Tendre et charmante », voilà tout ce qu’elle était. Assez tendre et charmante pour éveiller l’appétit d’un homme en pleine force de l’âge. Elle avait commis une erreur en mettant sa robe la plus habillée, profondément décolletée. On prétendait que le noir donnait quelques années de plus aux jeunes filles, mais c’était faux. Cette robe noire mettait en valeur la fraîcheur de son teint et la jeunesse de son corps. Elle avait vingt-deux ans mais, ce soir, elle avait l’air d’une toute jeune fille.
J’en ai assez de me cacher comme si j’étais coupable. Je veux aimer et être aimée librement, à la face du monde. Je veux un mariage heureux et solide… un mari et un foyer à moi. Je pourrai être heureuse avec Hugo, une fois terminée cette triste et dérisoire aventure. J’en suis certaine. Comme il fera bon vivre de nouveau à la campagne et de s’appeler Mrs Hugo Dumond-Potter ! Après tout, une famille déjà constituée a aussi ses avantages.
Plus tard encore, quand l’amour grandit entre eux et que Rosamund ne voulut plus se contenter des heures trop brèves que lui accordait Norrey, elle lui demanda d’oser dire à sa femme qu’il désirait reprendre sa liberté. Comme elle était naïve à cette époque ! Elle ne doutait pas que Norrey divorcerait pour l’épouser. « Dans quel pays des merveilles vivais-je alors ? J’ai pourtant dépassé depuis longtemps l’âge des contes de fées »...
« Toujours la même histoire… Le patron prédateur, la jeune et charmante employée sans défense… Le loup et l’agneau… si ce n’est que les agneaux sans tache se font de plus en plus rares à notre époque, semblait dire le sourire du pianiste. Vous auriez dû deviner où cela vous mènerait. A présent, vous êtes piégée. Pourquoi vous agiter vainement ? Vous ne pouvez plus vous échapper… »
Les prénoms ne conviennent pas forcément à ceux qui les portent mais, dans son cas, il me semble que le sien lui va bien. C’est un nom qui proclame la fierté et la maîtrise de soi.