Je me suis lancée dans ce livre sur un coup de tête, à cause d'un challenge/défi en équipe qui porte sur les sagas : plus on avance dans l'une ou l'autre saga, plus on a de points, tandis que les tomes 1 sont pénalisants. Or, vu le nombre de tomes 1 que j'ai lus ces dernières semaines, je suis en train de tirer mon équipe vers le fond, il était temps de réagir ! le hasard a fait le reste : je passais récemment par l'une des plus grosses librairies de Bruxelles (Filigranes, pour ne pas les citer) et me suis « perdue » au rayon des cozy mysteries, où la série figurait en belle place ! Je n'ai pas hésité.
Cette saga tient une place particulière dans ma vie de lectrice… Ceux qui me suivent le savent : j'ai eu une longue panne de lecture, qui a duré pendant une quinzaine d'années (sachant que mon fils aîné a 14 ans, facile de voir à quoi cette panne pouvait correspondre…) et dont je suis peu à peu sortie il y a moins d'un an. Cependant, pendant ces 15 ans, je n'ai pas tout à fait cessé de lire, et j'ai même continué de me constituer une petite PAL, essentiellement chez
Belgique Loisirs. Il m'arrivait aussi d'acheter l'un ou l'autre livre en passant en librairie – celle où je vais habituellement faisant aussi papeterie, j'y passais régulièrement pour du petit matériel scolaire notamment. Je me rappelle avoir été attirée par la couverture du tome 1, mis bien en évidence quand il est sorti cette année-là… je l'avais lu dans la foulée, et j'ai le souvenir que ça avait été un de ces livres que je n'ai plus pu lâcher, ce qui était tout à fait exceptionnel durant cette période-là ! J'ai ensuite guetté chaque nouvelle sortie jusqu'au tome 4… puis me suis lassée, d'autant plus que ma librairie a cessé de mettre en avant les nouveaux numéros.
À ce jour, je ne suis toujours pas certaine d'avoir jamais lu le 5, et ne l'ai pas retrouvé chez moi ; pourtant, quand je lis le synopsis, il m'évoque bien « quelque chose »… tandis que les nombreuses références à cette histoire, que l'on trouve dans le présent tome 6, m'ont laissée perplexe, car elles ne m'évoquaient plus rien quant à elles !
Tout ça pour dire que, même si je l'ai quelque peu laissée de côté dernièrement, j'affectionne vraiment cette série, qui tombait bien à point pour mon challenge/défi ! Et la lecture de ce tome 6, même si les références aux précédents étaient parfois perturbantes, est assez facile : ce tome peut se lire indépendamment sans trop de souci, à condition toutefois d'avoir au moins quelques souvenirs vagues du contexte planté dans les premiers tomes, car on a bel et bien une histoire de fond qui évolue, au moins un peu.
Bref, on retrouve ici nos deux héros principaux : Samson O'Brien, revenu au village après des années de silence, traînant encore et toujours cette sombre affaire du temps où il était flic infiltré, et Delilah Metcalfe, l'unique fille dans une fratrie emblématique du village. Les deux ne cessent de se tourner autour sans jamais parvenir à s'avouer leurs sentiments, trouvant chaque fois de (mauvaises) raisons pour ne pas faire le premier pas l'un vers l'autre, mais mènent leurs enquêtes ensemble, bon gré mal gré.
Ici, l'enquête principale tourne autour d'une partie de chasse organisée par le magnat de l'immobilier du village – un type bien entendu antipathique- et le maire du village, également impliqué dans l'immobilier. Une partie de chasse où les deux organisateurs ont invité de potentiels investisseurs bulgares qui ont de bonnes têtes de mafiosi, et bien sûr tout ça finit mal… Et comme dans les autres épisodes, l'histoire principale est émaillée de plusieurs histoires annexes, dont au moins une ayant pour héros les résidents de la maison de retraite du village… et une autre, plus floue, plus sombre, en lien avec la principale, mais qui ne trouve pas de conclusion dans ce tome-ci !
Comme dans les autres tomes, le tout est mené dans un climat de tension qui va crescendo : on s'inquiète vraiment pour la mission toute particulière de Delilah, et on tremble avec Stuart, jeune employé de la boîte immobilière du maire, qui va prendre des décisions inattendues sans trop en mesurer les conséquences. Toutefois, cette ambiance de plus en plus flippante est constamment bousculée par cet humour typique des cozy mysteries, et qui est distillé ici par petites touches subtiles et régulières, avec l'éternel Calimero (le braque de Weimar de Delilah, qui a adopté Samson) en guest-star. On tremble et on rit alternativement, parfois les deux en même temps, et on ne se lasse pas !
Tout cela étant dit, si j'ai retrouvé avec plaisir l'ambiance de cette série et ces personnages si attachants, je n'ai pas trouvé ce tome exceptionnel – et ça me déconcerte quelque peu, car ce livre semble le « meilleur » de la série selon les notes qu'il a récoltées sur les différentes plateformes de lecteurs. Il est vrai que je suis bien incapable de le comparer avec les précédents, car je les ai lus il y a trop longtemps, et à une époque où je ne rédigeais pas le moindre commentaire, pas même quelques lignes pour mémoire !
Mais pour ce que je me souviens, ce que je reproche essentiellement à cette saga est toujours la même chose : ce passé de Samson qui ne cesse de ne pas le rattraper, c'est énervant ! On n'a jamais été aussi proches, dans ce tome, d'une résolution (pas forcément à son avantage), mais décidément ça n'arrive pas, les jours ne passent pas, et on trépigne de voir s'il va enfin s'en sortir (ou pas) ! Et j'en ai déjà parlé, mais ça reste un point central : cette relation entre Samson et Delilah, qui n'en finit pas de ne pas avancer vraiment, c'est encore pire… Tandis que tout le village (ou presque) voit qu'ils se sont rapprochés, qu'ils sont faits l'un pour l'autre, ils agissent quant à eux comme des ados à peine pubères qui ne savent pas trop comment s'adresser à l'autre – typique des jeunes amoureux peut-être, mais ils n'ont plus 15 ans quand même ! On finirait par avoir l'impression que l'autrice craint de ne plus savoir autour de quoi broder si elle les met enfin ensemble « officiellement », du coup elle fait durer le plaisir… qui devient trop long !
Quoi qu'il en soit, ces faiblesses récurrentes, même si elles pèsent quelque peu sur mon plaisir de lecture, ne sont pas rédhibitoires ! Certes, on s'agace de voir le sur-place de la relation entre nos deux héros préférés, mais on continue de suivre leurs aventures, déboires et autres avancées avec intérêt, emportés par ce mélange habile de tension croissante et d'humour toujours bien présent. Et n'oublions pas, car pour moi ça fait partie du bonheur de la lecture : à nouveau bravo pour la couverture, qui « résume » vraiment bien le livre, et qui est un véritable plaisir visuel ! Ainsi donc, ce nouveau tome est une réussite, et comme il se termine avec plusieurs portes ouvertes, on attendra le tome suivant (prévu pour novembre semble-t-il) cette fois avec une réelle attention.