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Totalement charmée et embarquée par l'univers de gunpowder imaginé par Emmanuel dans cette revisite fictive de l'Amérique coloniale qu'on connaît, je ne pouvais en rester là. Sachant que l'auteur, dans le même état d'esprit que moi, avait donné non pas une suite mais une nouvelle aventure pour déployer cet univers, je me devais d'y retourner. Et j'ai appris entre temps qu'un troisième roman arrivait à la fin de ce premier semestre, je suis joie !

Je peux maintenant dire et confirmer qu'Emmanuel est vraiment doué pour nous embarquer dans des histoires qui peuvent sembler classiques mais qui se révèlent toujours surprenantes au final dans le détail de leur déroulé avec des figures puissantes et une émotion qui nous saisit pour ne plus nous lâcher. C'était le personnage de Cérès qui m'avait frappée et le destin tragique du Prince Amaru, dans L'Empire du Léopard, c'est Azel, cette fois, chasseur de prime et fils illégitime de la haute noblesse terrienne, qui me happe au point d'éclipser presque les autres personnages.

Car après, L'Empire du Léopard et sa fin assez définitive, l'auteur relance ici son univers dans une nouvelle direction avec une foison d'intrigues et de personnages à suivre cette fois, comparé à la simplicité de son premier roman ici. Il ne reprend que peu de personnages, il faut dire que l'histoire se déroule plus de 20 ans plus tard et rebâtit plutôt quelque chose de neuf sur les cendres de l'ancien, une fort belle idée. J'ai ainsi aimé retrouver ces terres bien connues et en même temps différentes d'autres avec des problèmes similaires et pourtant différents et donc une nouvelle génération de héros.

Le roman se découpe en trois parties qui ont chacune leur vie propre et qui ont laissé un impact différent sur moi. Je suis ainsi longtemps restée sous le choc de la première partie et sa conclusion assommante, ne parvenant que difficilement à suivre la deuxième partie où pourtant tout se met en place, avant que sa conclusion, comme à chaque fin de partie, ne m'embarque dans une folle aventure tragique. Car le thème de ce nouveau roman, peut-être encore plus que le précédent, est clairement les drames de la colonisation et de la marche forcée vers un Empire et une emprise dont certains ne veulent pas et contre laquelle ils vont se rebeller vaille que vaille. Sauf que l'auteur est malin, il brouille les pistes et nous emmène sur trois à quatre trames narratives principales qu'on pense au début déconnectées, ce qui a joué sur mon appréciation d'une plus que les autres et ma difficulté à entrer dans les autres, mais qui vont finir par faire sens et nous surprendre. C'est malin. C'est plus intense et approfondi que dans son premier roman, mais je ne suis pas sûre d'avoir plus aimé sur le moment, car cela m'a un peu perdue.

Il faut dire que l'auteur commence son roman sur les chapeaux de roues avec la présentation d'un héros assez intense, en rupture de plusieurs manières, dont la trajectoire de vie assez dramatique va fasciner de bout en bout, au point d'étouffer presque tous les autres personnages croisés, qui semblent bien fades et presque simples en comparaison. Azel est ce personnage qui m'a emportée et bouleversée. Fils illégitime, il a en plus une relation compliquée à son père, qui l'a eu avec une femme mystérieuse, et qui depuis a épousé une femme à peine plus âgée que lui. Il a également des relations tendues avec ses demi-frères et a choisi la voie de la fuite et de la liberté, mais une forme d'obligation morale, bien malgré lui, va le ramener vers cette famille et son destin va lui éclater à la figure alors qu'il fait tout pour lutter contre. Cette résistance, cette manière de freiner des quatre fers et de pourtant toujours se retrouver entraîné malgré lui et de sombrer, j'ai trouvé ça magnifique, vraiment digne des meilleurs récits mythologiques ! A l'inverse, les retrouvailles avec un Artémis toujours en butte au pouvoir de sa cousine, était assez classique, ce qui lui a fait perdre en charisme, alors que clairement c'est toujours un agitateur hautement intelligent comme je les aime. Seule, l'espionne Zuhaitza, a su lui donner la réplique, avec l'écriture sensible imaginé par l'auteur d'une femme, forcée de prendre le statut d'un homme parce que traditionnellement dans sa tribu quand le fils aîné meurt, c'est la fille qu'on fait devenir « homme » qui le remplace. J'ai trouvé cette idée excellente et j'ai adoré son exploitation dans la relation complexe entre elle et Azel.

En ce qui concerne l'intrigue, elle est multiple et mon appréciation en fut de même. Tantôt totalement embarquée comme au début quand Azel et sa belle-mère tentent d'aider un convoi d'indigène à fuir ce régime oppressif en franchissant les montagnes. Tantôt plus passive, à l'image de l'humeur du héros, quand il part dans son désir de vengeance et se laisse porter par les événements. Tantôt totalement secouée quand à chaque fin de partie, l'auteur accélère le rythme, fait pleuvoir action et révélation et nous livre des scènes folles, parfaitement séquencée et bandante visuellement parlant. J'en ai vu de toutes les couleurs ! Mais la couleur que je retiens, c'est ce gris bleuté qui parcours l'oeuvre et la couverture, un gris de vague à l'âme, de ras-le-bol de ce colonialisme mal pensé, oppressif, pas intégrateur, excluant donc, mais également un bleu d'espoir, d'horizon lointain et d'amitié. Je pense à celle superbe entre Azel et son loup qui m'a tellement rappelé celle de Fitz et Oeil-de-Nuit ❤ Ce fut donc une lecture pleine de beauté et de douleur.

J'ai conscience de ne pas en dire beaucoup sur l'intrigue mais je ne veux vraiment pas en dévoiler plus pour vous laisser les mêmes surprises que moi, pour vous laisser vivre les mêmes riches et belles émotions que moi et affronter leur complexité. Sachez juste que si vous avez aimé L'Empire du Léopard, l'auteur va encore plus loin dans l'exploitation des mécanismes du colonialisme qu'il y ébauche, qu'il poursuit sa fine et légère exploitation d'une mythologie basée sur des fées tout sauf douces et gentilles, et qu'il nous fait plaisir à faire aboutir certaines destinées qu'on avait laissées en suspens. C'est donc un merveilleux tome compagnon qu'il faut lire après celui-ci.

J'avais déjà trouvé en L'Empire du Léopard une fresque des plus complètes pour plonger dans un monde colonial agité. Je trouve en La Piste des Cendres un versant encore plus dramatique et mélancolique où on découvre que même après le drame, certains n'ont toujours rien compris et qu'il faut encore se lever contre eux. Doté d'un personnage à la destinée puissante qui m'a totalement envoûtée, j'ai été un peu aveugle au reste tant sa souffrance et sa douleur m'ont saisie en plein coeur. Ce fut donc plus pour moi un roman dont le héros m'a marquée au fer rouge, qu'un roman où l'histoire m'a emportée. Celle-ci étant assez classique et prévisible dans l'ensemble une fois le ton tragique perçu. Je n'ai cependant pas boudé mon plaisir et j'ai adoré retrouver cette profondeur, cette magie, ce mysticisme et ces drames, dans un univers richement pensé dans plein de détails. Je sais déjà que je serai là et bien là pour le prochain tome compagnon : Souveraine de Coronado.
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Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la chute de L'Empire du Léopard. La Couronne du Coronado règne désormais en maitre sur la Péninsule de la Lune d'Or. le territoire de sa colonie s'est étendu, sa population a augmenté et son industrie s'est développée, créant un fossé entre le Sud, en pleine révolution industrielle et dominé par Carthagène, la capitale, et le Nord, rural et agricole.
Une situation qui rappelle en miroir inversé la guerre de Sécession et la guerre civile en Argentine entre fédéralistes et unitaires courant XIXe siècle.
C'est dans le Nord, justement, que commence notre récit. Azel, enfant illégitime d'un noble du Coronado a fui sa famille pour devenir chasseur de primes et vit désormais en solitaire, jusqu'au jour ou il accepte d'aider un membre de sa famille. Une décision qui va bouleverser sa vie à jamais.
Car si la péninsule est une poudrière, alors elle vient de s'embraser. L'allumette ? L'assassinat du vice-roi qui déclenche une guerre civile contre laquelle la couronne n'est pas préparée. En désespoir de cause, la reine rappelle son cousin, le général mercenaire Artemis Cortellan mis à la retraite force sur une ile isolée.
Chargé de défendre le Sud, ce dernier pourrait bien avoir, comme à son habitude, d'autres plan derrière la tête...

Disons-le tout de suite: La Piste des cendres est clairement un cran au dessus de l'Empire du Léopard, déjà fort sympathique. L'auteur a encore une fois pris le soin de creuser ses personnages et encore une fois c'est Artemis qui, à mes yeux, se démarque le plus, même si j'ai su au fil des pages apprécier Azel. Pour les personnages secondaires on trouve également des figures attachantes dont une qui est peut-être la plus belle réussite de l'auteur.

Ce dernier a un don pour plus, que donner vie à des paysages, plonger son lecteur dans une ambiance particulière, ce qui peut paradoxalement frustrer car certains environnements ne demandent qu'a êtres explorés en profondeur, même si la Lune d'Or est déjà chargée question lieux intéressants. le roman comporte également plusieurs scènes marquantes tant dans leur déroulement que dans leur description qui resteront en tête même une fois le livre refermé.

La lecture fut donc agréable. de plus, la ou l'Empire était lent, la Piste est bien mieux rythmée, même si j'ai trouvé que la deuxième partie trainait un peu en longueur. La plume de l'auteur est agréable, souple et dépourvue de fioritures ce qui facilite la lecture.

En résumé nous avons donc un roman maitrisé, doté de personnages attachants et d'une intrigue solide se déroulant dans un cadre original, le tout porté par une plume de qualité.
Que demande le peuple ? Un troisième livre ?
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(...)Plusieurs histoires évoluent en parallèle pour finalement se rejoindre, avec leurs mystères, leurs intrigues politiques, leurs guerres. L'histoire peut donc sembler touffue au départ, mais finalement tout va se lier et apporter un éclairage particulier sur l'histoire, à part….(...)
Lien : http://www.leslecturesdemari..
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Ce livre est le premier que je lis d'Emmanuel Chastellière. Je lis pas mal de littérature de l'imaginaire mais pas assez d'auteur francophone à mon goût. D'où mon choix de "La piste des cendres" lors de la dernière Masse Critique. Malheureusement malgré, les qualités littéraires indéniables de l'auteur, je n'ai pas adhéré au récit. Pas plus que je ne me suis pas attachée aux personnages. Il m'a manqué à la fois du rythme, des rebondissements (même s'il y en a un certain nombre) et avouons le, un peu de magie. Ce récit dont le contexte fait beaucoup penser à la conquête de l'ouest, plaira surement au plus grand nombre (les critiques élogieuses sont déjà nombreuses sur Babelio) et pas seulement aux lecteurs de fantasy, car celle-ci est vraiment très peu présente dans ce livre. Je souhaitais rajouter une mention spéciale pour l'édition de ce livre dont la couverture, le papier et l'impression sont de très belles qualités.
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(...) Tous ces personnages, principaux comme secondaires sont extrêmement travaillés, creusés et aucun ne vous laissera indifférent. C'est un des points forts des romans d'Emmanuel Chastellière.

Mais vous savez quoi, c'est loin d'être le seul point fort... je pourrai même reprendre ce que j'avais dit pour le roman précédent : « J'ai tout aimé dans ce roman, TOUT : l'histoire, les intrigues, les magouilles, les thèmes abordés, l'univers, la magie, les personnages, tout quoi ! ». Peut-être un peu moins de sang, encore que...les thèmes abordés : la colonisation, l'esclavage, l'indépendance apportent leurs lots de morts et toujours autant de fureur et de poudre dans un décor somptueux. Et un sens incroyable du rythme : encore une fois ce roman démarre piano piano, puis finit par aller crescendo pour terminer sur un final époustouflant. Un épilogue jouissif qui apporte un peu de baume au coeur après une fin dramatique. Un gros coup de coeur encore une fois. Foncez sans hésiter, il est en pré-commande chez Critic !

La chronique complète sur le blog ;)
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Un vrai délice que La Piste des Cendres d'Emmanuel Chastellière.
L'empire du léopard, qui se passe dans le même univers, m'avait beaucoup plu mais quelques détails n'étaient pas complètement éclipsés par des personnages très charismatiques et l'avaient empêché d'être un véritable coup de coeur.
La Piste des cendres est une suite indirecte (pas besoin d'avoir lu l'un ou l'autre, chaque ouvrage se passe dans le même univers mais est indépendant). Mais cette fois, la magie a complètement opéré, et j'ai été complètement emporté par le récit. Au Nouveau-Coronado, Azel, le personnage principal, est un jeune métis, fils d'une indigène et un homme d'une grande famille du Coronado. Il se trouve incapable de s'intégrer dans l'une ou l'autre de ces sociétés et se mue en chasseur de primes, alors que les tensions montent en flèche dans la colonie, entre nord et sud, avivées par un certain Artemis Costellan, ancien mercenaire et cousin de la Reine du Coronado.
Que dire ? J'ai adoré chaque étape de cette histoire. le récit est mené en trois partie, toutes aussi intéressantes et qualitatives à mes yeux. Dans une ambiance très western, l'auteur nous plonge dans des conflits géopolitiques qui ne sont pas sans rappeler la guerre de Sécession. Mais au-delà de l'univers, j'ai été convaincu par les deux personnages principaux, Azel et Artemis, deux faces d'une même pièce, prisonniers de leur passé et mus par leur quête de vengeance.
Tout est parfaitement dosé, le rythme, l'émotion (j'ai eu un frisson de plaisir en lisant l'épilogue), l'écriture, et même certains choix scénaristiques. Si j'avais compris bien en amont un rebondissement important, certaines pistes ne sont finalement pas explorées, de manière volontaire, créant une tension permanente autour des personnages.
Ne reste plus qu'à attendre patiemment le prochain roman dans cet univers, Souveraine du Coronado, prévu pour cet été.
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25 ans se sont écoulées depuis la chute de l'empire du Léopard. Une disparition qui a mis momentanément fin à toute velléité d'indépendance dans la colonie de la Lune d'Or. Après des années de paix relative, une nouvelle ère s'annonce. Et c'est dans ce climat qui se tend à nouveau que l'on rencontre Azel. Fils d'un grand propriétaire du Nord et d'une domestique indigène, Azel a grandit dans l'indifférence paternelle et en but à la mesquinerie de ses demi-frères. Très jeune, il quitte la maison familiale pour embrasser la profession de chasseur de primes, le condamnant ainsi à une vie de loup solitaire, errant sur les routes au gré de ses missions. Mais le retour de sa belle-mère venue lui demander son aide va changer la donne. Il se laisse convaincre pour mettre en sûreté des réfugiés indigènes. Il l'ignore encore mais, de nombreuses épreuves l'attendent. Renouer avec son passé ne sera pas exempt de souffrance, d'autant que des tensions réapparaissent au Nouveau Coronado. Les grands propriétaires du Nord réclament leur indépendance, le peuple indigène souhaite sa liberté. La révolte gronde. La reine du Coronado aura donc fort à faire pour mater à nouveau ce territoire fier et sauvage.

Dans La Piste des Cendres, Emmanuel Chastellière renoue avec son univers du Coronado et de sa colonie de la Lune d'Or. Derrière ce monde fictif, on peut y retrouver un peu de l'Eldorado tant convoité par les conquistadors. Beaucoup d'habitants du Conorado ont espéré faire fortune dans cette colonie. Bercés par les promesses de richesse avec l'Orichalque, beaucoup s'y sont cassés les dents. Pourtant cette terre n'est pas exempt de richesse. Ses sols sont exploités, la découverte de puits de pétrole a même fait la fortune de certains. La population locale a été matée et sert de domestiques aux colons. Les lignes de chemin de fer s'étendent toujours plus loin sur le territoire.

Dans ce monde post-industriel, l'auteur explore de nouveaux destins qu'il mêle avec de vieilles connaissances. Après Cérès Orkatz, c'est Azel qui a repris le flambeau. Personnage principal de ce nouveau récit, il en est le fil directeur. Il incarne ici une figure de liberté. Noble et courageux, il attire la sympathie des gens qu'il croise, même si lui préférait se réfugier dans sa solitude. Azel est un personnage attachant. Tourmenté, il est pourtant doté d'un caractère bien trempé. Avec sa personnalité, il est le héros que l'on est en droit d'attendre dans un texte de fantasy. Dans ce récit, les rencontres marquantes ne vont pas manquer, des retrouvailles aussi, puisque Artemis Cortellan y fait son grand retour. Principal adversaire d'Azel, on apprécie sa faconde et sa duperie qui ont forgé sa légende. Si Azel n'hésite pas à se sacrifier, Artemis, lui, n'agit que dans son propre intérêt, quitte à user de toutes les ruses possibles. Il est le petit grain qui donne à ce texte sa saveur épicée.

Si dans L'Empire du Léopard il était beaucoup question de colonisation, ce nouveau roman d'Emmanuel Chastellière traite plutôt de révolte populaire. Réaction inévitable lorsque l'on annexe des territoires par la force en réduisant sa population à l'esclavage et en exploitant ses ressources. En outre, enlever la liberté à un peuple ne peut que conduire à l'insurrection populaire. Ainsi, dans La Piste des Cendres, l'auteur brosse le portrait des héros de la liberté. On y voit comment la colère conduit à la rébellion et comment des hommes et des femmes se soulèvent contre un système autoritaire et brutal. C'est un roman de fantasy où la lutte contre le mal prend un tout autre sens. Grandeur et décadence se disputent la première place dans ce livre.

C'est un énorme coup de coeur pour moi, peut-être même plus grand encore que pour son précédent livre, alors je ne peux que vous en recommander la lecture... plus d'infos sur Fantasy à la Carte.
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Vous aviez aimé L'empire du léopard et son univers atypique, ses élans de noirceur et d'horreur, son incroyable et ô combien charismatique colonel Cérès Orkatz ? Moi oui. Et c'est pour cette raison que j'attendais depuis plus d'un an la sortie du nouveau roman d'Emmanuel Chastellière, suite qui n'en n'est pas une, La piste des cendres. Seconde incursion dans les terres du Nouveau-Coronado qui, même si elle m'a plu, n'a pas réussi à me toucher avec la même intensité que le précédent roman.

La piste des cendres n'est donc pas une suite directe de L'empire du léopard. Vingt-cinq ans séparent les deux récits et la première chose qui frappe le lecteur est le changement d'atmosphère entre cette fatidique année 1870, chargée d'humidité, de jungle et de manque de moyens et ce nouvel Nouveau-Coronado dont les frontières ont été repoussées jusqu'au Nord, paysage de montagnes et de plaines démesurées. Cette entrée en matière est particulièrement convaincante et trouvera un écho certain chez les lecteurs de L'empire du léopard.

Nous découvrons alors les personnages principaux : Azel, habitant du Nord, dont le métissage est regardé comme une particularité peu enviée dans cette société dans laquelle vous existez soit en tant que colon, soit en tant que colonisé. le flamboyant Artemis Cortellan, que les «anciens» connaissent déjà, mercenaire puis homme politique à la retraite (forcée) et passablement cousin de la Reine Constance. Ou encore Andelo Calider, journaliste qui ne goûte qu'avec peu d'entrain la propagande qu'on lui sert afin de légitimer les actions d'un gouvernement centralisateur.

Si j'ai immédiatement accroché au personnage d'Azel, tourmenté comme pouvait l'être Cérès, je me suis montré plus sceptique en découvrant la situation de ce second puis troisième narrateur.

Et cette crainte s'est malheureusement avérée fondée.

Alors que L'empire du léopard offrait un sentiment de continuité, une narration plus cadrée, La piste des cendres a pris le parti de diversifier son intrigue, aussi bien sur le plan géographique que thématique. Et cela joue, je trouve, en défaveur de l'intrigue d'Azel.

Autant la première partie est incroyablement bien maîtrisée, avec une découverte du personnage d'Azel qui marque, une relation avec Ombeline d'une grande justesse (sans aucun doute l'un des gros points forts du roman) et un final dont je me souviendrai longtemps... Autant la suite m'a donnée l'impression que l'intrigue d'Artemis et de Calider non seulement diluait l'intensité de celle d'Azel mais existait en grande partie dans le simple but d'illustrer les problèmes politiques, un peu convenus, du Nouveau-Coronado.

Le meilleur exemple pour illustrer mon propos est le personnage de Zuhaitza, que l'on découvre une fois le récit bien installé. C'est un bon personnage, mais on ne la voit tout simplement pas assez. Ou du moins pas suffisamment pour que je puisse comprendre ou ressentir l'intensité de sa relation avec Azel. Et à choisir, j'aurais échangé certains chapitres de Calider contre plus de temps pour approfondir Zuhaitza et, par extension, l'intrigue d'Azel.

C'est donc un sentiment assez frustrant car j'ai l'impression qu'Azel, qui porte en très grande partie le récit sur ses épaules, s'efface un peu trop à partir d'un certain point.

Reste que j'ai apprécié le roman : la relation entre Azel et Ombeline est vraiment magnifique, aussi bien dans ce qui est dit que dans ce qui ne l'est pas, et la fin de la partie 1 est d'une incroyable puissance. Cette relation, profonde et touchante, qui consumera Azel dans sa terrible fuite avant lors de la deuxième partie. Ce sont vraiment dans ces moments que j'adore le travail d'Emmanuel Chastellière.

Constance, également, est à ranger dans ce fonctionne très bien dans roman. Plus nuancée qu'elle ne le laisse paraître, on ne la voit pas beaucoup et pourtant, l'une de ses interactions, aussi brève que touchante lorsqu'elle évoque sa Salamandre (j'évite le spoil !), m'a plus marquée que l'ensemble des atermoiements de Calider.

Enfin, la très faible présence de fantasy joue clairement en faveur de la fin. Je n'en dirai pas plus afin de vous laisser le plaisir de découvrir cela par vous-même mais cette quasi-absence d'éléments magiques donne aux rares démonstrations surnaturelles des allures cauchemardesques qui ne sont pas sans rappeler ce qu'une certaine Cérès a pu subir.

Est-ce que j'ai aimé La piste des cendres ? Oui. Est-ce que je le conseille au nouveau venu comme au connaisseur ? Absolument.

Car si, pris dans son ensemble, j'ai moins aimé ce bouquin, certains moments viennent me rappeler pourquoi j'aime tant le travail d'Emmanuel Chastellière. Je n'ai malheureusement pas accroché autant que je l'aurais souhaité à la narration de Cortellan et de Calider mais la première chose qui m'est venue à l'esprit en terminant La piste des cendres c'est : à quand la suite !
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La piste des cendres se situe 25 ans après les évènements se déroulant dans L'empire du léopard.
On retrouve certains personnages mais la piste des cendres peut totalement se lire indépendamment.

C'est un roman d'aventures sans temps mort qu'il est difficile de lâcher tellement la plume de l'auteur nous immerge dans le récit.
Les descriptions des paysages, lieux et personnages, participent à instaurer une ambiance western que j'ai a-do-ré.

Le côté roman historique se ressent beaucoup et facilite la plongée dans l'histoire.
Les thèmes développés sont passionnants (colonialisme, dérives et conflits religieux, rébellions, censures, manipulations militaires et politiques,…) mais l'atout indéniable est Azel.

Attention coup de foudre pour ce jeune homme métis qui ne se sent à sa place nulle part.
Son enfance, ses relations familiales, ses insécurités, son amour interdit, puis sa soif de vengeance (et son chien-loup 😁) en font un personnage incroyablement attachant.
De même que Zuhaitza, jeune indigène, rusée et débrouillarde qui reste assez énigmatique mais va apporter une nouvelle dimension à l'intrigue lors de son arrivée dans l'histoire.

Seul petit regret : le manque d'une carte qui aurait été une aide précieuse pour bien visualiser les détails du pays Nouveau-Coronado et les déplacement des personnages.

Une pointe de magie, une ambiance western réussie, d'excellents personnages denses et non manichéens, des thèmes passionnants, une fin émouvante et une plume tellement immersive font de la Piste des Cendres un excellent roman que j'ai pris grand plaisir à lire.
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L'intrigue :
Azel, chasseur de prime métis et solitaire est contacté par sa belle-mère, avec qui il a une relation ambiguë, pour l'aider à braver les interdits et guider une caravane de réfugiés jusqu'à la frontière. Il finit par accepter mais une bande de hors la loi contrecarre les projets de tout ce beau monde et Azel est le seul survivant. Sa motivation désormais sera la vengeance.

On retrouve également Artémis Cortellan sur son déclin, exilé sur un rocher et amer au possible, qui finit par être rappelé au Nouveau-Coronado après l'assassinat du Vice-Roi. L'occasion est trop belle et il va tout faire pour contrer sa cousine Constance, reine du Coronado et également du Nouveau-Coronado, qui arrive sur cette terre aride à l'occasion du 25ème anniversaire de la colonie. Artémis désir la vengeance et le pouvoir.

J'ai aimé :
La dualité du personnage d'Azel. Il est le bâtard d'une indigène avec un propriétaire terrien, il est traité avec mépris autant par sa propre famille blanche que par les autochtones qui le voient comme un traître potentiel. Azel souffre de la solitude et son métier de chasseur de prime ne lui permet pas de se lier à qui que ce soit, d'ailleurs, étant un métier dangereux on est en droit de se demander s'il n'a pas choisi cette activité justement pour le risque vital qu'elle lui fait courir. Mais malgré cette fuite en avant, il va finir par devoir embrasser un destin qu'il ne désire pas mais que d'autres ont décidé de lui mettre sur les épaules et j'y ai vu une sorte de Zorro dans le personnage qu'il incarnait.

Pas de manichéisme dans la politique du pays. L'Empire du léopard se passait quelques années après l'arrivée des premiers colons, tout était à bâtir et le désenchantement était déjà total. Cette fois, on est 25 ans après l'installation de la colonie au Nouveau-Coronado et les conflits politiques ne divisent pas uniquement les indigènes contre les colons mais bien les colons entre eux, avec ceux qui restent fidèles à la couronne et ceux qui désirent l'indépendance et créer une nation à part entière, c'est la raison pour laquelle la reine se déplace d'ailleurs, 25 ans sans venir asseoir son pouvoir sur ce bout de terre quasi stérile rend ses administrés beaucoup trop téméraires à son goût. Entre Artémis, le Loup gris et les armées de la reine, c'est une guerre civile qui s'en vient.

Zuhaistza. Indigène qui a perdu toute sa famille, elle n'en a rien à foutre ni des colons, ni des indigènes, elle veut son propre bonheur où qu'il soit et c'est bien la plus franche des personnages même si les évènements vont lui faire faire des choix qui feront pencher la balance d'un côté ou de l'autre selon ses actions. Azel ou Artémis, elle se sert des pions dont elle a besoin pour avancer et c'est aussi bien comme ça. Elle reste mon personnage préféré, au moins elle est claire dès le début, tout le monde peut crever, elle n'en a rien à carrer ^^

Oh non pas lui :
Artémis, c'est bien le personnage que je ne pouvais pas sentir dans l'Empire du léopard, ben c'est un de nos personnages principaux, crotte alors…ça va être long cette histoire. Autant Azel avait une véritable raison de se venger même si la mission qu'il s'était donnée a finalement fini par le dépasser, mais Artémis…de jeune con arriviste c'est juste devenu un vieux con avec toujours aucune raison valable à mes yeux de faire ce qu'il fait. Il se sent spolié par sa cousine, selon moi c'est uniquement une histoire d'ego mal placé et voilà….bref. Bon il finit par avoir un peu d'empathie pour les pauvres rares personnes qui avaient été de son côté et qui se trouvent en disgrâce par sa faute mais ça ne rattrape pas le mec imbuvable qu'il est à mes yeux.

Un tome compagnon :
Alors, je vous parle depuis le début de L'Empire du léopard car cette histoire prend place dans le même lieu et on y retrouve Artémis 25 ans après les premiers évènements. Est-ce qu'on peut se passer de la lecture du 1er tome pour lire La Piste des cendres ? Tout à fait, les faits antérieurs sont rapidement mentionnés et parfaitement intégrés à l'histoire, il n'y a absolument pas besoin d'avoir lu le premier livre pour suivre cette histoire. Est-on spoilé sur le premier volume ? Pas outre mesure, il reste énormément de choses à découvrir dans l'Empire du léopard pour que vous y trouviez votre compte toute l'intrigue et les actions seront toutes neuves, Artémis est le seul personnage que vous retrouvez, Cérès, personnage emblématique du 1er tome est uniquement mentionnée dans le second, il y a donc beaucoup de surprises qui restent à la clé.

En bref :

Dans le premier volume on avait droit à de la gunpowder fantasy et c'est encore le cas ici mais en plus on parle, sans le dire directement si mes souvenirs sont bons, de l'or noir qui commence à faire la richesse de ceux qui ont reniflé le filon, le pétrole, je n'avais pas encore croisé cette notion dans mes lectures de fantasy, peut-être un autre tome compagnon avec une nouvelle technologie dans une autre époque qui sera exploitée qui sait ?

Heureusement qu'Azel et Zuhaitza étaient intéressants à suivre, s'il n'y avait eu qu'Artémis j'aurais été bien en peine mais ce n'est qu'un avis subjectif, je l'aime pô celui-là ^^ Je note également d'excellentes thématiques bien amenées et traitées comme le métissage ou la colonisation et sa critique.
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