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Citations sur Le Jour d'avant (287)

A l'heure de dire au revoir à son charbon, la France a oublié de dire adieu à ses mineurs.
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Jamais je n’avais franchi autant d’obstacles dans un même couloir. Acier, grilles, barreaux. Je ne connaissais ni le grincement des portes coulissantes, ni le choc des barrières électriques, ni le cliquetis éprouvant des clefs. J’étais un entrant, un nouveau, une ombre frêle épiée par les caméras de surveillance.
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Un ouvrier, contraint au ramassage des corps, racontait à voix basse que les hommes étaient tombés en avant, les mains sur le visage, les poumons implosés. Deux gars avaient été soudés par l'explosion. Ils s'étaient protégés dans la mort. Il a fallu les détacher de force pour les coucher dans leurs cercueils. Des femmes pleuraient, des enfants. Une fillette appelait «papa » une photo crêpée de deuil. Les compagnons de la garde d'honneur n'ont même pas essayé de retenir leurs larmes. Ce matin, le pays faisait cohorte à 115 orphelins.
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A l'heure de dire aurevoir à son charbon, la France a oublié de dire adieu à ses mineurs.
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Et puis j'ai attendu. J'ai su que ma vie ne serait plus que cela. Je l'avais compris dans la voiture de police, tassé à l'arrière entre deux uniformes. Nous avions mis de longues minutes à sortir du véhicule pour traverser la cour. Ils décidaient de tout. De mon temps, de mes pas, de ma place sur le banc, une main menottée à la boucle de fer. Ils avaient décidé de me jeter au cachot, de me donner ces vêtements. Et maintenant, ils ne revenaient pas. Ils avaient réglé leurs instants sur les leurs. Ils disposaient de mes heures. De ma vie. On se croit privé de liberté au moment du verdict, mais la détention commence à l'instant même où le crime a été commis. Désormais, d'autres que moi m'avaient en main.
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En vieillissant, le porion avait été rattrapé par la poussière de silice. Il ressemblait aux gars qu'il n'avait pas su protéger. Mais il était vivant. A bout de souffle, brisé, seul, douloureux mais vivant.
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Au cimetière du Montparnasse, elle m'avait emmené voir la tombe de Tatiana Rachewskaïa, une jeune Russe suicidée par amour en 1910. A sa mémoire, le sculpteur roumain Constantin Brancusi avait élevé le plus triste baiser du monde. Deux êtres de pierre, fondus l'un dans l'autre pour l'éternité. Assis face à face, jambes scellées, pieds soudés, le visage de l'un écrasé contre le visage de l'autre. Leurs bouches ne faisaient qu'une. Deux captifs. (...)
- Tu nous imagines nous embrassant pour l'éternité ?
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J'avais emprunté "Germinal" à la bibliothèque. Mon père m'en avait parlé, mon frère l'avait lu deux fois mais je ne l'avais jamais ouvert.
"Dès quatre heures, la descente des ouvriers commençait. Ils arrivaient de la baraque, pieds nus, la lampe à la main, attendant par petits groupes d'être en nombre suffisant..."
J'avais mal. Chaque mot, chaque phrase me renvoyait au drame. Je pensais que Zola serait un secours, c'était ma mauvaise conscience. Il ne m’apaisait pas. Il me replongeait avec violence sur le carreau, à attendre que mon Jojo remonte. Il me traînait par le col au milieu des veuves et des orphelins. Et quand je levais les yeux de ma lecture, le me heurtais aux murs de ma cellule. Je n'allais pas suivre Étienne Lantier jusqu'au bout. J'allais quitter la famille Maheu, la jeune Catherine, la brutalité de la Compagnie des mines, la violence des soldats.
De jour en jour et de page en page, ce livre était devenu un barreau de plus.
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Tout le monde savait , aux pas heurtés d'un homme,qu'il avait passé sa vie à la taille. On l'identifiait à sa respiration de poisson échoué sur la grève, à ses tremblements , ses gestes lents, son dos saccagé, ses yeux désolés, à ses oreilles mortes.
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Les mineurs qui se frottent le dos dans les douches. Le pain d'alouette que mangeaient les enfants au retour du père. C'est beau, c'est émouvant, c'était vrai mais tout cela n'a plus aucun sens aujourd'hui.
C'est Zola moins le talent. Etienne Lantier moins la souffrance. Toussaint Maheu moins le courage. Bonnemort moins la vérité.
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