Le ministre de l'Économie et des Finances a les dents longues, et aucun scrupule ni sentiment, comme on le découvrira à la toute fin. Il va se présenter aux élections présidentielles, contre le président qui l'a nommé ministre... Tiens tiens, ça rappelle quelqu'un!
Il devait aller au Japon, mais pas de chance, le Président l'expédie au Qatar, pour proposer des mesures d'exonération fiscale sur leurs investissements en France. Non, mais quel délire ce Chantraine, dans quelle fiction nous entraine-t'il, alors que les paradis fiscaux sont censés avoir disparu...
Bref, au dernier moment, le ministre est empêché, alors il dégaine une solution désespérée: envoyer son frère à sa place. Après tout, il s'agit de convaincre des japonais d'investir en France, et ledit frère travaille justement dans un cabinet-conseil en fusions-acquisitions. Poste qu'il a obtenu grâce à son frère, évidemment. Idéal, non?
L'ennui est que ce frère est un peu spécial. Il va mener sa petite enquête et... je ne vais pas déflorer la suite, sorte de roman politico-financier. Rien de compliqué dans l'intrigue, sa compréhension est à la portée de tous.
Chantraine décrit un monde et des personnages tous pathétiques, y compris le "héros" lui-même, avec un ton à la fois ironique et désespéré. On pense au
Houellebecq des premiers romans. On peut évidemment penser que les personnages sont caricaturaux: les ambitieux, les adeptes de la note de frais, et les pleutres prêts à toutes les compromissions pour faire avancer leur carrière. Mais la démonstration n'en est pas moins implacable. Et puis, le même reproche pourrait être fait à nombre de nos grands auteurs, n'est-ce-pas?