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J'ai toujours un livre de René Char à portée de main, non pas en livre de chevet, mais en livre que l'on emmène même si on n'a pas l'intention de lire. Un livre comme une couverture qui tient chaud. Feuillets d'Hypnos je l'ai tellement emmené partout juste pour l'avoir dans mon sac que je l'ai perdu, en même temps cela m'étonne... Mais je ne le trouve plus, enfin je ne trouve plus l'ancien exemplaire, usé, annoté. le neuf c'est différent. Voilà ce que résume cette" digression" personnelle sur René Char, l'importance de son écriture....
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Feuillets d'Hypnos est un recueil poétique constitué de 237 fragments numérotés. Ils ont été écrits entre 1943 et 1944, lorsque René Char, entré dans la Résistance, était surnommé le Capitaine Alexandre. Ils reflètent l'horreur des combats, la souffrance mais aussi le courage et la solidarité des combattants. Et ils sont aussi porteurs de beauté, celle que la nature délivre sans cesse malgré les souillures de la guerre. Et bien sûr celle de l'art face à la barbarie.

Ce recueil ne sera publié qu'après la Libération, en 1946. C'était une volonté de l'auteur de ne rien faire paraître pendant la guerre car il considérait que se battre était plus urgent.
Le style peut sembler parfois hermétique mais on peut comprendre la difficulté de s'exprimer face à l'horreur nazie, face à la guerre.
Ces fragments sont surtout des aphorismes, des poèmes-instants ou des poèmes-traces, ils sont des actualités du moment présent, des instantanés saisis sur le vif, dans l'urgence de la guerre.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Travaillant dans un service d'Archives et ayant un directeur passionné d'Histoire et surtout l'histoire du XXème siècle et plus principalement encore, la guerre, c'est ce dernier qui, a l'occasion des Journées du Patrimoine, m'a conseillé de lire cet ouvrage de René Char. Pour une fois qu'il me conseille un ouvrage (susceptible de m'intéresser), je ne pouvais que sauter sur l'occasion, surtout lorsque j'ai vu que la médiathèque l'avait dans son fonds.

Ce qui devait à l'origine être un carnet de guerre, de's réflexions philosophiques ou de simples pensées ou réflexions sur ce que le poète, Résistant et maquisard, voyait devant lui, s'est plus tard transformé en recueil de poésie. Voilà d'ailleurs la raison pour laquelle mon directeur connaissait bien cet ouvrage, c'est tout simplement parce qu'il est question principalement de guerre ici, la Seconde Guerre mondiale, mais vu sous les yeux d'un homme engagé dans le FFL mais poète avant tout. C'est là où cet ouvrage est extraordinaire car le lecteur peut à la fois y puiser des sources historiques, philosophiques mais aussi poétiques tout simplement. Je ne vous cacherai pas que ces vers sont très sombres, engagé envers l'absurdité de l'homme, la cruauté de la vie mais se terminent cependant sur une note d'espoir avec un quelques vers consacrés à "La Beauté" !

Des vers qui ont été composés sur le vif, à savoir durant l'engagement de René Char dans la Résistance mais d'autres bien après, ce qui permet au poète de prendre un peu de recul...quoique ! Bref, un ouvrage que je ne peux que vous recommander et qui mériterait d'être étudié en toute fin de collège ou au lycée car il permettrai à la fois de mêler les cours d'Histoire et de Littérature et puis, surtout, l'avantage à étudier René Char, est que l'on peut y passer des heures sans jamais s'en lasser ni même épuiser le sujet. A découvrir et à faire découvrir !
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Un ensemble de textes courts et poétiques, plus que de véritables poèmes, écrits par René Char en 1943-1944, alors qu'il était officier dans la résistance française.

L'horreur de la guerre y côtoie l'amitié, la fraternité, la beauté, mais aussi, parfois, le désenchantement.

René Char porte un regard lucide sur le monde qui est le sien, où la violence est une nécessité pour la survie et l'intégrité.

Une belle lecture !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Feuillets d'Hypnos de René Char est à la fois un remarquable ouvrage littéraire et un document d'une signification unique dans l'histoire de la Résistance française. Basé sur un journal tenu par Char pendant son séjour dans le Maquis, il s'inscrit dans le style de reflets abrupts et parfois énigmatiques, dans lesquels le poète cherche à établir des repères compas dans l'obscurité de la France occupée, aux descriptions narratives qui mettent en évidence la nature dramatique et souvent tragique des problèmes auxquels il a dû faire face en tant que chef de son réseau de résistance. Hommage aux hommes et aux femmes qui ont combattu à ses côtés, ce volume est aussi une méditation sur la magie blanche de la poésie et une célébration du pouvoir de la beauté pour combattre la terreur et transformer nos vies.

Fragmenté, oblique et puissant, ce journal conserve l'intégrité de Char en tant que poète — son engagement à l'égard de l'aléatoire, du surréaliste et du symbolique — et pourtant il transmet l'immédiateté de la guerre, le danger, le frisson et la gloire de tout cela. Je ne connais pas de livres semblables à celui-ci. Ce n'est peut-être pas pour tous les lecteurs — ce n'est ni une histoire ni un mémoire conventionnel —, mais cela apporte un langage, dans toute sa force brute, à l'insupportable, et dans le moins de mots possible, il transmet ce que des chapitres entiers de l'histoire conventionnelle ont du mal à dépeindre.
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Feuillets d'Hypnos est à ma connaissance le livre le plus accessible de René Char (1907-1988). Il est vrai qu'il s'agit au départ du journal de guerre du poète qui, sous le nom de capitaine Alexandre, dirigea un maquis en Haute Provence.

Cela explique sans doute la forme lacunaire, voire télégraphique, de ce recueil, dont certains fragments se résument à quelques mots : "Présent crénelé." (23) ou "Devoirs infernaux." (100)
Du journal intime, Feuillets d'Hypnos tire également son ancrage dans l'événement historique : l'ennemi y est clairement désigné (SS, Miliciens, traîtres...), tandis que les résistants qu'on y croise sont bien réels, encore que soigneusement camouflés sous des pseudonymes parfois drolatiques (Archiduc, Arthur le Fol...) Certains fragments prennent même la forme de micro-récits, comme le 138, qui raconte la mort du poète et résistant Roger Bernard : "Horrible journée ! J'ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l'exécution de B..." Mais ces passages constituent finalement des exceptions : "Prends garde à l'anecdote, écrit Char. C'est une gare où le chef de gare se moque de l'aiguilleur." (53)

Nous voilà prévenus : le but ici poursuivi est moins de raconter l'action d'un chef de maquis que de lui donner un sens ; d'où peut-être ces nombreux aphorismes qui tentent (à l'impératif ou à l'infinitif) de fixer un cap, de tracer une ligne de conduite au milieu du chaos de la guerre : "Ne t'attarde pas à l'ornière des résultats" (2), "Être du bond. N'être pas du festin, son épilogue. (197)

En effet, si l'auteur, refusant la tiédeur, revendique de se mettre au service de l'action ("L'acquiescement éclaire le visage. Le refus lui donne la beauté." (81)), il n'est pas question pour lui de déchoir, et d'écrire de la poésie de circonstance : "Je me fais violence pour conserver, malgré mon humeur, ma voix d'encre." (194) Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le recueil s'achève sur le mot Beauté (avec une majuscule) : "Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté." (237)

Il est vrai que ce terme ne désigne pas seulement le travail du poète ; se battre contre les "ténèbres hitlériennes" est en effet pour Char une manière de vivre plus et mieux, "un surcroît d'existence" auprès duquel le reste ne pourra que sembler fade et "indigent" : "Si j'en réchappe, confie-t-il, je sais que je devrai rompre avec l'arôme de ces années essentielles, rejeter (non refouler) silencieusement loin de moi mon trésor, me reconduire jusqu'au principe du comportement le plus indigent comme au temps où je me cherchais sans jamais accéder à la prouesse, dans une insatisfaction nue, une connaissance à peine entrevue et une humilité questionneuse." (195)

Poésie de l'action, poésie en action, Feuillets d'Hypnos est un un très beau texte, qui peut constituer une excellente porte d'entrée dans l'oeuvre imposante de ce grand poète.
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Il s'agit là d'une suite de notes que René Char a pris lorsqu'il oeuvrait dans la Résistance, des notes, oui, mais des notes poétiques -si ce dernier qualificatif suffit à correctement représenter la vibration que celles-ci provoquent, ce dont je doute.

Le style aphoristique nous offre la poésie à l'état pur, délivrée de son enveloppe, de ce qui la prépare et la prolonge ; elle existe seule et il faut apprendre à l'apprécier ainsi pour réellement prendre conscience du génie de cette oeuvre. Chaque note est séparée de ses voisines par le numéro qu'elle occupe dans l'ouvrage, mais au fur et à mesure que l'on plonge plus avant dans celui-ci, on se rend compte que ces nombres qui défilent ne sont pas uniquement là pour servir de cloison délimitantes, ils ne sont que l'illustration mathématique de l'évolution du "récit". Car il y a une réelle progression, qui n'est pas forcément apparente au premier coup d'oeil.
Réduire cet ouvrage à une simple suite de notes plus ou moins lyriques prises pendant la guerre et la Résistance serait injuste, car il est beaucoup plus que ça, la plupart de ces pépites poétiques explosent en notre imaginaire tel l'atome isolé capable de rayer une ville de la carte ; elles se révèlent être universelles et intemporelles, voire même visionnaires.

C'est une poésie nouvelle que j'apprécie énormément, ne m'étant jamais vraiment plongé très profond dans ce style littéraire, je n'oserai pas prétendre qu'elle révolutionne celui-ci, mais il s'agit là tout du moins de celle que je préfère jusqu'à maintenant.
J'achève donc le premier livre de René Char que j'ai lu et il me semble évident qu'il ne devrait pas se sentir seul trop longtemps.
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Un livre pour rêver. Se laisser emporter par les mots et suivre René Char dans son parcours de résistants. Un auteur encore trop méconnu car politiquement incorrect. Il me fascine et écrit comme un charmeur de serpent
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Lecteur éclectique, je reconnais volontiers que la poésie ne fait pas partie de mes terrains de jeux favoris.
Il faut alors que des rencontres, des commentaires glanés ça et là, ou encore mieux un ouvrage me fasse de l'oeil pour que j'aille en jeter un, d'oeil. Dans le cas présent, René Char évoquait en moi des souvenirs - pas toujours heureux - de collège et d'une professeur de latin. Aussi, lorsque Feuillets d'Hypnos est apparu à la maison, dans les mains d'un grand ado de première qui l'étudiait dans le cadre de son programme de français, j'y ai vu l'occasion d'aller regarder de plus près la poésie de René Char.

A vrai dire, il s'agit ici d'une forme de poésie très particulière. de la prose, uniquement - du crois je crois me le rappeler -, dans un contexte bien particulier puisque Char écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, alors même qu'il a pris le maquis. Et avec en plus une forme de réécriture, puisque Char recompose des écrits préexistants.

La langue de Char est parfois hermétique. Certains passages empruntent sans doute au surréalisme. D'autres sont plus crus, abrupts, et disent la guerre dans toute son horreur et son absurdité. Mais on est peu à peu pris, entraîné, par le souffle qui traverse ces feuillets.

Et enfin, même si la poésie se suffit à elle-même, qu'il ne faut sans doute pas trop "l'intellectualiser" mais seulement être à l'écoute, sensible aux mots, au rythme, etc., l'édition chez FolioPlus Classiques du texte intégral des Feuillets d'Hypnos est accompagné d'un dossier par Marie-Françoise Delecroix, dossier qui est le bienvenu pour qui veut aller plus loin que la prose de René Char en saisissant le contexte, l'originalité de l'oeuvre, permettant d'en apprécier après coup tous les aspects.
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Des faits têtus de résistant, des pensées inquiètes, des feuillets où s'intercale la poésie,

une ambiance,
« Entre les deux coups de feu qui décidèrent de son destin, il eut le temps d'appeler une mouche : « Madame ». »

une amertume,
« On supposera que les morts inhumés ont des noix dans leurs poches et que l'arbre un jour fortuitement surgira. »

Ne cherchez pas l'unité, le trésor de René Char, alias Capitaine Alexandre, c'est « mille fils confiants dont pas un ne devait se rompre. »
…dans l'armée de l'ombre ou « la marée des femmes, des enfants, des vieillards, se rendant au lieu de rassemblement… »

Mille fils confiants et en même temps, « ce besoin de simplifier, de faire entrer tout dans un, à l'instant de décider si telle chose doit avoir lieu ou non ».

Le hasard décidera pour « ce Dubois que sa graisse spartiate de mouchard entérine et perpétue. Justes du ciel et balle perdue, accordez-lui les palmes de votre humour… »

Duplicité ?
« En réalité, le filon est sectionné en de multiples endroits »

Poète, si vous acceptez votre mission :
« L'avion déboule. Les pilotes invisibles se délestent de leur jardin nocturne puis pressent un feu bref sous l'aisselle de l'appareil pour avertir que c'est fini. Il ne reste plus qu'à rassembler le trésor éparpillé »

Le temps du trésor est « une enclave d'inattendus et de métamorphoses »

Quand je pense crise, je pense maintenant à René Char : « l'heure est propice aux métamorphoses » (et à Sartre : « nous n'avons jamais été aussi libre que sous l'occupation allemande »)

Poésie, philosophie et vice-versa.
« Le génie de l'homme, qui pense avoir découvert les vérités formelles, accommode les vérités qui tuent en vérités qui autorisent à tuer. »
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