Dans ce oneshot nous est livré une histoire complexe, intéressante et touchante, même si nous nous n'avons pas tout vu, le tout sous un superbe graphisme qui participe à l'immersion dans ce morceau d'histoire, ces choix, ces conséquences. Nous ne savons rien de sa vie, ou du moins pas grand chose. Elle a une famille, un mari et deux enfants. Nous la voyons juste tenter de reconquérir sa vie et sa liberté et faire face à son entourage agressif et incompréhensif. Ils veulent juste effacer cette décision sans chercher à la comprendre.
C'est le jour des 60 ans de Josy. Nous la voyons d'abord seule face à elle-même. Nous ne savons rien de ce qui a été son métier, de comment elle a rencontré son mari, de tout le processus, de l'existence qu'elle a vécu jusqu'ici.
Pourtant elle annonce qu'elle part et le fait vraiment. Nous la voyons traverser de multiples émotions, des incertitudes, faire face à son présent pas à pas.
Mais surtout cette liberté l'épanouit, elle rira comme nous ne la voyons pas le faire à d'autres moments.
Josy va vraiment commencer cette nouvelle vie d'une façon très originale en partant avec son van. Elle fera des rencontres de toutes sortes, même animalières, mais également celle d'une jeune femme, Camilla, qui sera sa voisine.
Faire face au jugement implacable de sa famille, au téléphone qui sonne, aux messages, est usant. Si dans l'histoire, nous ne voyons pas tout, des éléments finissent par transparaître, notamment dans ses discussions avec d'autres personnes. Il y a également quelque chose qui va lui faire du bien et nous montrer, même si c'est de loin, différentes situations c'est le CVL : club des vilaines libérées. Toutes ces femmes ont osé partir, et la première. Encore une fois, nous en revenons aux différences faites entre les hommes et les femmes, mais surtout ces femmes ne sont pas parties à la légère, enfermée dans un mariage, sans plus d'amour, sans vie, terne, elles s'étiolaient.
Josy découvre qu'elle n'est pas la seule et s'entend particulièrement bien avec Christine. S'ouvrera-t-elle à de nouveaux horizons ? Ira-t-elle au bout de cette liberté ?
C'est délicat, sensible, attendrissant, compliqué, Josy est attachante.
Partir, mais une telle décision ne se prend pas sans raison, et vaut-il vraiment mieux faire l'autruche ? le fameux poids de la société et des convenances est bien présent.
Il y a beaucoup d'humanité, de tendresse. C'est bouleversant. Tout est magnifiquement capturé surtout concernant Josy, beaucoup d'émotions passe par le graphisme.
Il m'a manqué un petit quelque chose pour le faire passer au niveau supérieur, mais ce n'est pas grave, assurément une belle découverte et expérience.
Aimée de Jongh et
Ingrid Chabbert nous peignent là une histoire à part, osée, qui soulève des choses bien plus complexes qu'il y paraît.
Aimée de Jongh a travaillé par exemple sur "
Jours de sable", "L'obsolescence programmée" ...
Ingrid Chabbert sur "
En attendant Bojangles", "Ecumes", "Elma, une vie d'ours" ... C'est d'ailleurs sa présence qui a renforcé mon envie de tenter cet album. Sa couverture en a été une autre.
Et vous, oserez vous l'essayer ?