique. Il a un sens de l'observation acéré et quand il écrit (merci à la traductrice) il arrive à partager des instants de vie avec tout ce qu'ils contiennent de « rappels » sur les moments difficiles, ou d'autres plus doux.
Plusieurs écrits s'appellent « Réparation », je ne dirai rien sur leur contenu mais ils sont particulièrement poignants. Et j'irai plus loin dans ma réflexion, est-ce qu'en rédigeant ces « Réparation » l'auteur leur donne la possibilité d'être guéries parce que, couchées sur le papier, elles existent et ne seront pas tues, passées sous silence, oubliées ? Est-ce que ce recueil n'est pas lui aussi une « forme de réparation » de son âme parfois blessée, voire endeuillée ?
Quoiqu'il en soit, ces lignes m'ont profondément touchée et c'est ce que j'attends d'un poète. Alors merci à lui.
Il est intéressant, en fin d'ouvrage de lire les notes de traduction. En anglais, le titre est « Owed » s'apparente à un jeu de mots qui renvoie à l'idée d'ode et de dette. On peut l'interpréter comme le fait que l'Amérique ait une dette envers la population noire.
Des éléments qui pourraient nous questionner sont également expliqués avec les références historiques pour une meilleure compréhension.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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L'Amérique seraJoshua Bennetttous les livres sur Babelio.com
Je tenais à remercier Babelio et les éditions Globe pour ce livre. Ce recueil de poème de Joshua Bennett nous fait part de sa vision de l'Amérique contemporaine. Dans ses poèmes, l'auteur traite de sujets poignants tels que le racisme aux Etats-Unis ainsi que les violences policières, la précarité et des injustices subies par les minorités noires. Certains poèmes portent aussi sur des sujets plus simples tels que la famille ou encore la jeunesse de l'auteur et du quartier dans lequel il a vécu.

J'ai particulièrement aimé pouvoir lire et découvrir ces poèmes dans leur langue originale grâce à sa présentation bilingue. On ressent mieux ainsi l'authenticité du texte et la musicalité des sons. . de plus, la forme de certains poèmes est intéressante et singulière et permet de sortir de la poésie ‘habituelle', et fait souffler un vent de fraicheur poétique. Enfin, ce recueil permettra au lecteur de mener une réflexion sur la société dans laquelle nous vivons et de prendre conscience des inégalités et injustices qui persistent encore aujourd'hui.

Je recommande cette lecture aux fans de poésie contemporaine et particulièrement intéressé par la culture et l'histoire américaine !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La nuit dernière,
j’ai imaginé les armes de tous les policiers
rassemblées et enfermées dans un coffre à l’épreuve des bombes
au bord de la grand-route, me suis demandé
ce qu’ils choisiraient de fabriquer
avec leurs mains, leurs yeux, depuis si longtemps
occupés à pourchasser
ce qui ne peut être contenu.
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Je suis assez doué pour ne rien aimer
Au point
D'en craindre la ruine
La cruelle vitesse de notre inévitable obsolescence me
Convient. Ainsi
Je peux être au moins une des versions de moi-même que je préfère
Une semaine sur deux:
Ténébreux philosophe,
Défenseur de la cause noire, expert
En excuses publiques, sans
La pression
Que vous voyiez
Où je conserve
Les parties dont je sais
Qu'un jour vous auriez
Préféré que je les cache
Ou que je les tue
Dans un endroit discret
Pour que vous n'ayez pas
À sentir l'odeur
De brûlé et la seule
Chose à laquelle j'arrive à penser
Ces derniers temps en regardant
De l'autre côté de la table
Par-dessus ces boissons
Qui portent de jolis noms
C'est la façon dont mon ami Ibrahim
Disait "je ne suis pas singulier,
Je suis pluriel" et tous nous irions
Comme si nous comprenions
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Tu t'excuses auprès de personne
en particulier juste d'être là
et dans ton corps en même temps
Tu le sais ton corps
est le vrai problème
Toi le monstre Toi la bête de charge
Toi la bête et la charge
Toi le cheval mais humain
Toi le centaure Tu dresses la carte
des étoiles et tu bandes ton arc
pour toucher
la lune dans son unique bon œil blanc
Tu es extraordinaire
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On te dit que la tumeur, à présent, mesure environ dix centimètres de large.
Une distance gérable. Que tu évalues avec tes mains, pour une raison quelconque, pendant le long trajet de retour vers Boston, de manière assez contre-intuitive, puisque tu essayais de t'en servir pour écrire quelque chose de profond sur toute cette douleur que le tueur miniature à l'intérieur de ton père a creusée en toi. 
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Une fois que la ligne D nous a relâchés entre les bras gris du quartier et que je suis forcé de payer pour ce que j'avais pris à tort comme l'ordre naturel des choses, nos échanges de violences mis sur le compte de la couleur ou du caractère
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