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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pecosa , lectrice bilingue l'ayant lu en avance par rapport aux lecteurs français en a fait une excellente critique visible en tapant le titre espagnol " El impostor "
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ce récit de l'écrivain espagnol Cercas dessine le portraitd'Enric Marco, menteur intelligent .
Le héros , très tôt orphelin et balloté dans son enfance, va fabuler et s'inventer une vie.
Faux militant antifasciste sous Franco, il réussira à être le leader d'un des plus grands syndicats espagnols.
il oublie sa première famille mais se débrouille pour être à la tête de la fédération des parents d'èlèves.
Déporté imaginaire , il devient président de l' amicale de Mauthausen.
Au fil des pages, Cercas analyse avec rigueur et logique, ce bonhomme narcissique, Don Quichotte des temps modernes.
Ce roman est il une fiction?
une biographie mensongère ?
À nous lecteurs, à travers l'histoire de l'Espagne décrites, magnifiquement , dans ces feuillets, de choisir entre mensonge et vérité . Génial.
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Tout d'abord, je n'y ai pas lu un roman, plutôt un essai utilisant la vie d'un champion de l'imposture comme support à de nombreuses interrogations sur l'auteur celui de "L'imposteur" et les autres, sur l'homme en société à la recherche permanente de héros pour retrouver l'individu perdu dans la multitude, sur la société qui veut souvent se cacher sa propre histoire et bien entendu sur Marco lui même.
La lecture n'a pas été simple, je ne connaissais pas l'auteur et ignore tout de son style habituel, en tout cas certaines répétitions m'ont "dérangé" plus d'une fois comme m'ont dérangé les retours sur des événements déjà décrits
à d'autres occasions.
J'ai reçu "L'imposteur" comme une grande discussion de l'auteur avec lui même.
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Javier Cercas s'empare de l'histoire de Marco ,cet espagnol qui s'est inventé une vie de héros pendant la guerre civile espagnole ,puis dans le camp de concentration de MAuthausen .Il va tromper sa famille, ses amis ,devenir président de syndicats ou d' associations et se créer le personnage qu'il aurait aimé être .
Son imposture est dévoilée et Javier Cercas va essayer de la raconter ,de la comprendre, mais comprendre n'est ce pas en partie justifier ? comme il se pose la question tout au long de son récit .
Javier Cercas fait ici un travail d'enquête ,il est tour à tour :juge d'instruction, ,procureur,avocat , à nous dechoisir ! car l'auteur lui même n'a pas résolu la question .Le livre est peu long ,redondant, lourd ,comme ces dossiers que l'on peut apercevoir chez les professionels de la justice.Il aurait mérité d'être édulcoré ,il raconte cependant très bien un moment important de l'histoire espagnole !
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Dans ce livre l'auteur tente de comprendre comment un homme a pu tromper pendant aussi longtemps tant de gens. Une recherche obstinée auprès des témoins et historiens, dans les lieux, les articles et les archives. Il discute aussi de longues heures avec Marco lui-même. Une réflexion sur le mensonge, sur le besoin d'être admiré. Javier Cercas dresse un parallèle avec Don Quichotte, deux grands menteurs qui ne se sont pas résignés à la grisaille de leur vie réelle et ont inventé une vie fictive héroïque. L'auteur démontre avec talent que pendant la transition de la dictature à la démocratie, tout le monde s'est mis à se construire un passé noble pour oublier que chacun ou presque n'avait pas levé le petit doigt contre le franquisme.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Comment un homme a-t-il pu faire croire, à de multiples reprises, et de manière publique, à son passé fantasmé de rebelle républicain et de déporté de camp de concentration ? Car tel est l'exploit, si l'on peut dire, d'Enric Marco (âgé aujourd'hui 101 ans !), qui a pendant des années, dans des écoles et lors de conférences télévisées ou radiophoniques, témoigné de son internement au camp de Flossenbürg, nourrissant ses propos de moult détails et anecdotes, sans avoir jamais mis un pied dans un camp de concentration. C'est l'historien Benito Bermejo qui découvre, en 2005, l'imposture : si Enric Marco a bien été en Allemagne au début des années 40, c'était volontairement, pour y travailler et fuir la misère de l'Espagne franquiste.
C'est après beaucoup d'hésitations que Javier Cercas se décide à écrire sur ce sujet. Après l'échec de plusieurs tentatives pour écrire de la fiction, il tourne autour de l'histoire de Marco, d'abord rebuté par le personnage et son odieux mensonge. Il y revient finalement pour tenter de comprendre comment et pourquoi cette mystification a été rendue possible, s'appuyant sur l'argument que le devoir de l'art, en creusant au-delà des apparences, est de montrer la complexité de l'existence et des êtres, mais aussi d'analyser les ressorts du mal pour pouvoir le contrer. C'est donc l'écriture d'un récit réel, et non d'une fiction, qui s'est imposée. Une tâche rendue ardue par l'ancienneté des faits inventés, et la personnalité même de son objet d'étude, hâbleur et bavard, et qui, la première fois qu'il le rencontre (puisque c'est avec son accord et sa collaboration qu'il écrit "L'imposteur"), suscite son aversion. Difficile de démêler le faux du vrai, l'authentique de l'inventé dans les discours de cette "crapule", de ce "bouffon", pourtant adoré de sa famille, et auxquels de nombreux amis, malgré ses mensonges, sont restés fidèles.

Javier Cercas s'attelle à une enquête minutieuse, interrogeant des dizaines de témoins, d'experts, et d'historiens, décortiquant des monceaux d'archives.

Nous découvrons avec lui la vie de cet homme originaire de Barcelone, né dans l'asile où sa mère, folle, mourra seule. Il devient alors "un enfant nomade et privé de l'affection des autres, (puis un) adolescent enflammé par une révolution fugace, vaincu par une guerre épouvantable, un perdant-né qui pour conquérir l'admiration et l'amour qu'il n'avait pas reçu virgule a inventé son passé, s'est construit une fiction glorieuse". Mais c'est surtout un homme qui s'est réinventé à plusieurs reprises au cours de sa vie, et plus particulièrement en deux occasions. La première, contraint par les circonstances -une sombre affaire de vols commis pour payer l'exclusivité d'une prostituée dont il était tombé amoureux- au milieu des années 50. Quittant du jour au lendemain sa première épouse et leurs deux enfants sans donner d'explication ni avertir personne -il ne leur donnera plus de nouvelles pendant vingt ans-, il cesse d'être un représentant de commerce pour redevenir mécanicien, quitte Barcelone pour Hospitalet et Anita Beltràn pour Maria Belver. Il change même de nom, adoptant celui d'Enrique Durutti.

Le deuxième changement intervient dans les années 70, cette fois par sa seule volonté. A la mort de Franco, Enric se réinvente "meilleur". Il commence à se faire appeler Marcos, remplace une épouse vieillissante, andalouse et sans culture par une jeune femme cultivée, élégante et à moitié française, quitte la banlieue ouvrière de Barcelone pour une banlieue bourgeoise, et laisse son métier de mécanicien pour une vie passionnante de leader syndical au sein du CNT, organisation dont la réputation quasi légendaire tient dans sa lutte antifranquiste et ses combats sociaux. Enric devient ainsi, opportunément, un paladin de la liberté politique et de la justice sociale.

Ce n'est que plus tard qu'il sera par ailleurs le célèbre porte-parole des déportés espagnols, tirant profit, pour se mettre sur le devant de la scène, de la "mode de la mémoire historique" que connaît l'Espagne des années 2000.

Javier Cercas, en reconstituant le véritable parcours de son sujet, déconstruit une partie de la fiction qu'il a bâtie. Il démontre ce faisant qu'Enric Marco n'a en réalité été qu'un homme parmi les autres, représentatif de l'immense majorité des vaincus qui se sont laissé assujettir par la bêtise et la terreur, un symbole, en quelque sorte, de l'Histoire d'un pays plombé par le déshonneur commun de la défaite. A l'image du peuple espagnol, il a vécu un simulacre de vie normale, consistant à courber l'échine en attendant que ça passe. Et comme la majorité de ses concitoyens, il a a profité de la mort de Franco pour se construire un passé plus gratifiant, afin de s'intégrer au présent et de préparer son avenir. La démocratie espagnole, à l'instar du personnage publique d'Enric Marcos, s'est ainsi construite sur un grand mensonge collectif, nourri d'une longue série de petits mensonges individuels.

Et si Marco est allé plus loin dans ses mensonges que beaucoup d'autres, c'est parce qu'il avait l'énergie, l'ambition et le talent pour le faire, concrétisant ainsi l'ambition qui l'obsède à l'orée de ses 50 ans : devenir un héros, vivre le rôle principal de ses rêves, transformer la fiction en réalité. Bref, se réinventer en plus acceptable.

"Ses mensonges l'ont sauvé. Orphelin arraché de force à sa mère, femme pauvre, folle et maltraitée par son mari, enfant nomade et privé de l'affection des autres, adolescent enflammé par une révolution fugace, vaincue par une guerre épouvantable, un perdant-né qui pour conquérir l'admiration et l'amour qu'il n'avait pas reçu virgule a inventé son passé, s'est construit une fiction glorieuse."

Il a en cela été aidé par sa grande débrouillardise, son charisme et un pouvoir de persuasion expérimenté avec succès aussi bien auprès de gens du peuple que de personnes cultivées.

C'est ce qui entre autres permis le fonctionnement de son mensonge : il a été l'homme opportun, se montrant charmant, infatigable, prodigue de son temps, exprimant une énergie et une volonté de témoigner dont étaient dénués les véritables rescapés des camps. Toutes ces qualités le font accueillir à bras ouverts à l'amicale de Mauthausen, dont il devient le Président de 2003 à 2005, date à laquelle la supercherie est découverte.

L'aversion initiale de l'auteur se nuance, se dilue dans la curiosité et une farouche volonté de comprendre, finit même par se teinter d'une certaine admiration, m'a-t-il semblé, face au culot de son sujet, qu'il compare au romancier, dont il a à la fois les qualités -force, fantaisie, mémoire, amour des mots et imagination- et l'insatisfaction puisque c'est cette dernière, prétend Javier Cercas, qui pousse l'écrivain, insatisfait de sa vie et de la vie en général, à la refaire selon son désir. Sauf que ce qu'a fait Enric Marco est permis dans les romans, mais pas dans la vraie vie.

Il reconnait en lui un homme aussi horrible que génial, dont l'ultime énigme est autant sa normalité absolue que son caractère exceptionnel : Enric Marco est finalement "ce que nous sommes, mais de façon plus exagérée, plus grande, plus intense, plus visible".

En entremêlant à sa quête de vérité son regard sur la relation complexe, faite de culpabilité et de cécité volontaire, qui lie les espagnols à leur histoire, et ses nombreux questionnements sur la légitimité de la création littéraire -qui veut faire passer pour vrai ce qui est faux- mais aussi sur sa propre légitimité morale à déconstruire le mythe d'Enric Marco, Javier Cercas fait de "L'imposteur" un récit très dense. Trop ? Je dois avouer que certaines redondances, voire certaine lourdeur dans le traitement de son sujet, m'ont quelquefois perdue. J'ai même hésité à jeter l'éponge à un tiers de l'ouvrage… mais le sujet et les pistes de réflexion qu'il entraine ont finalement suffit à maintenir mon intérêt jusqu'à la fin.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Dommage, le sujet était passionnant seulement l'auteur prend trop de place : ses états d'âme sur faut il écrire ce livre ou non, les avis de sa femme , son fils (et pourquoi pas la boulangère), un auteur est il aussi un imposteur puisqu'il écrit de la fiction ? ..etc diluent l'intérêt. Reste une affaire vertigineuse sur la facilité à tromper ceux qui ont envie de l'être , l'enfermement dans le mensonge, la haine contre ceux qui révèlent les supercheries. A lire quand même.
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L'auteur entreprend de raconter l'histoire d'Enric Marco, tristement célèbre pour avoir prétendu durant des décennies avoir été déporté lors de la Seconde Guerre Mondiale, et démasqué par un historien peu connu, alors qu'il était au faîte de sa renommée.
Javier Cercas raconte les doutes dont il est assailli durant l'écriture, les motifs qui portent son projet, mais aussi ses entrevues avec Marco, et sa tentative de comprendre.
Un roman très intéressant, qui ne parvient cependant qu'à demi à percer le mystère Enric Marco, tant le mensonge est de taille, et de nature à nourrir la légende...
Lien : http://viederomanthe.blogspo..
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Enric Marco est un imposteur de première, démasqué en 2005 par l'historien Benito Bermejo. Pas un escroc qui aurait fait fortune sur des mensonges, mais un homme qui s'est construit une biographie inventée pour apparaître au monde comme un phare, briller, capter l'attention.

Non seulement il s'est approprié une bravoure et une forme de résistance pendant la guerre d'Espagne, mais au final cela a plutôt été le lot commun de l'après-guerre. Mais il s'est aussi attribué des activités anti franquistes, et, cerise sur le gâteau et horreur suprême, il s'est monté de toutes pièces un séjour en camp de concentration allemand. Auréolé de ce passé fictif ô combien valorisant, porté par un charisme et une réelle générosité, il a imposé cette image de héros, et a ainsi pu sortir de son image d'homme ordinaire, toujours « du côté de la majorité ». seulement,

« Marco a oublié que le passé ne passe jamais, qu'il n'est qu'une partie ou une dimension du présent, qu'il n'est même pas le passé - c'est Faulkner qui le dit - et qu'il revient toujours mais pas toujours pour nous sauver (...) »

Javier Cercas, qui dans toute son oeuvre jongle entre vérité et mensonges, fiction et réalité, bien et mal, n'a pu lutter contre sa fascination pour ce « héros», fascination qui l'avait tout d'abord terrorisé, par peur des vérités auxquelles il allait le confronter. Il y a finalement consacré une belle énergie : interviews, rencontres avec des proches amis ou hostiles, avec des intellectuels, compulsion de bibliographique et d'archives…

Si au départ il ne voulait que « comprendre » au fil de l 'avancée de son travail, il s'est alternativement demandé s'il voulait accuser, juger, justifier, réhabiliter, voire sauver Enric Marco. Il s'est surpris à ce qu'une certaine empathie prenne le pas sur son dégoût pour le personnage, l'amène, sous certains aspects, à l'admirer , pourquoi pas l'aimer. Croyant maîtriser son oeuvre il s'est vu tant manipulateur que manipulé, il s'est interrogé sur le rapport entre mensonge et fiction, réalité et roman, ressortant son cher thème du récit réel et du roman sans fiction.

Se plaçant sous le double patronage de Truman Capote avec son récit collé à la réalité (De sang froid) , et de Cervantès et son Don Quichotte qui se fantasme et s'invente comme héros, Javier Cercas , une fois de plus, s'interroge sur lui même, homme et romancier, à travers son analyse trèèès méticuleuse de l'imposteur.

J'ai mis très longtemps à entrer dans le récit, comme c'est souvent mon cas avec Cercas. Mais ici, vraiment très longtemps, plus de la moitié du livre. La première partie est en effet factuelle et descriptive, et plombée par la hantise de l'auteur de se laisser piéger par le mensonge. Cette prudence est comme une chape de plomb sur le récit, elle entraîne des réserves, des circonlocutions, des conditionnels, des avertissements tendant à différencier vérité et hypothèses, des redites nombreuses, des leitmotivs qui alourdissent le propos. Mais la deuxième partie (« le vol d'Icare » et l'épilogue), a fini par emporter mon intérêt, dans une interrogation sans réponse sur l'histoire et la mémoire (sa nécessité et son commerce), le repentir, et la capacité de dire Non.
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Un livre dont l'écriture n'est pas à la hauteur de l'ambition du projet. Beaucoup de répétitions, une progression parfois difficile à suivre, une documentation très riche parfois trop.

Si le sujet est très intéressant, le livre reste assez difficile à appréhender.
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