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Citations sur Le Jour d'avant (287)

Elle se gavait d'hommes la mine. Elle avait faim de nous. Jamais elle ne nous laisserait en repos.
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Je pensais retrouver des éclats d'enfance et j'en ramassais des lambeaux.
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Je n’ai pas relu les 42 noms. Je les connaissais depuis ma jeunesse, appris par cœur comme les lettres de l’alphabet. Celui de Jojo n’était pas dans la pierre, rejeté par les Houillères et par la mémoire. Mort trop tard pour être des martyrs. Mort trop loin pour être célébré. Mort entre deux draps pas entre deux veines. Mort en malade de la ville, pas en victime du fond. C’était dégueulasse. Ma mère, mon père, sa femme, tous nous avions hurlé à la saloperie mais l’Histoire s’était refermée sur notre douleur. Alors j’ai gravé le nom de mon frère dans ma tête, dans mon ventre et dans mon cœur, entre deux autres camarades tombés. 
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Elle avait raison. Je lui disais que ce local était une bibliothèque, un centre d’archives, un bureau de travail, mais c’était un tombeau. Je l’avais creusé avec colère et à mains nues pendant toutes ces années. J’y avais enfermé mes effrois de charbon. Il était rassemblé là, le peuple du fond de la terre. Elle était là, notre armée noire. Son histoire, ses espoirs, ses peines, ses drames, ses rares joies hantaient cette pièce.
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Lorsque Jojo nous a quittés, j'avais déjà rempli dix pages de mon cahier. "Coup du sort", "Sens du devoir", "Sacrifiés pour la patrie", "Héros du travail". Mais aussi d'autres expressions, qui ne prendraient leur sens que bien des années plus tard, comme "Culte du rendement", "Envoyés à la mort", "Personne n'est censé mourir au travail".
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Je n'avais pas honte. Moi aussi, j'étais un ouvrier. Pour toujours. Paris ne changerai rien, je le savais. Mais il fallait que je quitte le bassin. Je ne voulais pas d'un horizon de terrils. De l'air âcre des cheminées. Je ne pouvais plus passer devant les grilles de la mine, croiser les gars sur leurs mobylettes. Baisser les yeux face aux survivants. Entendre le souffle des chevalements que seul mon Jojo avait le droit d'imiter. J'étais épuisé des hommes à gueules de charbon. Je ne supportais plus de voir leurs mains balafrées, entaillées, leurs peaux criblées à vie d'échardes noires. Les regards harassés me faisaient de la peine. Même le dimanche, même nettoyés dix fois, les cous, les fronts, les oreilles racontaient la poussière de la fosse.
Et mon frère disparu.

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Si on fait trop de sécurité, on ne fait pas de rendement.
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Tu n'iras pas au charbon, tu iras au chagrin.
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Toute notre enfance, mon père nous avait répété que le charbon était fini, que les puits appartenaient à l'histoire du pays. Qu'ils seraient comblés, les un après les autres. Mon frère lui répondait que la terre aussi, était morte. Les villes l'encerclaient, la dévoraient, les hommes y faisaient pousser des briques.
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Tout le monde savait, aux pas heurtés d'un homme, qu'il avait passé sa vie à la taille. On l'identifiait à sa respiration de poisson échoué sur la grève, à ses tremblements, ses gestes lents, son dos saccagé, ses yeux désolés, à ses oreilles mortes.
– Et aussi à sa fierté, a ajouté mon frère d'une voix douce.
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